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Le réchauffement et la mémoire de l'eau | historia.fr

Fri 5 Aug 2022 - 13:08

Visuel Wikimedia Commons : Jean-Baptiste Camille Corot, Le Château Saint-Ange et le Tibre, Rome, 1826, huile sur toile, musée du Louvre.Visuel Wikimedia Commons : Jean-Baptiste Camille Corot, Le Château Saint-Ange et le Tibre, Rome, 1826, huile sur toile, musée du Louvre.

À l’échelle de l’histoire humaine, l’eau agit souvent comme un liquide amniotique. Au fond des mers, des lacs, des glaciers, des fleuves et des cours d’eau, elle garde ce que l’homme lui a jeté, confié ou bien ce qu’il y a perdu. Un véritable coffre-fort ou un musée aquatique comme on voudra. Jusqu’ici les niveaux des mers, des fleuves et des lacs n’avaient pas considérablement bougé depuis les premiers temps avant J.-C. Le réchauffement climatique vient donc dérégler et parfois abolir brutalement cette fonction de conservatoire naturel des eaux continentales. Les épisodes de sécheresse qui se renouvellent et s’aggravent d’année en année en Méditerranée affectent à tel point le niveau des fleuves que surgissent en effet à l’œil nu depuis deux ans des objets, des ossements et des structures plus ou moins oubliées. À Rome, le Tibre est passé cette année d’un niveau oscillant entre 4,5 et 5 mètres à… 1,12 mètre. Du coup, les ruines d’un pont construit sous Néron sont apparues au niveau du château Saint-Ange. Pont stratégique bien documenté par les sources latines sur lequel passait initialement là « Via Triumphalis » !

Dans lit du Pô, c’est un, blindé allemand de 7 tonnes qui est réapparu entre Pomponesco (Région de Modena) et Gualtieri (Reggio Emilia). À une vingtaine de kilomètres de Parme, ce sont deux épaves datant de la dernière guerre qui ont émergé cette année : l’Otiglia et le Zibello. Deux barges coulées par les bombardements américains. Mieux, des ossements d’animaux qui vivaient dans la vallée du Pô il y a 100 000 ans se sont retrouvés à l’air libre : le crâne d’un grand cerf, des ossements de rhinocéros, de hyènes et même de lions réémergent. Seuls les archéologues peuvent se réjouir, ils n’ont plus besoin de plongeur ou de pelleteuse pour sonder la vase, les graviers ou le sable. Mais attention, ce qui devrait surgir de la fonte du permafrost sibérien – le sol glacé depuis 30 000 ans - est dantesque. À commencer par les virus pathogènes endormis.

Le paradoxe c’est que le liquide amniotique des eaux se tarit sur le continent mais s’apprête à submerger nos côtes, nos villes littorales, notre patrimoine portuaire à la faveur de la montée du niveau de la mer.

Guillaume Malaurie

archéologie climat Histoire montée-des-eaux
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Et si Poutine s’inspirait de Talleyrand pour faire la paix sans perdre la face | historia.fr

Tue 2 Aug 2022 - 16:12

Le bouillard de la guerre ne réussit manifestement pas à Vladimir Poutine qui peine à définir des objectifs stratégiques tout en semant massivement la mort et la haine en Ukraine.

Le temps est peut-être venu pour lui ou son successeur de savoir comment ne pas perdre la paix. Pour cet exercice-là, il y a une référence incontestable et elle est française. Elle porte un nom célèbre et à rallonge : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord qui après avoir servi la diplomatie du sabre de Napoléon devient en 1814 le représentant du roué Louis XVIII au Congrès de Vienne. Cette grand-messe anti 1789 qui vise à restaurer un équilibre européen d’Ancien Régime en ignorant le principe des nationalités.

Talleyrand, devenu « prince », commença très fort en abandonnant à peu près tous les territoires acquis pendant vingt-deux ans de batailles par la Révolution et l’Empire, par le traité du 30 mai 1814. La France revient en effet à ses frontières de 1792 tout laissant son flanc est rhénan et son flanc nord flamand exposé et vulnérable. Reste que l’autosatisfecit que se décernera Talleyrand n’est pas est infondé : « Ce traité, écrit-il, n’ôta rien qui fut essentiel à la sûreté de la France. Six semaines après l’entrée du roi à Paris, les soldats avaient quitté le sol français, elle possédait une superbe armée et nous avions conservé tous ces admirables objets d’art conquis par nos armes dans presque tous les musées d’Europe ».

