Vous avez aimé les Rectifications orthographiques de 1990 ? Vous allez adorer celles de 2030 ! C’est bien connu : quand une mayonnaise ne prend pas, on y ajoute quelques gouttes de vinaigre et on ressort le fouet.
Vous pensez vous aussi que mieux vaudrait la jeter ? ne pas singer l’entêtement de ces docteurs des sciences de l’éducation qui, à force de fuites en avant, ont plongé notre école dans le désarroi ? Ce serait compter sans nos linguistes, lesquels, dans une récente tribune hébergée par Le Monde, entendent bien ne rien changer à une formule qui perd, préférant rejeter la responsabilité de l’échec sur éditeurs et médias de la presse écrite.
Repoussé sine die, l’engagement de s’en remettre à l’usage ! Celui-ci n’avait été invoqué que pour fléchir une Académie réticente. Reniée, la promesse inaugurale de « laisser du temps au temps » ! Quand ledit temps vous désavoue, il n’est plus temps de l’écouter. Retoqué, le « toilettage » qui n’osait s’appeler réforme ! On piaffe à présent aux seules idées d’en découdre avec l’accord du participe passé et de « republier nos classiques », entendez par là – fi des euphémismes ! – les récrire.
Et ne nous avisons pas, manants de l’expression, sans-dents de l’écriture, ratés de l’évolution linguistique que nous sommes, d’émettre la moindre objection : elle serait aussitôt, et non sans morgue, jugée « folklorique » par ces juges suprêmes qu’a au contraire touchés la grâce. Nous ne voudrions pour rien au monde les « atterrer » davantage ! Remercions plutôt ces héros du quotidien d’avoir le « courage » d’agir, de pourfendre cet obscurantisme qui, à les en croire, étouffe notre langue depuis des lustres.
Il est pourtant à craindre que, pour nombre d’entre nous, ce courage-là consiste surtout… à n’en plus exiger des « apprenants » à venir. Encore si cette démission pure et simple pouvait influer sur les performances d’iceux aux classements PISA ! Le hic, c’est qu’elles sont tout aussi calamiteuses, sinon plus, en… mathématiques. En sera-t-on bientôt réduit à dénoncer également l’illogisme et les incohérences de ces dernières ?
Mais voilà qu’à notre tour nous donnons dans le folklore au lieu de nous incliner devant tant de science et de dévouement. Hâtons-nous au contraire de déconstruire notre langue comme le reste : il eût été étonnant qu’elle fût la seule à résister à cette frénésie ambiante qui nous porte à brûler ce que nous avons adoré…
Bruno Dewaele
e mot impératif est issu du même verbe latin que le mot empereur, le verbe "imperare" qui signifie "commander". Il sert donc essentiellement à donner des ordres ce qui suppose d’être respecté. Pas question de laisser une banale conjugaison ternir votre autorité.
Alors pour commencer, la règle : les terminaisons de l’impératif sont les mêmes que celles du présent de l’indicatif. On ne conjugue qu'à la deuxième personne du singulier et aux deux premières personnes du pluriel.
Cette règle vaut pour tous les verbes sauf :
Ces verbes font exception car ils ne prennent pas de « s » à la deuxième personne de l'impératif. On écrira donc « change les draps » « ouvre la porte » et « va chercher ton frère ».
L'exception dans l'exception
La langue française doit être aussi belle à parler qu’à écrire. C'est pourquoi on ajoute parfois une lettre euphonique: pour « pour faire joli ». On obtient une exception dans l’exception comme notre idiome en produit tant : en effet, à l'impératif, pour faciliter la prononciation, on ajoute un «s» quand les verbes suscités sont suivis des pronoms adverbiaux «en» et «y». On les lie aussi par un trait d'union au verbe. Exemples : «Vas-y», «changes-en», "cueilles-en".
L'exception dans l'exception à l'exception !
Eh oui, puisque nous avons déjà atteint un grand degré de subtilité, je ne vous épargnerai rien ! Si «en» et «y» dépendent d'un infinitif et pas directement du verbe conjugué à l'impératif, on ne met pas de «s» ni de trait d'union. Exemples: «ose y croire», «va en cueillir».