Après avoir tenté de garder la face suite à l'embargo américain, Huawei change de position et renoncerait à remplacer Android.
Joy Tan, un des dirigeants de Huawei a récemment pris la parole pour annoncer que la marque ne cherchait plus à développer son propre OS. HongMeng OS, Ark OS, Harmony OS, voilà les différents plans B annoncés avec fierté par Huawei ces derniers mois pour tenter de sauver la face suite aux sanctions américaines, et pourtant la confiance affichée au lendemain de l'embargo américain n'est désormais plus de rigueur.
Huawei a ainsi confirmé souhaiter continuer à utiliser Android dans ses terminaux, qu'il s'agisse de la version Open Source ou de celle de Google. La marque a par ailleurs confirmé ne pas pouvoir utiliser les services qui aident les applications à se lancer sur la plateforme, en clair le Play Store Google.
On sait que Trump a récemment levé une partie de l'embargo qui pèse sur Huawei, permettant à certaines entreprises américaines de renouer des liens commerciaux avec la marque. Néanmoins, on ne sait toujours pas si Google est concerné par cette levée des sanctions.
Huawei n'a actuellement plus aucun nouveau smartphone disposant de licence Android. Après plusieurs dérogations permettant d'enregistrer quelques appareils auprès de Google, on a vu le Mate 30 se dévoiler sans Play Store, puis une tentative de faire passer un Honor 20 Pro pour un Huawei Nova 5T avec les services Google... Mais la situation ne peut pas durer au-delà, et Huawei se voit contraint de faire des choix.
L'abandon des différents OS mis en avant par la marque est simple : l'adoption d'un OS différent sur le marché international prend du temps et les ventes de la marque risquent d'en souffrir. Par ailleurs, les tentatives de différents OS par le passé se sont soldées par des échecs dans les marchés sur lesquels Android et iOS sont parfaitement ancrés.
Désormais, tout le travail de Huawei se concentre donc à développer des solutions de remplacement des services principaux de Google : Gmail, Maps, Play Store... Le marché applicatif de la marque, App Gallery s'étoffe ainsi de nouvelles applications chaque jour, dopé par un programme d'investissement important de la part de Huawei et d'une collaboration renforcée avec les développeurs.
La décision de Google pour l'affichage par défaut des actualités avec seulement les titres et les liens - pour ne pas avoir à payer de droits voisins - suscite la colère du gouvernement.
La réponse de Google à la directive européenne et sa transposition dans la législation française en créant un droit voisin pour des agences de presse et éditeurs de presse était presque évidente. Les signes avant-coureurs avaient été suffisamment clairs.
Pourtant, la surprise semble de mise pour le gouvernement qui ne décolère pas, le ministre de la Culture en tête. Pour Franck Riester, " les déclarations de Google sur la question de la rémunération ne sont pas admissibles. […] La proposition de Google n'est évidemment pas acceptable. "
Avec les résultats de recherches en rapport l'actualité, Google a décidé qu'il n'affichera plus par défaut des aperçus d'articles avec quelques lignes ou les petites images. Un moyen de se soustraire à un paiement de droits voisins.
Le cas échéant, les éditeurs et agences de presse pourront donner l'autorisation d'afficher des contenus enrichis, mais sans rémunération en contrepartie.
La décision de @Google n’est pas que regrettable. Elle est irrespectueuse de l’esprit de la directive européenne et du droit français. >https://t.co/WruTHkiEJy
— Cédric O (@cedric_o) 25 septembre 2019
Secrétaire d'État en charge du Numérique, Cédric O estime que la décision de Google est " irrespectueuse de l'esprit de la directive européenne et du droit français. " Franck Riester indique qu'il va prochainement s'entretenir avec ses homologues européens " pour remédier à la situation. " Dans le même temps, il appelle à " une véritable négociation globale entre Google et les éditeurs. "
Google a déjà fait valoir ses initiatives en faveur du soutien à la presse pour développer de nouvelles sources de revenus, en plus " d'orienter les internautes vers les sites d'information qui en tirent un revenu supplémentaire. " Autrement dit, en générant du trafic sur les sites.
L'application de la directive Droit d'auteur selon Google.
Fin octobre entrera en vigueur la nouvelle loi française sur le droit d’auteur qui accorde davantage de droits aux éditeurs de presse présents sur internet. Cette loi est la première transposition de la directive européenne sur le droit d’auteur, qui fut adoptée il y a quelques mois. Suite à cela, nous allons procéder à des changements dans la manière dont les résultats d’actualités apparaîtront dans notre moteur de recherche. Si vous êtes en France, vous verrez que certains résultats apparaîtront différemment.
A l'heure actuelle, lorsque nous affichons les résultats de recherches liées à l’actualité, vous voyez un titre, dont le lien renvoie directement vers le site d’information concerné. Dans certains cas, nous proposons également un aperçu de l’article, par exemple quelques lignes de texte ou une petite image appelée « vignette ». Ces titres et aperçus vous aident à décider si le résultat correspond à votre recherche et si vous souhaitez cliquer dessus.
Lorsque la loi française entrera en vigueur, nous n’afficherons plus d’aperçu du contenu en France pour les éditeurs de presse européens, sauf si l’éditeur a fait les démarches pour nous indiquer que c’est son souhait. Ce sera le cas pour les résultats des recherches effectuées à partir de tous les services de Google.
Les éditeurs ont toujours eu la possibilité de choisir s’ils voulaient ou non que leurs contenus soient accessibles via le moteur de recherche de Google ou sur Google Actualités. Nous venons de mettre en place des réglages plus granulaires pour les webmasters grâce auxquels les éditeurs peuvent indiquer la quantité d’information qu’ils souhaitent voir apparaître sous forme d’aperçu dans les résultats de la recherche. Les éditeurs du monde entier peuvent ainsi utiliser ces nouveaux réglages afin de choisir le type d’aperçu le mieux adapté pour attirer les internautes vers leur site.
Avec internet, le choix et la diversité de l’information n’ont jamais été aussi vastes. Face à une telle offre, les utilisateurs peuvent avoir du mal à trouver l’actualité qui les intéresse. Et tous les types d’éditeurs — qu’ils soient grand ou petit, éditeur de presse traditionnel, nouvel acteur numérique, site d’actualités locales ou publication spécialisée — ont intérêt à ce que les lecteurs soient orientés vers leurs contenus.
Nous avons conçu Google de manière à assurer à chacun les mêmes conditions d’accès à l’information, ce qui suppose notamment d’aider l’internaute à trouver les contenus d’actualités les plus pertinents. Dans le secteur de la presse écrite, les éditeurs paient pour que leurs journaux, quotidiens ou magazines, soient proposés à une clientèle qui ne les connaît peut-être pas. Ce service, Google l’offre aux éditeurs gratuitement. Cette approche est créatrice d’une valeur tangible pour les éditeurs. Rien qu’en Europe, Google est à l’origine de plus de 8 milliards de visites par mois sur les sites des éditeurs de presse, ce qui représente plus de 3 000 visites chaque seconde. Les éditeurs peuvent ainsi attirer un nouveau public et augmenter leur chiffre d’affaires au moyen de la publicité et des abonnements. Le cabinet d’études Deloitte a estimé que chaque clic renvoyé par Google vers les grands éditeurs de presse représentait un potentiel de revenus supplémentaires compris entre 4 et 6 centimes d’euro.
En plus d’orienter les internautes vers les sites d’information, qui en tirent un revenu supplémentaire, Google continue de contribuer à l’essor du journalisme en ligne. Nous cherchons constamment de nouveaux moyens de valoriser des contenus de haute qualité sur nos produits. Nous investissons 300 millions de dollars sur trois ans dans la Google News Initiative. Ce programme aide les éditeurs à développer de nouvelles sources de revenus et à explorer de nouvelles manières innovantes de présenter l’information. Cela englobe notamment des centaines de projets destinés à favoriser la vérification des informations, à mieux décrypter les médias et à délivrer près de 300 000 formations à des journalistes en Europe.
