La justice a débouté mardi les 4.113 malades de la thyroïde qui avaient assigné le laboratoire Merck pour "défaut d'information" autour du changement de formule de son médicament Levothyrox. Anne-Catherine Colin-Chauley, la présidente de l'association Alerte Thyroïde, se dit déçue mais pas étonnée par cette issue.
Elle avait déposé la première plainte en France contre le laboratoire Merck, fin août 2017, pour "mise en danger de la vie d'autrui". La Mouginoise Anne-Catherine Colin-Chauley, avocate au barreau d'Ajaccio, a réagi ce mardi après-mardi après le déboutement des 4.113 malades qui avaient assigné le laboratoire Merck.
Un jugement "bien malheureux pour tous les patients qui se sont engouffrés dans ce genre de procédure mais ceci était prévisible, explique-t-elle à Nice-Matin. Car le défaut d'information provient de l'ANSM (agence nationale de sécurité du médicament, NDLR) et non du laboratoire Merck".
Selon elle, il aurait été "plus judicieux de solliciter l'annulation du brevet nouvelle formule pour manque d'action inventive par rapport à l'ancienne formule", voire aller "au pénal pour tromperie sur le médicament".
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Le Tribunal d'instance de Lyon a débouté ce mardi matin les plaignants, estimant notamment que le laboratoire Merck avait œuvré dans les règles et de concert avec les autorités sanitaires françaises.
Aucune faute du laboratoire
Le tribunal a également retenu dans son jugement que "la qualité et la valeur thérapeutique du médicament nouvelle formule" étaient "certaines" et que sa notice contenait des informations "suffisamment précises et pertinentes" pour les patients concernés.
La justice a ainsi estimé que le laboratoire n'avait commis aucune faute.
La nouvelle formule du Levothyrox, prescrit contre l'hypothyroïdie, a été incriminée, entre mars 2017 et avril 2018, par quelque 31.000 patients victimes d'effets secondaires (fatigue, maux de tête, insomnies, vertiges, etc.).
Au cours de l'audience, délocalisée le 3 décembre dans un centre de congrès de la banlieue de Lyon en raison du très grand nombre de requérants, les avocats des plaignants regroupés dans une action collective via une plateforme en ligne avaient réclamé une indemnisation de 10.000 euros pour chacun d'eux, soit plus de 41 millions au total.
L'affaire fait par ailleurs l'objet, au pénal, d'une information judiciaire contre X instruite par le pôle santé du TGI de Marseille. Ouverte le 2 mars 2018 pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger de la vie d'autrui, elle a été élargie depuis par le parquet au chef "d'homicide involontaire".