Ont-ils commis des crimes, tué, volé? Non, ils ont été diagnostiqués!
Colette Roumanoff
Auteure et metteuse en scène
Les malades d'Alzheimer ne sont pas des délinquants, pourtant, aujourd'hui, on les enferme.
SIphotography via Getty Images
Les malades d'Alzheimer ne sont pas des délinquants, pourtant, aujourd'hui, on les enferme.
De nos jours, les malades diagnostiqués Alzheimer n'ont aucune existence sociale réelle. On a le droit de les enfermer dans un vide juridique total, ils ne sont plus des citoyens de la République, même s'ils peuvent voter (et ils votent souvent par procuration).
Ils possèdent une carte d'identité et une carte vitale, mais dans les faits ils sont déchus de leurs droits civiques. Ils survivent dans un silence consensuel plus solide que les barreaux des prisons du Moyen Âge. Ils sont traités comme des esclaves, non pas qu'on les fasse travailler à coups de fouet ni casser des cailloux.
Non, on leur interdit de toucher à quoi que ce soit! Ont-ils commis des crimes, tué, volé?
Non, ils ont été diagnostiqués!. ...
«–Salut Mamie!
–Bonjour Madame.
–Tu vas bien?
–Il fait beau, c'est gentil à vous d'être venue.»
Cette conversation se répète, inlassablement, chaque dimanche consacré à visiter la grand-mère dans son Ehpad normand.
Ils sont nombreux, les petits-enfants à avoir déjà vécu ce type de conversation. Dans le monde, cinquante millions de personnes vivent avec une démence, Alzheimer dans un peu plus de la moitié des cas. La plupart sont des femmes, plus de 60% des malades en France.
Selon une étude américaine, les femmes de plus de 60 ans ont deux fois plus de chance de développer Alzheimer plutôt qu'un cancer du sein. En France, Alzheimer est la quatrième cause de décès.
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Les facteurs de risques féminins
L'âge est la cause de la plupart des disparités entre les sexes face à la maladie. En vieillissant, les chances de développer Alzheimer augmentent, or les femmes vivent plus longtemps que les hommes –six ans de plus en moyenne en France.
Cependant, des recherches récentes montrent qu'Alzheimer n'est pas inévitable même en vieillissant. Au Royaume-Uni, les nouveaux cas ont diminué de 20% depuis vingt ans, majoritairement chez les hommes de plus de 65 ans comme le suggèrent deux études. Cela pourrait être dû aux campagnes de prévention contre le tabac et les problèmes cardiaques, tous deux étant des facteurs aggravants d'Alzheimer.
D'autres facteurs de risque affectent plus les femmes que les hommes. Par exemple, la dépression dont le lien a été établi avec Alzheimer et qui touche davantage les femmes. D'autres études ont montré que le déclin cognitif des femmes peut aussi être lié à la ménopause chirurgicale. Enfin, des complications de grossesse peuvent entrainer une démence des années plus tard.
Maria Teresa Ferretti, une chercheuse en biomédecine spécialisée dans la maladie d'Alzheimer, est convaincue qu'il est nécessaire de faire une «prévention plus spécifique par sexe afin de donner plus d'informations sur les facteurs de risque qui concernent les femmes».
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«Il faut enquêter sur les différences spécifiques entre les hommes et les femmes»
Le groupe The Women's Brain Project (WBP) fondé par plusieurs chercheuses a publié une analyse des recherches sur Alzheimer des dix dernières années en analysant les données par sexe et ce pour la première fois.
«Comme les femmes sont plus touchées par la maladie, il faut enquêter sur les différences spécifiques entre les hommes et les femmes», avance Antonella Santuccione-Chadha, une physicienne spécialisée sur la maladie et co-fondatrice de WBP.
Aujourd'hui, on peut détecter la présence de la maladie dans le cerveau à l'aide des niveaux de deux biomarqueurs. Si ces niveaux ne sont pas différents pour les hommes et les femmes, le cerveau des femmes a tout de même tendance à décliner plus vite. Pour les chercheuses du WBP, il faudrait donc ajuster les niveaux d'analyse en fonction de cette donnée.
