Le groupe chinois vient de perdre la dérogation à l'embargo américain qui lui permettait de maintenir à jour ses smartphones sous Android. Les anciens modèles ne devraient pas devenir obsolètes pour autant.
horizon s'assombrit pour les smartphones Huawei. Les États-Unis ont décidé d'accentuer encore un peu plus la pression sur le groupe technologique chinois. L'administration de Donald Trump n'a pas renouvelé la licence temporaire qu'elle accordait tous les trimestres à la firme de Shenzhen pour lui permettre de maintenir certains échanges avec des entreprises américaines depuis que le département américain du Commerce l'a placée sur une liste noire le 16 mai 2019 sur fond de guerre commerciale avec la Chine, selon le Washington Post.
À travers ces sursis, Washington souhaitait permettre aux entreprises technologiques américaines et aux opérateurs de télécommunications locaux de trouver des alternatives aux deals conclus avec Huawei, très implanté dans le secteur des télécoms outre-Atlantique. Ces accords permettaient notamment à Google de continuer à délivrer des mises à jour et des correctifs Android aux smartphones lancés par Huawei avant la mise en place de l'embargo. Contrairement aux appareils lancés après l'entrée en vigueur des sanctions, les anciens modèles pouvaient continuer à utiliser le magasin d'applications Play Store et les Google Mobile Services, les applications Google les plus populaires (Chrome, Gmail, Maps, Search, etc.), la pierre angulaire de l'expérience Android.
Depuis le 13 août, date de l'expiration de la dernière licence générale temporaire d'exploitation, Google ne peut plus collaborer avec Huawei. Les contours des conséquences de cette décision sont encore flous. En théorie, Google n'est désormais plus autorisé à fournir des mises à jour pour les appareils Huawei. Cela signifie que les anciens modèles de la marque et ceux de sa filiale Honor pourraient ne pas être mis à jour vers Android 11 dans les prochaines semaines. Des modèles comme le P20, le P30, le Mate 20 ou le Honor 10 pourraient cesser de recevoir les patchs de sécurité et les mises à jour pour les applications installées, avec le risque de devenir obsolètes.
Huawei continuera à proposer des mises à jour, mais...
En pratique, on ignore encore pour l'instant dans quelle mesure l'expiration de la licence générale temporaire impactera les futures mises à jour logicielles des smartphones des clients de la marque chinoise. Google a confirmé auprès du Washington Post que c'est bien cette licence qui lui permettait de collaborer avec Huawei et de prendre en charge les appareils lancés avant les sanctions américaines. Contacté par RTL.fr, un porte-parole de Huawei assure que les smartphones qui disposent déjà des applications Google continueront de les avoir et que des mises à jour vers la partie open source d'Android seront toujours déployées.
Huawei est en effet autorisé à utiliser la partie ouverte d'Android. Cette version accessible à tous les constructeurs n'est pas concernée par les restrictions américaine. Elle propose l'essentiel de l'expérience Android mais ne dispose pas des services Google et du magasin d'applications Play Store. C'est la version qui est déjà utilisée par Huawei pour ses smartphones lancés après la mise en place des sanctions, le Mate 30 et le P40. Sur ces modèles, on retrouve des mises à jour Android développées par Huawei via le système EMUI et des services alternatifs comme l'AppGallery, le magasin d'application de la marque (qui compte environ 60.000 références, une broutille par rapport au Play Store) et des applications maison, censées répondre aux mêmes besoins numériques que les applications Google, qui souffrent encore de la comparaison avec leurs concurrentes.
Huawei devrait logiquement s'appuyer sur ses équipes internes et sur la communauté open source pour continuer à proposer des mises à jour logicielles et de sécurité à ses clients. Ces dernières ne seront plus déployées directement par Google. Cela devrait rallonger de plusieurs semaines le délai de leur distribution. Avec un risque de voir des failles de sécurité exploitées par des cybercriminels dans cet intervalle, souligne le site technologique du quotidien belge Le Soir. Autre enjeu pour Huawei, réussir à maintenir à flot les services de Google et les applications les plus populaires du Play Store (Facebook, Instagram, Uber, etc.), sans l'aide de Google et des éditeurs américains de ces services, sous peine de les voir devenir peu à peu obsolètes, au fil des changements apportés dans leurs codes.
Les relations entre les USA et la Chine vont et viennent au gré des semaines et alors que l'on pensait les négociations au beau fixe avec une levée prochaine de l'embargo visant Huawei, voilà que les USA évoquent de nouvelles sanctions, encore plus lourdes.
Les efforts de Huawei pour se détacher de Google de façon définitive prennent un nouveau sens depuis quelques jours et l'annonce de probables nouvelles sanctions encore plus strictes émanant de la part des USA.
Depuis l'été dernier, les USA ont prononcé un embargo sur la marque chinoise, accusée d'utiliser ses dispositifs de télécommunications pour organiser un espionnage au profit de Pékin, et ce, à travers le monde. En conséquence, certaines sociétés américaines n'ont plus l'autorisation de collaborer avec la marque, et si certaines sanctions ont été levées, la plus importante concerne Google et l'intégration des services mobiles du groupe américain dans les smartphones de Huawei.
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Face à la situation, Huawei a réagi et développe ses propres alternatives, décidé à s'émanciper du bon vouloir américain pour continuer à développer ses parts de marché... Mais les USA pourraient aller beaucoup plus loin pour stopper net la marque sur le terrain du smartphone.
Dans des propositions de nouvelles sanctions, il est évoqué un amendement qui permettrait aux USA de contraindre Huawei à ne plus se fournir de composants ou services quand ces derniers intègrent plus de 10 de propriétés intellectuelles américaines.
Mais la mesure pourrait aller encore plus loin : les USA pourraient tout simplement contraindre les sociétés qui exploitent du matériel américain ou des licences américaines à ne plus collaborer du tout avec Huawei, sous peine de se voir retirer les licences d'exploitation ou le matériel en question.
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Le problème est donc le suivant : même si Huawei dispose de ses propres SoC, la marque ne les produit pas elle-même et c'est le fondeur TSMC qui s'en charge à Taïwan. Or, TSMC utilise en grande majorité du matériel américain dans ses processus de fabrication, et aucune chaine de production ne mise sur du matériel 100% chinois...
En clair, les USA pourraient trouver là un moyen de pression permettant de priver Huawei du moindre composant électronique et assécher ainsi sa production de smartphone.
Il est actuellement très difficile de penser que les USA pourraient aller jusque là dans sa guerre commerciale avec la Chine, qui par ailleurs pourrait appliquer des conditions similaires dans une foule d'autres domaines. Cette alternative pourrait d'ailleurs déclencher une véritable cascade de mesures protectionnistes à travers le monde entier et ce ne sont certainement pas les meilleurs leviers à pousser d'un point de vue diplomatique ou économique, mais comme toujours avec les USA, il est avant tout question d'intimidation.
Les États-Unis auraient enfin des preuves concrètes de l'espionnage de Huawei. Ironiquement, le géant chinois utiliserait des portes dérobées... demandées par les gouvernements pour leur propre espionnage.
Les États-Unis seraient-ils enfin prêts à apporter des preuves pour soutenir leurs accusations d’espionnage contre Huawei ? Le gouvernement de Donald Trump a exclu le constructeur de réseaux télécoms de son pays depuis presque un an. Et il incite fortement ses alliés occidentaux à faire de même.
Les USA avancent que Huawei permettrait au régime chinois d’espionner les communications qui passent par ses réseaux. L’entreprise a toujours nié une telle pratique, et demande à ce que les États-Unis fondent leurs accusations sur des preuves.