Avec le développement d’internet, le comportement des consommateurs a changé. Nous sommes nombreux à nous connecter pour obtenir des informations et des services à partir de sites spécialisés et de places de marché en ligne. Le vaste choix d’informations sur internet induit une concurrence qui représente un véritable défi pour les éditeurs de presse, qui par conséquent doivent adapter leurs modèles économiques. Nous prenons très au sérieux notre collaboration actuelle avec les organes et éditeurs de presse, quelle que soit leur taille et quelle que soit leur ancienneté, pour les aider à s’adapter à l’ère du numérique. C’est en travaillant main dans la main que nous pourrons avancer.
Richard Gingras, Vice President of News, Google Inc.
Selon la justice européenne, le "droit à l'oubli" des internautes européens n'a pas de portée mondiale pour les moteurs de recherche comme Google.
publié le 24/09/2019 à 13:01
La plus haute juridiction européenne a tranché. Le "droit à l'oubli" des internautes européens n'a pas de portée mondiale pour les moteurs de recherche comme Google, mais concerne cependant la totalité des États membres de l'UE, a estimé mardi la justice européenne.
Cette décision donne raison à Google dans son litige, en France, face à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), qui lui a infligé en 2016 une amende de 100.000 euros, lui reprochant de limiter ce "droit à l'oubli" aux seules versions européennes du moteur de recherche.
Dans son litige face à Google, le régulateur français estimait que les suppressions de liens devaient s'appliquer sur toutes les versions du moteur de recherche dans le monde pour être efficaces.
Le groupe américain, soutenu par plusieurs organisations de défense des droits, avait répondu qu'il respectait le "droit à l'oubli" non seulement dans le pays des demandeurs européens mais sur tout le territoire de l'UE. Et qu'aller au-delà aurait engendré des risques pour la liberté d'expression.
Cela aurait aussi permis à des pays autoritaires d'utiliser ce précédent pour restreindre l'accès à certaines informations. Google avait donc contesté sa condamnation devant le Conseil d'État français, plus haute juridiction administrative du pays, qui a dans la foulée sollicité l'avis de la CJUE.
Google voudrait que le web devienne plus facile à indexer par son moteur de recherche. Pour cela, l'entreprise propose que son protocole d’exclusion des robots devienne un standard officiel du web.
(CCM) — Google vient de demander officiellement la création d'un nouveau standard d'utilisation des fichiers "robots.txt" par les webmasters. Ce protocole normalisé faciliterait la tâche des robots d'indexation – dont son Googlebot maison - lors de leurs visites des pages d'un site Internet.
Les fichiers « robots.txt » sont utilisés par les webmasters pour lister les règles d'indexation des pages de leurs sites par les moteurs de recherche. Ils servent par exemple à interdire l'accès à certains contenus. Les principes du Robots Exclusion Protocol - REP - ont été posés en 1994. Depuis, son fonctionnement a fait ses preuves : il est à la fois souple pour les éditeurs de sites et solide pour des moteurs de recherche sans cesse à l'affût de nouveaux contenus à indexer.
Mais après 25 ans de bons et loyaux services, Google veut mettre de l'ordre dans l'utilisation du REP, que les webmasters ont eu tendance à interpréter dans tous les sens possibles (certains fichiers robots.txt pèsent plusieurs centaines de Mo). Le moteur de recherche veut également mettre à jour les normes pour tenir compte des évolutions récentes du web.
Une demande officielle a donc été transmise à l'IETF - Internet Engineering Task Force - qui gère les protocoles sur Internet. Pour appuyer sa démarche, Google a également annoncé sur son blog (lien en anglais) le passage en open source de son outil de lecture des fichiers robots.txt. Avec son parser, le moteur de recherche a déjà indexé plus de 500 millions de sites au cours des vingt dernières années. Cela représente une expérience incomparable dans la maîtrise des fichiers robots.txt, au point que Google est aujourd'hui capable d'écrire le nouveau standard de l'un des fondements les plus critiques du web.
C’est une décision unilatérale comme les géants du numérique en ont le secret : Google a décidé d’augmenter considérablement les tarifs de son service de cartographie, Maps. Pas de changements pour l’internaute, mais de réelles transformations pour tous les professionnels qui utilisent Google Maps, des entreprises aux institutions qui s’en servent sur leurs sites ou applications, comme pour le traditionnel onglet « Où nous trouver ? ». Plus qu’une simple évolution des tarifs, cette décision annoncée début mai illustre le pouvoir de marché des géants du numérique et les stratégies qu’ils déploient pour parvenir à l’hégémonie.
1 300 % d’augmentation
Jusqu’à présent, l’affichage d’une carte dynamique de Google Maps sur un site Web était gratuit pour ce dernier, dans la limite de 25 000 fois par jour. Dès le 11 juin, cette limite passera à 28 000 affichages, mais par mois ! De plus, une fois ce quota dépassé, les tarifs font un bond de 1 300 %, selon les calculs de Christian Quest, porte-parole d’OpenStreetMap. De quoi faire flamber les factures : « Un site qui affiche 10 000 cartes par jour [une visite d’un internaute correspond à un affichage, NDLR] passe donc de 0 à 1 764 dollars par mois et pour ceux qui étaient proches de la limite gratuite de 25 000 cartes/jour, cela leur sera désormais facturé 4 704 dollars par mois », résume-t-il, dans une note de blog détaillée. Enfin, Google rend obligatoire l’enregistrement des coordonnées d’une carte bancaire pour pouvoir bénéficier de ses services.
Si l’entreprise se permet d’augmenter à ce point ses tarifs, c’est qu’elle jouit d’une position dominante sur le marché de la cartographie. Cette position a d’ailleurs été attaquée en justice. En 2009, la société Bottins Cartographes avait accusé la firme américaine de « pratiques anticoncurrentielles destinées à capter la clientèle et éliminer les concurrents ». Autrement dit de proposer un service de cartographie gratuit, qui soit en réalité financé par d’autres activités, à savoir, pour Google, celui de moteur de recherche avec les revenus de la publicité. Secteur sur lequel, la firme américaine est en situation de quasi-monopole. Position que la firme utilise d’ailleurs pour mettre en avant Maps dans les résultats sur son moteur de recherche.
L’entreprise Bottins Cartographes avait d’abord obtenu gain de cause en première instance, mais elle a finalement été déboutée en 2015 au terme d’une procédure de plusieurs années. La justice a estimé « qu’il n’existe aucune preuve matérielle permettant de caractériser une éventuelle volonté de Google d’exclure ses concurrents du marché ».
L’évolution tarifaire actuelle n’est cependant pas tellement une surprise, mais s’inscrit plutôt dans la continuité d’une évolution stratégique. En 2012, Google Maps avait déjà procédé à une première hausse des prix. Le lobby Initiative for a Competitive Online Marketplace (ICOMP), regroupant divers concurrents de Google dans plusieurs secteurs, notait d’ailleurs à ce moment-là qu’« il est significatif que lorsque la société Google a acquis une position dominante en matière de cartographie en ligne, elle a transformé Google Maps API en un service payant : le parfait exemple d’école d’une récupération des pertes après une période de prédation ».
Casser les prix pour asseoir sa domination sur un marché, avant de les augmenter une fois la concurrence écrasée : c’est désormais une stratégie éprouvée pour les géants du numérique. Cela a par exemple été la stratégie suivie par Uber sur le marché des VTC. Jusqu’ici au moins, les autorités de la concurrence n’ont guère trouvé à y redire.
'action des bloqueurs publicitaires pourrait prochainement être beaucoup plus limitée sur Google Chrome.
(CCM) — Pour fonctionner sur le navigateur de Google, les bloqueurs publicitaires comme AdBlock utilisent une plateforme nommée Manifest - qui fait elle-même appel à l'API Webrequest - pour filtrer les contenus. Actuellement dans sa seconde version, Manifest est en train d'être redéveloppée par les équipes de Google et sa troisième version risque fort de porter un coup fatal à Adblock et consorts.
Car pour la prochaine version de sa plateforme, Google a l'intention de remplacer l'API Webrequest par l'API declarativeNetrequest. Dis comme cela, on ne voit pas quel est le souci, mais cette seconde API est en fait beaucoup plus restrictive. Par exemple, au lieu que les bloqueurs filtrent eux-même le réseau, ils devront fournir une liste de filtres à Chrome
pour analyse. Comme on peut s'en douter, les éditeurs de bloqueurs publicitaires sont remontés et accusent Google de vouloir tuer leurs extensions.