Bien, mais c’est au Congrès de Vienne à proprement parler que Talleyrand va donner toute sa mesure et que selon le mot de Lyautey, il peut se targuer d’avoir « gagné la paix ». À Vienne, il est en effet le seul à n’avoir plus de revendication. Ce qui lui permet d’afficher un profil conciliant, rassurant et jamais menaçant. Un tour de force pour l’ex-ministre de Napoléon ! Raminagrobis peut s’employer alors l’air de ne pas y toucher, à attiser les rivalités entre les quatre grandes puissances — Prusse, Autriche-Hongrie, Angleterre, Russie — qui tentent de se répartir entre monarques de bonne compagnie les morceaux polonais, italiens, saxons de l’ex Premier Empire. Premier coup de maître de Talleyrand : imposer la France au rang de cinquième puissance négociatrice au même titre que les quatre autres auxquelles il récuse le nom de « puissances alliées ». Alliées contre qui rétorque-t-il ? Napoléon ? Il est à l’Ile d’Elbe !

De proche en proche, Talleyrand impose la notion de « droit public » dans les négociations. Mieux, il complète le tour de table de Vienne avec la Suède et l’Espagne, ce qui permet à Talleyrand de relativiser le front des vainqueurs et de se poser en arbitre entre le bloc anglo-autrichien et russo-prussien… Du grand art ! Certes Talleyrand cède sur la création d’États tampon autour de la France, d’un royaume des Pays-Bas incluant la Belgique, notamment, mais il s’est « imposé, explique Louis Madelin (1) avec une singulière autorité, au nom de son pays et de son roi jusqu’à faire baisser pavillon aux plus fiers vainqueurs de ce pays humilié. »

Si l’on considère que la Russie de 2022 n’est pas plus soluble que la France de 1814 dans la défaite, alors Vladimir Poutine ou plutôt son successeur auraient tout intérêt à s’inspirer du travail de Talleyrand. Pour mettre l’arme au pied et espérer reprendre pied dans le concert des nations.

Guillaume Malaurie

diplomatie Guerre Paix Russie Talleyrand
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Le western, un genre biblique ? - Contrepoints

Sun 24 Jul 2022 - 07:18

Poser la question c’est y répondre. Les liens entre le western et la Bible n’ont rien de mystérieux. Nouveau Peuple Élu, les Américains ont aimé représenter la conquête de l’Ouest comme la réalisation d’une nouvelle Terre Promise.

Mais certains westerns vont parfois très loin dans le symbolisme religieux. Partons donc à la recherche du western biblique.

Shall-We-Gather-at-the-River-in-8-Films-by-John-Ford-1956Le fameux hymne Shall we Gather at the River, composée en 1864, était particulièrement apprécié de John Ford. Il est présent dans au moins huit de ses films

Traversée du désert et paradis perdu

Dans Meek’s Cutoff de Kelly Reichardt (2010), un jeune garçon lit le récit de la Genèse : Adam et Ève sont chassés du paradis, en écho au sort de ce petit groupe de pionniers venus de l’Est tenter leur chance en Oregon en 1845. Le spectateur de ce western soporifique peut éprouver à loisir le sentiment d’une interminable traversée du désert sans jamais atteindre le paradis terrestre.

J’avais souligné combien le désert tenait une place importante dans le western. Lieu de passage et de souffrance, il est un lieu de passage obligé pour accéder à la Terre Promise. Mais la nature dans le western prend également une dimension paradisiaque. La communauté religieuse des Quakers (The Big Trees, Félix E. Feist, 1952) célèbre ainsi ses offices dans une clairière de séquoias géants. L’œuvre sublime du créateur tient lieu de véritable temple en plein air. Dieu et Mammon s’affrontent : les pionniers respectent les géants de la forêt que souhaite abattre Jim Fallon (Kirk Douglas) et ses associés uniquement guidés par l’esprit de lucre.

La Bible, livre omniprésent

La Bible ne se contente pas d’inspirer le sujet de nombreux westerns.

Elle est généralement le seul livre que l’on aperçoit dans cet univers peuplé d’analphabètes. C’est le Good Book que l’on consulte à l’occasion et où l’on puise l’inspiration. Le général Howard, qui rétablit la justice à la fin de The Last Wagon (Delmer Daves, 1956) n’est-il par surnommé Bible General ?
Le livre est en effet rare dans le western, même si on en trouve éventuellement à l’épicerie. Mais un abécédaire coûte moins cher qu’une boîte de pêches au sirop découvre le héros de Nevada Smith de Henry Hathaway, 1966). Dans ce dernier film, le jeune Max (Steve McQueen) est sauvé par un franciscain, le père Zaccardi (Raf Vallone), qui essaie de le détourner de la vengeance. Max jette avec colère la bible qu’il lui tend. De la bible, il n’a retenu qu’un message : œil pour œil, dent pour dent. Il finira tardivement par découvrir son erreur à ce sujet.