Cette guerre de communication pourrait bientôt se déplacer sur le terrain des faits. Le Wall Street Journal révèle que les représentants américains auraient des preuves concrètes des méthodes d’espionnage de Huawei. « Nous avons les preuves que Huawei à la capacité de secrètement accéder à des informations personnelles et sensibles présentes dans les systèmes qu’elle entretient et vend dans le monde entier », s’est exprimé Robert O’Brien, conseiller à la sécurité américaine. Gardées secrètes dans un premier temps, ces preuves sont partagées avec certains alliés des États-Unis depuis quelques mois.
Plus précisément, le constructeur chinois aurait installé un moyen d’emprunter des accès en théorie réservés aux forces de l’ordre pour intercepter — légalement — les communications. Huawei a, de nouveau, contredit ces accusations. Pour alimenter leurs inquiétudes, les États-Unis pointent la proximité entre le géant chinois et son gouvernement, qui lui fait un cadeau fiscal de plus de 75 milliards de dollars.
Aux États-Unis, les constructeurs d’équipements télécom doivent introduire dans leurs équipements réseau une interface, véritable porte dérobée, réservée à l’usage des forces de l’ordre. Ce backdoor se compose de plusieurs éléments, disséminés dans les tours radio, les basses couches logicielles et le système de chiffrement. L’objectif : s’assurer que l’information soit lisible par des personnes autorisées, et donc qu’elle soit dépourvue de protection. Cet espionnage légal est encadré, et donc en théorie restreint par différents protocoles et autorisations. Il faut, par exemple, que les forces de l’ordre présentent l’équivalent d’une demande de perquisition ou d’une décision de justice. Elles doivent aussi informer les opérateurs réseau, et ne peuvent normalement pas y accéder sans leur autorisation.
En France, c’est ironiquement la loi sur la sécurité des réseaux mobiles, surnommée loi anti-Huawei, qui introduit la mise en place d’une telle l’interface. Votée en juillet dernier, cette loi est censée renforcer les protections contre l’espionnage. Mais elle exige au passage l’existence de portes dérobées légales dans les réseaux, afin de permettre l’écoute ou l’interception de messages. Combinée aux outils de la loi Renseignement, cette nouvelle loi permet une surveillance poussée, comme le relève NextInpact.
C’est donc ce genre d’interface que Huawei utiliserait pour espionner, d’après les Américains. Le tout, sans que ni l’opérateur ni les agences de sécurité nationale ne soient au courant. Et d’après eux, les équipementiers concurrents, comme Nokia et Ericsson, n’auraient pas les mêmes possibilités.
Avec ces supposées preuves, les USA espèrent renforcer leur combat contre Huawei. Dès 2012, le Congrès avait identifié l’entreprise comme un risque à la sécurité du pays, mais le pays n’a jamais vraiment pu soutenir ces propos. De son côté, Huawei a convaincu de nombreux opérateurs, avec son équipement réputé pour ses prix compétitifs. Malgré ces nouvelles preuves, les États-Unis ont encore du chemin pour faire tomber leur némésis.
D’abord, les propos qu’ils avancent restent flous. Les États-Unis ne fournissent pour l’instant aucun détail technique sur la porte dérobée ni sur son éventuelle exploitation par l’entreprise chinoise. Le WSJ n’est parvenu à grappiller qu’une seule information : Huawei aurait installé ce genre de backdoor dès 2009, lors de l’installation des équipements 4G.
Ensuite, aucun opérateur n’a encore décelé de preuve d’espionnage sur son système. Donc en attendant une éventuelle publication de ces preuves, ce bras de fer se limitera toujours à parole contre parole. Même si pour soutenir leurs suspicions, les États-Unis peuvent compter sur les écarts de sécurité de Huawei dans d’autres secteurs, comme les microprocesseurs de sa filiale HiSilicon.
Du côté des pays, la position américaine ne fait pas l’unanimité. Déjà, le Royaume-Uni a décidé d’utiliser de l’équipement Huawei sur certaines parties de son infrastructure 5G. Une petite claque pour les Américains : d’après les Britanniques, cette nouvelle menace serait en réalité déjà connue et aurait été prise en compte dans l’appel d’offres.
En Allemagne, l’équation est autre : le représentant dépêché par les États-Unis aurait fourni des preuves jugées convaincantes, d’après le WSJ. En revanche, le plus gros opérateur du pays, Deutsche Telekom, a balayé les craintes : son système d’interception légale de l’information serait construit par une entreprise allemande. Donc même si Huawei construisait d’autres composants du réseau, il n’aurait d’après lui pas accès à l’interface. Le pays va bientôt voter une loi qui garantirait à Huawei l’accès au marché de la 5G, à condition que l’entreprise fournisse suffisamment de garanties de sécurité. Reste que les USA ont laissé entendre qu’accepter l’entreprise chinoise pourrait envenimer la situation diplomatique entre les deux pays.
Avec la loi « anti-Huawei », la France s’est dotée d’une législation qui impose un « régime d’autorisation préalable, fondé sur des motifs de défense et sécurité nationale », pour tous les matériels installés depuis février dernier. Le Premier ministre doit évaluer « s’il existe un risque sérieux d’atteinte aux intérêts de la défense et de la sécurité nationale » avec tel produit ou tel logiciel. Pour cela, il dispose de l’appui des services de l’État, dont l’ANSSI, qui joue un rôle de cybergarde du corps. L’ajout de preuves concrètes par les États-Unis pourrait donc définitivement faire pencher la balance contre Huawei, à l’approche des résultats des appels d’offres 5G.
Free a fait savoir que son réseau 5G utilisera des équipements Nokia, tandis qu’Orange ne mobilisera pas Huawei non plus. SFR et Bouygues Telecom n’ont pas encore pris position, mais pourraient faire appel à Huawei pour une partie de leurs équipements. La France donne particulièrement du fil à retordre au géant chinois. C’est pourquoi l’an dernier, Huawei a dépêché depuis son siège social de Shenzhen l’une de ses meilleures lobbyistes, Linda Han, au poste de vice-présidente des affaires publiques.
Dans un entretien du 12 février 2020 avec les Échos, elle défend : « Huawei respecte la loi française, que les choses soient claires. Huawei est une entreprise européenne en Europe et une entreprise française en France. Nous vendons des équipements, certes, mais toutes les données sont chez les opérateurs télécoms. Comme le dit Stéphane Richard [PDG d’Orange, NDLR], les opérateurs ont toutes les compétences pour garantir la sécurité de leurs infrastructures. » Et elle n’est pas seule, l’ambassade de Chine en France est également venue au secours de son champion national. Elle s’inquiète des restrictions contre Huawei, qu’elles soient géographiques (interdiction des équipements 5G Huawei dans les grandes villes) ou administratives (avec un délai de validité de l’autorisation plus courte que pour les concurrents). Surtout elle laisse planer la menace de représailles économiques.
Que vont décider les pouvoirs publics ? Réponse dans les semaines à venir.
Toujours sanctionné par l'embargo américain, Huawei n'est pas en mesure de proposer l'accès aux Google Mobile Services sur ses terminaux. Et selon un cadre de la marque, la situation ne changera pas, même si les USA levaient les sanctions.
Mise à jour du 31/01/2020
Huawei a tenu à apporter une précision supplémentaire en réponse à notre article : "Une version libre de droit du système d’exploitation et de l’écosystème Android reste notre préférence, cependant si nous ne pouvions pas continuer de l’utiliser, nous avons la capacité à développer nos propres système d’exploitation et écosystème"
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Huawei est sans doute allé trop loin pour faire machine arrière désormais : un cadre de la marque chinoise affirme ainsi que la marque ne souhaite plus réintégrer les services de Google dans ses terminaux, même si la levée de l'embargo américain était prononcée.