Pourquoi la maladie progresse-t-elle plus vite chez les femmes? Potentiellement à cause de la diminution des hormones oestrogènes avec l'âge. D'autres recherches tendent à montrer que les femmes réussissent mieux les tests dans les phases initiales, ce qui pourrait prouver qu'ils ne sont pas adaptés à détecter la maladie dans les cerveaux féminins.
Pour les scientifiques, les recherches pour la médication échouent car elles ne sont pas adaptées et qu'elles n'incluent pas assez de femmes dans les panels. De plus, elles souffrent d'un manque de ressources financières. Maintenant, «on peut faire de nouvelles hypothèses et trouver de nouvelles façons d'améliorer le traitement des patients et patientes», explique Ferretti. Rappelons qu'à l'heure actuelle, on ne dispose d'aucun traitement curatif d'Alzheimer.
ALZHEIMER - En attendant le médicament miracle, voici 5 aliments dont les bénéfices pour lutter contre la maladie ont été prouvés scientifiquement.
21 sept 17:41MATTHIEU DELACHARLERY
Jusqu'à maintenant, aucun traitement efficace n’a été découvert pour soigner la maladie d’Alzheimer, une pathologie qui touche pas moins de 900.000 personnes en France. Elle se caractérise par une accumulation de protéines au au niveau des cellules nerveuses et des dépôts de plaques amyloïdes dans certaines zones du cerveau, entraînant une dégénérescence des neurones.
Pour l'heure, les médicaments délivrés permettent uniquement de ralentir la dégénérescence. En attendant l'arrivée d'un médicament miracle, voici cinq aliments aux effets positifs pour lutter contre la maladie
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Du chocolat noir (et un petit verre de rouge)
A en croire les conclusions d'une récente étude menée par des chercheurs du centre médical de l'Université de Georgetown à Washington (États-Unis) suggère qu'un composé naturellement présent dans le chocolat noir et le vin rouge, pourrait être en mesure de ralentir la progression d'Alzheimer, notamment pour prévenir la perte de mémoire. Son nom ? Le resvératrol, que l'on trouve également dans le raison rouge et certaines baies. Même si d'autres travaux doivent encore confirmer cette découverte.
Mangez des épinards tous les jours
Quand Popeye mangeait des épinards pour ses biscotos, il faisait surtout du bien à sa mémoire. Si les épinards ne sont pas franchement plus riches en fer que la salade, une étude menée par des chercheurs de l'Université Rush de Chicago (États-Unis) a en revanche montré que manger tous les jours une portion d'épinards (ou type de feuilles provenant d'un légume vert) a pour effet de renforcer la santé mentale des personnes âgées en améliorant les capacités cognitives. De quoi vous aider à protéger votre cerveau contre la maladie. La raison ? La vitamine K, un nutriment naturel. Des travaux antérieurs ont déjà montré que le folate et le bêta-carotène dopent nos capacités cognitives.
Optez pour un bon café le matin
C'est bien connu : "Grand-mère sait faire un bon café". On sait maintenant pour quoi. Dans une étude parue en 2014, des chercheurs de l'Inserm ont démontré les effets bénéfiques d'une consommation modérée de café en prévention de la maladie d'Alzheimer. Une alternative naturelle qui permet de traiter de deux types de légions spécifiques à la pathologie. Leurs travaux de recherche, parus dans la revue Neurobiology of Aging , ont été menés sur des souris, mais ils renforcent une nouvelle fois l'idée d'un effet protecteur de la caféine sur certaines pathologies cérébrales, notamment la maladie d'Alzheimer
Buvez du jus de cassis
Le jus issu de ces petites baies noires ( et non pas de l'extrait) aurait pour effet d'améliorer l'acuité, la vigilance et aussi l'humeur chez les jeunes adultes dès la première heure suivant l'absorption. C'est en tout cas la conclusion d'une étude dont les résultats ont été en juillet dernier. Eu cause, Les anthocyanes, des pigments naturels contenus dans le cassis, ainsi que dans de nombreuses autres baies. Les analyses sanguines réalisées sur les cobayes ont montré une augmentation de la concentration en monoamines-oxydases. Or on sait que ces neurostransmetteurs (neuradrénaline, dopamine, sérotonine) sont non seulement impliqués dans la régulation de l'humeur, mais aussi dans le développement de certaines maladies neurodégénératives, comme Parkinson.
