ÉCLAIRAGE - L'Insee explique, ce vendredi 31 juillet, produire certaines statistiques ethniques avec un important encadrement. Leur fonction : "connaître la diversité de la population, mesurer les inégalités, parfois les discriminations."
C'est un débat souvent rouvert, avec des avis qui divergent au sein même de l'exécutif : devrait-on autoriser les statistiques ethniques ? Pourtant, celles-ci existent déjà en France, mais de façon "strictement encadrée", a souligné l'Insee ce vendredi 31 juillet.
Contrairement aux idées reçues, "la statistique publique produit des statistiques ethniques", souligne l'institut dans un billet de blog, évoquant "une pratique ancienne, encadrée et évolutive". "Des données et des études d'une grande richesse sont ainsi disponibles sur les immigrés et leurs descendants, couvrant des domaines variés de la vie sociale", rappelle-t-il.
Plutôt que la couleur de peau, ces statistiques sont basées principalement "sur la nationalité à la naissance et sur le pays de naissance des personnes" et de leurs proches. Leur fonction : "connaître la diversité de la population, mesurer les inégalités, parfois les discriminations."
Prise en compte du "ressenti d'appartenance"
Parmi les statistiques ethniques, l'Insee prend en exemple le recensement de la population, qui "recueille la nationalité des personnes", mais aussi les "enquêtes emploi", publiées chaque trimestre et pour lesquelles plus de 100.000 personnes sont systématiquement interrogées. Ces enquêtes "comprennent des questions sur le pays de naissance et la nationalité" de la personne interrogée et "des personnes qui vivent sous le même toit et des parents des enquêtés."
Mais les études ne prennent plus seulement en compte des critères objectifs, comme la nationalité de la personne ou de ses proches. Les statisticiens ont aussi la possibilité depuis quelques années d'interroger leurs interlocuteurs sur leur "ressenti d'appartenance", dans le cadre des enquêtes "Trajectoires et origines" qui étudient la diversité ethnique en France.
La collecte et le traitement de données dites "sensibles", comme "l'appartenance ethno-raciale réelle ou supposée", sont en théorie interdites en France, à la différence des pays anglo-saxons, où les politiques ciblées et les quotas sont autorisés. Mais la loi permet des exceptions "à des fins de recherche scientifique ou historique".