Cela fait des mois que la situation stagne : depuis la fin du mois de mai 2019, Huawei a été placée par décret sur la liste noire des sociétés chinoises avec lesquelles les marques américaines ne peuvent plus collaborer. Si quelques assouplissements ont eu lieu depuis, Huawei n'est plus en mesure d'utiliser la version d'Android de Google, ni ses services. Cela implique aucun accès au Play Store, Gmail, Maps et autres produits signés Google.
Si le marché asiatique est de toute façon peu intéressé par les services de Google, la marque règne sans partage sur l'Europe et le reste du monde, et Huawei a été déstabilisé par la situation.
Mais la marque s'est rapidement tournée vers Android AOSP, et lancé un plan d'investissement colossal pour attirer les éditeurs et développeurs sur sa propre plateforme : Huawei App Galerie.
La situation reste assez problématique pour les utilisateurs, et pourtant Huawei ne souhaiterait plus faire machine arrière : selon un cadre de la marque, le géant chinois a trop investi pour revenir sur les services de Google, et la situation a été vécue comme un élément déclencheur pour initialiser l'émancipation de la marque vis-à-vis des USA.
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Le Mate 30 Pro, premier smartphone de Huawei à sortir sans services Google
Huawei ne veut plus être dépendante de Google, et plus que cela, la marque souhaite désormais se poser en concurrence directe : Huawei pourrait ainsi proposer ses propres services à tout un ensemble d'autres marques asiatiques pour doper l'adoption de ses outils.
Même si l'embargo américain vient à être levé, rien n'indique qu'une nouvelle sanction n'interviendra pas d'ici 1 an ou même plus rapidement et Huawei ne souhaite plus être suspendue aux décisions politiques de la sorte.
La marque reste réaliste et s'attend à une baisse des parts de marché sur l'année : la gamme P40 ne proposera pas les GSM, et il faudra du temps aux utilisateurs et beaucoup de communication pour faire valoir les alternatives de la marque.
Du fait de la bataille commerciale entre Washington et Pékin, Huawei ne peut pas proposer l'écosystème logiciel de Google dans ses nouveaux smartphones. Le groupe chinois a donc dû trouver une parade, en signant un accord avec la société néerlandaise TomTom pour remplacer Google Maps.
C’est un effet très visible de la guerre commerciale qui se joue entre les États-Unis et la Chine et dont Huawei est une victime indirecte. Parce que Washington a décrété que l’entreprise chinoise constitue une menace pour la sécurité nationale, ses homologues aux USA ne peuvent plus faire des affaires librement avec elle. Ainsi, les smartphones à venir de Huawei doivent composer sans les services de Google.
Concrètement, cela veut dire que les nouveaux modèles de Huawei ne peuvent plus avoir accès à des applications qui sont entrées dans les usages quotidiens d’un très grand nombre de mobinautes, qu’il s’agisse de Gmail pour le courrier électronique, YouTube pour le visionnage de vidéos ou bien Maps pour bénéficier d’une solution de cartographie pour se repérer dans l’espace.
Ayant perdu l’accès à l’écosystème logiciel de Google, le géant chinois des télécoms doit changer de fusil d’épaule. Une première réponse est arrivée l’an dernier, avec le souhait de Huawei de bâtir un environnement libéré de futurs coups du sort de ce genre. Signe de ce plan, certains terminaux récents de la marque n’intègrent plus aucun composant d’origine américaine.
Depuis, une autre réponse a émergé : celle des partenariats avec des fournisseurs tiers, qui ne sont pas américains. Le 17 janvier, Huawei a annoncé un partenariat avec TomTom, une société néerlandaise bien connue du grand public pour ses systèmes de navigation GPS, à accrocher à l’intérieur de la voiture ou à télécharger sur son smartphone, notamment sur ceux fonctionnant avec… Android.
Selon un porte-parole du groupe, le deal entre TomTom et Huawei n’est pas tout à fait récent — il était toutefois tenu secret, pour une raison qui n’a pas été donnée. Les détails financiers de cet accord ne sont pas non plus précisés, mais ils sont vraisemblablement favorables à TomTom, qui va de fait bénéficier de l’exposition de son partenaire — qui est l’un des principaux fabricants de smartphones — pour toucher davantage de clients.
Une alternative qu’aurait pu envisager Huawei, c’est OpenStreetMap. Il s’agit d’une sorte de Google Maps, mais reposant sur une base de données libre et coopérative. D’autant que Huawei a les moyens d’investir dans le développement du projet pour combler ses éventuels manques, en y déployant des ressources. Peut-être cela aurait-il été plus économique, d’ailleurs, qu’un deal avec TomTom.
Cela étant, peut-être que pour des questions évidentes de calendrier, Huawei avait surtout à cœur d’aller vite et la solution de TomTom s’avérait peut-être un choix plus judicieux pour pouvoir proposer tout de suite une alternative à Google Maps. Après tout, TomTom reste un outil de cartographie de bonne facture, en témoigne sa présence comme logiciel embarqué dans certains véhicules de premier plan.
Après avoir tenté de garder la face suite à l'embargo américain, Huawei change de position et renoncerait à remplacer Android.
Joy Tan, un des dirigeants de Huawei a récemment pris la parole pour annoncer que la marque ne cherchait plus à développer son propre OS. HongMeng OS, Ark OS, Harmony OS, voilà les différents plans B annoncés avec fierté par Huawei ces derniers mois pour tenter de sauver la face suite aux sanctions américaines, et pourtant la confiance affichée au lendemain de l'embargo américain n'est désormais plus de rigueur.
Huawei a ainsi confirmé souhaiter continuer à utiliser Android dans ses terminaux, qu'il s'agisse de la version Open Source ou de celle de Google. La marque a par ailleurs confirmé ne pas pouvoir utiliser les services qui aident les applications à se lancer sur la plateforme, en clair le Play Store Google.
On sait que Trump a récemment levé une partie de l'embargo qui pèse sur Huawei, permettant à certaines entreprises américaines de renouer des liens commerciaux avec la marque. Néanmoins, on ne sait toujours pas si Google est concerné par cette levée des sanctions.
Huawei n'a actuellement plus aucun nouveau smartphone disposant de licence Android. Après plusieurs dérogations permettant d'enregistrer quelques appareils auprès de Google, on a vu le Mate 30 se dévoiler sans Play Store, puis une tentative de faire passer un Honor 20 Pro pour un Huawei Nova 5T avec les services Google... Mais la situation ne peut pas durer au-delà, et Huawei se voit contraint de faire des choix.
L'abandon des différents OS mis en avant par la marque est simple : l'adoption d'un OS différent sur le marché international prend du temps et les ventes de la marque risquent d'en souffrir. Par ailleurs, les tentatives de différents OS par le passé se sont soldées par des échecs dans les marchés sur lesquels Android et iOS sont parfaitement ancrés.
Désormais, tout le travail de Huawei se concentre donc à développer des solutions de remplacement des services principaux de Google : Gmail, Maps, Play Store... Le marché applicatif de la marque, App Gallery s'étoffe ainsi de nouvelles applications chaque jour, dopé par un programme d'investissement important de la part de Huawei et d'une collaboration renforcée avec les développeurs.
Sanctionné par les États-Unis, le fabricant chinois est contraint de lancer son prochain smartphone phare amputé des services de Google et du magasin d'applications d'Android.
Nouveau coup dur pour Huawei. Le géant chinois de l'électronique pourrait être forcé de repousser le lancement européen de son prochain smartphone haut de gamme dont la présentation doit avoir lieu le 18 septembre à Munich. Très attendu par les fans de la marque, le Mate 30 ne pourra pas bénéficier de la dernière version de la licence Android, a fait savoir un porte-parole de Google à Reuters le 29 août.
Conséquence : le téléphone ne pourra pas proposer les applications Google ni le magasin d'applications Play Store permettant de les télécharger. Cela réduit considérablement son attractivité pour le public occidental et pourrait contraindre le numéro 2 mondial de la téléphonie à retarder sa sortie en Europe. En Chine, les smartphones du groupe doivent déjà composer sans Google et ses services.