Privilégiez le poisson
Une équipe de chercheurs de l'Université de Californie à Los Angeles (États-Unis) a découvert qu'un apport en oméga-3 et en vitamine D a permettrait de stimuler le système immunitaire afin qu'ils détruisent les protéines bêta-amyloïdes, responsables de la dégénérescence des neurones. La principale source en vitamine D pour l’organisme est le soleil. La peau au contact de ses rayons produit de la vitamine D. Mais on peut aussi en trouver dans les poissons gras (maquereau, thon, saumon…), le jaune d’œuf et même dans les abats. Les oméga-3, eux, sont présents en quantité dans les poissons gras ainsi que dans les huiles de lin ou de chanvre.
C’est, après le cancer, la maladie qui fait le plus peur aux Français, selon un sondage Ipsos publié mardi 20 septembre dans La Croix. Plus de 850 000 personnes vivent aujourd’hui avec la maladie d’Alzheimer ou une pathologie dite apparentée. A leurs côtés, plus de 2 millions de proches aidants. Jeudi 21 septembre se tient la journée mondiale de mobilisation pour cette maladie neuro-dégénérative. Des actions de prévention et d’information dans toute la France sont organisées pour cette journée.
Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?
Découverte en 1906 par le médecin psychiatre et neurologue allemand Alois Alzheimer, la maladie d’Alzheimer est une affection du cerveau dite « neuro-dégénérative », c’est-à-dire qu’elle entraîne une disparition progressive des neurones. Elle se caractérise par des troubles de la mémoire à court terme car ce sont les neurones localisés dans la région de l’hippocampe, siège de la mémoire, qui sont les premiers atteints.
Petit à petit, d’autres zones du cerveau sont touchées et mènent à la disparition progressive des capacités d’orientation dans le temps et dans l’espace, de reconnaissance des objets et des personnes, d’utilisation du langage, de raisonnement, de réflexion… Le malade perd progressivement ses facultés cognitives et son autonomie.
La maladie d’Alzheimer peut-elle être causée par l’aluminium présent dans l’eau du robinet et de nombreux produits ? Il s’agit là d’une des idées les plus répandues, indique France Alzheimer, et pourtant, les nombreux travaux de recherche s’attachant à étudier l’incidence éventuelle de l’aluminium sur la maladie d’Alzheimer n’ont pour l’instant mis en évidence aucun lien concluant.
Combien de cas par an ?
On dénombre 225 000 nouveaux cas par an en France, et seules 50 % des personnes malades seraient diagnostiquées.
Un Français sur quatre de plus de 65 ans sera touché par la maladie en 2020, selon France Alzheimer, association nationale de familles reconnue d’utilité publique créée en 1985.
Actuellement autour de 850 000, les malades devraient être 1,275 million en 2020, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie, selon France Alzheimer.
Au niveau mondial, en raison du vieillissement de la population, le nombre de personnes démentes (c’est-à-dire ayant Alzheimer ou des maladies apparentées), estimé en 2016 à environ 46 millions, pourrait atteindre plus de 131 millions en 2050, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France.
Les personnes âgées sont-elles les seules touchées ?
La maladie d’Alzheimer est une maladie rare avant 65 ans. Selon l’Inserm, moins de 2 % des cas de maladie d’Alzheimer surviennent avant cet âge, essentiellement chez des personnes atteintes de formes familiales héréditaires rares liées à des mutations génétiques précises.
Après 65 ans, la fréquence de la maladie s’élève à 2 % à 4 % de la population générale, augmentant rapidement pour atteindre 15 % à 80 ans.
La maladie coûte-t-elle cher ?
C’est l’une des pathologies les plus onéreuses : les chercheurs ont estimé qu’elle coûte en moyenne 22 099 euros par an pour chaque personne malade. Or 74 % des dépenses liées à la maladie d’Alzheimer relèvent du champ médico-social et ne font l’objet d’aucune prise en charge par l’Assurance-maladie.
Peut-on prévenir la maladie et existe-t-il des traitements ?
Il n’existe pas encore de traitement agissant sur les mécanismes cellulaires de la maladie. Les traitements actuels ne sont pas curatifs et n’empêchent aucunement la dégénérescence et la mort neuronale, mais peuvent ralentir la progression symptomatique de la maladie.
