La Ford Capri 1975 de Francis
par Gaëtan Mangin 1er octobre 2023
L’urgence écologique nous impose désormais de repenser nos mobilités, seul secteur pour lequel les émissions n’ont jamais cessé de croître. Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics multiplient les directives qui enjoignent les citoyens à abandonner leurs voitures thermiques pour des véhicules électriques. En témoignent les récentes annonces du gouvernement qui entend généraliser leur possession par des subventions massives permettant à de nombreux ménages de s’équiper pour une centaine d’euros par mois.
Un certain nombre de zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), qui consistent à restreindre l’accès aux véhicules qui dépassent un certain seuil d’émission de gaz polluants, ont ainsi été instaurées dans quelques métropoles : Paris, Lyon ou Grenoble par exemple. Avec la loi « climat et résilience » adoptée en 2021, l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants seront concernées d’ici 2024.
De fait, dans ces zones, seules les voitures qui répondent à des normes écologiques très récentes (majoritairement électriques ou hybrides) seront autorisées à circuler. Nous assistons dès lors à une épuration de grande ampleur du parc automobile, qui traduit une conception pour le moins enchantée des mobilités électriques présentées comme salvatrices. Cette vision fait reposer le problème de la pollution de l’air sur les usagers de voitures qui, parce que trop anciennes, ne répondent plus aux exigences actuelles en termes d’émissions polluantes, soit celles disposant d’un moteur thermique et construites avant les années 2010.
Notre thèse de doctorat en sociologie menée entre 2017 et 2022, qui se donne pour ambition de comprendre la possession et l’usage d’une voiture de plus de 20 ans à l’époque contemporaine, révèle pourtant que les impératifs de durabilité ne sont pas étrangers à de telles mobilités. Dans la quarantaine d’entretiens réalisés, l’analyse de la presse spécialisée, mais aussi les moments plus informels de bricolage et de discussion dans des garages ou en rassemblements de passionnés d’automobiles qui ont constitué les terrains de cette thèse, il devient même possible d’entrevoir, chez certains usagers, qu’ils soient urbains ou ruraux, des engagements forts en faveur d’une certaine écologie.
Dans une large majorité, les propos des usagers de vieilles automobiles expriment une rhétorique du réemploi opposée à la production et la consommation de masse. Il s’agit de promouvoir une écologie priorisant l’usage d’outils fonctionnels (ou réparables) au recours à du neuf. Dans leurs discours, cette écologie du réemploi apparaît comme davantage réaliste parce qu’elle se veut plus accessible financièrement, et correspondrait à un mode de vie sobre déjà dont l’expertise existe déjà dans les catégories populaires qui la développent au quotidien.
La dauphine bleue de 1969, toujours à Francis
Peu coûteuse à l’achat comme à l’entretien, la voiture d’occasion désuète serait aussi écologique parce que le coût écologique de sa production a déjà été assumé.
Il n’est pas évident d’expliquer à nos chers écolos que conserver et faire rouler une “vieille” auto à la place d’en fabriquer une neuve permet d’économiser des hectolitres d’eau, des kilos d’acier, de caoutchouc et de plastique, etc. C’est tout le problème de ne s’en tenir qu’à la des gaz qui sortent de l’échappement, plutôt que d’analyser le cycle de vie total, de la fabrication au recyclage en passant par l’usage… » (Richard, s’exprimant dans la revue « Youngtimers » n°79)
Comme tout objet technique, une voiture a besoin d’être entretenue pour durer, et une vieille automobile nécessite une attention soutenue, à l’état de ses organes de sécurité notamment (plusieurs fois par an).
Aujourd’hui, un grand nombre de concessions automobiles ne sont plus équipées pour intervenir sur des véhicules dénués de systèmes de diagnostic électronique, et les mécaniciens ne sont plus formés pour intervenir sur une mécanique commercialement dépassée. Dès lors, la maintenance incombe largement aux possesseurs qui développent, aux fil de leurs interventions, un attachement à la voiture dont ils prennent soin, ainsi qu’une connaissance fine qui leur permet de croire que leur objet perdurera encore longtemps à leurs côtés.
« Moi, ma voiture, je l’entretiens ! Pour qu’elle soit belle et pouvoir continuer de rouler avec. Je voudrais l’user jusqu’à la corde, celle-là. Attends, une Golf comme ça, je fais 300 000 kilomètres avec ! Elle peut encore vivre 30 ans, ma voiture ! » (Larry, 64 ans, décorateur retraité, roule en Volkswagen Golf 3 de 1993)
Refuser de passer à une voiture plus récente relève également d’un scepticisme assumé envers les intentions écologiques des constructeurs. La voiture contemporaine, surtout lorsqu’elle est électrique, est soupçonnée d’être bien plus polluante qu’il n’y paraît, notamment par sa production qui nécessite l’extraction de métaux précieux tels que le lithium ou le cobalt.
Le pick-up Honda de 1981 au bac de Tchibanga vers Ndende
Ses équipements électroniques et numériques font eux aussi l’objet de méfiance quant à la planification de leur obsolescence. C’est, là aussi, la logique de remplacement précoce qui est critiquée, et avec elle la stratégie consistant à rendre chaque modèle rapidement obsolète en le remplaçant par un autre ou en en proposant une version restylisée.
« Par leur fiabilité, elles se retrouvent plus vite à la casse qu’une voiture ancienne. Elles ont pas vocation à durer, non… le but, c’est de consommer ! Avant, on faisait des voitures robustes ! La Saab 900, c’est de la voiture robuste. Pourquoi ? Parce qu’on n’était pas dans cette démarche-là, de consommation ! » (Yannis, 40 ans, Chef d’entreprise, roule en Saab 900 de 1985)
Si on les compare aux voitures récentes, les voitures de plus de 15 ans sont moins confortables et moins sécurisées, ce qui requière une attention plus soutenue de la part du conducteur qui devra davantage faire preuve d’observation et d’anticipation.
Elles sont aussi plus exigeantes à conduire, ce qui sollicite davantage ses cinq sens. Par exemple, elles ne bénéficient pas de régulateurs de vitesse, d’aide au freinage d’urgence, ni même parfois de direction assistée, ce qui complique particulièrement les manœuvres. Parce qu’elles se trouvent à l’opposé des impératifs d’efficacité, de telles voitures deviennent l’outil idéal pour tenir à distance un sentiment d’accélération qui caractérise notre époque, en s’immergeant dans des mobilités « douces » car convoquant un imaginaire du voyage, empreint de lenteur et de contemplation.
« Mes parents, ils sont là-dedans. Ils gagnent du temps, ils ont le petit boîtier pour passer au péage et puis tout est prélevé sur leur compte… Moi, je trouve ça effrayant ! C’est effrayant ! T’as l’impression que c’est simple, mais au final, ça va encore plus vite ! » (Lucas, 22 ans, étudiant en philosophie reconverti en charpentier traditionnel, roule en Renault 4 de 1982)
Plus encore que des marchandises et un système économique, c’est aussi tout un système de mobilité qui se trouve tenu à distance. Pour bon nombre d’usagers en effet, faire persister la centralité de la voiture dans l’aménagement du territoire et dans les mobilités quotidiennes, ce serait manquer d’ambition face aux enjeux écologiques contemporains.
Ainsi, nombre d’usagers de vieilles voitures plaident pour une refonte ambitieuse du système de mobilité qui ferait la part belle aux mobilités alternatives, et qui prendrait notamment au sérieux la bicyclette en tant que moyen de transport efficace. Aussi, tous affirment qu’ils se passeraient de voiture au quotidien si cela leur était possible.
« Moi, je suis pas nostalgique. Je pense que cette société d’avant, celle de la conquête, on se trompait. Elle a oublié la finitude des choses, comme je pense qu’aujourd’hui on oublie qu’il y a des perspectives ! La perspective c’est le vélo par exemple […] Avec le vélo, on va dans des endroits où la voiture ne va plus, on s’affranchit des embouteillages, voilà. On peut se projeter de nouveau ! » (Fabrice, 47 ans, enseignant-chercheur, roule avec plusieurs Citroën des années 1970 à 2000)
La Dyane à Belle-Isle en 1988
Rouler en vieille voiture, c’est donc pour certains une manière de vivre ses mobilités de façon plus sobre, en privilégiant la qualité (du trajet, de l’objet…) à une forme d’abondance.
« Je trouve qu’on a été trop loin sur certaines choses, qu’on va trop loin par rapport à la planète aussi, la pollution, tout ça. Je veux pas rentrer là-dedans, enfin je veux plus. Un de mes rêves, ce serait d’être autonome au niveau énergétique. Donc il y a, dans ma démarche, quelque chose d’écolo… Oui, écolo ! On peut dire écolo. » (Bruno, 56 ans, éducateur spécialisé, roule en Renault 4 de 1986).
