Les dos d’âne sont-ils dangereux ? Il y en a 400.000 en France et il semble que la réponse soit positive, pour la plupart, selon des associations d’automobilistes qui ont décidé de porter cette affaire en justice. À Toulon, le tribunal administratif va se pencher sur la question, et des centaines de ralentisseurs pourraient être détruits dans la région.
En effet, ils ne respecteraient pas la hauteur réglementaire, et seraient à l’origine de nombreux accident. "On a listé ces ralentisseurs en prenant des photos. Notamment, ils ne peuvent pas être implantés sur une route où il y a une très forte circulation, plus de 3.000 véhicules par jour", explique Me Gaulmin, avocat des deux associations à l’origine du recours.
L’avocat ajoute que les dos d’âne sont souvent trop hauts. "La norme maximale exige une hauteur maximale de 10 cm. On a beaucoup de ralentisseurs qui mesurent 15 cm, 20 cm, voire 25 cm", précise-t-il.
Par ailleurs, sans nier l’utilité de ces dispositifs notamment dans les zones habitées, l’association Mobilité sereine et durable pointe des dangers pour la santé des conducteurs. "C’est tout simplement le problème du tassement de la colonne vertébrale, qui à un moment donné à force de passages répétés sur des ralentisseurs, crée un problème de blocage du dos. Il faut savoir qu’un chauffeur de bus, en moyenne, c’est 300 ralentisseurs par jours", indique Thierry Modolo, président de l’association.
Selon cet automobiliste, ce ralentisseur est illégal et il souhaite que le département lui rembourse les 2.500 euros que lui ont coûté les réparations.
"Ce n’est pas normal que les règles ne soient pas respectées." Interrogé sur France Bleu Provence, qui révèle cette affaire, Kévin Marchal ne décolère pas. Cet automobiliste de 21 ans a abîmé sa Mercedes en passant sur un dos-d’âne à Hyères, dans le Var. De quoi lui occasionner 2.500 euros de réparation sur son véhicule. Mais il n’a pas l’intention de les payer lui-même : il a envoyé un courrier au Conseil départemental du Var en joignant la facture du garagiste. Pour lui, c’est à l’administration de régler la note (ou plutôt de lui rembourser ici), car elle est propriétaire de la voie où ce ralentisseur, qui serait hors-la-loi, se trouve.
Kevin Marchal a raconté son accident à France Bleu : "Vers 22h, j'emprunte la montée du Thouar en direction de l'avenue 83. Je vois le panneau "30", je ralentis mais je ne vois absolument pas le dos-d'âne. Les marquages au sol sont effacés, il n'est pas éclairé. Il y a un gros choc avec un gros bruit métallique puisque tout le soubassement de ma voiture frotte sur le ralentisseur", a-t-il expliqué, ajoutant que "le pare-chocs, le tube d'échappement a été arraché ainsi que le carter de boîte de vitesse". Selon lui, ce dos-d’âne serait illégal : il mesurerait 26 centimètres de haut, alors qu’un décret de 1994 fixe leur hauteur maximale à 10 centimètres.
Lire aussi - Une association d’automobilistes part en guerre contre les dos-d’âne
Ce n’est pas le premier à s’en prendre au Conseil départemental du Var concernant des ralentisseurs "hors-la-loi". L’association "Pour une mobilité sereine et durable" a décidé d’attaquer en justice l’administration ainsi que la ville de Toulon à ce sujet : 700 ralentisseurs ne respecteraient par la loi dans le département, tout comme 800 dans la métropole de Toulon. Les ralentisseurs de type dos-d’âne ne doivent pas faire plus de 10 centimètres de haut et 4 mètres de longueur, et ne peuvent être implantés que sur une route ponctuellement limitée à 30 km/h ou dans une zone 30, occuper toute la chaussée et être indiqués par trois triangles blancs sur la partie montante. Le Conseil départemental du Var n’aurait en tout cas pas encore répondu à cet automobiliste en colère.