Actuellement, quatre médicaments (Aricept, Reminyl, Exelon et Ebixa) sont disponibles sur le marché. Leurs molécules agissent en empêchant la destruction des neuro-transmetteurs qui permettent de transporter l’information d’un neurone à l’autre dans certaines régions du cerveau, souligne France Alzheimer.
La vaccination thérapeutique est encore à l’étude. Il s’agirait de stimuler le système immunitaire pour détruire les agrégats de protéine tau (en anglais : tubulin-associated unit) qui se développent dans le cerveau et propagent la maladie.
Les effets de la maladie d’Alzheimer peuvent être retardés. Plusieurs études convergent pour affirmer que la prévention peut jouer un rôle primordial ; non pas en empêchant l’apparition des lésions dans le cerveau, mais en retardant l’apparition des symptômes de la maladie, et par conséquent en améliorant la qualité de vie et en repoussant l’âge de la dépendance.
Selon un rapport de la Fondation pour la recherche médicale publié en septembre, cinq facteurs peuvent prévenir la maladie : limiter le risque cardiovasculaire, éviter le stress chronique, pratiquer une activité physique, avoir une bonne alimentation, multiplier les activités de loisir et avoir des liens sociaux. Voir du monde, discuter, débattre, constituerait de meilleures protections contre cette maladie.
Objectif prévention ! Dès son introduction, le Livre blanc de la fondation pour la Recherche médicale, rédigé à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre cette redoutable maladie, explique qu'il est possible d'agir contre la maladie d'Alzheimer. Malheureusement, il n'existe pas de traitement curatif. Alors, il faut absolument se mobiliser en amont. Plusieurs études prouvent que la prévention peut jouer un rôle primordial, non pas en empêchant l'apparition des lésions dans le cerveau, mais en retardant celle des symptômes de la maladie, et donc en repoussant l'âge de la dépendance. Voici quelques recommandations à appliquer dès aujourd'hui.
Les spécialistes savent depuis longtemps que les facteurs de risques cardiovasculaires jouent un rôle dans l'apparition de la maladie d'Alzheimer. En pratique, il est important de dépister précocement et de traiter l'hypertension artérielle. Il en est de même pour les lipides présents dans le sang (cholestérol, triglycérides) et le diabète. Il est également conseillé de limiter sa consommation d'alcool, de combattre le surpoids, d'arrêter de fumer et d'éviter – autant que possible – le stress.
Quel que soit son âge, il est indispensable de lutter contre la sédentarité. Concernant l'Alzheimer, des chercheurs ont montré que le risque était divisé par 2 au bout de 5 ans chez les individus ayant la dépense énergétique la plus élevée. Pour arriver à cette conclusion, ils ont suivi presque 900 personnes âgées en moyenne de 78 ans. Résultat : le sport, l'exercice ou l'activité (la marche, le jardinage, la danse…) influencent directement le volume de matière grise dans les zones du cerveau responsables de la mémoire, de l'apprentissage et de l'exécution des tâches cognitives complexes.
Les bénéfices de ce type de nutrition – à base de fruits et de légumes, de poisson, d'huile d'olive et pauvre en viande rouge ainsi qu'en produits laitiers – ne sont plus à prouver. Son efficacité pour réduire les risques cardiovasculaires est connue de tous. Désormais, il est acquis qu'il est tout aussi intéressant sur celui de la maladie d'Alzheimer. Une étude récente met en évidence son effet hautement protecteur sur le déclin cognitif : rigoureusement suivi, il permet de réduire de plus de moitié le risque. « En plus de participer à la bonne santé vasculaire, ce régime diététique apporte en effet de nombreux antioxydants. Or ces molécules participent à la diminution de l'inflammation, qui est une caractéristique des lésions de la maladie d'Alzheimer », peut-on lire.
On ne peut envisager une retraite heureuse enfermé seul chez soi, sans de bons livres, des mots croisés ou des sudokus, des jeux de société avec ses amis, quelques sorties voire des voyages ou du jardinage. Et c'est exactement ce dont notre cerveau a besoin. Il faut non seulement le « muscler » tout au long de la vie, pour se constituer une bonne « réserve cognitive », mais aussi entretenir le réseau de neurones ainsi constitué pour compenser plus longtemps les lésions induites par la maladie. Prévention peut – aussi – rimer avec plaisir…