Cette éthique de la sobriété se trouve bien souvent au fondement d’un mode de vie plus frugal, et suppose une posture réflexive quant à nos actions et leurs conséquences. Si convertir tout un chacun à la « vieille voiture » ne peut représenter un projet de transition écologique, le rapport de tels usagers à leurs mobilités nous invite toutefois à ne plus prendre la route à la légère. Il exhorte, au contraire, à questionner la banalité de notre recours à la voiture pour penser un automobilisme plus éclairé.
Le Conseil national du numérique a produit un document sur le numérique et l'environnement. Si elle contient de nombreuses mesures très différentes, l'une d'elles détonne : elle invite à envisager la fin des forfaits illimités dans l'Internet fixe en France.
Pour sauver le climat, faudra-t-il en finir avec les forfaits illimités dans l’Internet fixe ? C’est l’une des idées que retient le Conseil national du numérique dans ses travaux sur l’environnement et le numérique. Ce n’est évidemment pas la seule idée figurant dans la feuille de route — il y en a en tout cinquante, organisées autour de douze objectifs –, mais elle est l’une qui retient le plus l’attention, car elle va à contre-courant du marché français depuis une vingtaine d’années.
« Encourager les forfaits à consommation limitée »
L’idée, dont se fait l’écho Next Inpact, tient en une phrase : il s’agit de demander aux opérateurs télécoms « d’encourager les forfaits à consommation limitée, y compris sur le fixe, afin d’éviter une subvention indirecte des utilisateurs à fort trafic par l’ensemble des usagers, (sachant qu’une fois le seuil dépassé, il s’agit de passer à des débits moindres) ». En somme, il ne s’agirait pas de bloquer l’accès à Internet, mais de brider la capacité de téléchargement.
Cette proposition figure dans le septième objectif, consacré à la limitation de l’empreinte environnementale de la conception et du déploiement des réseaux et des infrastructures numériques. Elle côtoie d’autres pistes de réflexion, comme des limitations au niveau du préchargement de ressources dans les navigateurs web (qui survient en arrière-plan en anticipant la navigation de l’internaute, pour lui présenter les pages plus rapidement), et la réduction de la consommation énergétique des appareils.
Cette réflexion sur l’accès à Internet dans le fixe, si elle était suivie d’effet, serait un sacré bouleversement dans le marché des télécoms français. C’est en effet aux alentours des années 2000 que le marché s’est structuré autour de l’illimité, avec par exemple Free et son fameux accès illimité pour 29,99 € par mois mois, à 512 Kbps, en 2002.À l’époque, des opérateurs aujourd’hui disparus comme AOL, Tiscali et Easyconnect, ont fini par s’aligner, façonnant ainsi le secteur que l’on connaît aujourd’hui.
La fibre optique, qui donne accès à des débits très importants, se développe en France. Pourtant, le CNNum invite à envisager de restreindre les accès à l’Internet fixe. // Source : Alexandre Delbos
Cette problématique de l’illimité dans les forfaits ne se pose dans le mobile en revanche, car ces abonnements sont articulés autour d’enveloppes de données mobiles qui sont réinitialisées tous les mois. Si celle-ci est consommée en intégralité, la connexion est soit empêchée, bridée ou comptabilisée en hors forfait. Cela dit, ces enveloppes grossissent au fil des ans, pour se caler aux nouvelles générations (2G, 3G, 4G, 5G…) et, donc, à des débits accrus ouvrant de nouveaux usages.
En comparaison de la situation dans d’autres pays du monde, les internautes français sont bien lotis : les fournisseurs d’accès à Internet en Belgique, aux USA ou bien au Canada sont bien moins séduisants avec leurs formules restrictives. une situation qui s’explique entre autres par un faible dynamisme concurrentiel, là où le marché français a fait fondre les prix et exploser les fonctionnalités.
Une idée à articuler avec d’autres propositions
Reste toutefois une question : la fin de l’illimité, en tout cas avec un débit inchangé, ne va-t-elle pas à l’encontre du développement de certains nouveaux usages, comme l’ultra haute définition pour la vidéo, ou bien la généralisation accrue du télétravail, qui a montré ses vertus lors du confinement — et qui peut avoir des effets positifs sur la pollution, en limitant par exemple l’usage de la voiture ?
Pour le Conseil national du numérique, cette hypothèse n’a de sens que si elle est articulée avec d’autres approches, qui sont évoquées également dans la feuille de route. Cela passe par une incitation « à adopter la sobriété numérique » au niveau de la population et à « réguler l’économie de l’attention numérique », qui est jugée responsable de la hausse des usages numériques.
Mais surtout, l’instance consultative considère qu’il faut « interroger la pertinence de nos usages numériques afin d’en limiter la croissance ». Et de proposer quelques leviers : en finir avec la course à la haute définition, redescendre la taille des écrans des téléviseurs, limiter le nombre d’objets connectés, limiter la qualité maximale des vidéos en ligne, imposer un mode basse consommation d’énergie par défaut et questionner l’intérêt et l’urgence de la 5G.
Pour sa deuxième campagne, le candidat présente ses colistiers, 100 % écologistes et animalistes dont la majorité fait ses premiers pas en politique.
"Sagesse, beauté et force": trois mots, qui, pour Olivier Lesage, résument le mieux l’état d’esprit de l’équipe qui l’accompagne dans la campagne des municipales. Jeudi soir, le chef de file de "Oxygène Toulon, liste 100 % écologiste", s’est réjoui d’être entouré par des colistiers "dynamiques, indépendants" de tous âges - la benjamine a 23 ans et la doyenne 81 ans -, de tous horizons, apportant chacun leurs compétences notamment dans le monde de l’économie, du social, de la défense, de la sécurité, de l’éducation, du handicap, de la jeunesse, de l’environnement, ou encore du tissu associatif.
"Ces citoyens qui veulent un changement à Toulon, et dont 90 % s’engagent pour la première fois en politique", partagent cette même volonté d’ancrer en terre toulonnaise, mais aussi métropolitaine, "une écologie non pas intégriste, mais moderne qui peut s’adapter à Toulon, ici, et maintenant" loin de "la politique politicienne et partisane", a précisé Olivier Lesage.
Jeudi soir, au Pont-du-Las, dans le commerce d’une de ses colistières "une des permanences éphémères", le candidat qui brigue, pour la seconde fois, le fauteuil de maire, a présenté son équipe.
Soutenus par l’Alliance Écologiste Indépendante, le Mouvement citoyen pour la protection animale et le Mouvement citoyen Réconciliations, les 59 colistiers et les deux suppléants ont, chacun, réaffirmé leur engagement écologique, mais aussi animaliste.
Signataire de la charte avec l’association L214, Olivier Lesage, et ses colistiers ont fait de "l’amélioration des conditions de vie des animaux et du respect de ses derniers", un axe fort de leur programme. Il n’est pas le seul.
Pour "entrer dans un nouvel air", Olivier Lesage qui se glisse facilement dans la peau d’un "lanceur d’alerte" cible l’amélioration du cadre de vie en faisant de la lutte contre la pollution, notamment sonore et visuelle, son cheval de bataille avec "une diminution de 60%" et en faisant le choix des modes doux - tramway et création de quarante kilomètres de pistes cyclables.-
Une politique écologique intégrée comme le souhait de "récupérer sur l’espace public près de 20 hectares pour reverdir notre ville".
Ionity a décidé de changer les règles du jeu. Le réseau européen de recharges ultra-rapides, financé entre autres par Audi et Mercedes, va changer sa grille tarifaire. Et le prix du plein va exploser.
Exit le forfait fixe de 8 euros. Pour recharger sa voiture électrique sur autoroute, Il faudra désormais payer au kilowattheure consommé et la facture finale devrait être bien plus salée. Il en sera ainsi sur les bornes de recharge Ionity, sur l’ensemble du réseau européen. L’opérateur a décidé de changer ses prix à partir du 31 janvier prochain et facturera à l’énergie consommée, soit 0,79 euro par kilowattheure (kWh). Avec 202 bornes déployées à travers l’Europe et un objectif de 400 stations avant la fin 2020, Ionity est l’un des principaux acteurs de la recharge de voitures électriques. En France, le service, co-financé par certains constructeurs majeurs tels que Ford, BMW Mercedes ou encore le groupe Volkswagen, compte 40 stations, toutes sur des aires d’autoroute. À ce titre, il est l’un des principaux pourvoyeurs d’énergie pour les propriétaires de véhicules zéro émission et un passage obligé lorsqu’on souhaite entreprendre de longs trajets en voiture électrique. Cependant, la donne pourrait changer.
Ionity - Charger la batterie de 95 kW de l'Audi e-Tron coûtera 75 euros sur le réseau Ionity.
En effet, au lieu des 8 euros forfaitaires payés jusqu’ici, un automobiliste qui souhaiterait recharger 100 kWh devra s’acquitter d’un facture de près de 80€. Pour une voiture électrique consommant en moyenne 20 kWh/100 km, le prix du kilomètre parcouru passe à 0,16 euros alors qu’il oscille entre 2 et 3 centimes dans le cadre d’une recharge à domicile.
