Alors que plus de 7 Français sur 10 disent s’intéresser à leurs racines et que beaucoup essaient de remonter jusqu’aux origines de leur arbre généalogique, vous êtes-vous déjà demandé quelles étaient les origines de la généalogie .
Le Larousse définit la généalogie comme la « science qui a pour objets la recherche de l’origine et l’étude de la composition des familles ». Cela a-t-il toujours été le cas ?
Parce que la généalogie est une des sciences les plus anciennes et présente dans de nombreuses cultures, son origine est indissociable des religions et des premiers Dieux.
L’œuvre « La Théogonie » du poète grec Hésiode, qui livre un récit sur l’origine des dieux, est pour certains considérée comme l’une des œuvres fondatrices de la généalogie. Au même titre que l’Iliade et l’Odyssée qui rapportent les liens de parenté des familles de dieux et humains mortels et qui fondent la mythologie grecque.
Aussi, Confucius, né le 28 septembre 551 av. J.-C., sera le point de départ d’une généalogie descendante comptant plus de 80 générations et 2 millions de personnes. Cet arbre est aujourd’hui reconnu comme le plus grand arbre généalogique du monde.
Plus tard, c’est la Bible qui dans le Livre de la Genèse tend à prouver le lien de parenté entre les élus de Dieux et Adam. On y retrouve également une liste des descendants de Noé avec la Table des peuples ainsi que la parenté entre Jésus et le roi David au sein de l’arbre de Jessé, une œuvre reconnue comme étant l’une des premières représentations d’arbre généalogique avec des branches et un tronc.
On retrouve ce principe de liste de parentés dans de nombreuses civilisations, comme chez les Vikings, les Égyptiens (avec la liste d’Abydos - une gravure comptant les 76 rois prédécesseurs de Séthi Ier), les Romains (qui gardaient des traces des filiations dans chaque clans familiaux) ou encore les Arabes qui cherchaient à établir un lien avec le prophète Mahomet.
L’idée principale de ces généalogies résidait surtout dans l’objectif de légitimer une religion, un divin, un chef, voire même un peuple.
Au Moyen Âge, l’Église chrétienne répand un nouveau genre de généalogie, la généalogie hagiographique, ou le récit des vies des saints. Ainsi, les clercs rapprochaient les saints des rois pour assurer leur influence. A cette époque, l’Arbre de Jessé est toujours utilisé pour représenter les relations familiales. L’étude des liens de famille est d’autant plus importante que le droit canon chrétien interdit le mariage entre personnes du même sang, ainsi sont nés les premiers registres de baptêmes, mariages (et des dispenses de consanguinité) et sépultures.
Pendant de longues années la généalogie était surtout utile pour garantir aux nobles une « noblesse de sang » et ainsi leur droit à bénéficier de privilèges. Alors que les titres de noblesse étaient vérifiés lors des réformations de la noblesse, ils se devaient de démontrer les titres de leurs ancêtres sur plusieurs générations pour échapper à l’amende. En 1595 sera d’ailleurs créée la charge de Généalogiste des ordres du roi qui regroupe des experts chargés d’authentifier les généalogies nobles. Autre intérêt à justifier d’une lignée noble : la transmission héréditaire des titres et des privilèges fiscaux. Cet intérêt vaudra par ailleurs à la généalogie d’être qualifiée de « science occupée de flatter les vanités et de conserver un ordre social périmé, héritage haïssable des siècles d’obscurantisme » par les encyclopédistes du siècle des Lumières.
A cette même époque, Pierre d’Hozier, un marseillais d’origine, devient juge d’armes de France - comprenez - commis royal chargé de certifier la noblesse. Comme un titre de noblesse d’ailleurs, il transmettra ce rôle à ses descendants. Généalogiste français, il est considéré comme l’un de ceux qui ont fait de la généalogie une science. Il a, de par sa charge et entre autres, rédigé la Généalogie des principales familles de France (en 150 volumes !).
Mais à la Révolution française le ton change et la généalogie est un peu plus discréditée puisque sont donnés des titres de noblesse à quiconque pouvant les acheter. Cette science tombe plus ou moins dans l’oubli tandis qu’en parallèle les registres d’Etat civil sont de plus en plus rigoureux et accessibles. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que la généalogie soit de nouveau pratiquée, mais par les populations les plus bourgeoises, toujours.
Désormais et depuis la moitié du XXe siècle la généalogie est un loisir qui se démocratise, une passion pour beaucoup même. On la pratique pour le plaisir de l’enquête, pour l’Histoire, pour mieux (se) comprendre ou encore pour les nombreuses découvertes qu’il y a à faire. Que l’on soit un généalogiste enquêteur, un généalogiste collectionneur, un généalogiste amateur ou professionnel, la quête de ses racines familiales et remplir son arbre généalogique sont aujourd’hui des activités accessibles à tous.
Notez que la religion est toujours présente dans la généalogie de nos jours. C’est par exemple le cas pour les Mormons (Family Search) qui baptisent leurs morts et qui ont, de ce fait, entamé depuis quelques dizaines d’années la numérisation et la compilation des archives mondiales. Des archives disponibles pour beaucoup en ligne.
Aujourd’hui les ressources à notre disposition sont nombreuses et accessibles sur Internet, ce qui facilite grandement les recherches des généalogistes. Les associations de généalogie y jouent un rôle important puisqu’elles mettent à disposition des registres (indexés souvent) et d’autres revues sur l’histoire locale - de quoi avancer un peu plus dans la découverte du quotidien de nos ancêtres.
Et vous, pourquoi vous intéressez-vous à la généalogie ?
Ma lettre A aurait pu être pour Aboîteaux, car qui dit Acadiens dit Aboîteaux...
A leur arrivée sur les côtes de la Baie Française (aujourd'hui Baie de Fundy) , les futurs colons, outre les immenses forêts canadiennes, découvrirent des marées impressionnantes (celles de Fundy sont les plus hautes du monde : leur marnage* peut atteindre jusqu'à 16 m), qui avaient formé de nombreux marais.
Grâce à l'ingénieux système des aboîteaux qu'ils mirent au point et à un labeur méthodique et harassant, ils allaient mettre ces espaces en valeur. Un aboîteau est une sorte de digue astucieuse, dont le clapet permet à la fois d'empêcher la mer d'envahir les terres à marée haute, et de les laver peu à peu de leur sel, grâce à l'écoulement à marée basse des eaux pluviales ou provenant de la fonte des neiges. C'est une spécifité acadienne.
Source Wikimedia Commons
Certes, il fallait attendre deux à trois ans avant de pouvoir cultiver ces terres gagnées sur la mer, mais ensuite, le rendement était magnifique, nettement supérieur à celui obtenu en défrichant la forêt. C'était la puissance des marées qui créait la fertilité de ces terres inondables, car les courants profonds et rapides de la baie, qui peuvent attendre 13 kms/h, drainent et déposent deux fois par jour des quantités formidables de sédiments.
Par ailleurs, une végétation spécifique - avec des plantes halophytes** comme la spartine - poussait sur l'estran et servait de fourrage aux bêtes avant même que les terres ne deviennent cultivables.
La technique des aboîteaux fit des Acadiens des "défricheurs d'eau" et contribua à façonner leur identité collective. En effet, la construction des digues puis leur entretien face aux coups de boutoir des grandes marées et des glaces hivernales, exigeaient un travail colossal et donc imposait la solidarité et la coopération de tous. Cela tissait des liens étroits dans les communautés, où l'on travaillait ensemble entre voisins et toutes générations confondues. Même le gouverneur de l’Acadie, Charles Menou d’Aulnay, participait à la mise en valeur des marais. Ainsi, trois jours avant de se noyer dans le retournement de son canoë à Port Royal, en mai 1650, il était lui aussi occupé à "poser des piquets, tracer les lignes et tendre les cordeaux pour faire un nouvel assèchement de terre, pendant même qu’il pleuvait averse sur lui "...
Après quelques décennies, le succès de ce type d'agriculture et l'expansion démographique de la petite colonie de Port Royal amenèrent les plus dynamiques habitants de la région à rechercher de nouveaux espaces. C'est ainsi que vers 1672, Jacob BOURGEOIS (sosa 4930), quinquagénaire déjà bien établi à Port-Royal, alla avec certains de ses fils et ses gendres fonder un nouvel établissement dans l'isthme de Chinectou, au fond de la baie de Fundy; exactement sur la frontière actuelle du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Très vite, la fusion de la petite colonie de Jacob avec celle, voisine, du seigneur de la Vallière, constitua l'établissement de Beaubassin qui atteindrait les 3 000 habitants huit décennies plus tard.. Peu après, vers 1675, Pierre TERRIOT, Claude LANDRY, Antoine LANDRY et René LEBLANC (Sosa 2464) allèrent s'installer à la rivière Habitants dans la région des Mines, et en 1682, d'autres familles fondèrent Grand Pré.
Les terres gagnées sur la mer allaient rapidement faire la richesse de ces nouveaux établissements, et dès le début du XVIII° siècle, la région des Mines était la plus peuplée d'Acadie, et Grand-Pré devenu "le grenier de l'Acadie" exportait céréales et autres denrées vers Port Royal et jusqu'en Nouvelle Angleterre.
Les aboîteaux étaient si connus pour être essentiels à la richesse de ces communautés qu'en 1704, lors d'un raid britannique sur la région depuis le Massachussets, les 550 assaillants, non contents de faire des prisonniers, tuer du bétail et incendier des maisons, détruisirent les digues de Grand-Pré, laissant la mer envahir les terres et détruire les cultures. Résilients et obstinés, les Acadiens reconstruisirent leurs aboîteaux patiemment...
Notes :
** plantes halophytes : plantes adaptées aux milieux salés
Un arrêt de la Cour de janvier 1767 imposa donc de reconstituer pour chaque chef de famille acadien installé à Belle Isle "la généalogie aussi exacte et étendue qu'il sera possible de ses pères et mères, du lieu de leurs naissances, de leurs mariages, et de la naissances de leurs enfants, des morts de leurs parents en ligne directe, ascendant et descendant, et en collatérale", et ceci "autant qu'ils pourront s'en souvenir", et en comptant sur l'aide des autres acadiens et de leur représentant, l'abbé LE LOUTRE. Sans doute y avait-il d'ailleurs dans le groupe de réfugiés quelque "défricheteux de parenté", comme les appelle Antonine MAILLET, chargé d'entretenir et transmettre la mémoire collective. Ces déclarations n'étaient pas une mince affaire, puisqu'il s'agissait de compenser grâce à la mémoire orale près d'un siècle et demi de registres paroissiaux perdus.
