Google sait où vous êtes, les annonceurs aussi.
Avec un milliard d'utilisateurs actifs par mois, Google Maps sait tout. Non seulement les noms de toutes les rues, cafés, bars et magasins, mais aussi les endroits où les gens se rendent. Mais s’il a le pouvoir de suivre chacun de nos pas, cela ne veut pas forcément dire qu'il abuse de ce pouvoir. Mais il pourrait le faire s’il le voulait, ce qui est un problème en soi, d'autant plus que le siège de Google se trouve aux États-Unis, où la législation sur la vie privée est moins stricte qu'en Europe et où les agences de renseignement ont l'habitude de surveiller les particuliers (on vous voit, la NSA).
Oui, Google Maps est incroyablement utile. Mais voici quelques raisons qui vous inciteront à vérifier vos paramètres de confidentialité et à vous demander quelle quantité de données personnelles vous êtes prêt à sacrifier au nom de la commodité.
Dans les paramètres, il est dit que l’option « Activité sur le Web et les applications » permet à l’utilisateur de bénéficier d’une expérience plus rapide et plus personnalisée. En clair, cela signifie que chaque endroit que vous consultez dans l'application – qu'il s'agisse d'un club de strip-tease, d'un kebab ou de la localisation de votre dealer – est enregistré et intégré dans l'algorithme du moteur de recherche de Google pendant une période de 18 mois.
Google sait bien que tout cela est un peu flippant. C'est pourquoi l'entreprise utilise des dark patterns, c'est-à-dire des interfaces utilisateur conçues pour nous tromper ou nous manipuler, par exemple en mettant en évidence une option avec certaines polices ou des couleurs plus vives.
Nous avons donc créé un nouveau compte Google pour tenter de repérer ces dark patterns. Après avoir cliqué sur « Créer un compte », une fenêtre pop-up nous indique que le compte est « configuré pour inclure des fonctions de personnalisation » en petites lettres grises. En cliquant sur « Confirmer », nous acceptons d’activer l’option « Activité sur le Web et les applications » mentionnée ci-dessus. L’autre bouton, « Plus d'options », est moins visible et redirige vers une nouvelle page avec des explications denses et compliquées. Nous devons désactiver l’option manuellement.
Si vous ouvrez l’application Google Maps, vous verrez un cercle avec votre photo de profil dans le coin supérieur droit qui indique que vous êtes connecté à votre compte Google. Ce n'est pas nécessaire, et il vous suffit de vous déconnecter. Évidemment, le bouton pour se déconnecter de votre compte est légèrement caché, mais vous pouvez le trouver comme ceci : cliquez sur le cercle > Paramètres > faites défiler vers le bas > Se déconnecter de Google Maps.
Autre fonctionnalité problématique : « Vos trajets Google Maps » qui « affiche une estimation des lieux que vous avez visités et des itinéraires que vous avez empruntés d’après l’historique de vos positions. » Cette fonction vous permet de consulter les informations figurant dans vos trajets, y compris les modes de transports utilisés, comme en voiture ou à vélo. L'inconvénient, bien sûr, est que tous vos déplacements sont connus de Google et de toute personne ayant accès à votre compte.
Et il n’y a pas seulement les hackers dont vous devez vous méfier ; Google peut aussi fournir vos données à des agences gouvernementales comme la police. Sur sa page FAQ à ce sujet, Google indique que son équipe juridique évalue chaque cas individuellement. Tous les six mois, l'entreprise publie un rapport de transparence, mais rien n'est disponible pour 2020. Entre juillet et décembre 2019, Google a reçu 81 785 demandes de divulgation d'informations concernant 175 715 comptes dans le monde entier et a répondu favorablement à 74 % d’entre elles.
Si votre « historique des positions » est activé, votre téléphone « indique les positions des appareils sur lesquels vous êtes connecté à votre compte ». Cette fonction est utile si vous perdez votre téléphone, mais elle en fait surtout un véritable dispositif de suivi.
Les avis Google peuvent être très utiles, mais une recherche rapide peut révéler des informations sensibles que les utilisateurs ont oubliées par inadvertance. Un exemple est celui d'un utilisateur (qui semble utiliser son vrai nom) qui a écrit la critique suivante sur un supermarché à Berlin : « Depuis quatre ans, j'y vais deux ou trois fois par semaine pour faire les courses pour ma famille. » Il va sans dire que le fait de partager ce type d'informations avec tout le monde peut être risqué.