Rouler en Zoé coutera plus cher qu'en Clio
Prenons, par exemple, le cas d’une Renault Zoé, dont la consommation moyenne est estimée justement à 20 kWh/100 km. Si l’on applique les nouveaux tarifs de Ionity, il en coûtera 15,80 euros à son propriétaire pour parcourir 100 km. Le même trajet dans un véhicule thermique équivalent, une Clio par exemple, revient à moins de 10 euros pour 100 km si l’on prend pour référence un prix du carburant de 1,50 euro/l et une consommation théorique de 6,0l/100 km. C’est donc un fait, le plein d’électricité sur autoroute coûtera plus cher que le plein d’essence ou de diesel.
Cette augmentation pour le moins surprenante, Marcus Groll, vice-président de Ionity, la justifie par la qualité de « service unique » et la « puissance inédite » des bornes de recharge de son réseau. Et pour cause, les installation Ionity sont capables de délivrer jusqu’à 350 kW ou six véhicules simultanément à 200 kW. Conscient que l’annonce risque de troubler les consommateurs, le réseau indique également réfléchir à d’autres niveaux de tarification, comme un tarif préférentiel pour les utilisateurs réguliers. Le représentant du réseau conclut en affirmant avoir « voulu envoyer le message que la recharge à grande vitesse sera plus cher que les autres options ». C'est effectivement très clair.
En plein été, une installation stratégique de la plus grande station d’épuration des eaux usées d’Europe est totalement détruite par le feu à trente kilomètres de la capitale. Il faudra entre trois et cinq ans pour la reconstruire, au prix, dans l’intervalle, d’une pollution gravissime de la Seine. Ce site n’a cessé d’enregistrer des sinistres de plus en plus graves depuis plusieurs années. Sa gestion est entachée par des dévoiements sans précédent en matière de marchés publics. Un désastre absolu, qui ne suscite qu’une inquiétante indifférence.
Dans "I have a dream", Martin Luther King avait transmis ses convictions chargées de ses émotions. Avec "How dare you?", les larmes et la rage de Greta Thunberg nous bouleversent là où un énième plan désincarné aurait échoué.
Jacky Isabello
Co-Fondateur de l'agence CorioLink, spécialiste de communication politique et auteur, administrateur du Think Tank SYNOPIA
La catilinaire “How dare you?” lancée par la jeune activiste suédoise Greta Thunberg le 23 septembre à l’occasion du “climate action summit” organisé à la demande du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres disposera-t-elle de la même place au Panthéon des grands discours, que la proclamation “I have a dream” du pasteur King en août 1963? Je le pense!
Simon Sinek dans sa théorie des golden circle, explique ce qui fonde les actes mobilisant, les marques engageantes, les paroles transcendantes. La proclamation de Martin Luther King est passée à la postérité, alors qu’il n’était pas le seul noir américain, prêcheur de talent, à s’engager en faveur de la défense des civil rights, parce qu’à la différence d’autres, plus enclin à dresser un catalogue de mesures, M. King fut le premier à instiller dans son adresse, nous dit Sinek, ses convictions intimes, chargées essentiellement de ses émotions. Il a offert à son auditoire la possibilité de réaliser que les rêves de M. King étaient aussi les leurs. S’il recourt au même principe avec un ton certes bien différent, le discours de Greta Thunberg entrera lui aussi dans l’histoire. Un jour, il sera étudié dans les manuels scolaires.
Un discours qui secoue les tripes!
Certes, le ton est moins positif que celui du Docteur King. Il passe par le canal de la colère plutôt que celui de l’espérance. Car M. King aurait été immédiatement embastillé s’il avait osé s’adresser aux puissants de son époque sur le ton employé par la jeune militante suédoise. “How dare you” à l’instar de “I have a dream” transpirent d’une intense émotion. Par sa triste et colérique authenticité Greta fit de son épouvante l’expression de notre désarroi. Et ainsi #JeSuisGreta!
Quel panel d’émotions quand elle lance les larmes aux yeux et les gestes tremblants: “Yet you all come to us young people for hope”. Puis vint la honte: “I shouldn’t be up here. I should be back in school on the other side of the ocean”. Enfin entremêlées émergèrent la peur et la colère: “We are in the beginning of a mass extinction, and all you can talk about is money and fairy tales of eternal economic growth. How dare you?”
Lorsque King mobilise l’espérance de toute une communauté de citoyens dont les droits ont été bafoués des centaines d’années durant, par une Nation que Tocqueville a louée pour son modèle de démocratie, Greta Thunberg reste factuelle dans ses reproches; et en cela elle nous terrorise et nous absorbe. Ses propos terrorisent et absorbent chaque parent; ils terrorisent et absorbent chaque salarié; ils terrorisent et absorbent chaque touriste.
Discours contre action
Historique ce discours car il n’est pas que parole. Il est bâti de mots qui sont des pavés. Quand Brune Poirson affirme sur France inter: “Viens Greta, maintenant on s’assied autour de la table, on se retrousse les manches et on voit comment on fait” elle accuse à tort Melle Thunberg de passivité. Sartre disait “Parler c’est agir”. Il soulignait ainsi le concept un peu abscons de performativité cher à la philosophie. L’arc-boutant de son discours est déjà constitué des troupes de millions de jeunes citoyens militants du monde entier, soucieux de voir les dirigeants s’engager concrètement en direction de la préservation de la planète.
La force des émotions pour combattre l’impossible
Ce que Greta dénonce montre que le modèle de décroissance qu’elle préconise est impossible à bâtir. Et ceci quelle que soit la puissance du dirigeant qui administrerait ce remède à nos sociétés dopées à la dette et contrainte à la croissance économique. C’est en cela que la colère de la jeune Greta Thunberg est salvatrice. Ainsi elle nous adjure de faire. Ses paroles sont des ordres. Malgré son apparence gracile, sa posture est celle d’une cheffe militaire. Pour nous convaincre, car c’est évident que Greta possède quelque chose à nous vendre, elle commande à son auditoire d’éprouver un inextinguible désir de s’engager à assumer une part de la mission. Plus fort encore, elle ordonne aux commandeurs des armées les plus puissantes du monde moderne. Pour captiver, Sinek rappelle que: “Luther King a dit I have a dream et pas I have a plan”. À un énième plan désincarné auquel personne n’accorderait d’attention, seules les larmes et la rage sombre de Greta peuvent bouleverser quelque chose chez chacun d’entre nous. Il existe un “cerveau des émotions” révélé par les travaux de l’anatomiste Franz Josef Gall (1758-1828). Puis les travaux de Paul MacLean ont démontré que le circuit cérébral des émotions peut être indépendant de celui de la cognition. Sinek de résumer cela simplement: “les mots n’ont qu’un faible poids dans l’acte de décision”. Dans le cas de Greta Thunberg, sa posture était offerte aux seuls besoins de la télévision. Ces grands gestes partant de ce petit corps, cette immense colère et ces larmes qui nimbaient des yeux insondables, furent la combinatoire d’une émotion chargée d’une exceptionnelle puissance politique. Sa communication verbale et paraverbale est digne des principes révolutionnaires admis par l’actors studio.
Qu’on aime ou pas, elle est forte cette jeune fille! À la résignation et aux jérémiades d’un vieil écolo ancien animateur de télévision peu enclin à résister à la technostructure d’un ministère qui devait être taillé pour lui, je préfère défendre une espèce de Jeanne d’Arc d’airain, que j’aime penser indestructible. Et qui en quelques discours pousse l’ensemble des chefs d’État à se justifier. En cela elle est déjà plus efficace que quiconque avant elle. Pour toute une jeunesse, je la perçois en héroïne nietzschéenne. Une Uber Fräulein; ses dieux sont morts car elle invente de nouvelles règles. Elle est devenue ce qu’elle était, et enfin son handicap qui ne l’a pas tué l’a rendu oh combien plus forte!!!
*concepts les plus connus de la philosophie de Friedrich Nietzsche
Envoyer un mail, regarder un film en streaming ou faire une recherche sur Google semblent être des activités anodines. Pourtant, tous ces gestes ont un impact sur la planète. Environ 4% de émissions de gaz à effet de serre sont liées à l'activité numérique. Cette pollution a même dépassé celle provoquée par le transport aérien.
Ainsi, en appuyant sur le bouton "rechercher" de Google, vous émettez l'équivalent de 5 à 7 grammes de CO2, soit l'énergie nécessaire pour faire fonctionner les machines qui envoient, transportent et stockent les informations.
D'après l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), 47% des émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique sont dues aux équipements des consommateurs, comme les ordinateurs ou les smartphones. Quelques conseils pour réduire votre empreinte carbone liée au numérique.
L'ADEME estime que "faire durer nos équipements numériques constitue le geste le plus efficace pour diminuer leurs impacts". Les Français changent souvent de téléphone portable ou d'ordinateur alors que l'ancien fonctionne encore, en raison d'un phénomène de mode ou d'une offre promotionnelle.