Carte de Port-Royal - 1708
Et c'est ainsi que, le 5 février 1767, "Honoré Le Blanc, acadien demeurant actuellement en cette île au village de Bordustard, paroisse Saint Gerand du Palais" se rend à la convocation des autorités et déclare en présence des témoins "être issu de Daniel LE BLANC son aïeul sorti de France avec sa seconde femme, et Marie Le Blanc, sa fille de son premier mariage et morte sans enfant, et passés tous les trois au Port Royal, chef lieu de l'Acadie, après le traité de Breda du 31 juillet 1661*. " , avant de dérouler la généalogie complète de Daniel et Françoise, la liste de leurs enfants, petits enfants, etc...
Le lendemain, 6 février, c'est au tour d' "Honoré, Olivier et Paul DAIGRE, frères demeurant au village de Chubiguer paroisse du Palais" de faire leur déclaration. Honoré indique "être né à la Rivière aux Canards, paroisse Saint Joseph, le six janvier mil sept cent vingt six, d'Olivier DAIGRE né au Port Royal en 1703 et décédé à Falmouth le 8 décembre 1756 [qui] était fils d'Olivier DAIGRE et de Jeanne BLANCHARD, tous deux décédés au Port Royal; Olivier DAIGRE issu de Jean DAIGRE venu de France, marié au Port Royal à Marie GAUDETet tous deux morts au dit lieu". S'ensuit toute la généalogie descendante de Jean et Marie.
Puis, "le 23 février 1767 a comparu Cyprien DUON, métayer acadien, demeurant au village de Calastrène paroisse de Bangor, lequel [...] a déclaré être né au Port Royal le premier avril 1729 de Jean Baptise DUON sorti de la ville de Lyon en France et marié au dit Port Royal à Agnès HEBERT fille d'Antoine HEBERT et de Jeanne CORPORON, ledit DUON mort au dit lieu. Du mariage de Jean Baptiste DUON et d'Agnès HEBERT sont nés au dit Port Royal..."
Un régal bien sûr pour la généalogiste en herbe que j'étais, même s'il y a quelques erreurs dans ces longues déclarations. Ainsi, le traité de Bréda fut signé le 31 juillet 1667 (et non 1661), par l'Angleterre, la République des Provinces Unies, la France et le Danemark. Curieusement, les déclarants acadiens de 1767 avaient bien retenu le jour et le mois, mais se trompaient sur l'année. Ce traité qui avait rendu l'Acadie à la France (mais sans que soient clairement précisés quels territoires étaient concernés, ce qui était le germe de futurs nouveaux conflits) avait visiblement marqué les esprits. Mais l'Acadie n'ayant cessé de faire des aller retours entre la France et l'Angleterre pendant plusieurs décennies, on peut comprendre les confusions de dates lors de la transmission orale un siècle plus tard.
Par ailleurs, on sait par le recensement de 1671 et par la suite même de la déclaration d'Honoré à Belle Isle ce jour-là que Daniel LEBLANC était déjà arrivé en Acadie en 1650, puisque c'est l'époque à laquelle il épouse Françoise GAUDET à Port Royal, et que plusieurs enfants du couple y naissent dès 1651 : " d'iceux Daniel Le Blanc et sa femme, sont nés René Le Blanc, Jacques Le Blanc, Antoine Le Blanc, Pierre Le Blanc, au dit Port Royal, et de Daniel Le Blanc et femme est aussi né André Le Blanc" .
Mais pour l'essentiel, les déclarations belliloises de 1767 sont une source précieuse et émouvante.
Une autre source très riche pour reconstituer une grande partie de la population du berceau de l'Acadie est le recensement effectué fin 1670-début 1671 à Port Royal, à la demande du gouverneur GRANDFONTAINE, et à destination de Jean-Baptiste COLBERT, contrôleur général des finances de France de Louis XIV.
On trouve en effet dans ce recensement la quasi totalité des patronymes acadiens, dont une bonne part concerne mes ancêtres directs, tels :
AUCOIN BAYOL BLANCHARD
BOUDROT / BOUDREAU
BOURC / BOURG / BOURQUE
BOURGEOIS
BRUN BRAUD/ BRODE
CHEBRAT COLLESON
COMEAU CORPORON / CORBERON
DAIGRE / DAIGLE
GOUGEON GRANGER
GAUDET / GODET
GAUTIER HEBERT LAMBERT
LANDRY LEBLANC LEJEUNE
RAU SAVOIE / SCAVOIS
TERRIAU / TERRIOT / THERIOT / THERIAULT
TRAHAN
il faudra ajouter à mes sosa (LE)PRINCE et DUON / DUHON, arrivés plus tard.
en italique : ceux qui ne se sont pas transmis car portés uniquement par des pionnières.
Par ces patronymes pionniers, je cousine avec pratiquement tous les acadiens de par le monde...:)
Recensement de Port-Royal - 1671 - mes Sosa :
Chirurgien - Jacob BOURGEOIS (S 4930) agé de 50 ans, sa femme Jeanne TRAHAN (S 4931) âgée de 40 ans, leurs enfans 10, deux de mariés, un garçon et une fille, Jeanne, âgée de 27 ans, Charles 25, Germain 21, Marie 19, Guillaume 16, Marguerite 13, Françoise 12, Anne (S 2465)10, Marie 7 ans, Jeanne 4 ans.
Leurs terres Labourables et en valeur en deux endroits : environ 20 arpents plus ou moins. Leurs bestiaux a cornes 33, Leurs brebis 24
Laboureur - Jean GAUDET (S 5002, 5050, 9858, 9918, 10 046 et 10 052) âgé de 96 ans (sic!), sa femme Nicole COLLESON âgée de 64 ans. Leur enfant Jean âgé de 18 ans
(NB : je descends 6 fois de Jean, aux 13° et 14° générations! par sa première épouse, dont l'identité est inconnue. Il a d'ailleurs tant de descendants qu'il a pu être surnommé "l'Abraham de l'Acadie"par le Père Archange Godbout, généalogiste québécois)
Leur terre en labour : trois arpents en deux places. Leurs bêtes à cornes 6 piéces. Leurs brebis, 3 piéces.
Laboureur - Denis GAUDET (S 5026) âgé de 46 ans, sa femme Martine GAUTIER (S 5027) âgée de 52 ans, Leurs enfants 5, et 2 de mariés. La première Anne Gaudet âgée de 25 ans, La seconde Marie (S 2513) âgée de 21 ans, Pierre âgé de 20 ans, Pierre âgé de 27 ans, Marie âgée de 14 ans, tous 5 sans métier excepté laboureurs.
Leur terre en valeur: 6 arpents. Leurs bêtes à cornes: 9 piéces. 13 brebis tant petites que grandes.
Marie GAUDET (S 2501, 2525, 4959, 5023) Veuve de Etienne HEBERT ( S 2500, 2524, 4958, 5022) âgée de 38 ans, ses enfants 10; 2 de mariées : Marie âgée de 20 ans, Marguerite âgée de 19 ans, Les autres a marier, Emmanuel âgé de 17 ans, Etienne âgé de 17 ans, Jean âgé de 13 ans, Françoise 10 ans, Catherine 9, Martine 6 ans, Michel 5 ans, Antoine 1 an.
Ses terres en labour :2 arpents, bêtes a cornes 4, et 5 paires de brebis
Laboureur - Olivier DAIGRE ( S 2512) âgé de 28 ans, sa femme Marie GAUDET (l'aînée) (S 2513), âgée de 20 ans,. Leurs enfants 3: Jean âgé de 4 ans, Jacques 2 ans, Bernard 1 an
Leurs terres en Labour deux arpents, bêtes à cornes 6 paires et 6 brebis.
Laboureur - Jean BLANCHARD (S 5028) âgé de 60 ans, sa femme Radegonde LAMBERT (S 5029) âgée de 42 ans, Leurs enfants 6, 3 de mariés : Martin Blanchard âgé de 24 ans, Magdeleine Blanchard âgée de 28 ans, Anne âgée de 26 ans
Les non mariés : Guillaume (S 2514) âgé de 21 ans, Bernard âgé de 18 ans, Marie âgée de 15 ans
Leurs terres en labour : 5 arpents. Leurs bestiaux à cornes : 12, et brebis 9
Laboureur - Jean TERRIAU (S 4948, 5012, 5036) âgé de 70 ans, sa femme Perrine RAU âgée de 60 ans. Leurs enfans 7. Ceux qui sont mariés, Claude Terriau, âgé de 34 ans, Jean âgé de 32 ans, Bonaventure (S 2474, 2506, 2518) âgé de 30 ans, Germain 25 ans, Jeanne âgée de 27 ans, Catherine âgée de 21 ans, Le non marié Pierre âgé de 16 ans
Leurs bestiaux a cornes 6, et 1 brebis; terres labourables 5 arpents.