Shall we Gather at the River

Mais à défaut de beaucoup lire, les personnages de western chantent.

Le fameux hymne Shall we Gather at the River, composée en 1864, était particulièrement apprécié de John Ford. Il est présent dans au moins huit de ses films dont Stagecoach (1939), Three Godfathers (1948), The Searchers (1956). Dans My Darling Clementine (1946), il symbolise l’instauration des valeurs chrétiennes dans l’Ouest sauvage. Tenant le bras à la douce Clementine, Wyatt Earp (Henry Earp) se dirige vers l’église en construction dont la présence symbolique s’identifie à une cloche, tandis que chante la communauté réunie. Le Fils du désert (Three Godfathers) est le plus religieux des westerns fordiens par son sujet. C’est même un véritable archétype du western biblique.

Un bébé est recueilli dans le désert par trois étranges rois mages. Ces hors-la-loi vont connaître ainsi leur chemin de croix et leur rédemption en se sacrifiant pour ce petit être. La Bible sert ainsi de guide jusqu’à la Nouvelle Jérusalem de l’autre côté du lac salé. L’hymne fait aussi une apparition dans Wagon Master (1950) qui conte les mésaventures d’un petit groupe de Mormons en route vers la Terre Promise. Inversement, le chant est brutalement interrompu par Ethan (John Wayne) dans La Prisonnière du désert, à l’image d’un personnage brutal et habité par la haine, qui ne respecte pas les morts, acte impardonnable chez Ford.

L’image ambiguë du pasteur

J’évoquais dernièrement combien l’image du pasteur est toujours ambiguë dans le western. Il s’oppose ordinairement au prêtre catholique, qui est souvent un franciscain, vivante image de charité. La défroque de l’homme de Dieu peut toujours dissimuler un imposteur à l’image du terrible pasteur vengeur incarné par Robert Mitchum dans Cinq cartes à abattre (Henry Hathaway, 1968). Ici la Bible sert à dissimuler un derringer, le Good Book se révélant aussi mensonger que le prétendu pasteur. Mais Robert Mitchum est tout aussi redoutable en faux prêtre catholique et vrai aventurier (The Wrath of God, Ralph Nelson, 1972).

Dans Apache Drums (Hugo Fregonese, 1951), le pasteur gallois (Arthur Shields, familier de ce type de rôle) se révéle un bigot fanatique et raciste. Il compare les Apaches mescaleros au diable. Les Apaches apparaissent ainsi comme des diables au corps peint tout droit sortis de l’enfer. Ils surgissent la nuit du haut des fenêtres de l’église dans une sorte de rituel sacrificiel païen. À la fin, le pasteur, qui a connu sa rédemption, vient s’agenouiller aux côtés de l’éclaireur indien qui prie ses dieux.

Un curieux western biblique : Les piliers du ciel

Le curieux Pillars of the Sky (Les piliers du ciel) de George Marshall (1956) met en scène le médecin missionnaire Joseph Holden (Ward Bond) qui a évangélisé les tribus indiennes de l’Oregon en donnant des noms bibliques pour faire disparaître les « noms d’animaux ». Le sergent Emmet Bell (Jeff Chandler), surnommé Emmet Soleil par les indigènes, est chargé du maintien de l’ordre avec des éclaireurs indigènes de la cavalerie : élevé de façon stricte et sévère, il est devenu un alcoolique sans foyer mais toujours capable de réciter les versets de la Bible à l’endroit ou à l’envers « tel le Diable ».

Pourchassés par les Indiens pour avoir envahi leur territoire, les survivants d’une colonne militaire se refugient dans l’église bâtie par Holden. Seul le sacrifice du missionnaire permettra la réconciliation des indiens et des soldats. Ces piliers du ciel renvoient aux montagnes considérées comme sacrées avant le christianisme mais tout autant aux fondations établies par Holden dont l’œuvre est reprise par Bell. Le pécheur trouve comme il se doit sa rédemption.

L’Odyssée des Mormons ou le western biblique par excellence

Brigham Young (1940) de Henry Hathaway mêle le film biblique (type Les Dix commandements) et le western. Tyrone Power mis en vedette est plus un témoin assez passif des événements que le héros d’une histoire centrée sur la personne de Brigham Young. Le second fondateur de l’église des Mormons, nouveau Moïse, est fort bien interprété par le discret Dean Jagger. Vincent Price joue Joseph Smith, le fondateur de l’église. Son exécution sommaire par une foule intolérante témoigne du talent du réalisateur.

