bjectif 100.000 bornes de recharges électriques d'ici à décembre. C'est la promesse du gouvernement. Mais cela sera t-il suffisant pour faire face à la demande exponentielle, et au boom des voitures vertes ? En attendant, entre les bornes hors service ou occupées, recharger son électrique ou son hybride en dehors de chez soi est souvent synonyme de galère.
Confinement ou pas, malgré la crise, les ventes de voitures électriques ont donc bondi, +180% par rapport à 2019. Et visiblement, tous ceux qui sont passés à l'électrique ne le regrettent pas. L'essayer c'est l'adopter ! C'est ce qui ressort d'un sondage que vient de publier l'Avere auprès des utilisateurs de véhicules électriques. Tous les propriétaires d'une voiture pure électrique ou hybride se disent satisfaits à 96 %. 70 % sont même très satisfaits. C'est donc un plébiscite.
Ce qui séduit le plus ces nouveaux propriétaires, c'est le confort de conduite, l'absence de bruit. Ensuite l'entretien plus facile, avec une électrique, plus de vidange par exemple. Au final le coût est inférieur de 15 à 20 % par rapport à une essence ou un diesel. Avec aussi un budget carburant divisé par deux ou trois...
Mais dans ce portrait idyllique, il y a un hic : les bornes de recharge. C'est le principal point noir. Les utilisateurs estiment recharger leur véhicule 3 fois par semaine, en moyenne. Principalement à leur domicile. 300.000 points de recharge privées c'est 10 fois plus que les bornes publiques. Et lorsque les automobilistes doivent se brancher à l'extérieur, c'est carrément l'agacement. Près de 70% se déclarent insatisfaits des bornes publiques car trop souvent en panne voire occupées par des voitures essence ou diesel garées à ces places qui leur sont théoriquement réservées.
Ionity a décidé de changer les règles du jeu. Le réseau européen de recharges ultra-rapides, financé entre autres par Audi et Mercedes, va changer sa grille tarifaire. Et le prix du plein va exploser.
Exit le forfait fixe de 8 euros. Pour recharger sa voiture électrique sur autoroute, Il faudra désormais payer au kilowattheure consommé et la facture finale devrait être bien plus salée. Il en sera ainsi sur les bornes de recharge Ionity, sur l’ensemble du réseau européen. L’opérateur a décidé de changer ses prix à partir du 31 janvier prochain et facturera à l’énergie consommée, soit 0,79 euro par kilowattheure (kWh). Avec 202 bornes déployées à travers l’Europe et un objectif de 400 stations avant la fin 2020, Ionity est l’un des principaux acteurs de la recharge de voitures électriques. En France, le service, co-financé par certains constructeurs majeurs tels que Ford, BMW Mercedes ou encore le groupe Volkswagen, compte 40 stations, toutes sur des aires d’autoroute. À ce titre, il est l’un des principaux pourvoyeurs d’énergie pour les propriétaires de véhicules zéro émission et un passage obligé lorsqu’on souhaite entreprendre de longs trajets en voiture électrique. Cependant, la donne pourrait changer.
Ionity - Charger la batterie de 95 kW de l'Audi e-Tron coûtera 75 euros sur le réseau Ionity.
En effet, au lieu des 8 euros forfaitaires payés jusqu’ici, un automobiliste qui souhaiterait recharger 100 kWh devra s’acquitter d’un facture de près de 80€. Pour une voiture électrique consommant en moyenne 20 kWh/100 km, le prix du kilomètre parcouru passe à 0,16 euros alors qu’il oscille entre 2 et 3 centimes dans le cadre d’une recharge à domicile.
Rouler en Zoé coutera plus cher qu'en Clio
Prenons, par exemple, le cas d’une Renault Zoé, dont la consommation moyenne est estimée justement à 20 kWh/100 km. Si l’on applique les nouveaux tarifs de Ionity, il en coûtera 15,80 euros à son propriétaire pour parcourir 100 km. Le même trajet dans un véhicule thermique équivalent, une Clio par exemple, revient à moins de 10 euros pour 100 km si l’on prend pour référence un prix du carburant de 1,50 euro/l et une consommation théorique de 6,0l/100 km. C’est donc un fait, le plein d’électricité sur autoroute coûtera plus cher que le plein d’essence ou de diesel.
Cette augmentation pour le moins surprenante, Marcus Groll, vice-président de Ionity, la justifie par la qualité de « service unique » et la « puissance inédite » des bornes de recharge de son réseau. Et pour cause, les installation Ionity sont capables de délivrer jusqu’à 350 kW ou six véhicules simultanément à 200 kW. Conscient que l’annonce risque de troubler les consommateurs, le réseau indique également réfléchir à d’autres niveaux de tarification, comme un tarif préférentiel pour les utilisateurs réguliers. Le représentant du réseau conclut en affirmant avoir « voulu envoyer le message que la recharge à grande vitesse sera plus cher que les autres options ». C'est effectivement très clair.