Laboureur - François SCAVOIS (S 5006) âgé de 50 ans, sa femme Catherine LEJEUNE (S 5007) âgée de 38 ans. Leurs enfants 9, 1 fille de mariée, Françoise (S 2503) âgée de 18 ans, Les non mariés, Germain âgé de 17 ans, Marie âgée de 14 ans, Jeanne âgée de 13 ans, Catherine âgée de 9 ans, François 8, Barnabé âgé de six ans, Andrée âgée de 4 ans, Marie âgée d'1 an 1/2
bestiaux a cornes 4 piéces, terres labourables 6 arpents
Laboureur - Jean CORPORON (S 2502) âgé de 25 ans, sa femme Françoise SCAVOIS (S 2503) âgée de 18 ans, Leurs enfants : 1 fille de 6 semaines qui n'a point encore esté nommée sur les Sts fonds
On remarque que ce tout jeune couple a encore peu de moyens; Jean est arrivé depuis peu en Acadie
bête a cornes :1 vache, et 1 brebis, point de terre labourable
Laboureur - Vincent BRUN (S 4938, 5042) âgé de soixante ans, sa femme Renée BRODE (S 4939, 5043) âgée de 55 ans, Leurs enfants 5 tant mariés que non mariés, 3 de mariés, Magdeleine BRUN (S 2469, 2521) âgée de 25 ans, Andrée âgée de 24 ans, Françoise âgée de 18 ans, Les non mariés : Bastien âgé de 15 ans, Marie âgée de 12 ans
Leurs bêtes à cornes 10 piéces et 4 brebis, terre labourable 5 arpents
Maréchal - Guillaume TRAHAN (S 2468, 2520, 9862) âgé de 60 ans ou environ, sa femme Magdeleine BRUN ( S 2469, 2521) âgée de 25 ans, Leurs enfants 3. Guillaume (S 1234) âgé de quatre ans, Jean Charles (S 1260) âgé de 3 ans, Alexandre âgé d'1 an
Leurs bestiaux à cornes 8, et 10 brebis, Leurs terres en labour: 5 arpents
Laboureur - Bonaventure TERRIAU (S 2474, 2506, 2518) âgé de 27 ans, sa femme Jeanne BOUDROT (S 2475, 2507, 2519) âgée de 26 ans. Leurs enfants : 1 fille Marie 4 ans
Leurs bêtes à cornes 6 piéces, et 6 brebis, Leurs terres en labour : 2 arpents
Laboureur - Michel BOUDROT (S 4950, 5014, 5038, 5044) âgé de 71 ans, sa femme Michelle AUCOIN (S 4951, 5015, 5039, 5045) âgée de 53 ans. Leurs enfants : 11, 3 de mariés, Françoise âgée de 29 ans, Jeanne (S 2475, 2507, 2519) âgée de 26 ans, Marguerite âgée de 20 ans, Les non mariés Charles (S 2522) âgé de 22 ans, Marie âgée de 18 ans, Jean âgé de 16 ans, Abraham âgé de 14 ans. Michel âgé de 12 ans, Olivier âgé de 10 ans, Claude âgé de 8 ans, François âgé de 5 ans
Leurs bêtes à cornes 20 et 12 brebis, Leurs terres labourables 8 arpents
Laboureur - Antoine BOURC (S 5046) âgé de 62 ans, sa femme Antoinette LANDRY (S 5047) âgée de 53 ans, Leurs enfants, 11, 4 de mariés dont s'ensuivent les noms: Marie âgée de 26 ans, Francois âgé de 27 ans, Jean âgé de 24 ans, Bernard âgé de 22 ans. Les non mariés : Martin âgé de 21 ans, Jeanne âgée de 18 ans, Renée (S 2523) âgée de 16 ans, Huguette âgée de 14 ans, Jeanne 12 ans, Abraham âgé de 9 ans, Marguerite 4 ans
Leurs bêtes à cornes 12, et 8 brebis. Leurs terres labourables, 4 arpents
Matelot - Laurent GRANGER (S 2516) âgé de 34 ans, sa femme Marie LANDRY (S 2517) âgée de 24 ans. Leurs enfants 2, Marguerite âgée de 3 ans, Pierre âgé de 9 mois
Leurs bêtes à cornes 5, et 6 brebis. Leurs terres labourables 4 arpents
Laboureur - Daniel LEBLANC (S 4928) âgé de 45 ans, sa femme Françoise GAUDET (S 4929) âgée de 48 ans. Leurs enfants, 7, 1 fille de mariée Françoise âgée de 18 ans, Les non mariés, Jacques âgé de 20 ans, Etienne âgé de 15 ans, René (S 2464) âgé de 14 ans, André âgé de 12 ans, Antoine âgé de 9 ans, Pierre âgé de 7 ans
Leurs bestiaux à cornes 18, et brebis 26. Leurs terres en Labour 10 arpents en 2 places.
Laboureur - Antoine GOUGEON (S 5030) âgé de 45 ans, sa femme Jeanne CHEBRAT (S 5031) âgée de 45 ans, 1 enfant : Huguette (S 2515) âgée de 14 ans
Leurs bestiaux à cornes 20 piéces, et 17 brebis. Leurs terres labourables et en Labour 10 arpents
Tonnelier - Pierre COMMEAU (S 2526, 4954, 5018) âgé de 75 ans, sa femme Rose BAYOL (S 2527, 4955, 5019) âgée de 40 ans, leurs enfants 9, 1 de marié, Etienne, âgé de 21 ans, les non mariés, Pierre Commeau âgé de 18 ans. Françoise âgée de 15 ans, Jean âgé de 14 ans, Pierre âgé de 13 ans, Antoine âgé de 10 ans, Jeanne (S 1263) âgée de 9 ans, Marie (S 2477, 2509) âgée de 7 ans, Jean âgé de 6 ans
Leurs bêtes à cornes, 16 piéces et 22 . Leurs terres labourables 6 arpents
Laboureur - René LANDRY l'aîné (S 5034) âgé de 53 ans, sa femme Perrine BOURC (S 5035) âgée de 45 ans. Leurs enfans 7, 4 de mariés, à savoir Henriette PELLETRET (d'un premier mariage de Perrine) âgée de 30 ans, Jeanne âgée de 28 ans, Marie âgée de 25 ans, Marie (S 2517) âgée de 23 ans. Les non mariés : Magdeleine âgée de 15 ans, Pierre âgé de 13 ans, Claude âgé de 8 ans
Leurs bestiaux à cornes 10, et 6 brebis. Leurs terres en labour 12 arpents en 2 places
Un chirurgien (à l'époque, une sorte de barbier amélioré, capable de faire certains soins), un maréchal ferrant, un tonnelier, un matelot (mais qui cultivait la terre et avait vaches et brebis), et une majorité de laboureurs : voilà donc en 1671 mes ancêtres acadiens établis à Port Royal.
La colonie comptait également un tisserand ("texier"), deux armuriers, trois autres tonneliers, un maçon, un taillandier, deux charpentiers, un tailleur, et quelques autres laboureurs...Toute une communauté rurale apte à vivre en grande partie de ses propres ressources...
Tout en me réjouissant de cet "inventaire" si précieux, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée émue pour le cordelier Laurent MOLINS, passant de ferme en ferme le long de la rivière au Dauphin dans son habit de gros drap gris, en plein hiver, dans la neige, pour questionner les habitants, sans doute accueilli dans mainte maison avec une boisson chaude et de la bienveillance, mais parfois vertement éconduit, comme chez le tailleur Pierre MELANSON, qui "a refusé de donner son âge et le nombre de ses bestiaux et terres, et sa femme [lui] a répondu [s'il était] fou de courir les rues pour des choses de même (= pareilles)", ou Etienne ROBICHAUT, qui "ne [l]'a pas voulu voir. Il a sorti de chez lui et a dit a sa femme qu'elle [lui] dise qu'il ne [lui] voulait point donner le compte de ses bestiaux et terres", ou encore le tonnelier Pierre LA NOUE, qui lui "a fait réponse lorsqu [il lui a] demandé son âge qu'il se portait bien et qu'il ne le voulait pas donner"...
sources :
Mais revenons à la chronologie de mes découvertes, car les recherches généalogiques sont une sorte de machine à remonter le temps, et j'ai donc commencé à faire la connaissance de mes acadiens par la fin, par leur installation dans "mon" île...
Claude Picard : l’arrivée des Acadiens en 1765 à Belle Isle. (© Citadelle Vauban)
A l'automne 1765, 363 personnes de tous âges, débarquent à Belle Isle en Mer, après des années de péripéties, pour démarrer une nouvelle vie. Ce sont des "réfugiés acadiens". Sur ces 78 familles, 5 sont celles de mes ancêtres directs. Mais les autres sont formées de frères, cousins, neveux... Tous sont liés par d'étroits liens de parenté et forment une sorte de clan : Les LE BLANC arrivent à 57, les GRANGER à 46, les TRAHAN à 49, les TERRIOT à 27 et les DAIGRE à 21, de sorte que sur les 363 personnes arrivées à Belle-Île, 200 correspondent à seulement 5 patronymes.
Source gallica.bnf.fr
Famille 11 :
Honoré Leblanc (mon sosa 616) , né à Pigiguit (Acadie) le 1er novembre 1710, veuf, père de Charles (S 308), (55 ans). Ses enfants Paul et Joseph.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Bordustard (Le Palais).Famille 12 :
Charles Leblanc (Sosa 308) , né à Pigiguit en août 1734 (31 ans), fils d’Honoré (Sosa 616). Son épouse Anne Landry (sosa 309) née à la Rivière-aux-Canards (Acadie) le 24 février 1739 (26 ans). Leurs enfants : Claude-Marie et Marie.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Bordrouant (Bangor).Famille 56 :
Cyprien Duon (sosa 312), né à Port-Royal (Acadie) le 18 avril 1730 ( 35 ans). Son épouse Marguerite Landry (sosa 313), née à la Rivière-aux-Canards le >15 janvier 1735 (30 ans), fille de Marie-Rose Rivet (sosa 619 et 627, implexe) veuve Landry. ( 58 ans)
Leurs enfants : Jean-Baptiste, Marie et un orphelin, Jean Vincent, neveu de Cyprien.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Calastren (Bangor).Famille 70 :
Marie Rose Rivet (sosa 619 et 627, implexe) , veuve de René Landry, née à Pigiguit le 18 juillet 170 (58 ans) . Mère d’Anne (Sosa 309) (26 ans) et de >Marguerite (Sosa 313) (30 ans). Ses autres enfants : Jean et Magdeleine, Marie-Josèphe.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Bordustar (Le Palais).Famille 25 :
Honoré Daigre (sosa 314), né à la Rivière-aux-Canards le 6 janvier 1726 (39 ans), veuf, sa 3ème épouse Élisabeth Trahan (sosa 315), née à la Rivière-aux-Canards le 1er janvier 1726 (39 ans), également veuve. Mariés à Falmouth le 29 septembre 1762 Sa mère Françoise Granger (sosa 629), née à Port-Royal en 1700 ( 65 ans).
Leurs enfants : Pierre, Jean, Joseph, Jean-François et Marie Terriot, (fille d'Élisabeth).
Viennent de Falmouth, de Morlaix et Tréguier, installés à Chubiguer (Le Palais).
Le 2 novembre 1765, le baron de Warren, gouverneur de l'île, écrivit à un ami : "Voilà enfin, mon cher marquis, tous les Acadiens arrivés au nombre de 77 familles. Les derniers sont arrivés avant-hier sur deux bateaux plats, le premier qui est entré dans notre port coulait bas d'eaux et le second a pensé périr sur les roches sous la citadelle ! Je vous avoue que j'aurais été furieusement touché s'il était arrivé quelques accidents à ces honnêtes gens dont je regarde leur émigration dans l'île comme le plus grand bien qui pouvait arriver dans Belle-Ile, au service du Roi et pour les intérêts de la Province...
Mais que venaient donc faire ces "acadiens", nés dans la lointaine Amérique, sur cette île ? Et en quoi pouvaient-ils présenter un intérêt pour le roi de France et la Province de Bretagne?
Nous verrons dans de prochains articles toutes les tragédies qui les ont conduits d'Acadie en France après moult détours, mais voyons pour l'instant les tenants et les aboutissants de leur installation à venir.
Je ne comprendrais rien à toute une partie de mon histoire ancestrale sans quelques informations sur la Guerre de 7 ans, cette première "guerre mondiale" de fait (car les combats se déroulèrent en Europe, Amérique du Nord et Inde) qui dura de 1756 à 1763. Elle opposa la France et la Grande Bretagne, chacune étant alliée à d'autres puissances européennes.
