Certains équipements appartenant à l'Etat peuvent désormais être offerts à des associations. Le but: promouvoir l'économie circulaire. AFP
ASSOCIATIONS- Chaises de bureaux, ordinateurs, imprimantes: lorsqu’ils ne sont plus utilisés, certains équipements appartenant à l’État peuvent désormais être offerts à des associations. Une opération qui se réalise via une plateforme internet présentée ce jeudi 8 octobre par le gouvernement qui entend ainsi promouvoir “l’économie circulaire”.
Une table basse, quatre fauteuils et un guichet d’accueil, “le tout en très bon état”, à venir récupérer dans le Val-de-Marne; une cinquantaine d’ordinateurs avec écrans, également dans le Val-de-Marne; un ensemble de mobilier de couleur acajou à saisir à Nantes: tous ces objets sont proposés, photos à l’appui, sur dons.encheres-domaine.gouv.fr.
Ce site, lancé fin 2019 mais qui a fait l’objet de peu de publicité jusqu’à présent, permet aux responsables d’administration de se débarrasser d’équipements mobiliers - de faible valeur - dont ils n’ont plus l’usage, en les donnant à d’autres administrations, ou à des associations reconnues d’utilité publique, ont expliqué les responsables de cette initiative lors d’une conférence au ministère des Finances.
“On a trop de biens aujourd’hui qui sont stockés pour rien, il faut avoir le réflexe de donner” plutôt que de jeter, a souligné Alain Caumeil, directeur national des interventions domaniales.
“Avec cette plateforme, vous montrez l’exemple”, s’est félicitée de son côté la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire, Olivia Grégoire, qui a officialisé le don d’une cinquantaine d’ordinateurs, offerts par l’administration fiscale, au foyer socio-éducatif d’un collège des Hauts-de-Seine.
Depuis novembre dernier, plus de 120 annonces ont été mises en ligne, et environ la moitié des objets proposés ont trouvé preneurs. Parmi ce bric-à-brac, on trouve même des présentoirs et autres vitrines proposés par le Musée du Louvre, et susceptibles d’intéresser d’autres musées.
Des procédures assouplies
“Certains de ces biens auraient été détruits si on n’avait pas eu la possibilité de les donner”, a observé M. Caumeil, vantant une démarche “vertueuse” sur les plans économique et environnemental.
Le dispositif reste très encadré: seuls les biens dont la valeur à la revente paraît “dérisoire” peuvent être cédés gratuitement, et les véhicules motorisés sont exclus. Certains objets doivent être d’abord proposés à d’autres administrations, puis dans un second temps seulement à des associations si aucun service public n’a fait part de son intérêt.
Les associations bénéficiaires doivent en principe venir chercher elles-mêmes leurs meubles ou ordinateurs, et n’ont pas le droit de les revendre.
Pour les responsables des services administratifs - mais également des musées ou agences nationales - qui souhaitent se débarrasser de leurs objets, les procédures, autrefois contraignantes, ont été assouplies. Mais pourraient l’être encore davantage, observe M. Caumeil, qui souligne que, pour l’heure, l’État ne peut donner à des collectivités locales, ni les collectivités à des associations.
L'été dernier, la secrétaire d'État Brune Poirson a présenté en Conseil des ministres, un projet de loi pour une économie circulaire. Un texte qui prône, entre autres, la réduction des déchets. Par l'amélioration des circuits de recyclage ou par la lutte contre le gaspillage. Mais aussi par la réparation. Et, du côté de la Communauté d'agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem), ce sont les artisans engagés dans l'initiative Répar'Acteur qui portent le concept.
Votre sac à main ne ferme plus ? Votre télé vient de rendre l'âme ? Votre jean est déchiré ? Plutôt que de jeter les objets usés, abimés, en panne ou cassés, pourquoi ne pas plutôt choisir de les faire réparer ? Car, dans une société de plus en plus soucieuse de son empreinte écologique et de ses valeurs sociétales, l'idée redevient à la mode. La réparation s'inscrit en effet pleinement dans le cadre de l'économie circulaire. Et c'est pourquoi la Communauté d'agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem) a choisi de s'engager dans l'initiative Répar'Acteur.
D'abord parce que réparer un objet contribue à prolonger sa durée de vie et limite ainsi la production de déchets souvent difficiles à gérer. Ensuite parce que réparer permet généralement d'économiser des matières premières et des ressources énergétiques. Enfin parce que réparer aide au maintien et au développement des emplois locaux. De quoi faire de la réparation l'une des cibles principales du programme national de prévention des déchets.
Sur le territoire de la Cavem, ils sont déjà quelques artisans à s'être engagés. Parmi eux, Christine Leroy Valentin, de l'Atelier du cuir L'arc-en-ciel (Fréjus - 83). « Je répare des objets depuis 25 ans. C'est donc tout naturellement que je me suis inscrite dans le projet Répar'Acteur et que j'ai suivi la formation proposée par la Chambre des métiers et de l'artisanat. » Une formation qui lui a surtout apporté quelques précisions administratives. Et permis de rencontrer d'autres artisans engagés. Mais elle confie que, dans le secteur de la maroquinerie, l'idée à du mal à germer. « Nous vivons dans une société où les tendances évoluent deux fois par an. Pour rester à la mode, les clients achètent des articles neufs. » Selon elle, une seule chose les encourage à faire réparer : le côté affectif !
Par principe, les métiers de cordonnier, couturier et dépanneur électroménager sont des métiers de réparation. Un peu partout en France, des ateliers de réparation se sont récemment montés afin de prodiguer des conseils gratuits à ceux qui sont en demande. © Gellinger, Pixabay License
Par principe, les métiers de cordonnier, couturier et dépanneur électroménager sont des métiers de réparation. Un peu partout en France, des ateliers de réparation se sont récemment montés afin de prodiguer des conseils gratuits à ceux qui sont en demande. © Gellinger, Pixabay License
Vers un changement de mentalités
Pour Marc Forner, patron de FM Dépannage (Saint-Raphaël - 83), dans le secteur de l'électroménager, les choses sont différentes. « Nous reconditionnons certains appareils de façon à jeter moins. Cela ne se faisait plus. Mais aujourd'hui, lorsque cela en vaut la peine -- économiquement parlant --, nous remettons des appareils usagers en état de fonctionner. »
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Cela fait 25 ans que Marc Forner travaille dans le secteur. Avant, il ne jetait pas moins de dix écrans de télévision par mois. Mais depuis un an et demi, il a modifié ses habitudes. Et s'est engagé dans l'initiative Répar'Acteur. « Même si certains continuent d'acheter du neuf parce qu'ils cherchent des appareils plus modernes, des appareils connectés, d'autres s'orientent vers de l'occasion », raconte-t-il. Par conscience écologique, pour certains.
Mais surtout par soucis d'économie. « Nous vendons ces appareils reconditionnés à petits prix. Environ au tiers de leur valeur à neuf. Pour un jeune couple ou pour équiper une maison de vacances, une télé à 50 euros, c'est intéressant », conclut Marc Forner. Et pour trouver un artisan Répar'Acteur près de chez vous, rien de plus simple désormais puisque la Chambre des métiers et de l'artisanat en propose un annuaire accessible sur son site Internet.