Pour l'organisation, utiliser une tablette ou un ordinateur pendant quatre ans au lieu de deux améliore de 50% son bilan environnemental. Elle conseille également de donner ou vendre ses appareils inutilisés pour leur donner une deuxième vie, et de privilégier l'achat de matériel d'occasion ou reconditionné.
Lorsque vous n'utilisez pas votre ordinateur ou votre console de jeu pendant une longue période, par exemple des vacances, éteignez-les et débranchez-les. Des appareils branchés, même éteints, continuent de consommer.
De tous les appareils numériques, la box internet est celui qui utilise le plus d'énergie : elle consomme six fois plus qu'un téléviseur. L'ADEME recommande d'éteindre sa box au lieu de la mettre en veille. Cela permettrait d'économiser 30 euros d'électricité par an.
Le stockage des mails est responsable d'une "pollution dormante" : un message conservé dans une boîte courrier fait tourner des serveurs de Gmail, Yahoo ou encore Outlook en permanence. Gardez donc seulement ce qui est nécessaire.
Il est recommandé de supprimer tous vos spams et d'installer un logiciel anti-spam, mais aussi vous désabonner des newsletters qui encombrent les messageries.
Une recherche sur Google ou Yahoo consomme elle aussi de l'énergie. Elle fait appel à plusieurs "data centers", centres de traitement des données, qui abritent des serveurs et de systèmes de stockage. Lors d'une requête, les data centers sont sollicités à plusieurs reprises : pour accéder à la page d'accueil du moteur de recherche, pour voir les résultats trouvés et enfin pour accéder au site sélectionné.
Mieux vaut donc taper directement l'adresse du site lorsqu'on la connaît, créer des favoris pour les plus consultés et d'utiliser des mots-clés précis pour tomber sur le bon résultat du premier coup.
Sites lourds, sites lents, pages web obèses qui exigent pour être consultées dans un délai raisonnable une carte graphique performante, un processeur rapide et autant que possible une connexion par fibre optique… tel est le quotidien de l’internaute ordinaire.
Nul besoin de remonter aux débuts du Web pour comparer : c’est d’une année sur l’autre que la taille moyenne des pages web s’accroît désormais de façon significative.
Quant à la consommation en énergie de notre vie en ligne, elle prend des proportions qui inquiètent à juste titre : des lointains datacenters aux hochets numériques dont nous aimons nous entourer, il y a de quoi se poser des questions sur la nocivité environnementale de nos usages collectifs et individuels.
Bien sûr, les solutions économes à l’échelle de chacun sont peut-être dérisoires au regard des gigantesques gaspillages d’un système consumériste insatiable et énergivore.
Cependant nous vous invitons à prendre en considération l’expérience de l’équipe barcelonaise de Low-Tech Magazine dont nous avons traduit pour vous un article. Un peu comme l’association Framasoft l’avait fait en ouverture de la campagne dégooglisons… en se dégooglisant elle-même, les personnes de Low-tech Magazine ont fait de leur mieux pour appliquer à leur propre site les principes de frugalité qu’elles défendent : ce ne sont plus seulement les logiciels mais aussi les matériels qui ont fait l’objet d’une cure d’amaigrissement au régime solaire.
En espérant que ça donnera des idées à tous les bidouilleurs…
article original : How to build a Low-tech website
Traduction Framalang : Khrys, Mika, Bidouille, Penguin, Eclipse, Barbara, Mannik, jums, Mary, Cyrilus, goofy, simon, xi, Lumi, Suzy + 2 auteurs anonymes
Encore une fois, l’émission Envoyé Spécial sur France 2 ne fait pas preuve d’une grande rigueur intellectuelle.
Par Laurent Pahpy.
Un article de l’Iref-Europe
Un cas d’école d’obscurantisme journalistique. C’est ce que l’on pourra retenir de l’émission « Envoyé Spécial » de jeudi soir sur le glyphosate. Durant les deux heures du reportage, Élise Lucet aura réussi à cumuler les théories du complot, la promotion d’un scientifique discrédité, l’instrumentalisation d’un enfant handicapé et de personnes malades, le tout dans une ambiance anxiogène et malhonnête.
Présenté comme un monstre à éliminer à tout prix, le glyphosate inquiète légitimement les consommateurs français. Soumis à un battage médiatique incessant et accusatoire depuis plusieurs années, il est parfaitement normal de s’inquiéter de l’utilisation massive de cet herbicide.
L’IREF avait déjà étudié cette question dans plusieurs articles en rappelant l’état du consensus scientifique, à savoir le caractère non cancérogène de cette molécule lorsqu’elle est utilisée de manière conventionnelle.
Le reportage commence par une immersion chez Vincent, utilisateur et défenseur du glyphosate sur son exploitation, et Olivier, producteur en agriculture dite « biologique ». Ce dernier aurait éliminé « tout pesticide chimique ». Première erreur d’une longue liste.
Tous les pesticides sont chimiques, car toute substance est chimique, comme l’eau ou le sel de table. L’agriculteur fait probablement référence aux pesticides de synthèse. La culture « bio » fait elle aussi appel à des pesticides, synthétiques (par dérogation), comme « naturels ». 99,99 % des pesticides que nous consommons sont produits naturellement par les plantes. La distinction « chimique »/« naturel » n’a aucun intérêt lorsqu’on aborde la toxicité d’un produit.
Olivier affirme ne pas être à l’aise lors de l’épandage du glyphosate. Son discours est basé sur des émotions et ne suit pas une démarche rationnelle. Son alternative est le labour, présentée comme une technique « ancestrale ». Seule une phrase est énoncée pour dire que cette méthode est « controversée ». Il aurait été pertinent de détailler un peu plus cette question.
Le labour détruit la vie microbiologique des sols et accélère son érosion. Le glyphosate permet l’agriculture de conservation des sols qui limite la consommation de fertilisants de synthèse, le labour, la consommation d’énergie tout en favorisant la biodiversité.
« Je ne veux pas qu’on impose le « bio » à la cantine » : Vincent pose ici une bonne question. Rien n’empêche Olivier de produire en « bio » sans glyphosate ni à ses consommateurs d’en acheter. Plusieurs formes d’agricultures peuvent coexister. Vincent et Olivier en sont la preuve. Ils ne sont pas en confrontation et cohabitent. Ce que réclame Vincent est parfaitement légitime. Laissons chacun choisir. À partir du moment où rien ne démontre que ce produit génère des nuisances externes sur le reste de la population, il est de la responsabilité de chacun de faire son arbitrage dans son mode de consommation.
Pour alimenter le climat anxiogène du reportage, Élise Lucet propose à plusieurs personnes, dont des personnalités, de mesurer la quantité de glyphosate dans leur urine. Le taux le plus élevé mesuré est de 1,26 microgramme par litre. Mais donner une concentration sans autre élément n’a aucun intérêt si ce n’est alimenter la peur, car c’est la dose qui fait le poison.
Une des personnes demande d’ailleurs comment le taux mesuré se situe par rapport à la norme. Réponse d’Élise Lucet :
On est incapable de fixer un seuil au-delà duquel c’est dangereux.
C’est un mensonge éhonté. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) fixe la dose aiguë de référence (DARf) pour le glyphosate à 0,5 milligramme par kilogramme de poids corporel, soit près de 400 fois la concentration mesurée dans l’urine.
Ce point est essentiel, car il touche à la distinction risque/danger. Le risque, c’est la probabilité d’être exposé multipliée par la dangerosité du produit. Un produit dangereux auquel on n’est pas exposé ou seulement à des doses minimes n’est pas forcément risqué. Un crash d’avion est très dangereux, mais très rare, ce qui en fait le moyen de transport le plus sûr au kilomètre parcouru.
La classification de l’herbicide en « probablement cancérogène pour l’homme » (catégorie 2A) par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) fait débat dans le milieu scientifique. Dans tous les cas, cette catégorisation caractérise le danger et non le risque.
Distinction essentielle qui est manifestement passée sous silence. Toutes les grandes agences sanitaires du monde, qui évaluent le risque, ne réclament pas l’interdiction du glyphosate. La consommation de charcuterie est « cancérogène pour l’homme » (catégorie 1) selon le CIRC, ce n’est pas pour autant qu’elle doit être interdite.
« Envoyé Spécial » s’attarde ensuite sur la terrible maladie de Dewayne Johnson qui a gagné un retentissant procès face à Monsanto cet été (Monsanto fait appel). Si son cancer désormais incurable ne peut laisser personne de marbre, il n’en reste pas moins que la science ne permet pas d’affirmer qu’il a été causé par son utilisation professionnelle du glyphosate. Le jury en avait pourtant jugé autrement. Nous avions expliqué dans un article en quoi cette décision est une dérive dangereuse du droit et une négation grave de la science.