Dès 1755 les Acadiens en avaient été les premières victimes (article G à venir). La France y perdit notamment son empire colonial en Amérique du Nord. Et la petite île de Belle Isle elle aussi paya un lourd prix : après une grande bataille navale* auprès de ses côtes en novembre 1759 qui consacra la débâcle de la flotte française, elle subit le 7 avril 1761 l'attaque d' une flotte anglaise forte de 130 bâtiments et de 18 000 hommes ; le chevalier de Sainte Croix à la tête d'une petite garnison de 3 200 hommes, après une rude bataille, ne put guère que se replier dans la citadelle Vauban. Le siège dura jusqu'au 2 juin, mais il fallut finalement capituler, et l'île devint anglaise...Les Bellilois durent fuir sur le continent en abandonnant leurs maigres biens, ou travailler pour les Anglais.
Le Traité de Paris qui mit fin à la guerre fut signé le 10 février 1763. Entre autres, la France abandonnait la plus grande partie de ses possessions américaines; et renonçait définitivement à l'Acadie. Par ailleurs, elle rendait Minorque aux britanniques, en échange de ... Belle-Île.
Mais pendant les deux années d'occupation anglaise, l'île avait été totalement pillée, le bétail tué, les champs abandonnés étaient en friche, la plupart des maisons détruites, même leurs poutres avaient été volées pour pallier le manque de bois, etc...
Il fallait rapidement repeupler l'île et reconstruire son économie. Le Receveur du Domaine de Belle-Isle, François de Kermarquer, était de Morlaix. Il avait donc appris l'arrivée des prisonniers acadiens rendus par le roi d'Angleterre (toujours suite au Traité de Paris) et provisoirement installés à Morlaix et Saint Malo. Offre fut alors faite auxdits acadiens d'aller s'installer à Belle-Isle. Un tel projet faisait d'une pierre deux coups : repeupler l'île ravagée et donner un établissement à des réfugiés à la charge du roi.
Afin de voir si ce projet pouvait convenir à la petite communauté, trois chefs de famille acadiens, Honoré LE BLANC (mon sosa 616), Joseph TRAHAN et Simon GRANGER, vinrent à Belle Isle en juillet 1763, quelques semaines à peine après leur arrivée sur le sol français. Le baron de WARREN témoigne de la réussite de ce premier contact :"Ils ont paru très contents de ma réception et s'en sont retournés le 27. Comme ils sont gens fort industrieux et habiles cultivateurs, je serais enchanté de les voir arriver: ce serait un bon boulevard contre ceux qui les ont maltraités." *
Les États de Bretagne ratifièrent le projet, confirmé par le duc de Choiseul, ministre de Louis XV. Il fut alors procédé à l'afféagement de l'île, véritable révolution agraire, tout à fait inédite : l'île, domaine royal, allait être divisée en lots attribués aux familles acadiennes et belliloises, et ces cultivateurs, à condition de travailler les terres pendant 10 ans, en deviendraient pleinement propriétaires!
L'abbé LE LOUTRE, ancien missionnaire en Acadie auprès des autochtones MicMac, se chargea de défendre les intérêts des Acadiens Il fallut beaucoup de talent, de discussions et tractations diverses, pour faire accepter aux Bellilois, soutenus par leurs curés, la future arrivée de ces "étrangers" qui ne parlaient pas breton, et aux acadiens le fait d'être répartis dans toute l'île et non regroupés en une seule paroisse comme ils le souhaitaient.
Il fallut acheter 78 paires de bœufs, 78 chevaux, des attelages et jougs, courroies, charrettes et charrues, brouettes, ustensiles et outils - comme « 234 faucilles à raison de 3 par famille »-, etc. Il fallut aussi s’occuper de l'arpentage des terrains, de la construction des maisons - acquisition des matériaux, et recrutement des maçons venus du continent, car les Acadiens ne savaient construire qu'en bois-. Les plans des maisons furent définis avec précision par les États de Bretagne : c'étaient de très petites maisons, de 27 mètres carrés au sol, aux ouvertures basses et étroites, construites avec le schiste local, et couvertes soit de lande - c'est à dire d'ajoncs séchés mis en bottes - soit d'ardoises. Toutes les maisons devaient être identiques et pouvoir être agrandies plus tard en longères.
AD du Morbihan
En septembre 1765, Simon GRANGER et Honoré LE BLANC revinrent dans l'île pour préparer l'arrivée des familles, qui va se faire en 4 vagues, le 2 septembre, le 1er , le 18 et le 30 octobre. Les maisons n'étant pas encore construites, les Acadiens furent logés provisoirement dans des entrepôts à grains, sur la paroisse de Palais.
Logement provisoire des Acadiens à leur arrivée à Palais
En décembre 1766, les contrats d’afféagement étaient tous signés, et Joseph Simon GRANGER, Jean MELANSON et Honoré Daigre (sosa 314) concluaient ainsi une lettre de remerciement aux États de Bretagne :
Nous ne cesserons de présenter nos vœux et nos prières pour la conservation et prospérité de vos illustres personnes, et serons avec toute la soumission possible et le respect le plus profond, Nos seigneurs, vos humbles et très obéissants serviteurs...
En juillet 1767 le baron de Warren écrivait : "Ces honnêtes citoyens ont presque fini tous leurs établissements : leurs maisons sont couvertes, leurs écuries bâties et leurs terres travaillées. Ainsi j’espère qu’à la récolte de l'année prochaine, ils commenceront à recueillir les fruits de leurs travaux..."
Voici donc comment mes Acadiens trouvèrent une nouvelle patrie à Belle Isle en Mer après des années d'errance.
Mettant le point final à cette installation, le 12 janvier 1767, un arrêt de la Cour ordonna la reconstitution de l'état-civil des familles acadiennes établies à Belle Isle. Les registres paroissiaux acadiens avaient en effet été détruits ou perdus lors de la déportation, et il était urgent d'y remédier. Dans les semaines qui suivirent fut donc organisée la collecte de la mémoire généalogique acadienne. sous l'égide de l'abbé LELOUTRE et d'un notaire d'Auray.
Découvrir ces "généalogies acadiennes" établies par mes ancêtres en 1767 allait me faire faire une grande avancée dans mes recherches, et enfin quitter mon île pour faire mes premiers pas en Acadie...
Notes :
** les Cardinaux : bataille navale qui opposa Français et Anglais le 20 novembre 1759, dont le bilan fut clairement à l'avantage des seconds, puisque la marine française perdit 6 bâtiments et eut 2 000 hommes tués (300 côté britannique), et de plus les vaisseaux français qui se réfugièrent dans les estuaires de la Vilaine et de la Charente, y furent bloqués par les britanniques pendant plus de deux ans
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Sources :
Une des branches de ma famille était donc "acadienne". Mais qu'est-ce que ça voulait dire? et comment avait-elle atterri sur une petite île bretonne de 85 km² ?
Partie Orientale du Canada - Vincenzo Coronelli - Source gallica.bnf.fr
Quand j'ai questionné mon père sur ses souvenirs à ce sujet, il a commencé par me dire qu'enfant, il s'ennuyait lorsque sa grand-mère belliloise racontait les histoires du passé avec les autres vieilles du village, et que donc il n'écoutait pas... Tout juste a-t-il fini par grommeler qu'il avait entendu dire "qu'on venait du Canada"... Mais je n'ai rien pu en tirer de plus. Mon arrière-grand-mère et mon grand-père étant morts, la transmission familiale avait cessé. J'ai dû reconstituer l'histoire grâce aux archives puis à diverses lectures (difficile d'imaginer aujourd'hui ce que c'était , avant l'explosion d'internet, que de faire ce genre de recherches, qui s'opèrent aujourd'hui en deux clics).
Ne serait-ce que pouvoir situer géographiquement l'Acadie était une gageure. D'autant que l'Acadie en tant que telle n'existe plus depuis 3 siècles... Elle n'a d'ailleurs jamais constitué un pays. Il s'agissait d'une colonie de la Nouvelle France, au même titre que le Canada, la Louisiane... C'était une sorte de puzzle, de pointillé d'établissements le long des côtes de ce qui allait devenir définitivement la Nouvelle Écosse lors du traité d'Utrecht de 1713, et du futur Nouveau Brunswick.
Carte de l'Acadie - 1702 - Source gallica.bnf.fr
D'ailleurs, à l'époque où ils vivaient en Acadie, ses habitants ne se définissaient pas comme "Acadiens", mais comme "Français", ou "sujets du roi de France", puis , à partir de 1713, après la perte définitive de l'Acadie originelle par la France au profit de la Grande Bretagne, comme "Français neutres"... C'est paradoxalement au moment même où il durent quitter l'Acadie géographique, à partir de 1755, qu'ils furent définis officiellement comme "Acadiens" (souvent écrit "Accadiens"), constituant un groupe devenu différent des Français par ses particularités.
Le berceau historique de l'Acadie (celui qui concerne mes ancêtres) se situe sur la côte est du Canada, car non, ce n'est pas le Québec qui borde l'Atlantique mais les "Provinces Maritimes" - Nouveau Brunswick, Nouvelle Ecosse et Ile du Prince Edouard .
Après de probables incursions normandes dès le XI° siècle, puis la venue de l'explorateur vénitien Jean CABOT en 1497, la région de l'actuelle Nouvelle Ecosse (Nova Scotia en anglais) fut explorée en 1604/1605 par Pierre DUGUA de MONS, accompagné de Jean de POUTRINCOURT et de Samuel de CHAMPLAIN (géographe et cartographe de l'expédition). Ainsi furent nommés La Hève, le cap Nègre, la baie Sainte-Marie, le cap Sable, la baie Française, Port-Royal, le fleuve Saint-Jean, la rivière Sainte-Croix, etc, et commença le peuplement de l'Acadie par les Européens.
Port de La Heve - Illustrations des Voyages de Champlain. 1613. Source gallica.bnf.fr
Peuplement d'abord sporadique : les Français installèrent quelques postes à divers endroits de la côte, avec des succès limités, dus notamment aux difficultés d'adaptation au climat, aux luttes intestines franco-françaises, et aux fréquentes attaques anglaises.
La colonisation commença à s'organiser en 1632, quand le gouverneur Isaac de Razilly amèna les premières familles françaises en Acadie. Toutefois, tandis que les Britanniques organisaient une colonisation à grande échelle du sous continent, la France n'envoya finalement que peu de colons (815 en tout selon certains comptages) au cours du XVII° siècle (essentiellement de 1632 à 1670), puis plus du tout à partir de 1713.