Ce à quoi la firme de Moutain View rétorque que Manifest v3 aura des avantages, comme pouvoir ajouter des règles pendant et après l'installation d'une extension. En l'occurrence la limite est pour le moment fixée à 30 000 règles à l'installation puis 5000 par la suite. Or pour fonctionner, plusieurs bloqueurs utilisent la même liste de règles de filtrages appelée Easylist. Elle contient 76 000 règles différentes pour bloquer l'affichage de certains contenus. Facile de voir où se situe le problème.
Même si on comprends les motivations de Google, et que Chrome sera plus vigilant avec l'affichage publicitaires, cela risque fortement d'énerver les utilisateurs qui utilisent des bloqueurs
Il y a dix ans, nous avons eu besoin de Google Chrome pour libérer le Web de l’hégémonie des entreprises, et nous avons réussi à le faire pendant une courte période. Aujourd’hui, sa domination étouffe la plateforme même qu’il a autrefois sauvée des griffes de Microsoft. Et personne, à part Google, n’a besoin de ça.
Nous sommes en 2008. Microsoft a toujours une ferme emprise sur le marché des navigateurs web. Six années se sont écoulées depuis que Mozilla a sorti Firefox, un concurrent direct d’Internet Explorer. Google, l’entreprise derrière le moteur de recherche que tout le monde aimait à ce moment-là, vient d’annoncer qu’il entre dans la danse. Chrome était né.
Au bout de deux ans, Chrome représentait 15 % de l’ensemble du trafic web sur les ordinateurs fixes — pour comparer, il a fallu 6 ans à Firefox pour atteindre ce niveau. Google a réussi à fournir un navigateur rapide et judicieusement conçu qui a connu un succès immédiat parmi les utilisateurs et les développeurs Web. Les innovations et les prouesses d’ingénierie de leur produit étaient une bouffée d’air frais, et leur dévouement à l’open source la cerise sur le gâteau. Au fil des ans, Google a continué à montrer l’exemple en adoptant les standards du Web.
Avançons d’une décennie. Le paysage des navigateurs Web est très différent. Chrome est le navigateur le plus répandu de la planète, faisant de facto de Google le gardien du Web, à la fois sur mobile et sur ordinateur fixe, partout sauf dans une poignée de régions du monde. Le navigateur est préinstallé sur la plupart des téléphones Android vendus hors de Chine, et sert d’interface utilisateur pour Chrome OS, l’incursion de Google dans les systèmes d’exploitation pour ordinateurs fixe et tablettes. Ce qui a commencé comme un navigateur d’avant-garde respectant les standards est maintenant une plateforme tentaculaire qui n’épargne aucun domaine de l’informatique moderne.
Bien que le navigateur Chrome ne soit pas lui-même open source, la plupart de ses composantes internes le sont. Chromium, la portion non-propriétaire de Chrome, a été rendue open source très tôt, avec une licence laissant de larges marges de manœuvre, en signe de dévouement à la communauté du Web ouvert. En tant que navigateur riche en fonctionnalités, Chromium est devenu très populaire auprès des utilisateurs de Linux. En tant que projet open source, il a de nombreux adeptes dans l’écosystème open source, et a souvent été utilisé comme base pour d’autres navigateurs ou applications.
Tant Chrome que Chromium se basent sur Blink, le moteur de rendu qui a démarré comme un fork de WebKit en 2013, lorsque l’insatisfaction de Google grandissait envers le projet mené par Apple. Blink a continué de croître depuis lors, et va continuer de prospérer lorsque Microsoft commencera à l’utiliser pour son navigateur Edge.
La plateforme Chrome a profondément changé le Web. Et plus encore. L’adoption des technologies web dans le développement des logiciels PC a connu une augmentation sans précédent dans les 5 dernières années, avec des projets comme Github Electron, qui s’imposent sur chaque OS majeur comme les standards de facto pour des applications multiplateformes. ChromeOS, quoique toujours minoritaire comparé à Windows et MacOS, s’installe dans les esprits et gagne des parts de marché.
Chrome est, de fait, partout. Et c’est une mauvaise nouvelle
Don’t Be Evil
L’hégémonie de Chrome a un effet négatif majeur sur le Web en tant que plateforme ouverte : les développeurs boudent de plus en plus les autres navigateurs lors de leurs tests et de leurs débogages. Si cela fonctionne comme prévu sur Chrome, c’est prêt à être diffusé. Cela engendre en retour un afflux d’utilisateurs pour le navigateur puisque leurs sites web et applications favorites ne marchent plus ailleurs, rendant les développeurs moins susceptibles de passer du temps à tester sur les autres navigateurs. Un cercle vicieux qui, s’il n’est pas brisé, entraînera la disparition de la plupart des autres navigateurs et leur oubli. Et c’est exactement comme ça que vous asphyxiez le Web ouvert.
Quand il s’agit de promouvoir l’utilisation d’un unique navigateur Web, Google mène la danse. Une faible assurance de qualité et des choix de conception discutables sont juste la surface visible de l’iceberg quand on regarde les applications de Google et ses services en dehors de l’écosystème Chrome. Pour rendre les choses encore pires, le blâme retombe souvent sur les autres concurrents car ils « retarderaient l’avancée du Web ». Le Web est actuellement le terrain de jeu de Google ; soit vous faites comme ils disent, soit on vous traite de retardataire.
Sans une compétition saine et équitable, n’importe quelle plateforme ouverte régressera en une organisation dirigiste. Pour le Web, cela veut dire que ses points les plus importants — la liberté et l’accessibilité universelle — sont sapés pour chaque pour-cent de part de marché obtenu par Chrome. Rien que cela est suffisant pour s’inquiéter. Mais quand on regarde de plus près le modèle commercial de Google, la situation devient beaucoup plus effrayante.
La raison d’être de n’importe quelle entreprise est de faire du profit et de satisfaire les actionnaires. Quand la croissance soutient une bonne cause, c’est considéré comme un avantage compétitif. Dans le cas contraire, les services marketing et relations publiques sont mis au travail. Le mantra de Google, « Don’t be evil« , s’inscrivait parfaitement dans leur récit d’entreprise quand leur croissance s’accompagnait de rendre le Web davantage ouvert et accessible.
Hélas, ce n’est plus le cas.
Logos de Chrome
L’intérêt de l’entreprise a dérivé petit à petit pour transformer leur domination sur le marché des navigateurs en une croissance du chiffre d’affaires. Il se trouve que le modèle commercial de Google est la publicité sur leur moteur de recherche et Adsense. Tout le reste représente à peine 10 % de leur revenu annuel. Cela n’est pas forcément un problème en soi, mais quand la limite entre navigateur, moteur de recherche et services en ligne est brouillée, nous avons un problème. Et un gros.
Les entreprises qui marchent comptent sur leurs avantages compétitifs. Les moins scrupuleuses en abusent si elles ne sont pas supervisées. Quand votre navigateur vous force à vous identifier, à utiliser des cookies que vous ne pouvez pas supprimer et cherche à neutraliser les extensions de blocage de pub et de vie privée, ça devient très mauvais1. Encore plus quand vous prenez en compte le fait que chaque site web contient au moins un bout de code qui communique avec les serveurs de Google pour traquer les visiteurs, leur montrer des publicités ou leur proposer des polices d’écriture personnalisées.
En théorie, on pourrait fermer les yeux sur ces mauvaises pratiques si l’entreprise impliquée avait un bon bilan sur la gestion des données personnelles. En pratique cependant, Google est structurellement flippant, et ils n’arrivent pas à changer. Vous pouvez penser que vos données personnelles ne regardent que vous, mais ils ne semblent pas être d’accord.
Le modèle économique de Google requiert un flot régulier de données qui puissent être analysées et utilisées pour créer des publicités ciblées. Du coup, tout ce qu’ils font a pour but ultime d’accroître leur base utilisateur et le temps passé par ces derniers sur leurs outils. Même quand l’informatique s’est déplacée de l’ordinateur de bureau vers le mobile, Chrome est resté un rouage important du mécanisme d’accumulation des données de Google. Les sites web que vous visitez et les mots-clés utilisés sont traqués et mis à profit pour vous offrir une expérience plus « personnalisée ». Sans une limite claire entre le navigateur et le moteur de recherche, il est difficile de suivre qui connaît quoi à votre propos. Au final, on accepte le compromis et on continue à vivre nos vies, exactement comme les ingénieurs et concepteurs de produits de Google le souhaitent.
