La directive européenne sur les liens hypertextes pourrait amener le géant à arrêter Google Actualités.
(CCM) — L'arrêt de Google Actualités en Europe est un scénario actuellement à l'étude chez Google. C'est en tout cas ce qu'affirme un vice-président du géant californien dans un entretien au Guardian. Si la taxe sur les liens hypertextes est votée dans le cadre de la directive européenne sur le droit d'auteur, ce pourrait être la fin de Google Actualités.
L'article qui pose problème dans la directive sur le droit d'auteur est l'article 11, qui prévoit de taxer les liens sortants vers les médias et sites de presse. Depuis le début des discussions, le projet est controversé. D'un côté, les associations de défense des libertés numériques lui reprochent de saper la base de ce qui fait le web : les liens. De l'autre, les géants américains ne veulent pas entendre parler d'une obligation de rémunérer les producteurs des contenus publiés sur Internet alors que leurs services sont gratuits.
D'après le vice-président de Google rattaché aux médias, Google Actualités n'utilise pas directement le contenu créé par les médias en ligne. L'application mobile et le site web du service ne sont que des intermédiaires entre les internautes et les sites de presse. Google Actualités ne fait que rediriger l'audience, et il le fait gratuitement, pour les éditeurs comme pour les internautes.
Reste que la Commission Européenne a bien l'intention de réformer les pratiques du droit d'auteur pour les adapter aux usages numériques du XXIe siècle. La monétisation des liens hypertextes est défendue par les autorités européennes, mais également par les agences de presse. Celles-ci y voient la possibilité de rémunérer la production de leurs fils d'actualités. Jusqu'à maintenant, la plupart des services d'agrégation de contenus comme Google Actualités référencent leurs articles sans contrepartie. En 2016, une étude de la Commission Européenne montrait que 47 % des internautes s'informent sans cliquer sur un seul lien.
En 2014, l'Espagne avait adopté une loi similaire prévoyant de taxer les clics sur les liens hypertexte. Immédiatement, le service Google Actualités avait fermé en Espagne. C'est ce scénario que Google étudie, mais à l'échelle européenne cette fois. Pour l'écosystème des éditeurs de sites d'informations, ce serait une véritable révolution.
Au-delà de l'usage de l'application Google Maps, le service de Google alimente un écosystème habitué de longue date à une quasi-gratuité. Aujourd'hui, Google change les règles.
Mise à jour du 16 juillet 2018 : la mise à jour tarifaire de Google Maps est entrée en vigueur après quelques semaines de retard. Les développeurs qui utilisent la Google Maps Platform ont pu recevoir un courriel.
Cela signifie en pratique que des sites pourraient voir leur utilisation de Google Maps invalidée par Google (s’ils n’ont tout simplement pas accepté les nouvelles CGU) — cela concernera les pages jamais mises à jour. Les gros utilisateurs qui ont bien compris l’augmentation tarifaire qui les attend devront s’y tenir… ou changer rapidement de plateforme. Une source qui a préféré rester anonyme nous indique que des délais ont pu être accordés à des professionnels qui n’auraient pas eu le temps de plancher sur le sujet.
Demain, les sites web avec des modules de cartographie non fonctionnels devraient commencer à apparaître.
Article original du 9 mai 2018 : On en a lu beaucoup, des chaînes d’e-mail ou de publications sur les réseaux sociaux qui disaient que tel ou tel service allait devenir payant. Alors quand cela arrive véritablement, on a un peu de mal à y croire. C’est pourtant ce que les utilisateurs professionnels de Google Maps ont découvert début mai 2018. Coupons court à toute polémique : l’application que vous utilisez sur votre smartphone nommée Maps ou la version web de Google Maps ne devient pas payante. C’est l’utilisation par les entreprises du service de Google qui va être monétisé… ce qui crée un vent de panique, plutôt justifié.