Ceci explique qu'en peu de générations, les Acadiens de Nouvelle Ecosse furent tous liés par des liens de parenté et manifestèrent une forte solidarité lors des épreuves qui allaient les frapper. Mais également que la disproportion démographique entre les deux peuplements et l'abandon de fait par la France de sa colonie ne pouvaient qu'aboutir à un désastre pour l'Acadie.
Le ver était dans le fruit dès l'origine : de 1604 à 1713, le berceau de l'Acadie changea 9 fois d'allégeance. Car l'Acadie voyait ses frontières constamment contestées, et, immédiatement devenue un enjeu du séculaire conflit franco-britannique, se trouvait ballotée d'un camp à l'autre au gré des traités de (pseudo) paix. J'ignorais, quand au lycée j'entendais parler avec un certain ennui des traités de Saint-Germain-en-Laye (1632), de Breda (1667), de Ryswick (1697) ou d'Utrecht (1713), que mes propres ancêtres en avaient vu chaque fois leur quotidien bouleversé...
mercredi 9 juin 2021 par ROUBY Gilles
Les reconnaissances féodales relèvent du droit de la propriété sous l’Ancien régime. En effet, les terres se répartissaient en deux catégories :
Les tenanciers devaient également, à la demande de leur seigneur, lui rendre hommage par le biais de reconnaissances féodales passées devant notaire. Mais ces actes sont rares et motivés essentiellement par la vente, soit de la tenure par le tenancier, soit du fief par le seigneur. Les reconnaissances renferment parfois de nombreux liens de parenté, précieux pour les généalogistes . A défaut, elles mentionnent généralement la date de la précédente reconnaissance, souvent très ancienne, ainsi que le nom du ou des tenanciers de l’époque. Dans ce cas, le renseignement ne suffit pas à établir une filiation précise entre les tenanciers, mais il permet de constater le cas échéant le maintien de la tenure dans une même famille (transmission par testament ou donation).
7 mots ou expressions utilisés en généalogie, parfois de façon erronée :
ANCÊTRE : Un ancêtre est une personne dont on descend. Les ancêtres sont les ascendants directs et non pas l’ensemble des individus de l’arbre généalogique. Les cousins ne sont pas des ancêtres, ce sont des collatéraux.
OBIIT : « Obiit » en marge des baptêmes dans les actes paroissiaux signifie que l’enfant est mort en bas âge (contraction de obivit = il est mort). Pour cet enfant, il n’existe pas d’acte de décès ni de sépulture.
DE DROIT ET DE FAIT : Dans un acte de mariage, qu’un des époux soit « de fait » d’une paroisse signifie qu’il y habite ; « de droit » indique la paroisse dont il dépend juridiquement ou canoniquement (il y est né ou ses parents y habitent ou il y est rattaché). Plusieurs bans doivent alors être publiés.
BREVET : Un acte en brevet est un acte délivré par un notaire directement à l’intéressé, contrairement à une minute que le notaire conserve dans ses archives. Il concerne une procuration, un acte de notoriété, une autorisation pour mariage… Il est difficile à retrouver car c’est un exemplaire unique (par exemple autorisation parentale annexée à l’acte de mariage), la plupart du temps détruit. Parfois, il en existe des traces dans le répertoire du notaire.
RÉPERTOIRE CIVIL : « RC » en marge d’un acte de naissance (suivi d’un numéro ou date) concerne un acte survenu pendant la vie de l’intéressé : changement de régime matrimonial ou mise sous tutelle par exemple. Il est possible de demander une copie de ce répertoire civil.
PUPILLE DE LA NATION : C’est un enfant dont un des parents a été tué ou blessé lors d’une guerre ou d’un attentat et que la nation prend à sa charge pour certains avantages (éducation). Ne pas confondre avec « pupille de l’état » = pupille de l’assistance publique, qui désigne des enfants délaissés par leur famille (abandonnés, nés sous X, orphelins), que l’état prend en charge dans des centres spécialisés.
À LA MODE DE BRETAGNE : Un cousin « à la mode de Bretagne » ou « à la mode de Bourgogne » n’est pas un cousin lointain dont on ne connaît pas précisément la parenté. L’expression a un sens précis en généalogie : désigne le fils d’un cousin germain d’un des parents. Par extension, ma « tante à la mode de Bretagne » est la cousine germaine de mon père ou de ma mère (idem pour l’oncle). NB : On parle aussi de cousin issu de germain.
Nous sommes les élus. Dans chaque famille, il en est un qui semble appelé à retrouver les ancêtres, à redonner de la matière à ces fantômes et à les faire revivre, à raconter l'histoire de la famille et à sentir que d'une certaine manière, ils le savent et approuvent.
Pour moi, faire de la généalogie n'est pas une froide collecte de faits, plutôt une renaissance de tous ceux qui nous ont précédés.
Nous sommes les narrateurs de la tribu. Toutes les tribus en ont un.
Nous avons été appelés par nos gènes. Ceux qui nous ont précédés nous en conjurent : racontez notre histoire. C'est ce que nous faisons. En les retrouvant, nous nous retrouvons nous-mêmes, en quelque sorte.
Cela va au-delà du simple exposé de faits. Il s'agit de savoir qui je suis et pourquoi je fais les choses que je fais. Je suis fière de ce que nos ancêtres ont pu accomplir, de leur contribution à ce que nous sommes aujourd'hui. Écrire leur histoire, c'est respecter leurs épreuves et leurs peines, leur résistance et leur constance, leur détermination à continuer et à construire une vie pour leur famille.
J'écris aussi leur histoire parce que j'ai compris qu'ils l'avaient fait pour nous. Pour que nous puissions naître tels que nous sommes. Et que nous puissions nous souvenir d'eux.
Et c'est ce que nous faisons. Avec respect et bienveillance, en décrivant chaque pas de leur existence, parce que nous sommes eux et qu'ils sont nous. Ainsi, comme un scribe que l'on convoque, je raconte l'histoire de ma famille. C'est maintenant à l'élu de la génération suivante de répondre à l'appel et de prendre sa place dans la longue lignée des conteurs de famille.
Voilà pourquoi je fais de la généalogie, et voilà ce qui incite les jeunes, et les moins jeunes, à s'engager et à redonner vie à ceux qui nous ont précédés.
Librement traduit et inspiré d'un poème en prose anglaise aux origines obscures, souvent cité sur les sites de généalogie anglophones, mais généralement attribué à Della M. Cummings Wright
La Dordogne est devenue une voie naturelle d’échanges et ce, depuis l’époque Gallo-Romaine. Il faut dire que les ressources ne manquaient pas, les forêts pour le bois de construction et le chauffage, les merrains pour la tonnellerie, les carassonnes (piquet de vignes en châtaigniers). En plus du bois, on transportait les fromages d’Auvergne, les peaux des tanneries de Bort-les-Orgues, les châtaignes (qui pouvaient également partir vers l’Angleterre et la Hollande), les « soustres » pierres destinées aux meules, le charbon d’Argentat, le genièvre, le vin, les céréales, les papeteries et diverses marchandises telles que les tuiles, les poteries…
On peut même dire qu’elle a fait vivre et parfois prospérer bon nombre de riverains.
C’est ainsi qu’on a construit des « gabarres » ou « gabares » tout le long de la rivière. Parfois les chantiers étaient éphémères sur l’exploitation d’une coupe de bois. C’étaient des barques à fond plat ou « sole » qui permettait avec un faible tirant d’eau de porter un maximum de charge car elles étaient destinées au transport de marchandises. Elles pouvaient même être gréées. Sous ce terme, on désignait plusieurs sortes de bateaux fluviaux. Le courpet est un ancien type de gabare, utilisé en haute Dordogne depuis Argentat en Corrèze (le nom « d’Argentat » était également utilisé pour le désigner), bien que généralement construit à Spontour (commune de Soursac) ou Saint-Projet. L’élan du bateau était impulsé par une rame ou « pallas » et le gabarrier, juché sur le chargement afin de pouvoir observer, dirigeait la manœuvre, à l’aide d’un grand aviron ou « plume » ou « gober ». Il fallait une autre personne pour écoper. A usage souvent unique, il était fabriqué avec du « bois pauvre » comme le hêtre, le tremble, l’aulne, le bouleau, le peuplier…Arrivé à destination il était alors « déchiré » (désassemblé) et vendu avec le chargement comme bois de chauffage.
On disait alors de cette navigation qu’elle était à bateau perdu car il était très difficile de remonter à contre-courant surtout en l’absence de chemin de halage. Les gabariers rentraient alors à pied ou sur de légers « couralins ». L'activité des courpets était saisonnière, et se concentrait sur une période d'environ 27 jours, période appelée par les gabariers : « eau marchande » ou « eau de voyage ». C’était à la fin du printemps avec les eaux de neige ou au début de l’automne avec les grosses pluies que l’eau était assez haute pour passer les hauts fonds sans trop de difficulté car les passages périlleux étaient nombreux (appelés localement « malpas »), bien connus et redoutés par les gabariers. Le trajet entre Argentat et Libourne en Gironde s'effectuait en 5-6 jours par beau temps, mais nécessitait néanmoins que plusieurs courpets partent en convoi. Ces parcours nécessitaient « une protection divine » et le départ donnait toujours lieu à une cérémonie religieuse. Le restant de l’année les hommes exerçaient un autre métier (charpentiers, mérandiers…)
D’autres argentats descendaient la Dordogne, les couajadours qui pouvaient être réutilisés ainsi que les gabarots (petites gabarres). Certains gabarots et les batelets étaient utilisés pour la pêche. Quant aux naus ils servaient pour aller d’une rive à l’autre. Le coureau (ou courreau, courau) était un type de gabare de transport traditionnelle de fret à fond plat originaire de la Gironde et de la Dordogne, relevé aux extrémités aux formes allongées pointues et étroites. A l’arrière de l’embarcation, un long aviron « la plume » servait de gouvernail. Le mat qui supporte la voilure était repliable pour passer sous les ponts. La cale à marchandise était à ciel ouvert. Les coureaux de Dordogne, longs de 15 à 20m environ pour 4,50m de large pour un tonnage de 25 à 50 tonnes Une cale ouverte servait d’abri à l’équipage.
Les couralins étaient semblables aux coureaux, ils avaient une voile carrée, le logement du gabarier était sous le pont arrière. Le tonnage était inférieur à 15 tonnes. Ils étaient destinés à naviguer en moyenne Dordogne et à la remonte. La remonte, permettait d'alimenter le "haut pays" en sel, poissons séchés ou salés (sardines, morues), huile d’olive, savon, sucre, café, soie et bois exotiques…Elle était cependant moins importante que la descente. Elle se faisait avec l'aide de la marée, du vent (voiles) notamment sur la partie aval. En amont, après Castillon, il était fréquent d'avoir recours à la tire ou halage. Le chemin de halage longeait la rivière, les tireurs pouvaient être au nombre de 20 à 30, de 80 à 100 quand il fallait franchir des passages difficiles. Au XVIIIe siècle les tireurs ont été remplacés par des bœufs.