Conçu pour fonctionner sur les nouveaux réseaux mobiles 5G, le Mate 30 est le premier lancement majeur de Huawei - le second du groupe après celui du Honor 20 Pro de sa filiale Honor - depuis que les États-Unis ont placé le groupe chinois sur liste noire le 16 mai, interdisant aux entreprises américaines de lui vendre des produits et technologies comportant au moins 25% de composants américains.
Un sursis temporaire de 90 jours a été annoncé par le gouvernement américain la semaine dernière mais il ne s'applique pas aux nouveaux appareils, a précisé Google à Reuters. Il ne concerne que les mises à jour de produits existants.
Beaucoup moins attractif sans les applications Google
Dans ces conditions, le Mate 30 ne pourra pas être vendu avec la suite d'applications habituelle de Google (Gmail, Google Chrome, Google Maps, Google Drive, etc.). Il ne sera pas possible de les télécharger non plus car le magasin d'applications de Google, Play Store, sera lui aussi inaccessible, privant les utilisateurs des services en ligne les plus populaires, tels que Facebook, WhatsApp ou Instagram.
La firme de Shenzhen pourrait toujours proposer le téléphone avec une version open source d'Android et indiquer aux utilisateurs comment télécharger directement les applications via des circuits parallèles. Mais malgré une configuration annoncée comme l'une des plus qualitatives du secteur, avec quatre appareils photos et un processeur surpuissant, le Mate 30 aurait alors du mal à surmonter ces limitations face à la concurrence.
Sans Google, Huawei pourrait aussi décider de sortir le téléphone avec le système d'exploitation maison HarmonyOS, présenté début août par le groupe pour réduire sa dépendance à Android. Mais le logiciel est censé équiper seulement des téléviseurs connectés dans un premier temps. Les observateurs doutent de sa capacité à être opérationnel pour une échéance si proche et à constituer une alternative fiable à Android, qui équipe 8 smartphones sur 10 à travers le monde.
Huawei a d'ailleurs répété lors de la présentation d'HarmonyOS que sa priorité était de continuer à utiliser le système Android, si le gouvernement américain l'y autorise. Basée sur Android, l'interface actuelle des smartphones du groupe est le fruit de plusieurs années de développement avec le logiciel de Google. Contacté par RTL.fr, Huawei n'a pas souhaité commenter les informations de Reuters.
Le géant chinois des télécoms Huawei, menacé de perdre son accès à Android du fait des sanctions américaines, a présenté vendredi un nouveau système d'exploitation qui doit équiper ses téléphones portables.
Le système, baptisé "HarmonyOS", a été présenté par le directeur exécutif, Richard Yu, lors d'une conférence du groupe à Dongguan (sud de la Chine). "Nous voulons apporter davantage d'harmonie dans le monde", a-t-il commenté, alors que Huawei est placé sur une liste noire par les Etats-Unis, qui le soupçonnent d'espionnage au profit de Pékin.
Huawei, numéro deux mondial des smartphones, s'est retrouvé piégé, en mai, par les rebondissements de la guerre commerciale entre Pékin et Washington sur fond de rivalité technologique.
La firme de Shenzhen (sud de la Chine) planche depuis 2012 sur son propre système d'exploitation, initialement conçu pour l'internet des objets.
Huawei, considéré comme le leader de la technologie 5G, s'est vu inscrire sur une liste noire par l'administration Trump, soupçonné de fournir des portes dérobées aux services de renseignement chinois, ce que le groupe dément.
Résultat, les entreprises américaines ne sont, en théorie, plus autorisées à lui vendre des produits technologiques. Mais une période d'exemption de trois mois - qui doit prendre fin la semaine prochaine - a été accordée par Washington.
Cette interdiction concerne également Google et la fourniture de son système Android, qui équipe l'immense majorité des smartphones dans le monde, dont ceux de Huawei.
Le groupe s'est toujours publiquement défendu de vouloir remplacer sur ses téléphones Android par un système d'exploitation maison mais affirme y être contraint par les sanctions américaines.
e Sénat a adopté la loi Huawei en dépit de l'opposition des opérateurs. L'aval du premier ministre sera désormais nécessaire avant le déploiement de certains équipements dans le réseau 5G français.
© Jackintosh
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Les opérateurs peuvent râler, ils devront s'y plier. La loi Huawei a été définitivement adoptée par le Parlement après un dernier vote du Sénat mercredi. Elle renforce les mesures de sécurité avant le déploiement d'un équipement 5G en France, à tel point que tout équipement devra désormais obtenir l'aval du premier ministre avant d'être utilisé par un opérateur. Une étape supplémentaire qui, selon les acteurs du secteur, pourrait ralentir le déploiement du réseau nouvelle génération en France.
Des modalités d'évaluation encore inconnues
Bien évidemment, ni Huawei, ni ZTE ne sont nommés explicitement dans le texte de loi. Cependant, ce sont clairement les équipementiers chinois qui sont visés. Le déploiement d'un équipement “est soumis à une autorisation du premier ministre dans le but de préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale”, explique ainsi le texte de loi. À noter que tout matériel ou logiciel impliqué dans la 5G devra se soumettre à ces nouvelles règles. En revanche, le matériel et le software utilisés pour la 4G et les générations antérieures ne sont pas concernés.
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Pour le moment, aucune précision n'a été donnée sur la manière dont les différents équipements vont être évalués. Les contours de cette nouvelle étape, ainsi que la liste des terminaux concernés par la loi, vont être établis par décret en Conseil d'État, après réception de l'avis de l'Arcep, l’autorité de régulation des communications électroniques et postales. Celui-ci devrait arriver dans les prochains mois, car les enchères qui se dérouleront en fin d'année devraient marquer le coup d'envoi du déploiement du réseau. “L’autorisation est octroyée, le cas échéant sous conditions, pour une durée maximale de huit ans”, assure la loi Huawei, précisant que tout manquement sera “puni de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 € d'amende”.
Fin juin, les quatre opérateurs s'unissaient contre la loi Huawei. Un fait assez rare pour être souligné. Ils cosignaient ainsi une lettre expliquant en quoi ce nouveau texte ne ferait que retarder le déploiement de la 5G en France. Selon eux, la loi possède “un caractère extrêmement ambitieux tant sur le fond que sur le calendrier cible”.
Huawei devrait présenter EMUI 10 sous Android 10 Q le 9 aout 2019 prochain et ce malgré les sanctions américaines qui pèsent encore sur la marque.
Huawei l'avait annoncé avec la publication d'une première liste de terminaux prochainement portés vers Android 10 Q : la marque a travaillé de concert avec Google pour accélérer l'adoption du tout dernier OS sur ses plateformes.
L'objectif est simple : diffuser Android 10 via sa propre surcouche EMUI 10 le plus rapidement possible, avant l'expiration de la licence Android du constructeur fixée au 19 aout prochain.
Même si l'on fait état de réchauffement dans les relations entre les USA et la Chine concernant Huawei, pour l'instant la marque attend toujours le feu vert de Washington pour compter de nouveau sur Android. La marque a donc annoncé un événement qui se tiendra du 9 au 11 aout prochain à Songshan Lake dans la ville de Dongguan en Chine.
Wang Chenglung devrait ainsi présenter l'ensemble des nouveautés d'Android 10 et d'EMUI 10. Pour Huawei, il s'agira de rassurer les utilisateurs et les investisseurs en assurant le portage d'Android sur les smartphones actuels. Pour la suite, rien n'est encore défini et les USA pourraient attendre le dernier moment pour revalider la licence Android de Huawei.