Mais de quoi est-il question ? Grosso modo, d’une nouvelle tarification qui entre en vigueur le 16 juillet 2018 — initialement le 11 juin, Google a pris du retard — et dont les détails peuvent être consultés sur cette page. Avant cela, Google laissait les entreprises utiliser Google Maps de manière assez libre, les seuils de vues qui déclenchaient une tarification n’arrivant qu’assez tard. Une carte dynamique pouvait s’afficher 25 000 fois par jour sur un site sans que l’entreprise qui l’a affichée ne débourse un centime. Les nouveaux tarifs sont radicalement différents : la même carte dynamique est gratuite pour 28 000 affichages… par mois. La tarification se fait ensuite au pack de 1 000 vues supplémentaires et est dégressive une fois un certain palier atteint.
D’après Fabien Nicollet, développeur spécialisé sur les applications professionnelles cartographie pour Business Geografic contacté par Numerama, les gros utilisateurs de Google Maps ne risquent rien : ils paient déjà Google pour une utilisation massive de données de géolocalisation.
On fait allusion ici aux sites de réservation touristique ou de cartographie GPS personnalisée, faisant autant d’appels à Google Maps qu’ils ont de visiteurs. Mais l’interface de programmation (API) de Google Maps n’est pas utilisée que par des mastodontes du web : startups, développeurs indépendants et TPE-PME utilisent aussi ces outils — c’est d’ailleurs l’une des API les plus utilisées au monde.
Un changement brutal
Pour ces entreprises qui dépassent les quotas gratuits, les choses vont changer du jour au lendemain : elles vont devoir payer, parfois cher, pour un service qui a longtemps été mis à disposition gratuitement. Les usages qui entrent dans le quota gratuit ne paieront rien, mais les utilisateurs devront tout de même renseigner leur carte bancaire pour continuer à utiliser Maps. « On parle de toutes les utilisations de l’API Google Maps, soit des centaines de milliers, voire des millions de pages internet, poursuit Fabien Nicollet. Pour ces entreprises, si elles n’ont pas renseigné de carte bancaire dans leur Google Console, c’est rideau. On ne sait pas encore sous quelle forme apparaîtront les cartes, mais a priori, cela ne fonctionnera plus. »
Le risque est de se retrouver avec un site qui affiche un message d’erreur à la place d’une carte. Et ce risque concerne tous les utilisateurs, du petit restaurant qui n’a qu’une centaine d’affichages par mois et qui ne sera jamais facturé au site du gouvernement qui utilise Google Maps : même les utilisateurs qui resteront dans la tranche gratuite devront renseigner une carte bancaire pour pouvoir continuer à utiliser l’API Google Maps.
Une énorme partie de ces utilisateurs qui ont un usage personnel des API de Google Maps, ne verront donc pas de changement, si ce n’est une mauvaise surprise le jour où ils constateront que le site de leur petite boutique affiche une erreur sur la page « Où nous trouver ». Mais pour toutes les entreprises de taille moyenne dont le cœur de métier est la cartographie, cela ne laisse qu’un mois pour se préparer. Et les options ne sont pas nombreuses : le concurrent ouvert Open Street Maps (OSM) ne propose pas autant de services que Google Maps. « OSM peut être gratuit, mais il ne propose pas ce que Google Maps propose : géocodage, itinéraire, Street View, Google Places, etc. », précise Fabien Nicollet.
Pour Christian Quest, ingénieur qui a consacré une publication Medium au sujet, ces difficultés doivent être converties le plus rapidement possible en opportunités : entre les business qui paient de toute façon leur utilisation de Google Maps et les particuliers ou petits qui ne verront pas de changement, se dresse aujourd’hui un marché sur lequel une concurrence aurait tout intérêt à s’implanter.
Et en effet, toutes ces entreprises pour qui l’abonnement sera devenu trop cher seront à la recherche d’alternatives moins onéreuses pour répondre à des besoins spécifiques que seul Google Maps était capable de proposer.
À bon entendeur.