Florissante du XVIIe siècle à une bonne partie du XIXe siècle, la batellerie a réduit son activité par la suite, à cause notamment des épidémies de phylloxéra et l’arrivée du train.
Le tourisme fluvial et de plaisance a remplacé cette vieille navigation, c’est un facteur majeur de développement économique.
La chanson des gabariers.
C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers En ce temps-là notre belle rivière Coulait gaiement sous les ponts de chez nous On aimait voir folâtrer son eau claire Reflets d'argent dansant sur les cailloux Je me souviens on chargeait les gabares A Spontour au pied de notre maison Les fiers lurons en larguant les amarres Nous quittaient en chansons C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers Quand ils disaient que l'eau était marchande Le moment était venu de partir Ils quittaient Jeanne, Marie ou Fernande Mais quand on part c'est pour mieux revenir Les échalas charges sur les gabares Ils s en allaient au fil des hautes eaux Pendant trois jours et sans lâcher la barre Ils voguaient vers Bordeaux C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers
Acadie Nouvelle3 décembre 2017
Pour nombre d’entre eux, partis de diverses provinces françaises au XVIIe siècle, il est très difficile de savoir d’où ils étaient originaires et la première difficulté est le manque d’archives originelles les concernant, celles-ci ayant disparu lors du Grand Dérangement, archives qui auraient indiqué leur provenance.
Sur le premier recensement d’Acadie de 1671, document original conservé aux Archives d’outre-mer à Aix-en-Provence, nous ne trouvons ni mention du lieu d’origine, ni les noms de leurs parents restés en France.
Les origines qui ont pu être retrouvées pour un petit nombre de migrants qui étaient inscrits sur des rôles de navire ou avaient passé des contrats d’engagements chez un notaire. Certains renseignements ont ainsi de pouvoir confirmer des origines: par exemple, Guillaume Trahan de Bourgueil en Anjou et son épouse Françoise Corbineau partis sur le Saint-Jean en 1636, avec leur fille Jeanne (future épouse de Jacques Bourgeois, pionnier d’Acadie bien connu). Ils s’étaient mariés à Chinon le 13 juillet 1627 (Source: Jean-Marie Germe, 1986). Également plus facile pour les personnages historiques pour lesquels il y avait quelques indices comme Nicolas Denys de Tours, Charles de Menou à Charnizay ou Françoise-Marie Jacquelin à Nogent-le-Rotrou, dont les baptêmes ou l’origine ont été retrouvés et publiés par M. Germe dans les bulletins AGCF.
Des similitudes de noms ne peuvent suffire à inscrire leurs origines avec certitude. On retrouve les patronymes acadiens dans beaucoup de départements français. Ainsi en 1963, une hypothèse, dans une étude linguistique, a été émise proposant, sur des ressemblances de noms, qu’une grande partie des migrants acadiens étaient du Loudunais (Généralité de Tours jusqu’à la Révolution). Cette hypothèse a très vite été reprise comme certitude, certains n’hésitant pas ensuite à accommoder l’Histoire. Ainsi on peut lire encore de nos jours que Théophraste Renaudot, dans la Gazette de France en 1632, aurait relaté le départ des Loudunais avec Razilly parti d’Auray en Bretagne en 1632!
Lorsqu’on lit la Gazette de France originale du 14 juillet 1632, sauf erreur, on peut noter qu’Isaac de Razilly (Commandeur de l’Île Bouchard en Touraine ) est parti d’Auray en Bretagne avec 300 hommes d’élite et 3 capucins, mais dont la provenance n’est pas mentionnée.
Deux filles Brin baptisées à la Chaussée en Loudunais, seraient ainsi, selon cette hypothèse, les filles Brun recensées en Acadie en 1671. Or, il n’y a pas de document qui atteste d’un lien avec l’Acadie; les noms de leurs mères sont différents ainsi que le lieu-dit de résidence. Comment pouvoir être certains qu’elles sont sœurs et que ce sont les mêmes que celles recensées en Acadie?
Un Etienne Rebecheau est recensé à la Chaussée, mais ne quittera jamais la Chaussée où il baptise des enfants et y décède le 24 février 1718. Par conséquent, il ne peut pas être Etienne Robichaud recensé en Acadie en 1671 dont on ne sait rien. Est-il né en France, est-il né en Acadie?
L’origine d’Antoine Bourc, qui figure également sur le Recensement d’Acadie de 1671, est toujours inconnue, et ce malgré l’installation d’une plaque à son nom dans une église. Comme pour les autres pionniers, personne ne connaît les noms de ses parents.
Deux baptêmes en 1627 ont été trouvés au nom de Jeanne Chebrat, l’un à Poitiers (Poitou) l’autre à la Chaussée (Anjou à l’époque). Mais personne ne connaît les noms des parents de Jeanne Chebrat recensée en Acadie, donc il est impossible de dire si l’une d’elles est la migrante. Il en existe peut-être d’autres ailleurs en France.
Pour l’Acadie, pour annoncer une origine française à leurs descendants, il ne faut se fier qu’aux archives retrouvées qui la confirment.
Marie-Christine Chaillou (Poitiers)
Les Amitiés Généalogiques Canadiennes-Françaises
A partir de quel âge peut-on se marier en France ? Et doit-on demander l’autorisation de ses parents ?
Oui, ce sont 2 questions différentes, il ne faut pas confondre l’âge nubile (en droit, cela désigne quelqu’un qui est en âge d’être marié) et la majorité matrimoniale (âge auquel une personne peut s’engager dans les liens du mariage sans autorisation de ses parents) !
Jusqu’à la Révolution : dans le droit canonique (autorité catholique), l’âge nubile et la majorité matrimoniale étaient de 12 ans pour les filles et de 14 ans pour les garçons. Et un édit de Henri II entré en vigueur en 1556 et valable jusque 1792 fixait la majorité à 30 ans pour les garçons et 25 ans pour les filles.
Loi du 20 septembre 1792 : mariage à partir de 13 ans pour les filles et 15 ans pour les garçons, mais avec le consentement des parents jusque 21 ans.
Code civil de 1804 : la nubilité est à 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons, la majorité matrimoniale à 21 ans pour filles et 25 ans pour les garçons !
Loi du 21 juin 1907 : Il faudra attendre 100 ans pour que la majorité matrimoniale soit également fixée à 21 ans pour les garçons.
Loi du 5 juillet 1974 : On peut se marier sans le consentement de ses parents à partir de 18 ans.
Depuis 2006 : La nubilité est ramenée à 18 ans aussi pour les filles…
Le XVIIIe siècle ou Siècle des Lumières est aussi le siècle du clair-obscur, mêlant le pire et le meilleur, avec des comportements divergents face au mariage, selon que l'on appartient aux classes supérieures ou aux classes populaires.
Ces divergences se retrouvent aux siècles suivants et jusqu'à nos jours avec la concurrence entre mariage arrangé et mariage d'amour, entre pudibonderie et liberté sexuelle, entre soumission de la femme et émancipation.
...
Cela ressemble à une arnaque : Plusieurs sites payants vous proposent de vous fournir une copie d’un acte d’état-civil. Pourtant, les généalogistes qui recherchent des actes récents peuvent les recevoir gratuitement. Voici comment éviter de tomber dans le piège.
Si les actes d’état civil anciens sont consultables en ligne (sauf quelques exceptions) sur les sites des archives départementales, la période récente est plus difficile pour les recherches. En effet, la protection de la vie privée, sujet important en France, dicte des règles strictes pour empêcher la diffusion de détails personnels ou familiaux pouvant toucher des personnes encore vivantes.
Par exemple, le site des archives départementales de Loir-et-Cher ne propose pas en ligne, à ce jour, d’actes d’état-civil numérisés après 1899.
Pour vous procurer une copie des actes d’État-civil récents, il vous faut utiliser l’une des deux options suivantes :
C’est normalement totalement gratuit, sauf peut-être une participation possible aux frais d’envoi.
Oui, mais voilà… certains ont senti une opportunité d’activité.
C’est un fait, tout généalogiste aura besoin, tôt ou tard, de se procurer un acte d’état civil récent.
Pour répondre à ce besoin, plusieurs sites proposent aux généalogistes de leur fournir les copies des actes d’état civil recherchés.
Il fallait s’y attendre… ces sites vous feront payer l’obtention de vos actes à hauteur, parfois, de plusieurs dizaines d’Euros.
Quelle est la stratégie de ces sites ? Comment font ces sites pour attirer des clients et leur facturer des prestations ?
Premièrement, il faut reconnaître que ce type de pratique est légal. Ces sites assurent bien un service d’intermédiaire et livrent réellement les actes à leurs clients. C’est leur service (obtention et livraison de l’acte) qui est payant et non pas l’acte en lui-même.
Ensuite, pour que ces sites puissent légalement exister, il faut qu’ils ne trompent pas leurs utilisateurs : Ils ne doivent pas se faire passer pour un quelconque service administratif, ni arborer les logos ou les chartes graphiques des sites officiels. Sur ce sujet, il faut bien dire que plusieurs sites dépassent la limite, selon moi.
En résumé, si ces sites apportent un vrai service et sont légaux, dans l’ensemble… ils jouent sur la méconnaissance des personnes.
La presse et la télévision (voir le reportage ci-dessous) ont déjà évoqué ces sites mais il m’a semblé utile d’en parler ici pour prévenir les lecteurs de Généalogie Pratique.