L’affaire des Monsanto Papers a révélé des pressions de la firme sur les agences sanitaires et des cas de ghostwriting consistant à faire signer par des scientifiques réputés des articles largement rédigés par les toxicologues de Monsanto.
Ces pratiques, éthiquement critiquables et méthodologiquement discutables, ne permettent néanmoins pas de remettre en cause les conclusions scientifiques sur la cancérogénicité de l’herbicide selon l’EFSA car elles ne concernent que des éléments mineurs. Cela pose toutefois de vraies questions sur la nécessaire transparence des procédures d’évaluation et de mise sur le marché des intrants agricoles.
« Envoyé Spécial » frappe fort en donnant la parole pendant de longues minutes à Gilles-Éric Séralini, un scientifique largement discrédité suite à la publication d’une étude sur la cancérogénicité d’un maïs OGM résistant au glyphosate.
Depuis rétractée par le journal, cette étude a été très critiquée par la communauté scientifique sur sa méthodologie et a été jugée inadéquate par le CIRC. C’est à peine si le reportage annonce que ces résultats ont été contredits depuis par quatre expériences (Marlon, GRACE, G-TwYST et GMO 90+) qui montrent toutes l’absence d’effet sur le cancer. Mais le mal est fait. Gilles-Éric Séralini peut désormais vendre de la peur très lucrative dans ses livres et avoir l’oreille attentive d’Élise Lucet.
Théo, un enfant de 11 ans souffrant d’une anomalie congénitale est interviewé. Sa mère affirme que son handicap est apparu suite à son utilisation de l’herbicide lorsqu’elle était enceinte. Comme dans le cas de Dewayne Johnson, rien ne permet d’affirmer un lien de causalité. Élise Lucet se livre ici à une instrumentalisation révoltante de la situation de cet enfant.
Une instrumentalisation de plus au Sri Lanka. Cette fois-ci, le glyphosate serait coupable d’une épidémie de maladie rénale. Envoyé Spécial s’appuie sur des études réalisées par Channa Jayasumana pour l’affirmer (ici et ici). Ces articles restent hypothétiques et ne démontrent pas de causalité. Plusieurs facteurs sont avancés par les scientifiques, dont le glyphosate, mais l’OMS juge que ce n’est pas démontré.
Ce passage de l’émission « Envoyé Spécial » montre d’ailleurs que sans glyphosate, la seule alternative crédible est de revenir au désherbage manuel ou mécanique. Une solution qui peut coûter très cher et aller à contre-courant des gains de productivité agricoles qui permettent aux populations des pays pauvres de sortir de la misère et de la faim. L’interdiction du glyphosate a d’ailleurs été annulée en 2018 pour toutes les cultures au Sri Lanka, contrairement à ce qu’affirme le reportage.
Élise Lucet tiendrait-elle un scoop ? L’Assemblée nationale est une caisse d’enregistrement des décisions du président. Ce n’est pas comme si l’on découvrait l’utilité limitée de cette institution.
Ce passage a le mérite de montrer l’embarras des politiques qui, au mépris de la science et du droit, refusent de rappeler le consensus scientifique porté par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES).
François de Rugy, ministre de l’Écologie affirme qu’il y aura une alternative pour « en finir avec le glyphosate en 2021 ». La promesse est aisée, l’art est difficile. L’Institut national de recherche agronomique (INRA) estime qu’aucune alternative ne puisse faire aussi simple, efficace, peu toxique et peu coûteux que cette molécule. Il est peu probable qu’une meilleure solution soit trouvée et mise sur le marché d’ici 2021.
Oui le glyphosate est dangereux. Oui son utilisation doit être faite avec les précautions qui s’imposent. Oui, les méthodes de Monsanto, intégré depuis à Bayer, sont critiquables et éthiquement discutables.
Mais la science est très claire sur le sujet. L’utilisation du glyphosate de manière conventionnelle ne présente à ce jour pas de risques significatifs connus.
Élise Lucet entretient une désinformation anti-science cumulant des conditionnels, des théories du complot, des instrumentalisations révoltantes, des images-chocs, une musique anxiogène, des interviewés acculés, des chiffres présentés sous forme effrayante, mais qui n’apportent rien, des mensonges et des lacunes graves pour traiter d’un sujet pourtant essentiel.
La liberté de la presse ne dispense ni de contradicteurs ni de rigueur intellectuelle. La question des pesticides est complexe, car elle implique un arbitrage entre protection de l’environnement, maintien de la productivité agricole et sécurité sanitaire pour les producteurs et les consommateurs.
Sans vouloir minimiser les inquiétudes et les précautions concernant l’utilisation de ces intrants agricoles, l’IREF estime que le sujet aurait dû être traité de manière moins manichéenne et faire appel à des scientifiques et des spécialistes reconnus pour leur expertise en agronomie, en nutrition et en toxicologie.
Attaché à une liberté inconditionnelle de la presse, l’IREF milite pour la privatisation de France Télévisions. Cela permettra à chacun de choisir librement quel média il souhaite financer sans être forcé de subventionner les émissions comme « Envoyé Spécial » d’Élise Lucet, payée 25 000 €/mois, par la redevance audiovisuelle publique.
A 50 km au sud de Turin, dans le Piémont italien, Bra s'est fixée comme cap le bonheur de ses habitants. Quels leviers la cité actionne-t-elle pour s'attaquer aux maux urbains? Comment a-t-elle réussi sa transformation? Nous sommes partis en reportage de l'autre côté de la frontière, à la rencontre des habitants de cette ville piémontaise où l'on prend le temps de vivre.
La brume matinale se dissipe dans la plaine du Pô. Perchée sur sa colline, Bra se détache avec au loin les cîmes enneigées des Alpes. En ce vendredi matin, voitures et camions s'agglutinent aux entrées de cette cité piémontaise de 30.000 habitants.
En plein cœur de la région viticole des Langhe, en Italie, Bra n'a pas échappé pas aux maux des villes. Circulation dense, pollution, délitement du lien social, fermeture de commerces…
A la fin des années 1990, la commune a cherché comment y remédier. Amorcée avec la création du réseau des "Citta slow", ces "villes lentes qui prônent une philosophie du bien-être urbain", la lente mutation porte aujourd'hui ses fruits. Bra a "ralenti". Apaisé son coeur historique qui bat désormais à un autre rythme.
Via Vittorio Emmanuele II, actifs, retraités, étudiants se croisent. Se saluent d'un "ciao". S'arrêtent pour échanger quelques mots sur la pluie, le beau temps, la famille... Certains se posent en terrasse, histoire de poursuivre la discussion autour d'un café.
Le long de la principale rue piétonne de Bra, bat le pouls de cette "citta slow". Une ville qui a décidé, il y a près de 20 ans, de lever le pied, de réduire la circulation automobile. Pour le bien-être de ses habitants. Elle affiche avec fierté l'escargot, emblème des villes lentes.
Et pourtant. Quand les voitures ont été chassées de cette artère commerçante, des voix se sont élevées.
"Il y avait des inquiétudes: certains craignaient de voir leurs clients, habitués à faire leurs courses en voiture, déserter leur commerce", se souvient Fédérico, patron de la pâtisserie salon de thé Converso.
certains commerçants craignaient de voir les clients habitués à faire leurs courses en voiture déserter >leurs boutiques.
Aujourd'hui, difficile de trouver des détracteurs à la piétonnisation du centre historique. "On a plus de clients qu'avant, pointe Fédérico, mais, au delà de ça, on a créé ici de nouvelles opportunités pour les habitants de sociabiliser, d'échanger. C'est très positif."
Poignée de main énergique, sourire aux lèvres, Bruna Sibille maire de Bra, détaille comment la ville a avancé sur l'aménagement des zones piétonnes. A petits pas.
Quand on est arrivé il y a 9 ans, il y avait 250 m de zone piétonne, on a multiplié ce chiffre par 7-8.
Mais, nous l'avons fait très graduellement, pour éviter tout risque de désertification du centre-ville au >profit de centres commerciaux de périphérie."
Petit à petit donc, les espaces piétonniers ont gagné du terrain dans le centre historique. Sans fragiliser le commerce.
La commune a aussi veillé à créer des parkings de proximité où les automobilistes peuvent laisser leur voiture. Comme Piazza Spreitenbach à deux pas de la via Vittorio Emanuelle II.
"Un nouveau parc de 80 places va être aménagé "tout près du centre", annonce Bruna Sibille. Ça va dans la bonne direction mais il y a encore beaucoup de circulation et donc de travail. Changer les mentalités ça prend du temps."
Ainsi, pour donner aux plus jeunes le goût de la marche, la ville a interdit l'accès en voiture aux écoles et mis en place des "pédibus".
Les parents laissent les enfants à une certaine distance de l'établissement, et les écoliers finissent le trajet >à pied, accompagnés par des grands-parents, des volontaires. Ils prennent ainsi l'habitude de marcher, de >parler entre eux, explique l'édile. C'est bon pour la santé et ça évite l'usage frénétique de la voiture.