Google Maps demande souvent aux utilisateurs de partager une évaluation publique rapide. « Comment était le Berlin Burger ? », demande l’application après votre dîner. Cette question a priori désinvolte et légère donne l’impression d’aider les autres, mais toutes ces informations sont stockées sur votre profil Google et toute personne qui le lira pourra facilement savoir si vous avez été quelque part pendant une courte période (par exemple en vacances) ou si vous vivez à proximité.
Si vous finissez par regretter un avis, Google vous donne au moins la possibilité de le rendre privé après l’avoir publié. Pour ce faire : Photo de profil > Modifier le profil > Profil et confidentialité > Faites défiler vers le bas > Profil limité. Si vous activez cette option, vous devrez approuver les personnes qui peuvent suivre votre profil et voir vos avis.
Vous vous souvenez de la navigation GPS ? Elle était peut-être maladroite et lente, mais il n’était pas nécessaire d'être connecté à Internet pour être dirigé. En fait, d'autres applications offrent une navigation sans connexion Internet. Dans l'application Google, vous pouvez télécharger les cartes, mais la navigation hors ligne n'est disponible que pour les voitures. Il semble assez improbable que le géant de la technologie ne soit pas en mesure de guider les piétons et les cyclistes sans Internet.
« La mission de Google consiste à proposer des expériences utiles et enrichissantes, pour lesquelles les données de localisation jouent un rôle essentiel », explique l'entreprise sur son site. Elle utilise ces données pour toutes sortes de choses utiles, comme la « sécurité » ou les « paramètres linguistiques ». Et, bien sûr, pour vendre des annonces. Google offre également aux annonceurs la possibilité de « mesurer le degré de notoriété de leur marque ».
Parfois, il existe de bonnes alternatives aux applications problématiques. C'est vrai pour WhatsApp, par exemple, mais pas pour Google Maps. Apple Maps a une politique de confidentialité plus stricte, mais elle n'est pas disponible pour Android. Des applications comme Here WeGo collectent aussi des données et ne sont pas aussi bonnes, mais si vous êtes un marcheur qui préfère rester hors ligne, OsmAnd et Maps.me peuvent au moins vous montrer le chemin sans passer par Internet.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le système de géolocalisation de votre téléphone portable ne se verrouille désormais plus sur le GPS américain mais sur le système Galiléo européen, plus précis. La barre du milliard d’utilisateurs vient d’être franchie ces dernières semaines.
Bien que la galaxie de satellites ne soit pas encore complète, le système Galiléo à été opérationnel dés 2016. Galiléo est cinq fois plus précis que le GPS, proposant une précision de 1m. Les téléphones se verrouillent automatiquement sur le système de géolocalisation le plus précis.
À l'instar du célèbre bug de l'an 2000 pour les ordinateurs, le système de positionnement américain GPS pourrait cesser de fonctionner le 6 avril prochain à cause d'un problème de dates. Voici comment l'éviter.
Une faiblesse du système de positionnement américain GPS risque d'empêcher bon nombre d'appareils GPS de fonctionner correctement après le 6 avril prochain. C'est ce qu'a découvert The Register, et la cause du dysfonctionnement est un compteur système indiquant la semaine qui arrive à sa limite et qui sera automatiquement réinitialisé. Le problème est similaire au fameux bug de l'an 2000.
Afin de calculer correctement la position, les systèmes de navigation doivent connaître la date. Lors des échanges, le système GPS communique la semaine en cours dans une variable de 10 bits. Cela signifie que cette variable peut prendre 2¹⁰ valeurs, autrement dit, compter de 0 à 1.023. Après 1.023 semaines, soit près de 20 ans, le compteur repasse à zéro et continue de compter. Le compteur a commencé en 1980 pour la première fois, puis a été remis à zéro en 1999. La prochaine réinitialisation arrivera le 6 avril 2019.
Une mise à jour est nécessaire
Le seul moyen pour les appareils plus anciens de retrouver la bonne date sera d'effectuer une mise à jour système. Cela concerne principalement les appareils fabriqués avant 2010, les plus récents ne devraient pas poser de problème si les fabricants ont bien suivi les normes. Cependant, certains d'entre eux ont contourné la difficulté en changeant la date de début, et donc certains appareils pourraient passer cette date sans encombre mais causer le même souci dans quelques années.
Ce problème ne devrait plus se rencontrer à l'avenir pour les nouveaux appareils. Le système intègre désormais de nouveaux formats de message CNAV et MNAV qui utilisent une variable 13 bits. Il devrait donc être valable pendant plus de 150 ans.