Pour demander vous-même et gratuitement les actes d’état-civil (Actes de naissance, actes de mariage ou actes de décès) dont vous avez besoin pour vos recherches généalogiques, une seule adresse à retenir :
Créé en 1996 par les Mormons, le site Ancestry était depuis quelques années la propriété du fond souverain de Singapour (GIC) et de Silver Lake Management une firme d'investissement new-yoirkaise. Ce site, vient d'être revendu 4.7 Milliards de dollars au fond d'investissement Blackstone à ne pas confondre avec l'autre fond d'investissement au nom similaire Blackrock
Ancestry autoproclame à la fois leader des tests ADN et plus grand site de généalogie du monde. Blackstone est le plus grand propriétaire de biens immobiliers du monde et a acheté 75% des actions Ancestry. D'après le communiqué de presse, Ancestry a 3 millions d'abonnés (à 50 $/an) à ses activités généalogiques et dégage plus d'1 milliard de revenus par an. En lisant entre les lignes, cela veut donc dire que plus de 850 millions proviennent du commerce de l'ADN. Blackstone a aussitôt été interrogé par Vice sur les aspects de vie privée et a assuré ne pas avoir accès aux données ADN des personnes ayant confié leur ADN à Ancestry et ne pas partager les données ADN et les arbres généalogiques hébergés par Ancestry avec les autres sociétés que possède le fond d'investissement (vous remarquerez que ça n'interdit nullement de le monétiser ailleurs....). L'article de Vice conclut en disant "quand on livre son ADN a une entreprise, du fait des rachats de société, on ne sait jamais qui en sera propriétaire"
Plusieurs généalogistes américains se sont émus de ce rachat car la société Blackstone a plusieurs fois été accusée de se comporter de manière amorale. En particulier elle a donné à l'émigration US les listes d'hôtes hispaniques qui étaient dans sa chaine d'hôtel Motel6, elle est le principal soutien de la déforestation de l'Amazonie. Enfin les rapporteurs de l'ONU Leilani Farha et Surya Deva ont accusé Blackstone d'avoir une politique d'expulsion des locataires agressive afin d'assoir ses profits.
Des sites comme Komando recommandent aux utilisateurs de retirer leurs données. Mais comme le commente Dick Eastman sur son blog il serait illusoire de penser qu'Ancestry ne possède pas de sauvegarde de ses données : "essayer de retirer ses données c'est comme refermer la porte de l'écurie alors que les chevaux sont sortis".
Appendix 3 to The Voyage of Captain Lucas
Augustin Lucas after 1848
Lucas family in America
update of information by R. D. Wood (2014)
New information on Augustin Lucas.
Returning to France from Tahiti in 1848 after only one year back he and his wife and two children (Mathilda and Dolores) emigrated to the United States in 1849. After spending what proved to be two unsuccessful years in the timber trade in Preston County, West Virginia, he moved a little further west to Cincinnati, Ohio. He died there most probably in 1859 (although it needs noting that another account by his granddaughter Evangeline Soyer indicated the year was 1854).
In Cincinnati his daughter Dolorès married a French-born Alfred Soyer in 1858 and it is said the name of "A Lucas" appears as a witness in the church register, but he is absent from the Cincinnati Directory of 1860 although his wife is listed. (this information depends upon Mahon Lucas Henderson, A Breton Family in America: The Lucas Story, McClain Printing Co. (Parsons, West Virginia, USA) 1986, chapter 10 (Augustin Lucas and his family), pp. 66-70.). The considerable difficulty in establishing the exact date of death of Augustin Lucas is that the city records of Cincinnati of the period were destroyed by fire.
Dolores and Alfred Soyer (a Confectioner) while living in Cincinnati quickly had two children, a son (who died as a baby) and their first daughter Adrienne in 1859. They moved from Cincinnati, soon after the civil war began in April 1861, to Toronto, Canada, where two more daughters (Evangeline in 1863 and Marie in 1868) were born.
It was Evangeline who when she reached the age of 78 in 1941 wrote a valuable short memoir on her family - the full text is currently on a public access page at the genealogical website of Katryne Chauvigné-Bourlaud at http://matribu.chauvigne.info/pages/041-evangeline-soyer-courte-autobiographie-fr.php
From Katryne's genealogical research on Lucas families (she herself is in direct line from Victor Lucas, older brother of the Captains Augustin and Francois) it can also be established, from evidence of his original birth and marriage certificates, that Captain Lucas' first name was indeed Angustin, not Auguste as is sometimes found in printed sources.
Le business de ces sites, qui proposent de découvrir l'origine de nos ancêtres, se développe à toute vitesse à travers le monde. Pourtant, faire un test ADN comporte de nombreux risques. On vous explique lesquels.
Depuis quelques années, les publicités pour les tests ADN fleurissent en ligne. La plupart du temps, on y voit des personnes très (trop) émues de découvrir qu'elles ont un arbre généalogique qui prend racine de l'autre côté du globe. L'idée peut sembler amusante: des millions d'utilisateurs ont d'ailleurs déjà fourni leurs données en dépensant une petite centaine d'euros. Mais la pratique comporte de nombreux risques. En témoigne le partenariat signé avec 23andMe, filiale de Google qui est l'un des géants des tests ADN pour particuliers, et la plate-forme AirBNB.
En se liant, les deux entreprises proposent des « voyages sur mesure » pour découvrir les pays et les lieux d'où proviennent nos ancêtres, comme l'explique un communiqué « Chez Airbnb, nous croyons que des expériences de voyage authentiques vous aident à vous connecter aux cultures locales et à créer un sentiment d’appartenance partout dans le monde - et quel meilleur moyen de le faire que de voyager sur la terre de vos ancêtres. » Partir à la conquête des terres vallonnées d’Écosse pour découvrir le passé de nos arrières-arrières-grands parents peut paraître bucolique. Mais à y regarder de plus près, un voyage basé sur notre ADN - que l'on aura fourni sans sourciller à l'une des plus grosses entreprises de la tech en déboursant une centaine d'euros - ressemble à un épisode de Black Mirror.
Il est important de comprendre comment sont effectués ces tests et ce qu'ils disent de nous. « Un test ADN c’est ce qu’on appelle un séquençage de l’ADN qui se réalise par diverses techniques et qui permet de d’identifier les nucléotides qui le composent. » explique Anne-Cécile Pay, Quality Control Specialist chez Masthercell « Ces chaînes de nucléotides sont uniques à chaque personne et contiennent l’information nécessaire au bon fonctionnement de l’être humain. Cependant, on observe qu’il y a des motifs répétés en fonction de l’origine, dues aux mutations qui arrivent à travers le temps. Du coup, ces boîtes séquencent notre ADN, et le comparent à une base de données qui leur permet de retrouver les similarités entre les différents ADN. Par exemple, si une personne vient de Pologne, elle aura une trace de mutation unique qui vient d’un lointain ancêtre polonais, alors qu’un français ne l'aura pas... »
La plupart du temps, lorsqu'on fait un test ADN, notamment sur le site du leader du marché MyHeritage, on cherche à comprendre et à retracer nos origines. Ce faisant, on fournit également une multitude d'autres informations (très) privées. Vanessa Vanvooren, Chef de section Biologie à l’INCC (Institut national de Criminalistique et de Criminologie), décrypte: « Pour faire ces tests, il faut envoyer toutes ses coordonnées ainsi qu'un échantillon de salive, récolté avec une sorte de coton-tige à mettre dans la bouche. Cela permet de déterminer notre origine biogéographique et donc, d'où nos ancêtres proviennent. Mais cela permet aussi de faire des recherches sur notre famille, parce que ces entreprises disposent d'une énorme base de données. Ces sites permettent donc, s'ils disposent de l'info, de révéler l'identité d'un frère, d'un oncle, d'une sœur ou d'une tante dont on ne connaissait pas l'existence. »
De fait, en fournissant notre ADN, on donne également celui de notre famille, qui n'avait peut-être rien demandé. « Imaginons qu'un homme ait donné son sperme de manière anonyme, si un membre de sa famille fait un test ADN, il est probable que l'un des enfants né grâce à son don puisse le retrouver. » continue Vanessa Vanvooren. Cela peut donc chambouler des histoires et révéler des secrets de famille. En faisant ce test, un enfant illégitime peut ainsi découvrir que ses parents ne sont pas ceux qu'ils croyaient. C'est ce qui est arrivé à Catherine St Clair, originaire d'Arkansas aux Etats-Unis, qui a créé la page Facebook DNA NPE pour Not Parent Expected. Ils sont désormais 2.600 « enfants illégitimes » à l'avoir rejointe.
Le site de MyHeritage précise qu'il protège nos informations et ne les communique pas à d'autres sociétés. Mais si l'on n'en fait pas la demande explicite, après avoir effectué un test, nos informations personnelles viendront remplir les bases de données de l'entreprise. Et l'on s'en doute, ces informations, tout comme les données récoltées par Facebook, sont monnayables. Elles intéressent des groupes d'assurances ou des entreprises qui travaillent dans le domaine médical. En 2015, 23andMe a vendu des données génétiques à plus de 13 sociétés pharmaceutiques et a récemment signé un contrat de quatre ans avec GlaxoSmithKline, accordant au géant pharmaceutique un accès sans entrave à son répertoire.
Et là n'est pas la seule dérive. Les publicitaires vantaient les mérites des tests ADN pour rapprocher les gens, puisqu'ils démontraient que potentiellement chaque personne pouvait avoir des ancêtres originaires d'Afrique, d'Europe du Moyen-Orient ou d'Asie. Les membres d'extrême droite ont détourné cet aspect pour valider le concept de « pureté génétique ». Sur les forums néonazis, on joue désormais à qui aura le « sang le plus blanc ». Comme sur la plate-forme Stormfront, lancée par un ancien du Ku Klux Klan, qu'il n'est possible d'intégrer qu'en montrant patte blanche, soit en prouvant que vous êtes « 100 % européen ». Finalement, est-ce que ça vaut vraiment le coup?
Le 27 octobre 1851, Pétronille B. « demeurant depuis environ six ans dans la commune de Sainte-Alausie […] en qualité de fille de service au lieu de Bouisset, chez l’instituteur primaire de cette commune » comparait devant maître Bousquet, notaire à la résidence de Saint-Cyprien, canton de Montcuq.
« Agée de vingt cinq ans accomplis, [elle] demande respectueusement à Jean B. son père, veuf, demeurant comme colon partiaire [métayer] au lieu de la Bartiole, commune de Saint-Pantaléon, son conseil sur le mariage » qu’elle « se propose de contracter avec Jean C., agriculteur, demeurant au lieu de Rans [Ramps], commune de Sainte-Alausie ».
Pétronille requiert Me Bousquet, notaire soussigné, « de faire la notification de cette demande à son père, ainsi que la loi le prescrit. Dont acte en brevet, fait et passé à Belmas, commune de Saint-Cyprien » en présence d’un maçon, demeurant à Lamasse, commune de Saint-Cyprien, et d’un ouvrier charpentier, demeurant sur la commune de Saint-Cyprien et natif de celle de Cézac.
Au XIXe siècle, la majorité matrimoniale est de 25 ans pour un homme et de 21 ans pour une femme selon l’article 148 du code civil napoléonien (1804) : « Le fils qui n’a pas atteint l’âge de vingt-cinq ans accomplis, la fille qui n’a pas atteint l’âge de vint-et-un ans accomplis, ne peuvent contracter mariage sans le consentement de leurs père et mère ; en cas de dissentiment, le consentement du père suffit ».