En bref, Google a montré à plusieurs reprises qu’il n’avait aucune empathie envers ses utilisateurs finaux. Sa priorité la plus claire est et restera les intérêts des publicitaires.
Voir au-delà
Une compétition saine centrée sur l’utilisateur est ce qui a provoqué l’arrivée des meilleurs produits et expériences depuis les débuts de l’informatique. Avec Chrome dominant 60 % du marché des navigateurs et Chromium envahissant la bureautique sur les trois plateformes majeures, on confie beaucoup à une seule entreprise et écosystème. Un écosystème qui ne semble plus concerné par la performance, ni par l’expérience utilisateur, ni par la vie privée, ni par les progrès de l’informatique.
Mais on a encore la possibilité de changer les choses. On l’a fait il y a une décennie et on peut le faire de nouveau.
Mozilla et Apple font tous deux un travail remarquable pour combler l’écart des standards du Web qui s’est élargi dans les premières années de Chrome. Ils sont même sensiblement en avance sur les questions de performance, utilisation de la batterie, vie privée et sécurité.
Si vous êtes coincés avec des services de Google qui ne marchent pas sur d’autres navigateurs, ou comptez sur Chrome DevTools pour faire votre travail, pensez à utiliser Vivaldi2 à la place. Ce n’est pas l’idéal —Chromium appartient aussi à Google—, mais c’est un pas dans la bonne direction néanmoins. Soutenir des petits éditeurs et encourager la diversité des navigateurs est nécessaire pour renverser, ou au moins ralentir, la croissance malsaine de Chrome.
Je me suis libéré de Chrome en 2014, et je n’y ai jamais retouché. Il est probable que vous vous en tirerez aussi bien que moi. Vous pouvez l’apprécier en tant que navigateur. Et vous pouvez ne pas vous préoccuper des compromissions en termes de vie privée qui viennent avec. Mais l’enjeu est bien plus important que nos préférences personnelles et nos affinités ; une plateforme entière est sur le point de devenir un nouveau jardin clos. Et on en a déjà assez. Donc, faisons ce que nous pouvons, quand nous le pouvons, pour éviter ça.
Sources & Lectures supplémentaires
“Parts de marché des navigateurs web”, https://fr.wikipedia.org/wiki/Parts_de_march%C3%A9_des_navigateurs_web, Wikipédia.
“Chrome is Not the Standard”, https://www.chriskrycho.com/2017/chrome-is-not-the-standard.html, Chris Krycho.
“Why I’m done with Chrome”, https://blog.cryptographyengineering.com/2018/09/23/why-im-leaving-chrome/, Matthew Green.
“Browser Diversity Starts with US”, http://www.zeldman.com/2018/12/07/browser-diversity-starts-with-us/, Jeffrey Zeldman.
Je sais que, après les retours négatifs des utilisateurs, Chrome 70 a retiré certaines de ces parties. Cependant, mon raisonnement tient toujours.
Opera et Brave sont deux autres alternatives, mais le premier est détenu par un consortium publicitaire et vidéoludique implanté en Chine, tandis que le second expérimente des modèles économiques non-conventionnels basés sur la publicité.
En septembre 2018, les responsables de la sécurité du navigateur Google Chrome ont mis sur la table une proposition radicale: modifier les fondations de l’URL, la Uniform Resource Locator, ou ce que l'on appelle l’«adresse» d’un site.
Au fil du temps, alors que les fonctionnalités du web se sont diversifiées, l'URL est petit à petit devenue une longue suite de termes et de numéros incompréhensibles pour les profanes –soit la grande majorité des internautes. D’autant que dans le cas de la navigation sur mobile, l’écran d’un téléphone n’est pas assez large pour afficher la majorité des URL.
Cette difficulté de lecture représente du pain béni pour les hackers, car elle leur permet de créer la confusion pour leurs éventuelles arnaques. Puisque nous ne comprenons pas les URL, nous sommes habitués à ne pas les lire. Cela augmente nos chances de cliquer sur un lien conçu pour ressembler à un nom de domaine réel qui conduit en fait à une page de phishing.
«Notre but est de changer la manière dont les sites sont présentés. Les internautes devraient savoir facilement sur quel site ils sont», a expliqué au site Wired Emily Starck, qui dirige le département sécurité de Google Chrome.
Son service travaille actuellement sur un outil qui vise à détecter les URL suspectes. Cet outil, dénommé TrickURI, permet aux développeurs et développeuses de savoir à quoi leur URL va ressembler dans différentes situations.
L’équipe tente aussi de créer une alerte qui notifierait les internautes lorsqu’une URL est louche. Le challenge est de mettre en évidence les éléments de l’URL qui semblent étranges tout en filtrant les parties difficiles à lire.
Google a l’habitude de régler des problèmes de sécurité sur son navigateur avant de faire pression sur les autres afin qu’ils adoptent les mêmes solutions. C’était par exemple le cas avec le protocole HTTPS, désormais répandu. Mais certaines voix s'élèvent, craignant que Google utilise ce même pouvoir de pression pour faire accepter une mesure bénéfique à Chrome uniquement –et pas au reste du web.
Des résultats tronqués, où ne s’affichent ni les titres ni les images des articles de presse… Voilà ce à quoi, selon Google, pourrait ressembler le moteur de recherche si la directive européenne sur le droit d’auteur était mise en œuvre.
Certains internautes français ont eu la surprise de découvrir, ces derniers jours, des résultats de recherche Google à l’apparence étrange en tapant certains mots-clés. Des pages parfois très dépouillées, où les articles de presse remontant sur Google n’avaient plus d’images ni de titres, remplacés par des espaces vides, selon nos constatations.
Google compte un pourcentage important de la population mondiale parmi ses clients directs, avec de multiples produits en tête de leurs marchés mondiaux et de nombreux produits qui dépassent le milliard d’utilisateurs actifs par mois. Ces produits sont en mesure de recueillir des données sur les utilisateurs au moyen d’une variété de techniques qui peuvent être difficiles à comprendre pour un utilisateur moyen. Une grande partie de la collecte de données de Google a lieu lorsque l’utilisateur n’utilise aucun de ses produits directement. L’ampleur d’une telle collecte est considérable, en particulier sur les appareils mobiles Android. Et bien que ces informations soient généralement recueillies sans identifier un utilisateur unique, Google a la possibilité d’utiliser les données recueillies auprès d’autres sources pour désanonymiser une telle collecte.
Avec la décision de Microsoft de passer à Chromium pour son navigateur Edge, Firefox de Mozilla reste le seul navigateur majeur à conserver son propre moteur alternatif. Dans un monde dominé par Google, Firefox peut-il rester compétitif ?
La semaine dernière, Microsoft a annoncé qu'il jetait l'éponge sur son effort de développement EdgeHTML et passait au moteur open source Chromium. C'est une grande victoire pour Google, qui maintient cette base de code et l'utilise comme noyau de Google Chrome. C'est sans doute une grande victoire pour les entreprises clientes de Microsoft, qui peuvent désormais compter sur un navigateur conforme aux standards et fonctionnant avec toutes leurs applications Web modernes.
Vous savez qui ne figurait pas parmi les gagnants ? Mozilla, créateur du navigateur Firefox.
Un web pensé uniquement pour Google, comme à l'ère IE
Dans un billet sombre et pessimiste sur le blog de Mozilla, le PDG Chris Beard a critiqué la décision de Microsoft, même s'il a reconnu qu'elle "peut avoir un sens" d'un point de vue business, tout en représentant une menace existentielle pour l'association Mozilla :
"Nous sommes en concurrence avec Google, non pas parce que c'est une bonne opportunité commerciale. Nous sommes en concurrence avec Google parce que la santé d'Internet et de la vie en ligne dépendent de la concurrence et du choix. Elles dépendent de la capacité des consommateurs à décider que nous voulons quelque chose de mieux et à agir.
[...]
