Quand une élue donne sa langue au rat.
Nombreux sont les animaux à accompagner les humains, depuis des millénaires, tant au quotidien que dans leurs traditions, leurs superstitions, leurs symboles et leurs langages. Certains ont la cote (le chat, le chien, le bébé panda), d'autres sont carrément mal vus (le moustique, le scorpion, le pangolin en période d'épidémie). Dans la catégorie des mal-aimés mais des très fréquentés, le rat occupe une place de choix.
On ne connaît pas vraiment l'origine du mot «rat»; selon le Grand Robert, il serait apparu à l'écrit pour la première fois à la fin du XIIe siècle et viendrait, peut-être, de l'allemand «ratt», une onomatopée née du bruit du rat qui grignote; à moins que ce ne soit un dérivé roman du latin «radere», ronger. En tout cas on voit l'idée: le rat est quand même très identifié à ses dents –et à ce qu'il mange.
Comme l'atteste, entre autres, la fable de La Fontaine «Le chat et un vieux rat», le langage courant confond depuis toujours le rat et la souris. Ce petit animal de la famille des muridés, qui bénéficie d'une année rien qu'à lui dans la symbolique chinoise, est curieusement présent dans une foule d'expressions et de proverbes.
Certaines rares locutions sont affectueuses ou positives: si «mon petit rat» ne se dit plus tellement pour montrer son affection, un petit rat de l'Opéra désigne une jeune danseuse, un rat de bibliothèque un intello toujours le nez dans les bouquins. Et un rat de cave, qui au départ définissait le percepteur chargé de contrôler les boissons, en est venu à désigner les danseurs des caves de Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre (à ne pas confondre avec le rat-de-cave, une bougie mince et longue, enroulée sur elle-même, qui servait à éclairer les sous-sols).
En revanche, les expressions accablantes et injures de toutes sortes prolifèrent, certaines avec une imagination qui laisse parfois pantois: s'ennuyer comme un rat mort, être fait comme un rat (sous-entendu, coincé dans une ratière), être rat (pour radin; je cherche encore la caractéristique du rat qui justifierait qu'on le taxe d'avarice).
Dans l'expression «les rats quittent le navire», il est entendu que ce dernier va couler et que ceux qui s'en vont n'ont pas le courage de rester pour affronter l'épreuve. Citons évidemment la face de rat, qui parle d'elle-même, la queue de rat, qui désigne une queue de cheval trop peu fournie, et l'expression «avoir un rat dans la contrebasse» qui rivalise agréablement avec celle qui consiste à avoir une araignée au plafond.
L'animal n'a vraiment pas bonne presse chez les humains, ce qui explique qu'il soit tant décrié dans le lexique. La première édition du Dictionnaire de l'Académie française (1751), après une brève description, ne mâche pas ses mots: «Il seroit inutile de faire une plus ample description du rat, il est assez connu par l'incommodité qu'il nous cause; il mange de tout; il semble seulement chercher, par préférence, les choses les plus dures, & il les lime avec deux longues dents qu'il a au-devant de chaque machoire; il ronge la laine, les étoffes, les meubles, perce le bois, fait des trous dans l'épaisseur des murs [...]. Ces animaux pullulent beaucoup, mais lorsque la faim les presse, ils se détruisent d'eux-mêmes; ils se mangent les uns les autres.»
Côté superstition, c'est franchement la cata pour les rats, assez généralement considérés comme un symbole de mort.
Plus près de nous, un roman bien connu a contribué à populariser l'idée que le rat était synonyme de danger. Quiconque a lu La Peste d'Albert Camus ne peut voir un de ces rongeurs passer sans frémir, car c'est une chose de savoir grâce aux manuels d'histoire que les puces que portent les rats sont responsables d'une des épidémies les plus fatales qui aient frappé l'Occident, mais c'en est une autre de le vivre par le biais de la voix intérieure d'un narrateur si proche de nous:
«Le nombre des rongeurs ramassés allait croissant et la récolte était tous les matins plus abondante. Dès le quatrième jour, les rats commencèrent à sortir pour mourir en groupes. Des réduits, des sous-sols, des caves, des égouts, ils montaient en longues files titubantes pour venir vaciller à la lumière, tourner sur eux-mêmes et mourir près des humains. La nuit, dans les couloirs ou les ruelles, on entendait distinctement leurs petits cris d'agonie.»
Côté superstition, c'est franchement la cata pour les rats, assez généralement considérés comme un symbole de mort. Au Moyen Âge, apercevoir un rat était un funeste présage (notez que si vous en voyiez un peu trop souvent, vous étiez probablement au cachot, ce qui n'augurait en effet pas grand-chose de bon).
Si l'un d'entre eux rongeait les meubles d'une maison, un de ses habitants ou un membre de la famille allait bientôt mourir. Heureusement, il existait des solutions extrêmement efficaces, comme asperger trois coins du grenier d'eau bénite le premier dimanche du Carême (les rats s'enfuyaient alors par le quatrième).