Mais même plus âgés, les jeunes gens qui désirent se marier doivent notifier aux parents le projet par un acte notarié : « acte respectueux » ou « acte de respect ». En cas de refus, la demande doit être renouvelée deux fois. A l’issue de cette procédure légale, même à défaut de consentement, le mariage peut être célébré un mois après la dernière notification.
Si le garçon a plus de 30 ans, ou la fille plus de 25 ans, un seul acte respectueux suffit.
Ces mesures - progressivement assouplies à la fin du XIXe siècle - ont été définitivement supprimées par la loi du 2 février 1933. Cette loi - assimilant l'âge de la majorité matrimoniale à l'âge de la majorité de droit commun - a rendu totalement libres les jeunes gens majeurs de se marier sans consentement parental.
« Il est un âge où les enfants capables de faire avec discernement le choix d’un époux, n’ont plus besoin du consentement de leurs parents ; mais ils doivent toujours honneur et respect » rappelle le Dictionnaire de législation, de doctrine et de jurisprudence en matière civile, commerciale, criminelle, administrative et de droit public par A. Dalloz, édition de 1844.
Il est ici fait référence aux articles 151 à 153 du code civil napoléonien promulgué en 1804 :
Art. 151. Les enfants de famille ayant atteint la majorité fixée par l’article 148, sont tenus, avant de contracter mariage, de demander, par un acte respectueux et formel, le conseil de leur père et de leur mère, ou celui de leurs aïeuls et aïeules, lorsque leur père et leur mère sont décédés ou dans l’impossibilité de manifester leur volonté.
Art. 152. Depuis la majorité fixée par l’article 148, jusqu’à l’âge de trente ans accomplis pour les fils, et jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans accomplis pour les filles, l’acte respectueux prescrit par l’article précédent, et sur lequel il n’y aurait pas de consentement au mariage, sera renouvelé deux autres fois, de mois en mois ; et un mois après le troisième, il pourra être passé outre à la célébration du mariage.
Art. 153. Après l’âge de trente ans, il pourra être, à défaut de consentement sur un acte respectueux, passé outre, un mois après, à la célébration du mariage.
Un « acte respectueux » - passé devant notaire - est un « acte en brevet » : en clair, le notaire mentionne l’acte dans son répertoire, mais donne l’original à la partie concernée. Ce qui explique qu’on ne trouve pas ces documents dans les minutes du notaire (sauf exception), mais dans les archives privées.
Loin d’être une invention du code civil, la majorité matrimoniale plonge ses racines au milieu du XVIe siècle. Son principe (30 ans pour les fils et 25 ans pour les filles) est posé par l’édit de février 1556 que Henri II fait publier sur les « mariages clandestins » ; il est assorti de l’obligation pour les enfants, même après leur majorité, de solliciter l’avis de leurs parents par des actes respectueux.
L’article 41 de la grande ordonnance de réformation dite de Blois (1579) confirme l’instauration de la majorité matrimoniale de 25 et 30 ans en deçà de laquelle l’assentiment des parents est requis, ainsi que l’exigence d’actes respectueux de la part des majeurs.
Le vent révolutionnaire tente de balayer la chose : la loi du 20 septembre 1792 ramène la majorité pleine et entière à 21 ans pour les deux sexes ; il n’est plus fait de distinction entre majorité matrimoniale et majorité civile. Mais le code civil napoléonien défait la législation révolutionnaire et conforte les dispositions de l’Ancien Régime.
Pour aller plus loin
Dictionnaire de l’Ancien Régime. Royaume de France XVIe-XVIIIe siècle sous la direction de Lucien Bély, Presses universitaires de France, 1996. Voir l’article « Mariage ».
La vie conjugale sous l’Ancien Régime par François Lebrun aux éditions A. Colin, 1998. Collection U.
Présentation
Présentation
Les migrants du XVIIème siècle
Les Acadiens en Poitou : ceux qui repartent, ceux qui restent
Les Acadiens à Châtellerault
Combien d'Acadiens ?
Les premiers historiens de la colonie acadienne
Plans issus de l'ouvrage du général Papuchon
La Ligne acadienne : avant l'arrivée des Acadiens
Le plan et l'arpenteur
La Ligne acadienne : après les départs
Les pouvoirs publics et les Acadiens
Autour de la Ligne acadienne
Tous les documents ici présentés sont issus des fonds des Archives départementales de la Vienne.
On ne trouvera parmi eux aucun document ayant directement trait aux départs d’habitants du Poitou vers l’Acadie, dès les années 1630 pour les plus précoces. Ces départs étant liés à des initiatives individuelles, les traces qu’ils ont pu laisser dans les documents sont souvent ténues et indirectes : pour les retrouver, il est nécessaire de reconstituer des parcours individuels, à partir de sources qui pourront se trouver tant outre-atlantique (documents relatifs aux migrants, mais après leur arrivée en Acadie) qu’en France, dans les départements côtiers (archives des lieux d’embarquement), ou encore dans les lieux d’origine des migrants. Ainsi les registres paroissiaux, où l’on peut retrouver les actes de baptême ou mariage de personnes ayant émigré ultérieurement en Acadie : un exemple d’un tel acte de baptême est présenté ici.
Tous les autres documents présentés ont donc été produits après l’arrivée des réfugiés acadiens en France et, plus précisément, dans le cadre de leur accueil dans le Poitou, à partir de 1773. En effet, les conditions et les modalités de cet accueil ont cette fois mobilisé fortement les autorités, générant une abondante documentation.
Cette documentation se retrouve aujourd’hui en particulier dans un fonds d’archives communément appelé « chartrier de La Roche de Bran », du nom du château proche de Poitiers où il était conservé au moment de sa remise aux Archives départementales de la Vienne. Ce fonds contient notamment les archives de la seigneurie de Monthoiron, et en particulier les documents relatifs à la tentative d’implantation des Acadiens sur ces terres. Les autres documents présentés proviennent principalement :
Nouveau revirement du Sénat : les élus de la chambre haute ont voté finalement ce mardi 28 janvier 2020 l'interdiction des tests ADN généalogiques en France. Avec ce vote, ils sont revenus sur un scrutin précédent qui en avait pourtant accepté le principe.
Dans le mécanisme de fabrication de la loi bioéthique, cet énième épisode signe vraisemblablement l'interdiction définitive de la généalogie génétique en France. Le texte doit repasser devant l'assemblée nationale, et même si les députés ont la possibilité de proposer une nouvelle fois un amendement en faveur des tests ADN, il est peu probable que celui-ci soit adopté.
En effet, le gouvernement et en particulier la ministre de la Santé Agnès Buzyn y sont farouchement opposés, tout comme la majorité des députés qui avaient déjà voté leur opposition à tout assouplissement.
Ce que l'on peut retenir des derniers débats, c'est le peu de compréhension que les politiques ont du sujet, étant à peu près tous persuadés que les tests généalogiques sont la même chose que les tests médicaux. Agnès Buzyn a par exemple dénoncé leur imprécision. Or si les tests médicaux ne peuvent donner que de très vagues indications sur le risque de développer telle ou telle maladie (sauf quelques très rares mutations génétiques déjà connues et identifiées), les tests généalogiques permettent eux d'établir des liens de parenté qui n'offrent aucune contestation. L'exemple de l'ex-roi des Belges forcé de reconnaître sa fille, fruit d'une relation extra-conjugale est à cet égard, édifiant.
La position du sénateur Bruno Retailleau expliquant que les tests ADN peuvent présenter des risques eugéniques montre là encore une incompréhension totale du sujet. Si les tests ADN font courir des risques, ceux-ci sont portent plutôt sur le pillage de données personnelles (des dérives sur lesquelles il suffirait justement de légiférer) et sur la révélation d'informations familiales non désirées. Mais de là à dramatiser et à parler comme le sénateur Loïc Hervé de "familles détruites par ces tests génétiques", combien de familles ont au contraire été "réunies par l'ADN" ?
Les sénateurs ont également ressorti l'éternel argument à deux faces : "La France ne doit pas le faire parce que ses voisins le font...". Difficile de dire si nos voisins ont raison, mais force est de constater que les tests se pratiquent librement chez eux. Et que c'est bien au bénéfice de nos voisins que se développe cette nouvelle économie, construite en partie avec l'argent des dizaines de milliers de Français qui commandent leurs tests en Grande-Bretagne, en Suisse ou aux Etats-Unis.
A la recherche des surnoms
Posté le 6 juin 2006 dans Non classé | par Stéphane COSSON | Aucun commentaire
Le surnom peut être défini comme un mot ajouté au patronyme d’un individu pour le différencier de ses homonymes. Sa fonction primordiale est donc l’identification. Son choix révèle une connivence culturelle, des comportements sociaux. Il permet de reconnaître celui qui appartient à la même communauté, de distinguer l’étranger.Le groupe choisit le surnom et sa désignation n’est jamais le fruit du hasard. Ainsi, il signifie l’acceptation dans le groupe. Quels surnoms un généalogiste peut-il rencontrer ? Tout d’abord, ce peut être le prénom du père, ou d’un ancêtre marquant, qui n’étant pas courant se fixe : Antoine dit Samuel par exemple. Ce prénom peut permettre aussi de différencier deux branches d’une même famille : Bouteille dit Louis et Bouteille dit Jacques, Louis et Jacques étant deux frères ayant donné chacun une branche. Le surnom peut être en rapport avec une fonction exercée : Hérail dit Cossoul (consul), Soulages dit Diagou (le jeune valet en occitan). Il peut mettre en évidence une particularité, physique ou morale : Montaut dit Chicane, Assié dit Redoundo (le potelé). Il peut enfin rappeler une alliance avec un autre oustal, que celle-ci soit récente ou pas. Le surnom peut même provenir d’un remariage d’un veuf ou d’une veuve avec quelqu’un appartenant à un oustal plus riche que la première alliance. Je m’explique : J’ai trouvé sur la commune de Cadix, dans le Tarn, à la fin du XVIIIe et tout le XIXe siècle le cas d’une famille qui s’appelait Lacroux dit Coutouly. Pas d’alliance entre un Lacroux et une Coutouly. Par contre, en 1711, je trouve le remariage de la veuve de Pierre Lacroux avec Barthélémy Coutouly. Le deuxième époux étant d’un oustal plus riche que le premier, son nom est resté comme surnom pour les enfants du premier lit. Où trouver ces surnoms ? Dans les registres paroissiaux et d’état civil bien sûr, mais pas seulement. Les actes notariés sont aussi une bonne source, de même que le cadastre. La recherche du surnom s’avère toujours compliquée mais, personnellement, je la trouve toujours intéressante et riche d’enseignement.