Animé d’un souffle épique rare chez Hathaway, le film est d’une grande beauté formelle. À la recherche d’une terre promise, les Mormons traversent un fleuve pris par les glaces, errent dans le désert et doivent affronter une invasion de sauterelles. Plein de sympathie pour les Mormons, défendus au nom de la liberté de conscience, le scénario met cependant l’accent sur les doutes, la fragilité et l’ambiguïté parfois de Brigham Young. Toute l’interprétation est par ailleurs remarquable, avec la fripouille habituelle de l’époque, Brian Donlevy. John Carradine, pour une fois non voué à un rôle de méchant, campe un pittoresque mormon prompt à recourir à la violence.

La délicate question de la polygamie ne pouvant être abordée de front dans le contexte du Code Hayes, elle est traitée au détour de certains dialogues plein d’humour. Rarement la Bible et le western auront fait aussi bon ménage que dans cette œuvre qui vaut le détour.

Pale Rider, un western biblique de Clint Eastwood

Si les références religieuses sont loin d’être absentes chez Eastwood, elles se manifestent de façon très spectaculaires dans Pale Rider (1985). Le réalisme des décors, avec ses intérieurs sombres, s’y s’allie avec un fantastique teintée de religiosité.

Une communauté de mineurs dans les montagnes est victime de persécutions de la part de LaHood le grand propriétaire exploitant de mines de la région. Il convoite en effet Carbon Canyon, seul espace qui échappe à sa domination. Seul un miracle peut les sauver. Notre cavalier solitaire apparaît dès lors en surimpression, dans la neige au milieu de la forêt.

Le mineur Barett, l’âme de la petite communauté, vient s’approvisionner chez le seul négociant indépendant de LaHood. Provoqué par quatre gros bras, il est sauvé par Eastwood qui disparaît comme il est apparu, mystérieusement. Une citation de l’Apocalypse évoquant une grande épée, un cheval de couleur pâle, la Mort coïncide avec son apparition. Son col ecclésiastique le fait prendre pour un preacher.

Dieu et Mammon

Une fois de plus, Dieu et Mammon s’affrontent dans ce western biblique. Le père LaHood tente de corrompre l’étranger qui a redonné courage à la communauté. Le preacher terrasse le « monstre » (un géant) envoyé par le jeune LaHood.

Désormais résolu à faire couler le sang, le vieux LaHood fait appel à Stockburn. Avec ses six adjoints, ce marshall fait la loi de celui qui le paie. Dès lors, au bureau de la Wells Fargo, le preacher échange son col ecclésiastique contre des colts. Ange vengeur, il abat les gros bras du propriétaire puis la bande de Stockburn. Il les abat un par un, quasi invisible, ne gaspillant pas plus d’une balle pour chacun. Qui est-il donc celui qu’a reconnu trop tard le marshall ? Il disparaît dans le paysage sans révéler son secret.

Seraphim Falls, western biblique bizarroïde

Je terminerai cette rapide évocation par le plus bizarroïde des westerns bibliques, Seraphim Falls (David von Ancken, 2006). S’il évoque un nom de lieu, le titre renvoie surtout aux anges déchu. Toute la première partie est extrêmement réaliste avec ses personnages devant se confronter à des conditions naturelles extrêmement rudes. Le film glisse peu à peu vers le fantastique avec une symbolique qui devient lourdingue vers la fin.

Le film repose sur un thème classique : la vengeance et une structure éprouvée, la poursuite. Il s’appuie sur deux très solides acteurs. Pierce Brosnan campe le chassé nommé Gideon, et Liam Neeson joue Carver le chasseur. Il faut attendre la fin du film pour comprendre les motivations de Carver. Colonel sudiste, il a vu sa maison brûlée avec sa femme et son bébé par les soldats de Gideon, capitaine nordiste. Après un début flamboyant dans les montagnes, la descente est suivie par un affaiblissement sensible de l’histoire qui va s’effilocher puis s’achever de façon curieusement allégorique.

Western, bible et bric-à-brac symbolique

Un Indien philosophe et sentencieux (Wes Studi), nommé Charon (!), fume la pipe assis au bord d’un point d’eau. Il rend à chacun selon ses œuvres. Invoquant Yahvé, Gideon s’engage sur les étendues vides de toute végétation. Surgie de nulle part, la voiture de Madame Louise (Angelica Huston) vante les mérites d’un élixir qui guérit tous les maux. C’est Louise C. Fair (Lucifer !) qui fournit à chacun des protagonistes ce dont il a besoin pour tuer l’autre.