Reste que selon plusieurs cabinets d'expertise, la sortie de l'OS maison de Huawei pourrait se présenter comme une opportunité pour la marque de récupérer la main sur le matériel et le logiciel. Il est désormais établi que Huawei aurait d'ailleurs toutes ses chances de séduire le public et de venir concurrencer Google sur son propre terrain avec des pertes colossales estimées pour l'américain à moyen terme.
Huawei, menace pour les États-Unis relevant de l'urgence nationale ? Ce genre d'arguments sécuritaires à la solidité débattue est courant dans les discours politiques sur le numérique. Voici ce que les chercheurs en sécurité ont à nous apprendre sur ce phénomène de « sécuritisation ».
L’occupant de la Maison-Blanche n’est connu ni pour ses mots de velours ni pour sa constance dans les idées. L’équipementier chinois Huawei a pu en faire l’amère expérience les mois passés.
Le 15 mai 2019, au nom de l’« urgence nationale », Donald Trump interdisait par décret aux réseaux télécoms américains de se fournir en équipements posant un risque de « sabotage » ou d’ « effets catastrophiques sur la sécurité ou la résilience d’infrastructure critique des États-Unis ». Huawei est clairement visé du fait de soupçons d’espionnage pourtant non confirmés. Une semaine plus tard, le président américain déclarait que « Huawei est quelque chose de très dangereux »… avant de souligner la possibilité d’un accord commercial avec la firme.
Puis au G20 début juillet 2019, après que Google, ARM ou Toshiba ont coupé leurs liens avec Huawei, le chef d’État a rétropédalé et annoncé que les firmes américaines pourront de nouveau faire des affaires avec le géant chinois. Il y a de quoi suggérer que l’affaire n’était qu’un bluff dans la guerre commerciale entre Washington et Pékin. Alors, Donald Trump ne brasse-t-il que du vent ? Pas si vite.
En guise de mise en bouche, il faut savoir que certains mots ont comme des pouvoirs magiques. Les enfants apprennent que tel est le cas de « s’il te plaît » et « merci ». Mais vous remarquerez aussi que le simple fait de dire « je promets » constitue une promesse, et que ces deux mots ne doivent pas être employés à la légère. En disant quelque chose (« je promets »), vous faites quelque chose (une promesse) avec de vraies répercussions sur le monde réel. De même, si vous dites « si on gagne ce match, je me rase la tête », vous faites un pari que vous avez intérêt à honorer.
Dire « je promets » ou « je parie » est ce qu’on appelle un speech act (« acte du langage »), terme défini par le philosophe John Austin en 1955 dans une série de cours à Harvard intitulée Comment faire des choses avec les mots. Si les actes du langage sont courants dans notre vie quotidienne, il y en a certains, comme le fait de parler de « sécurité », qui peuvent envoûter les appareils politiques au point de devenir des armes redoutables et parfois inquiétantes.
Nous vous proposons une formation rapide à cette sorcellerie de la sécurité, pour apprendre à reconnaître ses formules magiques et à en déjouer les sortilèges.
La recherche en sécurité internationale a longtemps été très américaine, militariste, et axée sur la notion de sécurité nationale. Les menaces sécuritaires étaient vues comme objectives et bien définissables (en gros, des frappes militaires hostiles). La seule grande concession à cela était l’idée qu’on pouvait accidentellement voir une menace là où il n’y en avait pas, ou inversement.
Dans les années 1980, des voix discordantes s’élèvent contre ce focus sur le militaire. On commence à parler pêle-mêle de sécurité humaine, environnementale, économique, sociétale — à tel point que plus personne ne sait ce que le mot « sécurité » veut vraiment dire. Divers courants de pensée émergent en Europe en tentant de faire le ménage, que ce soit au Pays de Galles où l’on se concentre sur l’émancipation des individus, ou en France où l’on préfère faire la sociologie des milieux de la défense.
Mais la réponse la plus influente et la plus révolutionnaire à ce capharnaüm vient sans doute du chercheur danois Ole Wæver. Difficile de le rater si vous le croisez aujourd’hui dans un colloque : arborant un look d’entraîneur de football, il s’amuse d’un rien et parle très vite avec de grands gestes. Lui qui a un jour commencé un papier de recherche par une citation de Dark Vador est à l’origine du concept de « sécuritisation », autrement dit le fait de « transformer quelque chose en problème de sécurité ».
Cette notion est devenue emblématique de l’école de Copenhague – à ne pas confondre avec l’interprétation de Copenhague en mécanique quantique, même si Wæver nous tweete avec humour que les deux sont sûrement liés – et a fait de la capitale du Danemark « la Mecque des études de sécurité ». Mais ici, « sécurité » n’a pas le même sens banal et quotidien que quand on parle par exemple de sécurité informatique. Voilà pourquoi.
Imaginons que le monde politique normal est un grand jeu de gestion d’une ville. Les joueurs, qui remplissent le rôle des décideurs politiques, s’accordent sur une série de règlements pour que tout se passe bien : pour que les ordures soient ramassées, que la police puisse attraper les criminels, etc. Des débats éclatent parfois sur comment gérer au mieux tel sujet – on parle de sujets « politisés » – mais dans l’ensemble, la vie poursuit son cours.
Entre maintenant le problème de sécurité : un méchant dragon arrive sur la ville et s’apprête à la réduire en cendres. Face à cette menace existentielle, les joueurs ne vont probablement pas continuer à suivre bêtement les règles de leur propre jeu politique – parce que s’ils font cela, il n’y aura plus de jeu ! Pour sauver le jeu, ils vont paradoxalement s’affranchir des règles et mettre en place des mesures d’exception, comme une mobilisation militaire, ou un État d’urgence avec restrictions aux libertés fondamentales comme celui connu en France après les attentats de 2015.
C’est là qu’Ole Wæver arrive avec un plot twist : le dragon, ce problème de sécurité, n’existe pas. Du moins, pas objectivement. Tout comme dire « je promets », dire « sécurité » est un speech act. Dans notre ville-jeu, chaque joueur dispose donc d’une formule magique nommée sécuritisation. En prononçant le mot « sécurité », « dragon » ou équivalent, il peut transformer tout ce qu’il veut en problème de sécurité, et ce en ensorcelant des gens pour leur faire « voir » des dragons.
Certains diront par exemple « le crime est un dragon qui va brûler la ville », et si le sortilège réussit, ils débloqueront ces moyens d’exception qui les mettront au-delà du politique et des simples débats politisés. Ce but ultime est très important, car si on ne cherche pas des mesures exceptionnelles, on ne fait pas de la sécuritisation mais simplement du sensationnalisme.
La sécuritisation marche aussi dans l’autre sens, et un incident peut être minimisé pour ne pas avoir à y appliquer des mesures exceptionnelles. Aux États-Unis, alors que les ouragans majeurs font normalement l’objet de grandes opérations d’aide aux sinistrés, l’ouragan Maria à Puerto Rico en septembre 2017 a ainsi été largement ignoré par l’administration de Donald Trump malgré un bilan humain très lourd.
La sécuritisation doit se faire selon quelques règles de l’art. Voici donc un cas pratique que l’on retrouve régulièrement en tech. Supposons que vous êtes au gouvernement, et que vous voulez faire adopter une loi vous autorisant à espionner les sites web que visitent vos citoyens. Peu importe que vous ayez une bonne ou une mauvaise raison de le faire : vous êtes dans un état de droit, et une telle loi ne passera pas comme une lettre à la poste. Vous êtes l’acteur sécuritisant, personnage généralement issu de l’autorité même si tout le monde peut participer au processus.
Votre but est de persuader un public que les mesures extraordinaires que vous voulez prendre (en l’occurrence, porter atteinte à la vie privée des gens) sont tout à fait justifiées. Dans notre exemple, votre public est constitué de citoyens — nous sommes en démocratie — mais aussi de vos collègues au gouvernement, et surtout des parlementaires d’opposition qui devront laisser passer votre projet de loi. Si tout ce beau monde ne croit pas suffisamment à vos arguments, la sécuritisation échoue.