A pied, les habitants disent avoir redécouvert leur ville. Comme Marcia, dynamique retraitée:
"J'ai repéré des magasins que je n'avais jamais remarqués quand je circulais en voiture. En dix ans, le centre historique de Bra s'est métamorphosé."
Les habitants et commerçants rencontrés sont unanimes: la ville s'est embellie. De jolies rues pavées ont été réaménagées, ornées de jardinières.
Et de nombreux bancs publics invitent les habitants à se poser, discuter. Comme ces deux lycéens. Corso Garibaldi, ils ont calé leur vélo contre une barrière et papotent avant de rentrer chez eux.
Sur le campus de l'Université du goût, les étudiants plantent et font pousser des légumes.
Ralentir la ville, faire la place aux piétons, aux cyclistes, créer des zones qui favorisent les rencontres. A ces ingrédients, Bra a ajouté un soupçon de "retour à la terre", pour nourrir le vivre-ensemble.
"Nous avons eu l'idée de créer des jardins urbains parce que ça correspond à notre histoire agricole, poursuit Bruna Sibille. Quand j'étais enfant, ici tout le monde avait un potager." Puis, les immeubles ont poussé en ville. Et les jardins se sont réduits à une jardinière accrochée au balcon.
La ville a décidé d'attribuer 120 lopins de terre aux habitants. "Ça permet aux gens qui vivent en appartement de ne pas perdre la mémoire de ce qu'est le maraîchage, mais aussi d'économiser puisqu'ils peuvent consommer leurs propres légumes." 100% bio, c'est la règle pour bénéficier d'un carré de terre.
Dans ces jardins, les gens s'entraident, se donnent des conseils pour mieux faire pousser tel ou tel légume >et ainsi naissent des amitiés."
Au delà de l'aspect financier, Bruna Sibille insiste sur les rencontres "potagères". "Dans ces jardins, les gens s'entraident, se donnent des conseils pour mieux faire pousser tel ou tel légume et ainsi naissent des amitiés. Ils se retrouvent autour d'un barbecue partagé."
Les enfants ne sont pas en reste, puisque des potagers ont été aménagés à côté des écoles. "Les anciens viennent leur apprendre à cultiver du romarin, du basilic, et toutes sortes de légumes." Une production qu'ils retrouvent dans leurs assiettes à la cantine et contribue à une véritable éducation au goût.
Sur le campus de Pollenzo aussi, les étudiants plantent et font pousser des légumes. Au rythme des saisons. En périphérie de la ville, dans un décor somptueux de bâtiments en briques rouges, des étudiants du monde entier viennent apprendre à cuisiner. Dans le respect des produits du terroir.
Marcia, retraitée: "la ville s'est embellie, elle a su profiter de l'engouement de la slow food qui attire de nombreux touristes."
"La ville a su profiter de l'engouement pour la slow-food qui attire de nombreux touristes ici, et s'inspirer de sa philosophie pour ralentir un peu le rythme frénétique des citadins", observe Marcia, retraitée. L'escargot rouge, emblème de ce mouvement gastronomique désormais mondial qui s'oppose au fast-food et valorise les produits de saison locaux, s'affiche d'ailleurs fièrement au balcon du siège social, via Vittorio Emmanuele II.
La nature t'impose le bon rythme, alors que la ville te pousse à courir
Bra, longtemps dans l'ombre de voisine Alba, réputée pour la truffe blanche, s'est ainsi fait un nom. Touristes allemands, anglais, français se pressent à la table de l'osteria du "Boccondivino" où a été théorisée la "slow-food", pour déguster les spécialités du terroir.
"La nature t'impose le bon rythme, alors que la ville te pousse à courir", philosophe Fermino Buttignol, président de la coopérative qui gère le restaurant. Il suggère de renouer ce lien entre villes et campagnes qui a été rompu.
Pour Fermino, les citadins doivent "retrouver un rythme normal."
Avec ses allures de sage, il avoue son impuissance devant des clients hyper-connectés. A s'empresser de partager leur soirée sur les réseaux sociaux, ils en oublient de se connecter aux sensations que pasta et vitello tonato envoient à leurs papilles gustatives.
Un véritable crime aux yeux de ce "pape du goût" qui dit l'urgence de mettre à distance "la technologie trop envahissante."
Il y a une vraie qualité de vie ici, une convivialité basée sur la gastronomie
"La croissance, la croissance, mais pour aller où?" Avant de retourner en salle, il invite les citadins à "retrouver un rythme normal, pour mieux apprécier les bonnes choses. Et réfléchir à ce qui n'est pas bon."
En mairie, on avoue s'être inspiré de la philosophie de la "slow-food" pour faire de Bra une ville où l'on prend le temps de vivre. C'est ce que Maria, étudiante, apprécie tout particulièrement à Bra. "Il y a une vraie qualité de vie ici, une convivialité basée sur la gastronomie."
Maria, 20 ans, étudiante à l'Université du goût.
Maria fait partie des quelque 400 étudiants de l'Université du goût qui contribuent à doper l'économie de la ville.
"On a vu la différence depuis l'ouverture du campus. Ils habitent à Bra, consomment. C'est très positif pour le commerce", pointe Fédérico. Très impliqué dans sa ville. Comme bon nombre d'habitants.
Associer les habitants à la gestion de la ville, c'est l'élément cardinal
En effet, pour avancer sur le chemin de la "slow citta", Bra a tenu à associer les citoyens. "On a cherché à créer les conditions favorables à l'émergence d'une démocratie participative à l'échelle communale", note Bruna Sibille.
Ainsi, des tables rondes organisées avec les représentants de la commune permettent aux habitants de faire des propositions. Qu'il s'agisse d'aménagements de pistes cyclables, de la mise en place de zones à trafic limité, de pédibus…
"Le citoyen impliqué se sent faire partie d'un projet. Alors que celui qui ne l'est pas, vit dans sa ville comme s'il était de passage, comme s'il était un étranger, pose Bruna Sibille. C'est primordial d'associer les habitants aux décisions. Et de veiller à ne pas laisser les plus fragiles au bord de la route."
Bra, 30.000 habitants, royaume de la petite reine.
Dans moins de six mois, Bruna Sibille raccrochera son écharpe tricolore. Son deuxième mandat de maire arrivera à terme et elle ne pourra donc pas se représenter. Mais elle passera la main avec le sentiment d'avoir su garder le cap.
"On a toujours veillé à ce que le bien-être des habitants soit la valeur essentielle et fondatrice, quels que soient les choix à assumer. La ville est plus belle, plus sûre, et j'espère plus agréable à vivre. De nouveaux commerces ont ouvert." Des motifs de satisfaction pour cette enfant du pays. Même si elle estime qu'il reste encore du pain sur la planche pour "apaiser la ville", "créer des pistes cyclables"...
La recette de Bra pour tendre vers une ville plus humaine et plus agréable à vivre peut-elle s'appliquer ailleurs, dans des cités plus peuplées? "Les valeurs portées par Bra sont applicables partout. L'important c'est de se fixer un objectif, un calendrier, et de s'y tenir."
Les "bonnes pratiques" sont d'ailleurs partagées par les quelque 200 villes qui ont rejoint le réseau "Citta slow" sur leur site. Histoire de les promouvoir...
"Ce sera certes plus simple de les mettre en œuvre dans une ville à l'échelle de Carcassonne, qu'à Marseille. Comme c'est plus facile à Bra qu'à Turin, mais l'implication des citoyens, est l'élément cardinal pour débloquer les situations."
Le président de la République a annoncé ce matin que le ministère de la Transition écologique et celui de l’Economie allaient fusionner.
« Si la France veut redevenir une start up nation top five dans le monde, il faut qu’elle soit capable de pivoter son business model et de créer un copyright différenciant et ça passe par des stratégies de coworking et de job mentoring pour optimiser les ressources et slow up les dépenses » a déclaré Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse organisée pour l’occasion à la ferme Saint-Siméon de Honfleur classée “relais et châteaux” où le président a pris quelques jours de repos incognito. « On a beaucoup brainstormé avec ma team love et on a décidé d’actualiser les process et de rebooster le mindset pour upgrader ce ministère bottom up » a-t-il ensuite ajouté.
La planète comme priorité
A ceux qui s’inquiètent de ce rapprochement et qui craignent l’abandon des questions écologiques, le chef de l’Etat a tenu à adresser un message : « A ceux qui pensent que je vais outer les questions écologiques, je leur réponds que c’est bullshit. Nous allons tout mettre en œuvre pour faire converger l’économie, le numérique et le healthcare à travers les civic tech, les green tech, les clean tech ».
Puis le président de conclure : « Mais pour cela, nous aurons besoin de tout le monde, nos helpers, la silver economy, le crowdfunding car il faut encore lever en equity plusieurs millions pour développer un venture capital écologique performant et une task force no pollution permanente. La culture du invented here ne suffira pas. Make our business great again ! ».