Le parcours géographique, du nord vers le sud, des montagnes enneigées du Nevada (tournés en Oregon) vers le désert salé et brûlant (Nouveau-Mexique) se double d’un parcours initiatique. Les deux protagonistes vont être amenés à se dépouiller ou à être dépouillés de tout ce qu’ils possèdent pour enfin accéder à la vérité.

Quelle est donc cette vérité ? La nécessité de l’oubli pour le sudiste et la rédemption pour le nordiste qui remet sa vie entre les mains de son adversaire.

La guerre est enfin terminée. Chacun peut reprendre sa route et leurs chemins se séparent.

bible cinéma religion western
https://www.contrepoints.org/2022/07/24/435701-le-western-un-genre-biblique

Le surmulot, ou comment ne pas appeler un rat un rat | Slate.fr

Tue 12 Jul 2022 - 11:16

Quand une élue donne sa langue au rat.

Nombreux sont les animaux à accompagner les humains, depuis des millénaires, tant au quotidien que dans leurs traditions, leurs superstitions, leurs symboles et leurs langages. Certains ont la cote (le chat, le chien, le bébé panda), d'autres sont carrément mal vus (le moustique, le scorpion, le pangolin en période d'épidémie). Dans la catégorie des mal-aimés mais des très fréquentés, le rat occupe une place de choix.

On ne connaît pas vraiment l'origine du mot «rat»; selon le Grand Robert, il serait apparu à l'écrit pour la première fois à la fin du XIIe siècle et viendrait, peut-être, de l'allemand «ratt», une onomatopée née du bruit du rat qui grignote; à moins que ce ne soit un dérivé roman du latin «radere», ronger. En tout cas on voit l'idée: le rat est quand même très identifié à ses dents –et à ce qu'il mange.

Comme l'atteste, entre autres, la fable de La Fontaine «Le chat et un vieux rat», le langage courant confond depuis toujours le rat et la souris. Ce petit animal de la famille des muridés, qui bénéficie d'une année rien qu'à lui dans la symbolique chinoise, est curieusement présent dans une foule d'expressions et de proverbes.

Certaines rares locutions sont affectueuses ou positives: si «mon petit rat» ne se dit plus tellement pour montrer son affection, un petit rat de l'Opéra désigne une jeune danseuse, un rat de bibliothèque un intello toujours le nez dans les bouquins. Et un rat de cave, qui au départ définissait le percepteur chargé de contrôler les boissons, en est venu à désigner les danseurs des caves de Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre (à ne pas confondre avec le rat-de-cave, une bougie mince et longue, enroulée sur elle-même, qui servait à éclairer les sous-sols).

Péjoratif

En revanche, les expressions accablantes et injures de toutes sortes prolifèrent, certaines avec une imagination qui laisse parfois pantois: s'ennuyer comme un rat mort, être fait comme un rat (sous-entendu, coincé dans une ratière), être rat (pour radin; je cherche encore la caractéristique du rat qui justifierait qu'on le taxe d'avarice).

Dans l'expression «les rats quittent le navire», il est entendu que ce dernier va couler et que ceux qui s'en vont n'ont pas le courage de rester pour affronter l'épreuve. Citons évidemment la face de rat, qui parle d'elle-même, la queue de rat, qui désigne une queue de cheval trop peu fournie, et l'expression «avoir un rat dans la contrebasse» qui rivalise agréablement avec celle qui consiste à avoir une araignée au plafond.

L'animal n'a vraiment pas bonne presse chez les humains, ce qui explique qu'il soit tant décrié dans le lexique. La première édition du Dictionnaire de l'Académie française (1751), après une brève description, ne mâche pas ses mots: «Il seroit inutile de faire une plus ample description du rat, il est assez connu par l'incommodité qu'il nous cause; il mange de tout; il semble seulement chercher, par préférence, les choses les plus dures, & il les lime avec deux longues dents qu'il a au-devant de chaque machoire; il ronge la laine, les étoffes, les meubles, perce le bois, fait des trous dans l'épaisseur des murs [...]. Ces animaux pullulent beaucoup, mais lorsque la faim les presse, ils se détruisent d'eux-mêmes; ils se mangent les uns les autres.»

Côté superstition, c'est franchement la cata pour les rats, assez généralement considérés comme un symbole de mort.