Pour convaincre, vous avez besoin d’un objet référent que votre public aime, qui suscite les passions, et qui pourrait plausiblement courir une terrible menace existentielle. Parmi quelques objets référents courants, on trouve la sécurité nationale (menace : « le terrorisme »), celle des individus (« le crime »), l’identité nationale (« l’immigration »), la souveraineté (« l’Union européenne »), l’emploi et le pouvoir d’achat (« la mondialisation »), ou encore l’environnement (« le réchauffement climatique », qu’on aimerait plus performatif…). L’important n’est pas que la menace soit réelle ou non, mais que votre public y croît.
Dans votre cas, votre objet référent pourrait être les enfants. La menace serait alors les pédophiles, et en particulier les visiteurs de sites pédopornographiques. Vous faites là le lien entre la menace et les mesures extraordinaires que vous visez. Pour arrêter les internautes se rendant sur tels sites, vous avez besoin de savoir quels sites visitent les gens, et donc d’instaurer des mesures de surveillance.
Ainsi armé, vous pouvez réaliser votre speech act de sécuritisation. Quand on vous interpellera sur le respect de la vie privée dans votre projet de loi, vous pourrez ainsi rétorquer, avec la même élégance qu’un ministre canadien en 2012 : « vous êtes soit avec nous, soit avec les pédophiles ».
La sécuritisation abonde dans les discours politiques autour du numérique, en particulier sur la surveillance. Vous la reconnaîtrez quand une ville justifie l’installation de caméras de surveillance à reconnaissance faciale, écartant les questions de vie privée en affirmant lutter contre des menaces qui deviendraient « pires et pires et pires ». De même quand les autorités françaises valident la conservation massive de données personnelles par les FAI au nom de la « sécurité nationale ». Puis encore quand le patron du FBI considère le chiffrement comme « un problème urgent de sécurité publique ».
Parfois, même les entreprises s’y mettent : quand Apple refuse en 2016 de développer une backdoor pour le FBI, la firme retourne le discours sécuritisant et se justifie par « la sécurité de données de centaines de millions de personnes » qui seraient « en état de siège ». Dans la même veine en 2018, Tim Cook affirme à Bruxelles que nos informations personnelles sont « transformées en armes contre nous avec une efficacité militaire », et l’on voit Apple utiliser des arguments de vie privée pour opérer un spectaculaire black-out dans les QG de Facebook et Google.
Vous l’aurez compris, la sécuritisation est aussi là quand Donald Trump déchaîne le feu et la fureur sur Huawei par les simples mots de « sécurité nationale ». Toute la force du concept s’expose quand l’on voit que des entreprises non américaines comme ARM, Panasonic et Toshiba, pourtant non concernées par le décret de Trump, ont emboîté le pas en se détournant de la firme chinoise.
L’école de Copenhague avertit que la sécuritisation est un jeu dangereux, prompt à outrepasser les gardes fous de la politique normale. Pour Wæver et ses collègues, la gestion des problèmes doit le plus possible relever du débat politisé standard, au lieu d’agiter constamment le drapeau de la menace existentielle. En attendant que nos décideurs fassent preuve de sagesse, nous autres citoyens pouvons apprendre à faire preuve de recul lorsque l’on voit dégainer l’argument sécuritaire.
Alors que la question du maintient d'Android au sein des terminaux Huawei reste en suspens, une fuite précise qu'Android 10 Q devrait être déployé dans le courant du mois d'aout prochain sur une liste de terminaux.
C'est le 20 aout prochain que Huawei sera privé de licence Android si aucun accord n'est trouvé avec les USA pour rétablir la marque chinoise sur la liste blanche des entreprises avec lesquelles les sociétés américaines peuvent collaborer.
P30Pro
Concrètement, les smartphones déjà sortis par la marque sur le marché ne sont pas concernés par cet abandon, mais ils devraient ne pas pouvoir profiter des mises à jour d'Android par la suite.
C'est pourquoi Google et Huawei travaillent actuellement à porter Android 10 Q sur un maximum de références du catalogue de Huawei dans le but de proposer des mises à jour vers le nouvel OS avant que l'embargo ne soit prononcé.
Selon HDBlog.it, 11 smartphones de Huawei pourraient ainsi profiter de la nouvelle surcouche EMUI 10 basée sur Android Q au début du mois d'aout :
Huawei P30 Pro
Huawei P30
Huawei P30 Lite
Huawei Mate 20 Pro
Huawei Mate 20
Huawei Mate 20X 5G
Huawei P Smart 2019
Huawei P Smart+ 2019
Huawei P Smart Z
Huawei P20 Pro
Huawei P20
Sans surprise, ce sont les modèles les plus récents qui sont concernés par cette évolution, mais on retrouve également les P20 et P20 Pro mais aussi de façon plus étonnante le P Smart Z. La liste n'est pas définitive et on pourrait finalement voir Huawei basculer la majorité de ses smartphones vers Android Q juste avant l'embargo, certains smartphones Honor pourraient également avoir cette chance.
Le groupe chinois prévoit une sévère baisse de ses ventes de smartphones sur les marchés internationaux, ses plus fortes zones de croissance.
La mise sur liste noire de Huawei par le gouvernement américain depuis le mois de mai produit déjà ses effets sur les ventes de smartphones hors de Chine, notamment en Europe, zone de forte croissance (encore au premier trimestre) pour le fabricant.
Les analystes ont déjà tenté de chiffrer la baisse des ventes attendues malgré les nombreuses inconnues (maintien de Huawei en liste noire, préparation et mise en service de son propre OS...) mais l'agence Bloomberg indique que le groupe chinois lui-même s'attend à un recul massif de 40 à 60% sur ses ventes hors marché national.
En Chine, le groupe compte capturer plus de la moitié des parts de marché cette année pour tenter de limiter les pertes en dehors. En attendant, le sort de la série Honor 20, dont le premier modèle doit être lancé ce 21 juin, risque d'être vite scellé si le public ne suit pas.
De toute évidence, l'effet sera plus sévère qu'un léger ralentissement de l'activité prédit par le fondateur Ren Zhengfei, même si l'on attend toujours de savoir si le sort de Huawei aux Etats-Unis pourrait être allégé en cas d'accord commercial avec les autorités chinoises ces prochains mois et si l'OS mobile alternatif Hongmeng OS / Ark OS sera finalisé suffisamment vite pour prendre le relais d'Android et des services mobiles de Google.
Voilà ce qui s'appelle un mauvais timing : alors que les utilisateurs de smartphones de Huawei et Honor s'inquiètent de l'avenir de leur terminal depuis la révocation de la licence d'Android de la marque, des publicités sont désormais diffusées sur les smartphones au niveau de l'écran de verrouillage.
Huawei joue un jeu assez dangereux depuis quelques jours : la marque a récemment été placée sur la liste noire des entreprises avec lesquelles les sociétés américaines doivent stopper toute activité, ce qui entraine la révocation de la licence d'Android à la marque chinoise. Huawei planche depuis sur une solution de rechange, mais les utilisateurs des smartphones de la marque s'inquiètent naturellement de savoir ce qu'il en retournera passée la prolongation exceptionnelle de 3 mois accordée par les USA sur ce sujet précis.
Wtf. https://t.co/Fv4RzUmM1D ads on my lock screen. Anyone else with a Huawei getting this? pic.twitter.com/ILI6vs6wVD
— Ed Spencer (@efjspencer) 13 juin 2019
Et voilà que la marque diffuse des publicités pour Booking directement à distance sur l'écran de verrouillage des terminaux signés Huawei et Honor.