Si dans l’inconscient collectif, une énergie renouvelable – produite, par exemple, grâce à la biomasse, aux biofuels, aux éoliennes ou aux panneaux solaires – est forcément verte, qu’en est-il dans les faits ? Car pour une énergie authentiquement verte, son cycle de vie entier doit être pris en compte et notamment le recyclage des matières premières. Or ce domaine est encore en voie de structuration, comme l’illustre le secteur des panneaux solaires.
Selon PV Cycle, organisme public chargé du recyclage des panneaux solaires, il est possible de recycler 100 % des modèles aux silicium cristallin, majoritaires sur le marché mondial du photovoltaïque. Encore faut-il avoir les infrastructures pour…
Les voitures électriques sont actuellement plus chères à l’achat que les voitures essence ou diesel.
Mais selon les projections de Bloomberg New Energy Finance, la tendance devrait s'inverser à partir de 2025.
Le développement du réseau des stations de charge et la pénurie de cobalt qui se profile pourraient toutefois retarder cette perspective.
ET SI ON CONSOMMAIT AUTREMENT? Episode 9. Pour lutter contre l’obsolescence programmée et déjouer les pièges des fabricants, de plus en plus de "Repair Café" voient le jour. Il en existe déjà quatre dans le Var... Reportage à La Seyne-sur-mer, où une petite équipe de bénévoles répare gratuitement de vieux appareils électroménagers pour leur donner une nouvelle vie.
La visite commence par... une panne de courant. A peine a-t-on franchi la porte de l’ancienne école Eugénie-Cotton de la Seyne-sur-mer que la lumière nous joue déjà des tours. "De temps en temps, on fait sauter les plombs", s’amuse d’entrée Sylvie Desez, en nous présentant les lieux. Bloc-notes en mains et petites lunettes posées sur le nez, la co-fondatrice et trésorière du "Repair Café" a le sens de l’accueil.
"Personne n’a envie de jeter, il y a un réflexe écolo dans l’âme"
En l’occurrence, chaque "client" est ici accueilli avec un café et une fiche à remplir. "On note le nom, la marque de l’appareil, son année, et le problème rencontré, détaille Sylvie. Après, les réparateurs s’en occupent un par un".
"Beaucoup viennent par souci d’économie, explique la trésorière. Mais dans l’ensemble, personne n’a envie de jeter, il y a un réflexe écolo dans l’âme".
Créé en octobre 2015, le Repair Café de la Seyne-sur-mer est la première structure de ce type à avoir vu le jour dans le département. Une petite fierté pour sa cofondatrice. Car le concept, lui, est né en Hollande il y a une dizaine d’années déjà. Et force est de constater qu’il n’a pas fini de se développer...
En France, chaque habitant produit près de 22 kg de déchets électroniques. Alors pourquoi jeter lorsqu’on peut encore réparer?
Paul s'attaque à la centrale vapeur de Valérie. Avant de pouvoir régler le problème, le tout est d'abord de mettre le doigt dessus...
Paul s'attaque à la centrale vapeur de Valérie. Avant de pouvoir régler le problème, le tout est d'abord de mettre le doigt dessus... G.A.
C'est quoi le problème?
C’est pour cette raison que Valérie a poussé les portes du Repair Café. "J’ai vu un émission l’autre jour à la télé qui parlait de l’obsolescence programmée et de ce type d’endroit". Elle a aussitôt été séduite par le côté "civique" de la démarche. Cette Valettoise qui travail dans le secteur social avoue être "très sensible au fait de ne pas jeter". Une question de "bon sens".
"Souvent, déplore-t-elle, les réparateurs disent qu’une réparation coûterait plus cher que le produit lui-même!" Carabistouilles...
Pour Paul comme pour les autres réparateurs présents ce jour-là, "il y a toujours un moyen de réparer". La trentaine, le cheveu en bataille, Paul vient pour "aider les autres", mais aussi pour acquérir sur le tas "plus de compétences sur les machines de tous les jours". C’est son grand truc dans la vie. Réparer...
A ses heures "gagnées", le jeune homme, qui a suivi des études de génie mécanique à La Garde, est livreur de pizzas et DJ en boîte de nuit. Il intervient aussi bénévolement dans un foyer pour enfants. Un CV hybride qui l’a conduit à se retrouver ici, dans cette ancienne salle de classe dédiée aux réparations. Et il ne regrette pas. D’abord, par pur "souci écologique". Ensuite, parce qu’il "adore manipuler".
Pour Jean, qui est en train de réparer la machine à coudre de Michelle, "une panne est faite pour être réparée".
Pour Jean, qui est en train de réparer la machine à coudre de Michelle, "une panne est faite pour être réparée". G.A.
La solution: réparer pour faire durer
Après déjà une année d’existence, le Repair Café seynois avait par exemple pu "traiter l’équivalent d’une tonne d’objets qui serait partie à la déchetterie sans nous". Une grande victoire pour Sylvie. Car toutes les semaines, de nouvelles personnes affluent. Si bien que "chaque mois, plusieurs centaines de kilos de ferraille et de plastique" sont en quelque sorte économisées...
En ce mercredi après-midi pluvieux, trois réparateurs électroménagers sont présents: Paul, Michel, et Jean. Il y a aussi trois couturières: Françoise, Mona et Mony. Tous sont bénévoles et "motivés à l’idée de rendre service" à tous ces gens embarrassés avec leurs appareils électroménagers défaillants.
Valérie, par exemple, est en galère avec sa centrale vapeur. "Elle repasse plus mal qu’un fer à repasser", souffle-t-elle, dans l’attente d’un diagnostic précis. Face à elle, Paul a déjà déballé la trousse à outils. "Oh là, c’est pas tout neuf, ça". Mais alors, docteur, c’est grave? "A mon avis, jauge-t-il à première vue en agitant une clé de 13, les circuits d’eau doivent être encrassés".
Il n’avait jamais ouvert de centrale à vapeur jusqu’ici, mais cela n’a pas l’air de l’impressionner. "Il doit y avoir une occlusion quelque part, sans doute à cause du tartre et du calcaire. Ca peut aussi être un problème de contacteur", préconise-t-il sous le regard inquiet de la propriétaire de la machine.
Parfois, "il n'y a malheureusement plus rien à faire" pour sauver certains appareils. C'est le cas de ce grille-pain.
Parfois, "il n'y a malheureusement plus rien à faire" pour sauver certains appareils. C'est le cas de ce grille-pain. G.A.
Les réparateurs bénévoles voient de tout. Du taille-haie électrique à la tronçonneuse, en passant par un vieux poste radio d’avant-guerre ou un orgue électronique... A eux de s’adapter, de localiser la panne et de trouver la solution.
"Pour elle, c'était Noël avant l'heure"
"Un jour, raconte Paul, tout en désossant minutieusement la centrale vapeur de Valérie, on m’a ramené une guirlande de Noël, il y avait 200 LED à vérifier à la loupe, une par une, car s’il y en a une qui claque, c’est tout le circuit qui claque". Au bout de plusieurs heures de boulot, la propriétaire de ladite guirlande est repartie avec un objet qui fonctionnait à nouveau. "Pour elle, c’était Noël avant l’heure".
Un taux de réussite de plus de 50%
A la table d’à côté, Michel s’est lancé dans une opération à cœur ouvert sur un micro-ondes capricieux. "Tu vas nous faire un compteur Linky avec ça?", chambre Robert, un habitué des lieux. Les "Transform’Acteurs" ont beau être des génies, ce ne sont pas encore des magiciens. Ainsi, comme le précise Sylvie, "le taux de réussite de réparations est d’un peu plus de 50%".
Le Repair Café de La Seyne dispose aussi de trois couturières capables de vous raccommoder un jean en deux temps trois mouvements.
Le Repair Café de La Seyne dispose aussi de trois couturières capables de vous raccommoder un jean en deux temps trois mouvements. G.A.
Jean, lui, est sur le point d’en finir avec la machine à coudre de Michelle, une retraitée de l’Education nationale. On le sent concentré, limite imperturbable. Jean fait partie de ces "touche à tout" qui, dès lors qu’il s’agit de manier un outil, n’ont "peur de rien". Pas même d’une vieille machine Singer qui remonte à un temps où l'obsolescence programmée n’existait pas encore. Pour lui, la panne est un vilain mal qu’il faut combattre par la racine. "Tout ce qui ne fonctionne pas m’énerve", dit-il, en remontant la bête à l’aide d’un petit tournevis plat.
"Ils disaient sur la notice de s’adresser à un magasin Singer, sauf qu’il n’y en a plus ici…"
Face à lui, Michelle est tout sourire. "Il y avait un problème à cause de deux petites pièces qui étaient sorties. Mais ils disaient sur la notice de s’adresser à un magasin Singer, sauf qu’il n’y en a plus ici…" Passée cinq minutes entre les mains du sorcier seynois au tournevis plat, la machine est finalement repartie pour quelques années. "Fantastique". Michelle a trouvé "(son) héros".