Plus près de nous, un roman bien connu a contribué à populariser l'idée que le rat était synonyme de danger. Quiconque a lu La Peste d'Albert Camus ne peut voir un de ces rongeurs passer sans frémir, car c'est une chose de savoir grâce aux manuels d'histoire que les puces que portent les rats sont responsables d'une des épidémies les plus fatales qui aient frappé l'Occident, mais c'en est une autre de le vivre par le biais de la voix intérieure d'un narrateur si proche de nous:

«Le nombre des rongeurs ramassés allait croissant et la récolte était tous les matins plus abondante. Dès le quatrième jour, les rats commencèrent à sortir pour mourir en groupes. Des réduits, des sous-sols, des caves, des égouts, ils montaient en longues files titubantes pour venir vaciller à la lumière, tourner sur eux-mêmes et mourir près des humains. La nuit, dans les couloirs ou les ruelles, on entendait distinctement leurs petits cris d'agonie.»

Eau bénite et détritus

Côté superstition, c'est franchement la cata pour les rats, assez généralement considérés comme un symbole de mort. Au Moyen Âge, apercevoir un rat était un funeste présage (notez que si vous en voyiez un peu trop souvent, vous étiez probablement au cachot, ce qui n'augurait en effet pas grand-chose de bon).

Si l'un d'entre eux rongeait les meubles d'une maison, un de ses habitants ou un membre de la famille allait bientôt mourir. Heureusement, il existait des solutions extrêmement efficaces, comme asperger trois coins du grenier d'eau bénite le premier dimanche du Carême (les rats s'enfuyaient alors par le quatrième).

Qui n'a pas déjà croisé un rat tendrement perché sur une épaule de punk?

Le rat a pourtant une utilité en ville: celle de contribuer à faire disparaître une partie de nos volumineux détritus. À Paris, la population de rats fait disparaître 800 tonnes d'ordures par jour, et pendant le premier confinement, privés des déchets des restaurants fermés pour cause d'épidémie, les rats se sont aventurés de plus en plus loin dans les espaces publics.

Ils ont donc leur utilité –mais en contrepartie, ils laissent derrière eux excréments et urine, vecteurs de leptospirose, une maladie particulièrement dangereuse si elle n'est pas traitée précocement. En outre, ils fragilisent les sols et ont une fâcheuse tendance à grignoter les câbles électriques. On peut résumer l'hostilité que ces bestioles inspirent par l'expression anglaise «I smell a rat», littéralement, «je sens qu'il y a un rat quelque part», et qui signifie qu'il se passe quelque chose de louche.

Tendres exceptions

Certains bénéficient tout de même d'un capital de sympathie non négligeable, en tout premier lieu Rémy, rat-cuistot parisien, héros du film Ratatouille. Ceux de La Fontaine, dans la célèbre fable où un rat citadin invite un pote rural à faire un gueuleton, interrompu par des humains, et où en conclusion, le rat des champs explique qu'il préfère manger chez lui, plus simplement certes mais sans avoir à chaque instant la trouille au ventre («Adieu donc, fi du plaisir que la crainte peut corrompre»). Et qui n'a pas déjà croisé un rat tendrement perché sur une épaule de punk?

La palme de la tendresse revient toutefois à une conseillère de Paris du XVIIIe arrondissement, dont on a pu découvrir les penchants le 7 juillet dernier, lors d'un vœu relatif à la prolifération de rats au sein du patrimoine des bailleurs sociaux présenté par Paul Hatte au nom de Geoffroy Boulard, maire du XVIIe arrondissement, demandant une évaluation des dispositifs mis en place afin de trouver des solutions à la prolifération des rats dans les parties communes d'immeubles sociaux.

Le surmulot cher à son cœur est donc un animal nuisible pour l'humain, au même titre que la tique porteuse de la maladie de Lyme ou le frelon asiatique.

Douchka Markovic, conseillère du XVIIIe arrondissement et élue écologiste chargée de la condition animale, s'est opposée à ce vœu, précisant dès le début de son intervention: «Je préfère [les] nommer surmulots, moins connoté négativement.»

La solution proposée par Douchka Markovic (boucher les trous par lesquels sortent les rats ou placer des grilles, et nettoyer le soir) vise à protéger au maximum ces bestioles à fourrure qu'elle qualifie également d'«auxiliaires de la maîtrise des déchets». On peut douter de l'efficacité de la mesure (et pour avoir vécu moi-même avec des enfants en bas âge dans un logement social en cohabitation forcée avec des surmulots, je peux témoigner qu'on ne s'y attache pas). Au-delà des délires animalistes d'une élue hors sol, on a assisté ici, une nouvelle fois, à une dérive langagière que ne renierait pas l'auteur de 1984.