Si un produit comme Chromium dispose d'une suffisamment grande part de marché, il devient alors plus facile pour les développeurs web et les entreprises de décider de ne pas se préoccuper que leurs services et sites fonctionnent avec autre chose que Chromium. C'est ce qui s'est passé lorsque Microsoft avait le monopole des navigateurs au début des années 2000, avant la sortie de Firefox. Et cela pourrait se reproduire."
Malheureusement, la relation de Mozilla avec Google est.... Disons que c'est compliqué. Oui, Firefox est en concurrence avec Google sur le marché des navigateurs, mais Google paie aussi littéralement pour la survie de Mozilla.
Il y a deux semaines, Mozilla a publié son rapport annuel, dont ses comptes pour 2017. Dans ce rapport, il reconnaît que "[a]ujourd'hui, la majorité des revenus de Mozilla Corporation provient de partenariats mondiaux de recherche pour le navigateur, y compris l'accord négocié avec Google en 2017 à la suite de la résiliation par Mozilla de son accord de recherche avec Yahoo/Oath....".
Firefox sous perfusion de Google
En fait, plus de 89% des 562 millions de dollars de revenus de Mozilla Corporation en 2017 provenaient des redevances sur les moteurs de recherche, et presque toutes ces recettes semblent provenir de Google. (Yandex est le moteur de recherche par défaut de Firefox en Russie et Baidu est le moteur par défaut en Chine. Google est activé par défaut aux États-Unis et dans d'autres marchés développés.)
C'est ce qui ressort de la rubrique "Concentration du risque" de l'état financier de Mozilla 2017 (PDF), ce qui est révélateur de la situation de l'éditeur indépendant.
Les contrats actuels avec les moteurs de recherche arrivent à échéance en novembre 2020, dans moins de deux ans. Si Google décide de mettre fin à ce partenariat rémunéré de recherche ou de modifier ses termes de manière significative, l'impact financier serait dévastateur pour Mozilla.
Avec 514 millions de dollars en numéraire et 421 millions de dollars en dépenses annuelles, il ne pourrait fonctionner que pendant une quinzaine de mois environ sans devoir conclure un autre contrat de recherche.
Malheureusement pour Mozilla, la plupart des forces du marché qui ont contraint Microsoft Edge à abandonner son moteur de navigation indépendant s'appliquent également à Firefox.
Malgré d'excellentes critiques, le navigateur Firefox Quantum, sorti fin 2017, n'a pas été en mesure de voler une part significative de l'utilisation des plateformes de bureau. Selon la source, Firefox continue de stagner sous les 10% de l'utilisation globale des navigateurs.
Dans les derniers chiffres du US Government Digital Analytics Program, par exemple, Firefox représentait exactement 8% du trafic des PC et Mac Windows, contre 8,44% pour Microsoft Edge et 7,9% pour Safari. Cette comparaison est encore pire qu'il n'y paraît, car Edge ne peut même pas être installé sur des appareils fonctionnant sous MacOS ou des versions de Windows autres que Windows 10, et la version de bureau de Safari fonctionne uniquement sur Mac.
Dernière alternative à la monoculture Google
Si vous regardez seulement les systèmes d'exploitation mobiles, Firefox est tout bonnement invisible avec tout juste 0,5% du trafic web tel que mesuré par DAP, soit légèrement moins que le navigateur Silk d'Amazon. Une partie du problème pourrait être que Google traite Firefox comme un citoyen de seconde catégorie, comme l'a rapporté Chris Duckett de ZDNet en juillet 2018 :
"Nous nous efforçons d'offrir une expérience de recherche exceptionnelle sur l'ensemble des navigateurs, et nous continuons de travailler à l'améliorer pour tous les utilisateurs" déclarait un porte-parole de Google à ZDNet.
"Firefox utilise le moteur Gecko, ce qui nous oblige à faire des tests approfondis sur toutes nos fonctionnalités pour assurer la compatibilité, car il est différent de WebKit (qui est utilisé par Chrome, Safari, UC, Opera). Nous l'avons fait pour le bureau Firefox, mais nous n'avons pas fait le même niveau de test pour mobile."
C'est le même problème que celui cité par les ingénieurs de Microsoft pour expliquer l'abandon de EdgeHTML. J'ai entendu dire que l'écrasante majorité du temps et de l'énergie consacrée par les développeurs d'EdgeHTML au cours des trois dernières années l'a été à résoudre des problèmes de compatibilité avec des sites qui ne fonctionnaient pas correctement car testés uniquement sur des navigateurs WebKit et Chromium.
Mozilla peut-il prendre en charge les coûts techniques de maintenance du seul moteur de rendu et de la seule base de code de navigateur qui ne soit pas basée sur WebKit ou Blink (le fork de WebKit pour Chromium de Google) ?
La nature brutale de la concurrence dans le monde technologique moderne suggère que la mission de Mozilla de fournir une alternative à la monoculture Google est admirable et probablement vouée à l'échec. La grande question est de savoir si Google continuera à payer des royalties pour maintenir Mozilla à flot après 2020. Cela pourrait se produire, comme une assurance contre une éventuelle action antitrust.
La directive européenne sur les liens hypertextes pourrait amener le géant à arrêter Google Actualités.
(CCM) — L'arrêt de Google Actualités en Europe est un scénario actuellement à l'étude chez Google. C'est en tout cas ce qu'affirme un vice-président du géant californien dans un entretien au Guardian. Si la taxe sur les liens hypertextes est votée dans le cadre de la directive européenne sur le droit d'auteur, ce pourrait être la fin de Google Actualités.
L'article qui pose problème dans la directive sur le droit d'auteur est l'article 11, qui prévoit de taxer les liens sortants vers les médias et sites de presse. Depuis le début des discussions, le projet est controversé. D'un côté, les associations de défense des libertés numériques lui reprochent de saper la base de ce qui fait le web : les liens. De l'autre, les géants américains ne veulent pas entendre parler d'une obligation de rémunérer les producteurs des contenus publiés sur Internet alors que leurs services sont gratuits.
D'après le vice-président de Google rattaché aux médias, Google Actualités n'utilise pas directement le contenu créé par les médias en ligne. L'application mobile et le site web du service ne sont que des intermédiaires entre les internautes et les sites de presse. Google Actualités ne fait que rediriger l'audience, et il le fait gratuitement, pour les éditeurs comme pour les internautes.
Reste que la Commission Européenne a bien l'intention de réformer les pratiques du droit d'auteur pour les adapter aux usages numériques du XXIe siècle. La monétisation des liens hypertextes est défendue par les autorités européennes, mais également par les agences de presse. Celles-ci y voient la possibilité de rémunérer la production de leurs fils d'actualités. Jusqu'à maintenant, la plupart des services d'agrégation de contenus comme Google Actualités référencent leurs articles sans contrepartie. En 2016, une étude de la Commission Européenne montrait que 47 % des internautes s'informent sans cliquer sur un seul lien.
En 2014, l'Espagne avait adopté une loi similaire prévoyant de taxer les clics sur les liens hypertexte. Immédiatement, le service Google Actualités avait fermé en Espagne. C'est ce scénario que Google étudie, mais à l'échelle européenne cette fois. Pour l'écosystème des éditeurs de sites d'informations, ce serait une véritable révolution.
La collecte de données de Google
Un premier aperçu
1.
Google est la plus grosse agence de publicité numérique du monde 1. Elle fournit aussi le leader des navigateurs web 2, la première plateforme mobile 3 ainsi que le moteur de recherche le plus utilisé au monde 4. La plateforme vidéo de Google, ses services de mail et de cartographie comptent 1 milliard d’utilisateurs mensuels actifs chacun 5. Google utilise l’immense popularité de ses produits pour collecter des données détaillées sur le comportement des utilisateurs en ligne comme dans la vie réelle, données qu’il utilisera ensuite pour cibler ses utilisateurs avec de la publicité payante. Les revenus de Google augmentent significativement en fonction de la finesse des technologies de ciblage des données.
2.