L'application Booking est installée par défaut sur les mobiles de la marque grâce à un accord noué entre les deux entités. Mais jamais jusqu'ici Huawei n'avait forcé l'affichage de publicité pour l'application.
@Huawei_Europe Why is there advertisement on my lock screen?! Have I signed up to this in some small print T&C somewhere? pic.twitter.com/w6zS9ysuwk
— RAYZ (@justicefingers) 12 juin 2019
Certains utilisateurs se sont ainsi retrouvés avec leur fond d'écran changé pour un encart publicitaire au niveau de leur écran de verrouillage.
Heureusement, il est possible d'éviter que cela ne se reproduise à l'avenir, il convient alors d'aller dans les paramètres du smartphone, de sélectionner Écran d'accueil et fond d'écran, Deverrouillage magazine, Souscriptions ou Abonnements et décocher la case "voyage".
Lourdement critiqué pour cet épisode, Huawei a indiqué que l'affichage de ces publicités était involontaire et relève d'une fausse manipulation... La marque a également confirmé que les fonds d'écran en question ont été retirés de ses serveurs.
Alors que tout le monde évoque la bascule de Huawei vers Android AOSP, voilà qu'une rumeur évoque le choix d'Aurora, un OS russe méconnu en Europe.
Huawei doit trouver des solutions suite à son placement sur la liste noire des sociétés avec lesquelles les marques américaines doivent stopper leurs activités commerciales. La marque s'est vu retirer sa licence Android et doit ainsi opter pour un autre système à destination de ses smartphones.
Jusqu'ici, nous évoquions un "plan B" développé depuis près de 7 ans déjà autour d'Android AOSP (Open Source Project), soit une base Android nue sans les outils de Google.
Aurora OS
Mais une rumeur évoque désormais la possibilité pour Huawei de préférer Aurora, un OS russe. C'est le journal russe The Bell qui a lancé l'idée, évoquant le fait que Guo Ping, directeur de Huawei s'était récemment entretenu avec Konstantin Noskov, ministre des télécoms russe.
Si Aurora ne vous parle pas vraiment, il était autrefois connu sous le nom de Sailfish OS et est basé sur Linux. L'avantage d'Aurora, c'est sa capacité à lancer des applications Android et d'avoir également le soutien du gouvernement russe qui aide à son développement.
Reste qu'à se rapprocher de la Russie, Huawei pourrait jouer un jeu dangereux et confirmer les accusations d'espionnage organisé au fil de ses dispositifs qui sont à l'origine de son bannissement des USA...
La révocation de la licence Android de Huawei n'était pas véritablement une surprise pour la marque chinoise qui se préparait à une situation de ce genre depuis plusieurs années déjà.
Selon le South China Morning, Ren Zhengfei, le fondateur du groupe Huawei aurait déjà tenu une réunion à huis clos en 2012 visant à préparer sa société à remplacer l'écosystème Android. Cela ferait donc déjà 7 ans que Huawei anticipait la fin des accords avec Google et l'exploitation d'Android sur ses terminaux.
Huawei P30 Pro 08
En 2012, le spectre de la révocation de la licence d'Android inquiétait déjà la marque, qui a donc étudié la question tout en profitant du confort apporté par Android au fil des années jusqu'à maintenant. Cela fait donc 7 ans qu'une version alternative d'Android est en développement dans les bureaux de Huawei, qui aurait également fait de même avec Windows.
Pour ne pas trop s'éloigner des applications favorites des utilisateurs et pour plus de commodité, Huawei est resté focalisé sur la branche open source d'Android. Si la marque n'avait pas développé ce plan B au fil des années, il aurait été improbable de voir Huawei sortir son propre OS aussi rapidement .
D'ailleurs, la marque est plutôt réactive puisque selon ChinaDaily, Huawei aurait déjà produit plus d'un million de smartphones dotés de HongMeng OS.
Selon certaines rumeurs, Huawei aurait mis sa division PC en pause, le temps de trouver des alternatives à la fourniture de composants et logiciels américains.
L'inscription de Huawei sur la liste noire des entreprises avec lesquelles les entreprises américaines ne doivent plus avoir de partenariat commercial aurait entrainé la mise en suspend des activités de la marque dans le domaine des PC.
Si l'on parle beaucoup de la révocation de la licence Android de Huawei, la marque chinoise est également largement impactée dans ses activités au niveau des composants. Mais si Huawei développe et produit la majorité des puces intégrées à ses smartphones, il n'en est pas de même avec les PC, notamment la série MateBook qui voit donc sa production stoppée.
Actuellement, Huawei ne peut plus s'approvisionner en composants américains, notamment en processeurs... Mais Windows 10 est également concerné par l'embargo, ce qui pose un véritable problème pour l'assemblage et la commercialisation de PC. Huawei aurait ainsi demandé à ses fournisseurs de ne plus alimenter les usines d'assemblage de ses MateBooks. La marque aurait fait des stocks de composants dédiés aux smartphones, mais pas eu suffisamment de temps pour en faire de même pour ses PC.
Concernant Windows 10, Huawei travaillerait déjà depuis quelques années à une alternative qui pourrait sortir d'ici la fin de cette année. Richard Yu évoquait récemment la possible sortie d'un nouvel OS pour PC dès cet automne en Chine et dans le reste du monde en 2020. On ne sait toutefois pas pour l'instant si ce dernier sera une création originale ou un environnement basé sur Linux.
Huawei risquant de ne plus pouvoir proposer d'accès au Google Play Store et les applications mobiles étant le nerf de la guerre, le groupe semble chercher à inciter les développeurs à se tourner vers son propre portail AppGallery.
La révocation de la licence Android ne donne en principe plus la possibilité à Huawei de proposer les services mobiles de Google sur ses futurs smartphones, dont l'accès au portail Google Play Store et ses centaines de millions d'applications.
Dans l'hypothèse où cette situation serait amenée à durer, Huawei prépare un OS alternatif dans lequel il pourra toujours insérer ses propres services mobiles. Ce sont ces services que l'on trouve déjà sur les appareils mobiles du groupe chinois et qui font souvent doublon avec les services de Google.
Face au Google Play Store, Huawei peut ainsi opposer son propre portail de téléchargement AppGallery. Cependant, beaucoup moins bien doté que celui de Google, il faudra l'étoffer, l'histoire ayant montré le rôle essentiel des applications dans le succès d'un OS mobile.
Le site XDA Developers relate que des développeurs ont été approchés par email pour les inciter à proposer leurs logiciels sur le portail AppGallery. Dans son email de présentation, Huawei revendique 270 millions d'utilisateurs mensuels et une base de 350 millions de smartphones vendus ces deux dernières années, dont la moitié sur les marchés occidentaux.
Pour le groupe chinois, la difficulté ne sera pas tant de remplir son portail de nombreuses applications mais bien de disposer des applications qui comptent et sont réclamées par les utilisateurs, dans un perpétuel équilibre entre quantité et qualité.
En tant que numéro deux mondial, Huawei dispose en effet d'une solide base d'utilisateurs de ses smartphones mais il reste à voir si certains développeurs, notamment nord-américains, accepteront de prendre le risque d'être présents sur le portail du fabricant chinois.
A défaut, Huawei pourrait toujours mettre en avant d'autres portails de téléchargement d'applications Android. La plate-forme portugaise Aptoide bataille depuis plusieurs années pour gagner en visibilité et accuse régulièrement Google d'abus de position dominante dans la distribution d'applications mobiles.
La guerre commerciale s'est intensifiée depuis que Washington a augmenté début mai les droits de douane sur des produits chinois. Elle se double désormais d'une guerre technologique : l'administration Trump a interdit aux sociétés américaines de vendre des technologies à Huawei, numéro deux mondial des smartphones, mettant en péril l'approvisionnement crucial du Chinois en puces électroniques.