Alors qu’à l’entrée de la salle patientent encore un appareil à raclette ainsi qu’un petit vélo de princesse, Coelia, la propriétaire du grille-pain éviscéré, doit se rendre à l’évidence. "Il est mort. Mais au moins, dit-elle, on aura tout essayé."
Quant à la centrale vapeur de Valérie, le diagnostic est tombé. Ses jours ne sont pas complètement finis, mais il "faudra revenir" pour une opération de la dernière chance.
Passionné de mécanique et d'informatique, Paul a appris à murmurer à l'oreille des appareils électroménagers...
Passionné de mécanique et d'informatique, Paul a appris à murmurer à l'oreille des appareils électroménagers... G.A.
Les adresses dans le Var:
Repair Café de La Seyne-sur-mer. Relais Citoyen Ouest, rue François Villon. Tous les 2e mercredi et 4e vendredi de chaque mois, à partir de 15h30. Informations sur la page Facebook. Tél: 06.51.92.02.26. Contact: repaircafevar@gmail.com
Répare-Café de Hyères. Le vendredi de 14 à 16 h 30, deux fois par mois, dans les locaux de l'association ISA, 12 rue de Verdun. Prochain rendez-vous, le vendredi 27 avril. Contact: reparecafehyeres@gmail.com. Tél: 04.94.27.42.54
Repair Café du Pays de Fayence. Chaque dernier samedi du mois, de 14 à 19 h, et tous les mercredis de 10 à 12 h, dans la maison de pays de Fayence, route de l’aérodrome. Informations sur la page Facebook/repaircafépaysdefayence ou auprès d'Anne Wulveryck. Tél. 06.73.20.59.52.
Restor Café de Draguignan (association SEL Avenir). Dans les locaux de La Fabrique, centre social et communal du centre ancien de la Ville de Draguignan, 60-62, rue de l’observance. Tél association: 06.20.78.85.99. La Fabrique: 04.98.10.32.74. contact@la-fabrique-draguignan.org. Tous les vendredis de 14 à 17 heures.
Lire et écrire des emails, imprimer un rapport, utiliser son smartphone, organiser une visioconférence avec son ordinateur portable… Le quotidien de millions de travailleurs ne se vit plus aujourd’hui sans outils informatiques et numériques.
Si ces équipements ont contribué à « dématérialiser » les façons de travailler, cette dématérialisation n’est cependant pas sans coût énergétique.
On estime ainsi que 215 milliards de mails (hors spam) ont été échangés chaque jour le monde en 2016… et quelque 180 millions de recherches effectuées sur Google. Pour permettre toutes ces opérations, il faut des serveurs, des routeurs, des data centers, des terminaux…
Mais il est possible, et en fait assez simple, d’adopter les bons réflexes pour être plus économe en énergie et en ressources sur son lieu de travail, comme le souligne un récent guide conçu par l’Ademe.
Bien utiliser son équipement
Au bureau, les technologies numériques constituent le premier poste de consommation électrique. Or on estime que le quart des consommations électriques des équipements informatiques pourrait être évité en suivant ces quelques conseils.
On peut d’abord penser à régler son ordinateur – et son smartphone quand c’est possible – en mode « économies d’énergie » : diminution de la luminosité de l’écran, mise en veille automatique après 10 minutes d’inactivité, écran de veille noir… Attention toutefois à certains économiseurs d’écran faisant appel à des graphismes « 3D ». Ils sollicitent énormément la carte graphique et peuvent consommer autant, sinon plus, que le mode actif.
On pourra également désactiver les fonctions GPS, Wifi, Bluetooth des téléphones et des tablettes quand on ne s’en sert pas, ou encore adopter le mode « avion ».
Il faut enfin veiller à ne pas laisser les appareils allumés en permanence. Une solution possible consiste à brancher ses équipements (ordinateur et imprimante) sur une multiprise à interrupteur pour couper l’alimentation une fois la journée finie… car même éteints, les équipements continuent de consommer de l’électricité. Cette consommation dite « passive » est due au fait que l’interrupteur de ces équipements est placé après le transformateur ; branché, ce dernier continue d’utiliser de l’énergie (le courant résiduel circulant toujours).
Gérer ses mails et sa messagerie
L’impact de l’envoi d’un mail dépend du poids des pièces jointes, du temps de stockage sur un serveur mais aussi du nombre de destinataires. Multiplier par 10 le nombre des destinataires d’un mail multipliera ainsi son impact par 4.
On peut donc essayer de cibler les destinataires et de limiter les envois en nombre, d’autant que ce type d’envoi peut être considéré comme indésirable ou même traité comme un spam par certaines messageries.
Une autre astuce pour rendre sa communication moins énergivore consistera à envoyer des messages légers ; cela se fait en optimisant notamment la taille des pièces jointes : on optera donc pour des fichiers compressés, des images et des PDF basse définition…
Si la pièce jointe est très lourde, on préférera utiliser une clé USB ou un lien hypertexte pour remplacer le document ; l’usage des sites de transfert de fichiers lourds (comme les FTP) n’étant pas vraiment la solution la plus écologique.
Un autre détail auquel porter attention : les logos placés dans les signatures des mails. On leur préférera plutôt une image en basse définition contenant le texte et le logo de la signature.
Une gestion efficace de la boîte mail passe également par un nettoyage régulier, tout particulièrement s’il s’agit d’un webmail. On supprimera de même rapidement les spams qui s’empilent à vue d’œil.
Surfer léger sur le Net
L’impact d’une requête web dépend du temps de recherche et du nombre de pages consultées.
On divise ainsi par 4 les émissions de gaz à effet de serre de son surf sur le Net en allant directement à l’adresse du site. Dans cette optique, la création de favoris dans le navigateur pour les sites les plus régulièrement consultés s’impose.
Toujours pour limiter la sollicitation des serveurs, on utilisera des mots-clés précis dans le moteur de recherche. Sachant que les requêtes peuvent être affinées en excluant certains mots, en en couplant d’autres ou encore en utilisant la fonction « recherche avancée » du navigateur.
À propos des navigateurs, on sait que certains consomment plus d’énergie que d’autres : l’étude Web Energy Archive pour l’Ademe a ainsi désigné Chrome comme l’un des plus gourmands (27 Wh pour 1 000 pages vues), devant Internet Explorer et Firefox.
Dans le surf, le matériel compte aussi : une recherche d’une minute sur Internet consomme 100 watts sur un ordinateur fixe, 20 watts sur un ordinateur portable, quelques watts sur une tablette, et encore moins sur un téléphone. Une connexion par fil (câble Ethernet) au réseau consomme moins qu’une liaison wifi.
Garder juste ce qu’il faut
On assiste depuis quelques années au développement du stockage des données en externe ; c’est ce que permet notamment le cloud qui désigne l’ensemble des réseaux, serveurs et unités de stockage auquel les usagers se connectent via une liaison Internet sécurisée. Le cloud permet le stockage de données (hébergement de photos, de vidéos, de musique, sauvegarde en ligne des données), mais aussi l’usage d’applications, de services, de logiciels (streaming vidéo, suites bureautiques connectées) sans les posséder.
Si ces solutions peuvent donner l’impression d’accéder à un espace de stockage infini et éternel, ce sont ici de grandes quantités de données qui s’accumulent et réclament de plus en plus d’énergie pour leur gestion et leur conservation.
Il est donc essentiel de trier, d’organiser… et de jeter ses données. On le fera aussi bien pour les e-mails, les favoris, et toutes les données stockées localement que pour les données stockées en externe (en supprimant les vidéos et les photos jamais regardées, la musique jamais écoutée…). On classera ce que l’on souhaite conserver pour y accéder rapidement, en préférant le stockage local, moins énergivore au cloud : transporter une donnée sur Internet consomme deux fois plus d’énergie que la stocker pendant un an.
Qu’est-ce que le cloud ? (Pixees Scienceparticipative, 2017).
Imprimer avec modération
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le développement du numérique ne s’est pas accompagné d’une diminution de la consommation de papier. Réduire les impressions, c’est faire des économies de consommables, de matières premières, d’énergie.
On imprimera donc seulement ce qui est utile et nécessaire, en paramétrant l’imprimante (noir et blanc, brouillon, recto-verso, deux pages par feuille). Le papier imprimé sur une seule face pourra toujours servir de brouillon. On évitera également d’imprimer des documents gourmands en encre (aplats de couleur).
Certains labels et écolabels peuvent guider les choix pour une consommation plus durable : l’Écolabel européen (pour le papier) ; l’Écolabel nordique ou l’Ange bleu (pour le papier et les cartouches d’encre).
La police de caractère Ryman Eco pour limiter la consommation d’encre.
Rappelons enfin que les économies peuvent commencer dès la conception des documents : en les rendant faciles et agréables à lire à l’écran (le destinataire aura moins envie de l’imprimer) et en optant pour des polices de caractère qui consomment peu d’encre (comme Garamond, Century Gothic, Ryman Eco ou Ecofont).