«Plus de 18 milliards de requêtes ont été faites sur notre moteur de recherche en 2018», souligne le vice-président de Qwant qui reverse à la presse 5% de ses revenus publicitaires.
«Plus de 18 milliards de requêtes ont été faites sur notre moteur de recherche en 2018», souligne le vice-président de Qwant qui reverse à la presse 5% de ses revenus publicitaires. DR
Dernière annonce d’une longue série: le moteur de recherche niçois sort ce matin Qwant Maps et Qwant Masq, deux applis web fidèles à ses valeurs de respect de la vie privée des utilisateurs.
Ces derniers temps, Qwant, le moteur de recherche éthique et niçois, a multiplié les annonces. Après un accord de partenariat avec Microsoft et la décision par le secrétaire d’État à l’Économie numérique de faire de Qwant le navigateur de recherche par défaut de l’Administration, la société fondée en 2013 par Eric Léandri sort ce matin deux applis web: Qwant Maps et Qwant Masq.
Qu’ont-elles de particulier? Déjà, elles sont fidèles aux valeurs de confidentialité et de respect de la vie privée des utilisateurs prônées par celui que se veut le concurrent européen de Google. «Qwant Maps, notre service de cartographie du monde est désormais disponible en version bêta», explique Tristan Nitot, vice-président Advocacy de Qwant.
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une cartographie du monde pour rechercher un lieu, une adresse, un point d’intérêt et de donner un itinéraire à pied, à vélo ou en voiture. «D’autres fonctionnalités, comme les transports en commun, seront rajoutées au fil des mois», précise le dirigeant.
Stocker les données sur les appareils
La plus-value par rapport à d’autres services similaires? Premier cocorico, cette appli est faite en France et vise l’Europe «notre cœur de marché, souligne Tristan Nitot. Il n’y a pas de raison que la cartographie européenne soit faite par des Américains.» Pas faux.
«Et surtout, on respecte la vie privée. C’est un service ouvert et transparent pour l’utilisateur qui reste maître de ses informations de navigation.» En clair, cela signifie que Qwant ne connaît pas les utilisateurs et, contrairement à ses concurrents, ne veut surtout pas les connaître. Ce qui n’est pas sans poser un problème en termes de personnalisation du service. Comment fournir un itinéraire si l’utilisateur ne souhaite pas être géolocalisé?
Écueil que la PME qui emploie désormais 160 collaborateurs a contourné en développant Masq, «Une technologie qui stocke les données personnelles (paramètres, préférences, autorisations d’application...) en local, sur le disque dur de l’appareil.»
Plus besoin de cloud, l’utilisateur reprend le contrôle. «Qwant peut utiliser la data mais sans la connaître, résume le dirigeant. Maps est la première application à utiliser Masq. D’autres suivront comme Qwant Pay ou Qwant.com, le moteur de recherche qui mémorisera votre historique localement.»
Faire des émules
Pour plus de transparence, cette techno sera ouverte à des services tiers désireux, eux aussi, de respecter les données personnelles de l’utilisateur.
De ce point de vue là, l’idée a fait son chemin. Des collectivités territoriales comme la Métropole Nice Côte d’Azur, la Région Sud qui recense 125.000 postes informatiques, la Région Bretagne ont adopté le moteur de recherche Qwant. Le privé aussi. A l’instar de la Caisse d’Épargne, de la BNP, de Safran, de Thales ou de la MGEN… ont suivi. L’Administration n’est pas en reste. Le secrétaire d’État à l’Economie au numérique Cédric O a annoncé à Vivatech que le moteur de recherche éthique serait installé par défaut sur quelque quatre millions de postes.
Pour Qwant qui revendique 5% de parts de marché et qui est le 38e site Internet français (la première place est trustée par Google.fr), «C’est de la croissance à moindre coût», s’enthousiasme Tristan Nitot.
Autre bonne nouvelle, le partenariat il y a quelques semaines avec Microsoft aux termes duquel Qwant ferait partie des options préremplies dans les prochaines versions du navigateur Edge livré avec toutes les nouvelles machines Windows. Et le vice-président de se frotter les mains: «Ce sont des centaines de millions de machines dont on parle.»
Enfin, la PME va s’implanter à Cannes pour créer le moteur de recherche consacré à l’art et la culture. «Après Qwant Junior et Qwant Music, Qwant Art sera dédié aux internautes et aux professionnels de la culture.»
Avec cette série d’annonces, Qwant poursuit sa croissance. Certes, il est encore loin de faire de l’ombre à l’ogre Google mais le «petit» moteur de recherche a faim et grignote des parts de marché: «Notre croissance est de plusieurs pour cent par semaine», confirme Tristan Nitot qui vise entre 10 et 20 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2018.
Le service de cartographie Qwant Maps fait ses débuts dans une version alpha. Un chantier en cours pour y reproduire notamment la politique de respect de la vie privée de Qwant.
Qwant avait annoncé l'arrivée prochaine de plusieurs services, dont un service de cartographie en ligne qui se dévoile aujourd'hui dans une version alpha. Pour Qwant Maps, il s'agit donc pour le moment d'une version préliminaire ne donnant qu'un aperçu du produit avant sa finalisation.
Les itinéraires ne sont pas encore de la partie. Par contre, on retrouve la recherche avec un champ dédié et la gestion de favoris avec des points d'intérêts qui peuvent être partagés. Le service est basé sur les données cartographiques de la communauté OpenStreetMap.
Dans les conditions d'utilisation de Qwant Maps, on peut également lire que (prochainement) le service pourra " afficher des éléments issus de bases de données fournies par ses partenaires, tels que par exemple des fiches d'informations sur les professionnels, descriptions, avis de consommateurs, adresses, horaires d’ouverture ou encore numéros de téléphone. "
Français et européen, Qwant a le respect de la vie privée comme credo. Son moteur de recherche n'utilise pas de cookies et il n'y a pas de pistage de l'utilisateur. Même les adresses IP passent par du hachage. Le modèle d'affaires est basé sur de la publicité contextuelle (pas opposition à ciblée) et de l'affiliation.
Ce respect de la vie privée, Qwant Maps doit donc le reproduire, ce qui représente un défi. Un service de cartographie devient pertinent avec de la personnalisation, et notamment pour retrouver les recherches précédentes.
Vice-président Advocacy chez Qwant, Tristan Nitot a expliqué lors de la dernière édition du " Capitole du Libre " que les développements pour Qwant Maps sont faits avec du logiciel libre (gage de transparence), et il a souligné la technologie Masq qui permettra de la personnalisation côté clients.
Les données de personnalisation seront ainsi stockées sur le smartphone ou ordinateur de l'utilisateur, et avec une synchronisation entre les deux de façon chiffrée. Il s'agira d'afficher un calque sur une carte générique disposant de points d'intérêts issus de recherches précédentes avec stockage en local. En somme, la personnalisation de la carte sera faite sur l'appareil.