Face à Trump, médias officiels et responsables politiques chinois agitent désormais la menace d'une réduction des exportations de terres rares vers les Etats-Unis -- ce qui pourrait priver Washington d'une ressource cruciale pour la haute technologie. Car la Chine assure plus de 90% de la production mondiale de cet ensemble de 17 métaux, indispensables aux technologies de pointe et que l'on retrouve dans les smartphones, les écrans plasma, les véhicules électriques mais aussi dans l'armement.
Il y a tout juste un mois, se tenait discrètement à Washington, une réunion organisée par le Benchmark Mineral Intelligence. Étaient conviés des entreprises minières, des autorités de régulation, des élus du Congrès et du Sénat et des industriels. À l’ordre du jour de cette réunion, un sujet des plus brûlants : l’approvisionnement en matières premières et notamment en terres et minerais rares. Parmi les industriels, Tesla, le premier fabricant américain de véhicules électriques lance un message d’alerte sur le risque de pénurie imminente de minerais pour fabriquer ses batteries et ses voitures.
Il convient de préciser que ces véhicules électriques de dernière génération utilisent deux fois plus de métaux rares qu’une voiture ordinaire à moteur thermique. Pour fabriquer les 130 millions de véhicules électriques programmés d’ici 2030, il faudra trouver trois millions de tonnes de cuivre, plus d’un million de tonnes de nickel et 260 000 tonnes de cobalt. Du côté des industriels du numérique, la situation n’est pas meilleure où les seuls assistants à domicile de Google et Amazon exigent des millions de tonnes de cuivre et autres métaux rares pour leur fabrication.
Autant de minéraux stratégiques, indispensables à tous les équipements électroniques. « Ces minéraux critiques sont souvent ignorés mais sans eux la vie moderne serait impossible », a déclaré Wilbur Ross, le secrétaire américain au Commerce, affirmant que le gouvernement fédéral « prend des mesures sans précédent pour s'assurer que les Etats-Unis ne seront pas coupés de ces matériaux vitaux ». Et le ministre de lister 35 éléments stratégiques dont l'uranium, le titane et les terres rares, pour lesquels les Etats-Unis sont particulièrement dépendants de l'étranger. Pour quatorze des minéraux listés, « les Etats-Unis n'ont aucune production nationale et dépendent complètement des importations », note le rapport du secrétariat d’État au Commerce.
Le problème, c’est que la plupart de ces minerais viennent de Chine. L’empire de Xi Jinping, en délicatesse avec Donald Trump, pour employer un euphémisme, produit l'essentiel des terres rares de la planète, un ensemble de 17 métaux indispensables aux technologies de pointe.
LIRE DANS UP : Terres et métaux rares : l’arme fatale de la Chine dans la guerre économique
Et dans le bras de fer commercial entre la Chine et les États-Unis, Pékin s'est plu à rappeler cette dépendance. Le 22 mai dernier, au moment où Trump alourdissait les sanctions contre le géant chinois Huawei, Xi Jinping est allé tranquillement visiter une usine de traitement de ces métaux stratégiques ; une manière subtile de laisser planer la menace de bloquer les exportations.
Une semaine plus tard, le message était encore plus clair. « Si quelqu'un veut utiliser des produits fabriqués à partir de nos exportations de terres rares pour freiner le développement de la Chine, alors je pense que (...) le peuple chinois sera mécontent », a mis en garde un responsable de la puissante agence de planification économique.
Mardi 4 juin, la menace s'est faite plus précise. La puissante agence de planification économique chinoise a tenu une réunion sur un possible « contrôle des exportations » de terres rares. « Selon les suggestions des spécialistes (...) nous devons renforcer les contrôles à l'exportation et établir un mécanisme de traçabilité et d'examen pour l'ensemble du processus d'exportation des terres rares », a indiqué la NDRC à l'issue de cette réunion.
Que se passerait-il si la Chine menait ses menaces à exécution ? Un précédent existe. Il remonte à 2010 quand, en représailles à un différend territorial, Pékin avait brutalement interrompu ses exportations de terres rares vers le Japon, mettant les entreprises de hautes technologies nippones en grandes difficultés.
Aussi Washington réfléchit à un plan d’action. L’administration Trump compte ainsi accélérer la recherche, le développement et le déploiement de méthodes de recyclage et de réutilisation de ces minéraux stratégiques, trouver des alternatives et aussi diversifier l'approvisionnement et améliorer les processus d'extraction, de séparation et de purification. De fait pour certains des minéraux concernés, les Etats-Unis disposent bien de la matière première mais pas du savoir-faire pour les rendre utilisables par l'industrie.
Washington compte aussi renforcer la coopération et améliorer le commerce international de ces minéraux avec ses alliés. On pense ainsi à la Corée du Sud qui produit 20 à 30 % de certaines des terres rares utilisées dans le monde.
Le plan stratégique prévoit également de faire un recensement précis des ressources naturelles disponibles dans le pays pour pouvoir les exploiter. Mais il compte aussi faire la nomenclature de sources d'approvisionnement moins traditionnelles, comme l'extraction à partir de l'eau de mer ou de déchets du charbon. Et comme elle l'a fait pour d'autres industries, l'administration veut déréguler pour accélérer les choses. Le gouvernement veut enfin s'assurer qu'il disposera de la main-d’œuvre qualifiée nécessaire pour mener à bien son projet et bâtir une base industrielle nationale solide. En aura-t-il le temps ?
La menace sur les terres rares ne concerne pas que les États-Unis. L’Europe aussi est extrêmement dépendante des importations étrangères et principalement chinoises. Le continent se met donc à explorer son potentiel minier. Signe encourageant, la découverte d’importantes ressources de lithium au Portugal et de tungstène en France, en Ariège. Des ressources dont l’extraction posera d’immenses questions environnementales. Signe des temps, lors du premier Conseil de défense écologique, qui s’est tenu à l’Élysée le 23 mai dernier, le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy a tracé les grandes lignes d’un projet de réforme du code minier qui devrait être mise en place d’ici la fin de l’année.
Faute d'accès à l'Android de Google, Huawei prépare son propre OS mobile alternatif. Ce serait finalement Oak OS et il serait prêt pour un lancement après l'été.
Google (à son regret) ne peut en principe plus proposer ses services mobiles au sein d'Android au groupe Huawei, désormais placé en liste noire des entreprises honnies des Etats-Unis.
La firme chinoise avait en réserve une ébauche d'OS mobile alternatif qu'elle gardait en prévision d'une telle éventualité (ou d'un désaccord avec Google / Alphabet) et dont le développement s'est doute accéléré ces derniers mois sous l'effet de l'intensification des menaces.
De source asiatique, cet OS mobile alternatif se nommerait finalement Oak OS (et non Ark OS ?) à l'international et HongMeng OS en Chine et il serait finalisé dès l'automne.
android
Pour le moment, Huawei bénéficie de 90 jours de répit, ce qui lui laisse jusqu'au 19 août pour s'organiser...ou espérer qu'un accord sera trouvé d'ici là entre les Etats-Unis et la Chine dans la guerre commerciale qui les oppose.
Ce système alternatif est sans doute un fork d'Android et pourra accueillir ses applications mais sans pouvoir passer par le Google Play Store pour les télécharger. Huawei dispose déjà d'un certain nombre de services développés en interne et proposés sur ses smartphones, beaucoup faisant jusqu'à présent doublon avec ceux de Google.
Risquer de perdre le numéro deux mondial des ventes de smartphones pour la diffusion de sa plate-forme mobile Android n'est pas forcément du goût de Google mais il faut ici jongler entre les argumentaires pour affirmer qu'un OS mobile alternatif pourrait être pire pour la sécurité nationale que le maintien d'Android sur les smartphones Huawei...