Google collecte les données utilisateurs de diverses manières. Les plus évidentes sont « actives », celles dans lesquelles l’utilisateur donne
directement et consciemment des informations à Google, par exemple en s’inscrivant à des applications très populaires telles que YouTube, Gmail, ou le moteur de recherche. Les voies dites « passives » utilisées par Google pour collecter des données sont plus discrètes, quand une application devient pendant son utilisation l’instrument de la collecte des données, sans que l’utilisateur en soit conscient. On trouve ces méthodes de collecte dans les plateformes (Android, Chrome), les applications (le moteur de recherche, YouTube, Maps), des outils de publication (Google Analytics, AdSense) et de publicité (AdMob, AdWords). L’étendue et l’ampleur de la collecte passive de données de Google ont été en grande partie négligées par les études antérieures sur le sujet 6.
3.
Pour comprendre les données que Google collecte, cette étude s’appuie sur quatre sources clefs :
a. Les outils Google « Mon activité » (My Activity) 7 et « Téléchargez vos données » (Takeout) 8, qui décrivent aux utilisateurs l’information collectée lors de l’usage des outils Google.
b. Les données interceptées lors de l’envoi aux serveurs de Google pendant l’utilisation des produits Google ou d’autres sociétés associées.
c. Les règles concernant la vie privée (des produits Google spécifiquement ou en général).
d. Des recherches tierces qui ont analysé les collectes de données opérées par Google.
4.
Au travers de la combinaison des sources ci-dessus, cette étude montre une vue globale et exhaustive de l’approche de Google concernant la collecte des données et aborde en profondeur certains types d’informations collectées auprès des utilisateurs et utilisatrices.
Cette étude met en avant les éléments clés suivants :
a. Dans une journée d’utilisation typique, Google en apprend énormément sur les intérêts personnels de ses utilisateurs. Dans ce scénario d’une journée « classique », où un utilisateur réel avec un compte Google et un téléphone Android (avec une nouvelle carte SIM) suit sa routine quotidienne, Google collecte des données tout au long des différentes activités, comme la localisation, les trajets empruntés, les articles achetés et la musique écoutée. De manière assez surprenante, Google collecte ou infère plus de deux tiers des informations via des techniques passives. Au bout du compte, Google a identifié les intérêts des utilisateurs avec une précision remarquable.
b. Android joue un rôle majeur dans la collecte des données pour Google, avec plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde 9. Alors que le système d’exploitation Android est utilisé par des fabricants d’équipement d’origine (FEO) partout dans le monde, il est étroitement connecté à l’écosystème Google via le service Google Play. Android aide Google à récolter des informations personnelles sur les utilisateurs (nom, numéro de téléphone, date de naissance, code postal et dans beaucoup de cas le numéro de carte bancaire), les activités réalisées sur le téléphone (applications utilisées, sites web consultés) et les coordonnées de géolocalisation. En coulisses, Android envoie fréquemment la localisation de l’utilisateur ainsi que des informations sur l’appareil lui-même, comme sur l’utilisation des applications, les rapports de bugs, la configuration de l’appareil, les sauvegardes et différents identifiants relatifs à l’appareil.
c. Le navigateur Chrome aide Google à collecter des données utilisateurs depuis à la fois le téléphone et l’ordinateur de bureau, grâce à quelque 2 milliards d’installations dans le monde 10. Le navigateur Chrome collecte des informations personnelles (comme lorsqu’un utilisateur remplit un formulaire en ligne) et les envoie à Google via le processus de synchronisation. Il liste aussi les pages visitées et envoie les données de géolocalisation à Google.
d. Android comme Chrome envoient des données à Google même en l’absence de toute interaction de l’utilisateur. Nos expériences montrent qu’un téléphone Android dormant et stationnaire (avec Chrome actif en arrière-plan) a communiqué des informations de localisation à Google 340 fois pendant une période de 24 heures, soit en moyenne 14 communications de données par heure. En fait, les informations de localisation représentent 35 % de l’échantillon complet de données envoyés à Google. À l’opposé, une expérience similaire a montré que sur un appareil iOS d’Apple avec Safari (où ni Android ni Chrome n’étaient utilisés), Google ne pouvait pas collecter de données notables (localisation ou autres) en absence d’interaction de l’utilisateur avec l’appareil.
e. Une fois qu’un utilisateur ou une utilisatrice commence à interagir avec un téléphone Android (par exemple, se déplace, visite des pages web, utilise des applications), les communications passives vers les domaines de serveurs Google augmentent considérablement, même dans les cas où l’on n’a pas utilisé d’applications Google majeures (c.-à-d. ni recherche Google, ni YouTube, pas de Gmail ni Google Maps). Cette augmentation s’explique en grande partie par l’activité sur les données de l’éditeur et de l’annonceur de Google (Google Analytics, DoubleClick, AdWords) 11. Ces données représentaient 46 % de l’ensemble des requêtes aux serveurs Google depuis le téléphone Android. Google a collecté la localisation à un taux 1,4 fois supérieur par rapport à l’expérience du téléphone fixe sans interaction avec l’utilisateur. En termes d’amplitude, les serveurs de Google ont communiqué 11,6 Mo de données par jour (ou 0,35 Go / mois) avec l’appareil Android. Cette expérience suggère que même si un utilisateur n’interagit avec aucune application phare de Google, Google est toujours en mesure de recueillir beaucoup d’informations par l’entremise de ses produits d’annonce et d’éditeur.
f. Si un utilisateur d’appareil sous iOS décide de renoncer à l’usage de tout produit Google (c’est-à-dire sans Android, ni Chrome, ni applications Google) et visite exclusivement des pages web non-Google, le nombre de fois où les données sont communiquées aux serveurs de Google demeure encore étonnamment élevé. Cette communication est menée exclusivement par des services de l’annonceur/éditeur. Le nombre d’appels de ces services Google à partir d’un appareil iOS est similaire à ceux passés par un appareil Android. Dans notre expérience, la quantité totale de données communiquées aux serveurs Google à partir d’un appareil iOS est environ la moitié de ce qui est envoyé à partir d’un appareil Android.
g. Les identificateurs publicitaires (qui sont censés être « anonymisés » et collectent des données sur l’activité des applications et les visites des pages web tierces) peuvent être associés à l’identité d’un utilisateur ou utilisatrice de Google. Cela se produit par le transfert des informations d’identification depuis l’appareil Android vers les serveurs de Google. De même, le cookie ID DoubleClick (qui piste les activités des utilisateurs et utilisatrices sur les pages web d’un tiers) constitue un autre identificateur censé être anonymisé que Google peut associer à celui d’un compte personnel Google, si l’utilisateur accède à une application Google avec le navigateur déjà utilisé pour aller sur la page web externe. En définitive, nos conclusions sont que Google a la possibilité de connecter les données anonymes collectées par des moyens passifs avec les données personnelles de l’utilisateur.
La connexion à un compte Google rend obligatoire l'activation de JavaScript pour un navigateur.
Avis à ceux ayant par exemple recours à des extensions pour bloquer JavaScript. Désormais, la connexion à un compte Google ne pourra pas se faire si JavaScript est désactivé pour un navigateur. Cette mesure est justifiée par un impératif de sécurité.
Quand les identifiants sont saisis sur la page de connexion au compte, Google explique procéder à une évaluation des risques et n'autorise la connexion que si rien ne semble suspect. Une telle analyse exige l'activation de JavaScript.
Dans l'absolu, Google avance que seulement 0,1 % de ses utilisateurs choisissent de bloquer JavaScript. Un langage de programmation dont il est difficile de se passer pour l'interactivité avec les sites web.
Google a par ailleurs introduit cette semaine une version 3 de sa technologie reCAPTCHA qui a recours à une évaluation des risques en s'appuyant justement sur JavaScript.
Pour faire la différence entre un utilisateur humain et un bot, plus aucune action n'est requise du côté de l'utilisateur. La recette - forcément - secrète se base sur l'interaction des utilisateurs avec un site et ses sections.
Google envisagerait de faire payer Android aux constructeurs de smartphones en Europe.
(CCM) — A compter du 1er février 2019, Google devrait demander aux fabricants de smartphones et tablettes de payer pour installer Android sur leurs appareils. C'est la réponse du géant américain aux injonctions de la Commission Européenne qui lui reproche d'abuser de sa position dominante sur le marché de l'Internet mobile.