Ils se plaignent des ralentisseurs qui seraient illégaux, car placés sur des voies de desserte de transport public de personnes.
"Vous passez sur des dizaines de dos-d'âne chaque jour. À force, le dos en prend forcément un coup." Interrogée dans les colonnes de l’Est Eclair, Stéphanie est lassée. Comme elle, plusieurs conducteurs de bus des Transports en Commun de l'Agglomération Troyenne (TCAT) en ont "plein le dos", explique le quotidien régional.
La faute aux dos-d’âne sur lesquels ils passent quotidiennement avec leur véhicule, un peu partout dans l’agglomération, et desquels ils se plaignent depuis plusieurs années.
Des ralentisseurs qui sont illégaux, selon l’Est Eclair, car placés sur des "voies de desserte de transport public de personnes". Ce qui est interdit depuis 1994 par un décret, mais les municipalités n’hésitent pas à passer outre celui-ci.
Les ralentisseurs du type d’os d’âne ou trapézoïdal, sont aussi notamment interdits « sur les voies à grande circulation, sur les voies supportant un trafic poids lourds supérieur à 300 véhicules en moyenne journalière annuelle, (…) ainsi que sur celles desservant des centres de secours, sauf accord préalable des services concernés", selon ce décret.
A Troyes, une conductrice de bus est en arrêt depuis fin juillet : de nouveaux ralentisseurs, non signalés, lui ont occasionné des douleurs au dos. "Arrivée au terminus, la conductrice a été prise de vives douleurs aux lombaires. Les pompiers ont dû intervenir pour l'emmener aux urgences de l'hôpital de Troyes. Elle est aujourd'hui en arrêt de travail", explique Denise Prugnot, déléguée syndicale UNSA au sein de la TCAT.
La société de transport a évoqué la possibilité de mettre des kinésithérapeutes à la disposition de ses conducteurs, mais ce dispositif n’a pas encore été appliqué
En plein pic de pollution atmosphérique, l’Association pour une mobilité sereine et durable enrage contre les infrastructures routières qu’elle accuse d’accentuer les rejets toxiques.
La chaleur estivale ne fait que commencer mais Thierry Modolo est déjà en surchauffe.
Le président de l’association "Pour une mobilité sereine et durable", en guerre depuis des lustres contre les ralentisseurs et autres dos d’âne, trouve dans l’épisode de canicule et surtout dans ses conséquences sur la qualité de l’air de nouveaux arguments.…
Cet homme a trouvé la bonne astuce. Après avoir heurté sa voiture sur un ralentisseur, il a réussi à prouver que celui-ci n'était pas aux normes.
ne Ferrari et un dos d’âne, en général ça ne fait pas bon ménage. Et c'est bien sûr le cas ici. En franchissant ce ralentisseur installé à Roquebrune-sur-Argens, une commune du Var, la sportive italienne, dont la garde au sol n'excède pas l'épaisseur d'une sole meunière, vient heurter le béton. La peinture rouge est arrachée ; le spoiler avant, légèrement endommagé, rapporte Nice Matin.
Le propriétaire, un habitant de Roquebrune-sur-Argens, est évidemment rouge de colère. Il va alors avoir l'astucieuse idée de se renseigner sur les normes qui régissent ces dos d'âne artificiels. Et fait constater par huissier que celui-ci n'a pas les dimensions légales. La mairie a bien demandé une contre-expertise, mais a perdu. L'ouvrage était légèrement trop haut, un petit centimètre.
Et du coup, cerise sur le ralentisseur, le propriétaire de la Ferrari va être indemnisé : 2.000 euros de réparation de carrosserie et remboursement des frais d'huissier. Belle victoire du cheval cabré sur un dos d’âne. De peur que les pilotes de Porsche, Maserati, Lamborghini se manifestent, la mairie va faire expertiser tous les autres ralentisseurs.