TROIS-RIVIÈRES — Vous vous intéressez à vos ancêtres? Vous vous passionnez peut-être d’histoire ou de sociologie? Vous êtes enseignant et vous cherchez de nouveaux moyens de mettre un peu de piquant dans vos cours? Des chercheurs de l’UQTR, de l’UQAC, de l’Université de Montréal et de l’Université Laval viennent de mettre en ligne un nouveau portail, dont une partie est accessible au grand public et l’autre, réservée exclusivement aux scientifiques, qui permet d’en apprendre plus que jamais sur les générations passées du Québec.
Appelé Infrastructure intégrée des microdonnées historiques de la population du Québec (XVIIe - XXe siècles) ou IMPQ, ce nouveau portail regroupe des ensembles de données issues du dépouillement des recensements nominatifs canadiens et des registres d’état civil du Québec. [L’adresse pour le trouver est]( https://impq.cieq.ca).
Ce qu’il y a de différent, par rapport aux simples données généalogiques, c’est que ce portail fait converger une foule de données extrêmement intéressantes, que ce soit pour les chercheurs, amateurs ou professionnels, en histoire, en sociologie et autres domaines connexes.
On trouve en effet bien plus que le nom des parents, époux, enfants, frères, sœurs, cousins et cousines, mais également leur lieu de naissance, le métier que la personne pratiquait, son salaire, les études qu’elle a faites, à quel âge elle allait à l’école, la ou les langues qu’elle parlait, si elle avait des domestiques à son service de même que le nom de ces derniers, les endroits où elle a habité de même que sa religion.
Comme le fait valoir Claude Bellavance professeur en études québécoises à l’UQTR et membre régulier du Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ), qui a contribué à ce projet, la base de données ne fait pas état seulement de personnes ou familles illustres, mais de tout le monde qui a été recensé.
« D’après des collègues, au Canada anglais, à peu près rien n’existe de ce genre-là »
— Claude Bellavance
«Si vous prenez les anciens journaux, la littérature et autres sources, généralement, ce sont les gens connus dont on parle», souligne-t-il. Cette fois-ci, on pourra s’intéresser aux gens en général. «C’est d’aller chercher l’histoire de tout le monde à partir du petit peu de traces laissées par les gens ordinaires. Peu de sources permettent cela», explique le chercheur qui entend s’intéresser également aux anciens rôles d’évaluation.
Il faut vraiment visionner la vidéo de neuf minutes, sur la page d’accueil, afin d’apprendre à naviguer sur le portail et en tirer le meilleur profit.
Le portail donne accès, en tout, à quelque 12 millions de mentions d’individus enregistrés entre 1621 et 1914.
«On compte quelque 300 millions de liens familiaux», précise le professeur Bellavance. Un jumelage des recensements du Canada permet de suivre les personnes durant cette période. Les internautes qui désirent s’inscrire peuvent importer des fichiers Excel et émettre des commentaires aux administrateurs du portail.
La section réservée aux scientifiques donne également accès aux données de l’état civil qui, elles, ne sont pas publiques en ligne. C’est l’équipe de l’IMPQ qui évaluera à qui cet accès peut être accordé.
Les données accessibles sur ce portail couvrent les villes de Québec et Trois-Rivières ainsi que le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Gaspésie et la Côte-Nord. Le portail contient plus de 180 000 fiches de ménages de recensement.
Le projet de l’UQTR est déjà reconnu au niveau international, indique le professeur Bellavance. «D’après des collègues, au Canada anglais, à peu près rien n’existe de ce genre-là», dit-il.
Dans ce projet qui implique plusieurs universités, l’UQTR a pris la responsabilité de la section recensement. Les mariages ont été faits par Chicoutimi à l’aide du projet BALSAC pour tout le Québec depuis le XVIIe siècle.
Notons que le portail ne tient pas encore compte des gens de la région de Shawinigan. Une partie de la Rive-Sud, au Centre-du-Québec (Victoriaville et Drummondville, Saint-Grégoire, Pierreville, Warwick), sera faite et à Trois-Rivières, le territoire couvert va de Baie-Jolie à Cap-de-la-Madeleine.
«Pour les Trifluviens, c’est drôlement intéressant parce qu’on a entré toutes les familles, tous les individus qui ont vécu à Trois-Rivières depuis 1851 jusqu’à 1911» (jusqu’en 1921 dès 2019), précise le professeur Bellavance.