Le mot «surmulot» est scientifiquement exact et Douchka Markovic ne l'a pas inventé. Il apparaît pour la première fois à l'écrit en 1758, et désigne le rat commun, ou rat d'égout, ou rat gris, ou rat de Norvège, ou rat brun, ou rat surmulot (oui, c'est toujours le même, c'est le rat des villes, donc), qui selon Larousse «a remplacé le rat noir d'Europe occidentale, dangereux par sa morsure, et qui peut transmettre diverses maladies». Le surmulot cher à son cœur est donc un animal nuisible pour l'humain, au même titre que la tique porteuse de la maladie de Lyme, le moustique-tigre ou le frelon asiatique.

Euphémisme animalier

Cette intervention mérite qu'on se pose la question: est-il possible de donner une connotation négative au nom d'un animal? Probablement, si l'on use délibérément d'un mot injurieux pour le désigner. On peine à trouver des exemples (j'en suis à zéro, merci de les communiquer à la rédaction qui transmettra). Les mots d'argot parfois utilisés pour désigner des animaux (comme clébard ou piaf) témoignent d'un parler populaire, mais pas d'une volonté de dénigrer l'animal. En revanche, dans l'autre sens, il est possible de rabaisser les humains avec des noms d'animaux: rat crevé, sale chienne, espèce de fouine... et c'est une autre histoire.

Finalement, vous serez bouffé quand même.

Ce qui est en jeu ici, ce n'est donc pas le mot «rat», qui se contente de désigner une réalité (j'en profite pour vous signaler l'existence du rat-trompette), mais l'idée que cette réalité doit être modifiée dans l'esprit des auditeurs par le biais du langage. Parce que Douchka Markovic veut que ses interlocuteurs considèrent que les rats sont de gentilles créatures bénéfiques, qui ne méritent pas d'être éliminées quelles que soient les nuisances qu'elles engendrent, elle décide de changer leur nom et d'utiliser un mot qui lui semble, à elle, plus affectueux. Et en effet, le surmulot renvoie l'image d'un rongeur plus petit et plus sympathique qu'un gros rat plein de puces fouillant les poubelles avec ses congénères.

Puisqu'elle ne peut pas transformer la réalité, elle va faire en sorte de transformer la langue et d'user d'une sorte d'euphémisme animalier pour mieux faire passer son message. Un peu comme si vous vous retrouviez nez à nez avec une lionne affamée et que je vous disais d'arrêter votre char, parce que ce n'est jamais qu'un gros chat. Finalement, vous serez bouffé quand même.

Pardonnez-nous nos offenses

La manipulation de la langue (ici suffisamment grossière pour être aussi transparente que grotesque) se joue sur une foule de tableaux, elle est insidieuse et ne doit jamais au grand jamais être négligée. Car certes, choisir de dire surmulot pour inciter à envisager le rat sous un jour favorable porte à peine à conséquence, mais c'est exactement le même mécanisme qui conduit à dire, comme le fait un certain dirigeant belliqueux à l'autre bout du prisme, qu'une guerre est une opération spéciale. Histoire de ne pas la connoter trop négativement.

C'est donc, peut-être, pour ne pas offenser les rats que Douchka Markovic préfère les appeler «surmulots».

Reste la possibilité que Douchka Markovic préfère appeler les rats ainsi... pour ne pas les offenser. Peut-être s'agit-il ici d'un prolongement de l'épidémie de politiquement correct qui se répand comme la poudre et qui consiste à rebaptiser la réalité en faisant mine de croire que ce sont les mots qui sont à la source de nos maux.

En partant des balayeurs devenus, il y a bien longtemps, des techniciens de surface, jusqu'aux personnes en situation de handicap en passant par les personnes racisées et les demandeurs d'emploi qui ne sont plus du tout des chômeurs, il s'agit de n'offenser personne et de créer une grande bulle linguistique bienveillante permettant d'éviter une des pires épreuves que l'on puisse subir désormais: celle d'être offensé par la description du réel.

C'est donc, peut-être, pour ne pas offenser les rats que Douchka Markovic préfère les appeler surmulots (on ne sait pas encore s'ils ont apprécié la démarche). Ce n'est pas si improbable que cela en a l'air: après tout, le député fraîchement élu de la XVIIIe circonscription de Paris, Aymeric Caron, n'a-t-il pas affirmé qu'il fallait épargner le moustique qui vous pique car c'est «une mère qui essaie de remplir son rôle de future mère», une «dame qui risque sa vie pour ses enfants en devenir, et qu'elle n'a pas le choix» (c'est valable aussi pour la lionne de tout à l'heure; bonne chance)?