Les documents internes que The Verge (lien en anglais) s'est procurés détaillent les tarifs applicables dès février prochain. La licence d'Android pourrait coûter jusqu'à 40 $ par smartphone, pour un modèle haut de gamme vendu en Europe. Pour les modèles d'entrée de gamme, la licence ne serait que de 2,5 $. Entre ces deux extrêmes, Google fait varier la facture selon la qualité de l'écran du smartphone ou de la tablette tactile (exprimée en ppp, ou taux de pixel par pouce).
Bien entendu, cette tarification ne concernera que les ventes de nouveaux appareils. Il n'est pas question à ce stade de faire payer les utilisateurs actuels d'Android. Mais pour Google, ce changement de politique tarifaire marque un véritable tournant. Jusqu'à présent, le géant américain avait misé sur la gratuité de son OS mobile pour en faire une référence sur le marché. Son modèle reposait alors sur l'utilisation liée d'Android, de Google Search, de Google Chrome et de ses autres applis mobiles, très rémunératrices.
C'est cette combinaison que la Commission Européenne a dénoncé. Désormais, Google a l'obligation de séparer l'utilisation de son système d'exploitation Android et celle de ces autres applications (recherche, navigateur, cartographie...). Reste à voir comment les marques de téléphone répercuteront le coût de cette licence Android dans les prix de vente de leurs appareils.
Voici la liste a priori exhaustive des opérateurs de syntaxe avancée de Google, avant d'aller plus vite dans vos recherches mais également dans votre travail de référencement au quotidien...
Le saviez-vous ? Google propose une syntaxe d'interrogation avancée assez complète (quoi qu'elle connaisse parfois quelques hoquets assez importants) qui vous permettra, dans de nombreux cas, de mener à bien vos recherche beaucoup plus rapidement, mais aussi en SEO, par exemple pour obtenir une liste d'URL en HTTPS ou pour mesurer le niveau de concurrence d'une requête, etc.
Nous avons essayé de regrouper, dans le tableau ci-dessous, les différentes possibilités proposées par le moteur de recherche. D'autres syntaxes circulent sur le Web, mais en général, elles ne fonctionnent pas. Attention également : certaines directives ne fonctionnent plus lorsqu'elles sont combinées les unes avec les autres. Bref, il faut tester, comme d'habtude. Rien n'est jamais simple avec ces opérateurs qui ne fournissent d'ailleurs quasiment jamais des résultats exhaustifs. Mais ils facilitent cependant grandement certaines de nos tâches quotidiennes.
Et n'oubliez pas : les opérateurs doivent être saisis sans espace à droite ou à gauche du ":". Ainsi, la recherche "site:www.abondance.com" fonctionnera, alors que "site: www.abondance.com" ou "site : www.abondance.com", par exemple, donneront des résultats erronés.
Exemple : moteur -automobile recherche les pages qui contiennent moteur mais qui ne contiennent pas automobile.
Joker
L'astérique remplace n'importe quel mot. Exemple : george bush trouvera george bush, george w. bush et george william bush.
Expressions
Guillemets.
Exemple : "moteur de recherche" recherche cette expression, les trois mots les uns à côté des autres et dans cet ordre.
Troncature
Non
Il n'est pas possible de faire des recherches en utilisant la troncature sur Google.
Le moteur recherche toujours exactement le mot demandé. mot ne trouve pas mots ni moteur.
L'astérique (*) ne peut pas être utilisé. Google tient cependant parfois compte de la troncature, sans qu'il soit possible pour l'internaute de décider quand.
Synonymes
Tilde (~)
Ne fonctionne plus depuis 2013.
Recherche sur le nom de domaine du site
site:
Exemple : moteur site:www.honda.com recherchera les documents qui contiennent le mot moteur et qui sont disponibles sur le site www.honda.com. Le chiffre indiqué pour le nombre de pages est indicatif.
Recherche sur les adresses des liens
link:
Ne fonctionne plus depuis 2017 (mais n'a jamais vraiment fonctionné).
Recherche de sites similaires
related:
Exemple : related:www.abondance.com trouvera des sites similaires à Abondance.
Recherche dans le cache
cache:
Exemple : cache:www.abondance.com trouvera la version du site Abondance dans le cache du moteur.
Informations sur le site
info:
Exemple : info:www.abondance.com proposera un certain nombre d'informations sur le site www.abondance.com.
Ne fonctionne plus vraiment (plus d'infos spécifiques affichées).
Recherche sur la date
daterange:
Exemple : google daterange:2452640-2452779. Les dates doivent être indiquées au format Julien.
Recherche sur le type de fichier
filetype:
Exemple : css filetype:pdf. Plusieurs formats sont possibles.
Recherche sur les mots
define:
Exemple : define:engine trouvera sur le Web des définitions du mot engine.
Recherche d'informations boursières
stocks:
Exemple : stocks:goo trouvera desinformations boursières relatives à la société Google.
Recherche dans le titre (1)
allintitle:
Exemple : allintitle:abondance moteur trouvera les pages qui contiennent les mots abondance ET moteur dans leur titre.
Recherche dans le titre (2)
intitle:
Exemple : intitle:abondance moteur trouvera les pages qui contiennent le mot abondance dans leur titre et le mot moteur dans la page.
Recherche dans l'url (1)
allinurl:
Exemple : allinurl:abondance moteur trouvera les pages qui contiennent les mots abondance ET moteur dans leur adresse (url).
Recherche dans l'url (2)
inurl:
Exemple : inurl:abondance moteur trouvera les pages qui contiennent le mot abondance dans leur url et le mot moteur dans la page.
Recherche dans le texte
intext:
Exemple : intext:IBM trouvera les pages qui contiennent le mot IBM dans le texte de la page et pas obligatoirement dans le titre, l'en-tête et le texte des liens.
Ne fonctionne pas toujours.
Recherche d'un prix
$ ou ..
Exemple : ipad $100 trouvera les pages qui proposent un produit ipad autour des 100 $.
Autre possibilité avec ".." : ipad $50..$100 trouvera les pages proposant des ipad entre 50 et 100 $.
Ne fonctionne pas toujours.
Au-delà de l'usage de l'application Google Maps, le service de Google alimente un écosystème habitué de longue date à une quasi-gratuité. Aujourd'hui, Google change les règles.
Mise à jour du 16 juillet 2018 : la mise à jour tarifaire de Google Maps est entrée en vigueur après quelques semaines de retard. Les développeurs qui utilisent la Google Maps Platform ont pu recevoir un courriel.
Cela signifie en pratique que des sites pourraient voir leur utilisation de Google Maps invalidée par Google (s’ils n’ont tout simplement pas accepté les nouvelles CGU) — cela concernera les pages jamais mises à jour. Les gros utilisateurs qui ont bien compris l’augmentation tarifaire qui les attend devront s’y tenir… ou changer rapidement de plateforme. Une source qui a préféré rester anonyme nous indique que des délais ont pu être accordés à des professionnels qui n’auraient pas eu le temps de plancher sur le sujet.
Demain, les sites web avec des modules de cartographie non fonctionnels devraient commencer à apparaître.
Article original du 9 mai 2018 : On en a lu beaucoup, des chaînes d’e-mail ou de publications sur les réseaux sociaux qui disaient que tel ou tel service allait devenir payant. Alors quand cela arrive véritablement, on a un peu de mal à y croire. C’est pourtant ce que les utilisateurs professionnels de Google Maps ont découvert début mai 2018. Coupons court à toute polémique : l’application que vous utilisez sur votre smartphone nommée Maps ou la version web de Google Maps ne devient pas payante. C’est l’utilisation par les entreprises du service de Google qui va être monétisé… ce qui crée un vent de panique, plutôt justifié.
Mais de quoi est-il question ? Grosso modo, d’une nouvelle tarification qui entre en vigueur le 16 juillet 2018 — initialement le 11 juin, Google a pris du retard — et dont les détails peuvent être consultés sur cette page. Avant cela, Google laissait les entreprises utiliser Google Maps de manière assez libre, les seuils de vues qui déclenchaient une tarification n’arrivant qu’assez tard. Une carte dynamique pouvait s’afficher 25 000 fois par jour sur un site sans que l’entreprise qui l’a affichée ne débourse un centime. Les nouveaux tarifs sont radicalement différents : la même carte dynamique est gratuite pour 28 000 affichages… par mois. La tarification se fait ensuite au pack de 1 000 vues supplémentaires et est dégressive une fois un certain palier atteint.
