On en voit fleurir un peu partout de temps en temps, le plus souvent de façon éphémère. Mais à Telluride (Colorado), c’est une véritable institution : la freebox (littéralement « boîte gratuite »). Elle remonte aux années 1970 (née le 12 mars 1976, elle fêtera bientôt son anniversaire), et fait partie d’un héritage hippie-baba cool toujours bien présent dans la petite sœur d’Aspen, où (presque) tout le monde roule à vélo et mange vegan.
Le principe est simple : quand les habitants ne veulent plus d’un objet, d’un livre ou d’un vêtement, ils le déposent dans cette espèce de grande étagère en bois, située à l’angle de North Pine street et de Colorado avenue (la rue principale). Là, tout le monde peut venir se servir, des nécessiteux aux touristes. Ils sont encouragés à y mettre quelque chose en retour, pour favoriser l’échange. Ce système évite aux Américains d’organiser leurs (encore plus célèbres) ventes de garage. On peut y dénicher de véritables trésors : un écran plat y a déjà été déposé et la meilleure période reste la fin de la saison de ski, où les vacanciers laisseraient des équipements complets ! Qui sait, vous trouverez peut-être la chemise à fleurs de Tom Cruise, dans « Cocktail« ! (Il y a ses quartiers, comme Oprah Winfrey, Oliver Stone ou Sylvester Stallone, et a mis son chalet en vente pour 59 millions de dollars).
On y a débarqué en juillet, lors de notre roadtrip 2014. On s’est retrouvés tout couillons devant cette boîte gratuite ! On a bien rigolé avec nos homologues de box, venus en famille ou en couple chercher un petit souvenir. Il y avait des trucs pas mal. Rien qui plaisait à JP (c’est con, toutes ses fringues étaient dans la valise perdue et il en aurait bien eu besoin), mais Delphine a dégoté un jean super grunge et un chemisier à pois tout neuf, qui portait encore une étiquette. Elle le remet avec émotion.
La freebox, ouverte 24 heures sur 24, a son groupe Facebook (3000 likes). Elle est régulièrement menacée : son sort revient souvent sur la table au conseil municipal. Certains la prenant parfois pour une décharge, évacuer coûte cher à la collectivité. D’où une charte de bonne utilisation, qui tient en cinq commandements :
Une économie du partage qui dure depuis plus de 40 ans, bien avant la 2.0 qui envahit le net.
D’autres free boxes existent aux États-Unis (Crestone au Colorado, Isla Vista en Californie) et au Canada. On a déjà eu l’occasion de voir un système similaire : une bibliothèque commune, en plein désert, elle aussi dans une boîte, à quelques kilomètres de Chiricahua National Monument (Arizona). Un système très souvent utilisé aux États-Unis.
Vous connaissez d’autres initiatives de ce type aux États-Unis ou ailleurs ?