Cet anthropomorphisme calculé (si un moustique est une «dame», le tuer est forcément un meurtre), associé à la culture de l'offense, promet de grands moments de ridicule, mais il est également fort inquiétant quand il a lieu dans les sphères du pouvoir. Je ne sais pas vous mais moi, I smell a surmulot.

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Corsica Genealugia : À la recherche de nos ancêtre - Journal de la Corse

Fri 8 Jul 2022 - 22:16

Créée en 2013 , cette association réalise des travaux de généalogie dans toute la Corse
Corsica Genealugia : À la recherche de nos ancêtres

Créée en 2013, cette association forte aujourd’hui de plus de mille adhérents tous bénévoles réalise des travaux de généalogie dans toute la Corse et contribue à une meilleure connaissance de notre histoire...

André Flori est un passionné. Cet ancien militaire de l’Armée de l’Air a ses racines à Eccica Suarella. Sa maison est un vrai musée avec une bibliothèque qui en dit long sur cette passion : histoire, culture, noms de familles, rien ne manque.
L’idée de la généalogie, qui sommeille en chacun de nous, en Corse, est venue tardivement. « C’était en 2013, rappelle l’intéressé, tout est parti d’un groupe de discussions sur internet (CGW Corse), mais comme on ne se connaissait que via le Web, c’est à la suite d’un repas que l’idée d’une association est née. »

De 30 à 1040 adhérents

Le destin de Corsica Genealugia est en marche. L’idée se concrétise un peu plus tard. L’association, qui rassemble une trentaine d’adhérents, met d’emblée en place des ateliers de généalogie et des conférences tout en commençant à travailler sur certaines communes. Grâce un site internet attractif et performant (une personne y est dédiée), des logiciels modernes et des idées novatrices, le groupe de départ se multiplie à la vitesse grand V. « Nous sommes aujourd’hui, 1040, se félicite André Flori, il y a un noyau dur mais tout le monde porte sa petite pierre à notre édifice. La clé de notre réussite réside dans la passion commune qui nous anime et une adhésion assez faible (10 euros l’année). Les adhérents viennent des quatre coins du monde : Corse, France, USA, Amérique du Sud, Europe, Asie, Afrique. »

En quelques années, l’équipe est parvenue à travailler sur la généalogie des familles d’une quarantaine de communes et pieve corses : Ornanu, Istria, Taravu, une partie du Boziu, Ventiseri, Solaru, une partie d’Ajaccio et des communes avoisinantes. « Nous remontons jusqu’à l’origine des documents, autour du XVIIIe selon les communes. Tout est répertorié (mariages, naissances, décès) et recensé sur notre site. Nous effectuons également des travaux avec la Collectivité de Corse (indexations leur permettant d’avoir une base de recherches. »

Sur les traces d’UgoColonna

Une partie des adhérents s’est rendue à quatre reprises à Gênes afin de photographier toutes les archives qui concernent la Corse.

Enfin, l’équipe assiste les personnes qui le souhaitent à mettre en forme leur généalogie sous forme de tableau et/ou de livre.

Et si en raison de la crise sanitaire, les ateliers, conférences ainsi qu’un rendez-vous annuel, sont provisoirement mis de côté, idées et projets ne manquent pas : poursuivre le travail de vulgarisation et de présentation des travaux concernant la généalogie corse, sauvegarder et améliorer la diffusion des sources, contribuer à une meilleure connaissance de l’histoire de la Corse, poursuivre la numérisation des archives de Gênes. « Nous espérons également mettre en place les scontri genealogichi cet été à Francardu, travailler sur Tolla et quelques communes proches d’Ajaccio (Arghjusta, Carbuccia, Auccià. Des conférences sur l’histoire des villages sont aussi au programme. L’objectif consiste, à terme, à pouvoir couvrir le maximum de communes possibles. C’est un travail de fourmi où il ne faudra pas être pressés. Enfin, nous souhaitons effectuer une recherche sur un certain nombre de personnes masculines, toutes descendantes d’Ugo Colonna afin de faire des tests pour apporter la preuve ou non de son existence. »

La passion des Corses pour la recherche de leurs ancêtres et le travail titanesque réalisé par Corsica Genealugia devrait certainement permettre, de plonger dans nos racines…

Ph.P.

www.corsicagenealugia.com
mail : corsicagenealugia@gmail.com
tel : 06-80-07-67-99

Corsica-Genealugia généalogie
https://www.journaldelacorse.corsica/articles/730/corsica-genealugia-a-la-recherche-de-nos-ancetre
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