D’après Fabien Nicollet, développeur spécialisé sur les applications professionnelles cartographie pour Business Geografic contacté par Numerama, les gros utilisateurs de Google Maps ne risquent rien : ils paient déjà Google pour une utilisation massive de données de géolocalisation.
On fait allusion ici aux sites de réservation touristique ou de cartographie GPS personnalisée, faisant autant d’appels à Google Maps qu’ils ont de visiteurs. Mais l’interface de programmation (API) de Google Maps n’est pas utilisée que par des mastodontes du web : startups, développeurs indépendants et TPE-PME utilisent aussi ces outils — c’est d’ailleurs l’une des API les plus utilisées au monde.
Un changement brutal
Pour ces entreprises qui dépassent les quotas gratuits, les choses vont changer du jour au lendemain : elles vont devoir payer, parfois cher, pour un service qui a longtemps été mis à disposition gratuitement. Les usages qui entrent dans le quota gratuit ne paieront rien, mais les utilisateurs devront tout de même renseigner leur carte bancaire pour continuer à utiliser Maps. « On parle de toutes les utilisations de l’API Google Maps, soit des centaines de milliers, voire des millions de pages internet, poursuit Fabien Nicollet. Pour ces entreprises, si elles n’ont pas renseigné de carte bancaire dans leur Google Console, c’est rideau. On ne sait pas encore sous quelle forme apparaîtront les cartes, mais a priori, cela ne fonctionnera plus. »
Le risque est de se retrouver avec un site qui affiche un message d’erreur à la place d’une carte. Et ce risque concerne tous les utilisateurs, du petit restaurant qui n’a qu’une centaine d’affichages par mois et qui ne sera jamais facturé au site du gouvernement qui utilise Google Maps : même les utilisateurs qui resteront dans la tranche gratuite devront renseigner une carte bancaire pour pouvoir continuer à utiliser l’API Google Maps.
Une énorme partie de ces utilisateurs qui ont un usage personnel des API de Google Maps, ne verront donc pas de changement, si ce n’est une mauvaise surprise le jour où ils constateront que le site de leur petite boutique affiche une erreur sur la page « Où nous trouver ». Mais pour toutes les entreprises de taille moyenne dont le cœur de métier est la cartographie, cela ne laisse qu’un mois pour se préparer. Et les options ne sont pas nombreuses : le concurrent ouvert Open Street Maps (OSM) ne propose pas autant de services que Google Maps. « OSM peut être gratuit, mais il ne propose pas ce que Google Maps propose : géocodage, itinéraire, Street View, Google Places, etc. », précise Fabien Nicollet.
Pour Christian Quest, ingénieur qui a consacré une publication Medium au sujet, ces difficultés doivent être converties le plus rapidement possible en opportunités : entre les business qui paient de toute façon leur utilisation de Google Maps et les particuliers ou petits qui ne verront pas de changement, se dresse aujourd’hui un marché sur lequel une concurrence aurait tout intérêt à s’implanter.
Et en effet, toutes ces entreprises pour qui l’abonnement sera devenu trop cher seront à la recherche d’alternatives moins onéreuses pour répondre à des besoins spécifiques que seul Google Maps était capable de proposer.
À bon entendeur.
La Commission européenne et plusieurs gouvernements européens, dont le gouvernement français, se sont mis en tête de faire payer des impôts à Google.
On ne peut qu’approuver l’idée selon laquelle les multinationales – toutes spécialités confondues – devraient payer des impôts comme toutes les autres entreprises. On peut même se demander ce qui se serait passé si elles avaient payé leur part d’impôts depuis trente ou quarante ans.
Privés de leur remarquable capacité à faire de l'optimisation fiscale en toute légalité, elles n’auraient sans doute pas pu croître et prospérer autant qu’elles l’ont fait. Peut-être même n’auraient-elles pas pu remplacer les entreprises plus petites et plus locales par des monopoles et des oligopoles mondiaux. C’est que l’internationalisation coûte cher et présente des risques considérables.
Il n’est pas douteux que l’optimisation fiscale a largement compensé les coûts et les risques de l’ expansion des grandes entreprises au-delà de leur pays d’origine. On peut aussi prédire que, taxés autant que les petites entreprises, plusieurs de ces mammouths pourraient s’effondrer sous le poids financier de leurs coûts de coordination interne.
Il est donc légitime, utile, et urgent, de taxer les multinationales. Mais pourquoi s’acharner particulièrement sur Google ?
Service gratuit vs services publics payants
Je n’ai aucune action de cette entreprise et je n’ai strictement aucun intérêt à la défendre, mais j’en suis un utilisateur quotidien et satisfait. Dix à vingt fois par jour, je fais une recherche sur Google. Ça ne me coûte strictement rien et c’est pour moi un service d’une qualité et d’une utilité sans bornes. Google ne paie pas assez d’impôts, certes, mais quel service public !
Avoir une télévision chez soi coûte au contribuable chaque année une partie de ses impôts. L’accès à des statistiques de l’Insee est payant, comme le sont aussi les publications scientifiques des chercheurs du CNRS pour qui n’est pas membre statutaire d’un organisme de recherche public. Faire un tour dans un musée public ou visiter un château appartenant à l’État coûte au moins aussi cher qu’une place de cinéma, sans parler d’une représentation dans un théâtre public, dans une salle de concert ou dans un opéra.
Bref, pour le simple citoyen, tous ces services publics d'État sont payants, et (on y pense moins), présentent un coût caché pour ceux qui ne les utilisent pas, mais qui paient des impôts pour les entretenir.
Google, YouTube, Wikipédia, The Conversation donnent un accès gratuit à une masse énorme d’informations, disparate certes, mais souvent de bonne qualité.
Il me paraît utile de comparer cette merveilleuse accessibilité avec les restrictions dont font l’objet, par exemple, les vidéos conservées par le service public de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
Des services publics d’État à accès limités
Une remarquable émission d’Apostrophe enregistrée sur le service public de la télévision française le 21 décembre 1979 montre Bernard Pivot interrogeant Fernand Braudel et Pierre Bourdieu. Cette émission serait d’un grand intérêt pour tous les étudiants en sciences sociales. Or, il faut payer 2,99 euros pour la voir dans son intégralité. Quid de la culture accessible à tous ?
Une recherche sur le site Cairn Info est payante s’il on n’est pas membre d’un temple officiel du savoir. Pourquoi cette tarification, qui limite l’usage de ces sources – la recherche- déjà largement financées par la collectivité et qui devraient être accessibles à tous les étudiants ?
Comparé à ces services publics d'État à accès limités, Google est tout simplement une improbable et divine merveille. C’est un chef d’œuvre d’accès à l’information, à la culture, à l’art. La qualité de service est remarquable et le rapport accessibilité/qualité/prix est excellent.
Google : liberté et égalité ?
Est-il bien raisonnable que l’État s’en mêle ? Ne s’est-il pas montré incapable de rendre des services aussi innovants, universels et bon marché ? Google est une parfaite illustration des deux premiers termes de la devise de notre république, Liberté et Égalité. En effet, c’est un service qui assure la promotion de la liberté (on peut y chercher tout ce qu’on veut) et de l’égalité (toute personne connectée, pauvre ou riche peut y accéder tant qu’elle veut, sans rien payer).
Si Google se trouve bientôt lourdement imposé en Europe, on peut craindre que par voie de conséquence, ses indispensables services deviennent payants. Qu’aura alors gagné le simple citoyen ?
La même remarque vaut pour le GPS, cet outil merveilleux et qui ne nous coûte pas grand-chose, sauf une petite perte d’amour propre parce qu’il illustre la supériorité technologique américaine.
Rien ne nous interdit d’être la prochaine nation à rendre de tels services à l’humanité tout entière. Mais faut-il taxer ceux qui l’on fait jusqu’ici, pour notre plus grand bien, et sans nous faire payer la facture ?
Google est une exception. Ce n’est pas une entreprise comme les autres, c’est notre meilleur service public. Si vous en doutez, demandez-vous quel chemin vous avez suivi la dernière fois que vous êtes allés sur Internet pour payer vos impôts ?