Qui n'a pas déjà croisé un rat tendrement perché sur une épaule de punk?
Le rat a pourtant une utilité en ville: celle de contribuer à faire disparaître une partie de nos volumineux détritus. À Paris, la population de rats fait disparaître 800 tonnes d'ordures par jour, et pendant le premier confinement, privés des déchets des restaurants fermés pour cause d'épidémie, les rats se sont aventurés de plus en plus loin dans les espaces publics.
Ils ont donc leur utilité –mais en contrepartie, ils laissent derrière eux excréments et urine, vecteurs de leptospirose, une maladie particulièrement dangereuse si elle n'est pas traitée précocement. En outre, ils fragilisent les sols et ont une fâcheuse tendance à grignoter les câbles électriques. On peut résumer l'hostilité que ces bestioles inspirent par l'expression anglaise «I smell a rat», littéralement, «je sens qu'il y a un rat quelque part», et qui signifie qu'il se passe quelque chose de louche.
Certains bénéficient tout de même d'un capital de sympathie non négligeable, en tout premier lieu Rémy, rat-cuistot parisien, héros du film Ratatouille. Ceux de La Fontaine, dans la célèbre fable où un rat citadin invite un pote rural à faire un gueuleton, interrompu par des humains, et où en conclusion, le rat des champs explique qu'il préfère manger chez lui, plus simplement certes mais sans avoir à chaque instant la trouille au ventre («Adieu donc, fi du plaisir que la crainte peut corrompre»). Et qui n'a pas déjà croisé un rat tendrement perché sur une épaule de punk?
La palme de la tendresse revient toutefois à une conseillère de Paris du XVIIIe arrondissement, dont on a pu découvrir les penchants le 7 juillet dernier, lors d'un vœu relatif à la prolifération de rats au sein du patrimoine des bailleurs sociaux présenté par Paul Hatte au nom de Geoffroy Boulard, maire du XVIIe arrondissement, demandant une évaluation des dispositifs mis en place afin de trouver des solutions à la prolifération des rats dans les parties communes d'immeubles sociaux.
Le surmulot cher à son cœur est donc un animal nuisible pour l'humain, au même titre que la tique porteuse de la maladie de Lyme ou le frelon asiatique.
Douchka Markovic, conseillère du XVIIIe arrondissement et élue écologiste chargée de la condition animale, s'est opposée à ce vœu, précisant dès le début de son intervention: «Je préfère [les] nommer surmulots, moins connoté négativement.»
La solution proposée par Douchka Markovic (boucher les trous par lesquels sortent les rats ou placer des grilles, et nettoyer le soir) vise à protéger au maximum ces bestioles à fourrure qu'elle qualifie également d'«auxiliaires de la maîtrise des déchets». On peut douter de l'efficacité de la mesure (et pour avoir vécu moi-même avec des enfants en bas âge dans un logement social en cohabitation forcée avec des surmulots, je peux témoigner qu'on ne s'y attache pas). Au-delà des délires animalistes d'une élue hors sol, on a assisté ici, une nouvelle fois, à une dérive langagière que ne renierait pas l'auteur de 1984.
Le mot «surmulot» est scientifiquement exact et Douchka Markovic ne l'a pas inventé. Il apparaît pour la première fois à l'écrit en 1758, et désigne le rat commun, ou rat d'égout, ou rat gris, ou rat de Norvège, ou rat brun, ou rat surmulot (oui, c'est toujours le même, c'est le rat des villes, donc), qui selon Larousse «a remplacé le rat noir d'Europe occidentale, dangereux par sa morsure, et qui peut transmettre diverses maladies». Le surmulot cher à son cœur est donc un animal nuisible pour l'humain, au même titre que la tique porteuse de la maladie de Lyme, le moustique-tigre ou le frelon asiatique.
Cette intervention mérite qu'on se pose la question: est-il possible de donner une connotation négative au nom d'un animal? Probablement, si l'on use délibérément d'un mot injurieux pour le désigner. On peine à trouver des exemples (j'en suis à zéro, merci de les communiquer à la rédaction qui transmettra). Les mots d'argot parfois utilisés pour désigner des animaux (comme clébard ou piaf) témoignent d'un parler populaire, mais pas d'une volonté de dénigrer l'animal. En revanche, dans l'autre sens, il est possible de rabaisser les humains avec des noms d'animaux: rat crevé, sale chienne, espèce de fouine... et c'est une autre histoire.
Finalement, vous serez bouffé quand même.
Ce qui est en jeu ici, ce n'est donc pas le mot «rat», qui se contente de désigner une réalité (j'en profite pour vous signaler l'existence du rat-trompette), mais l'idée que cette réalité doit être modifiée dans l'esprit des auditeurs par le biais du langage. Parce que Douchka Markovic veut que ses interlocuteurs considèrent que les rats sont de gentilles créatures bénéfiques, qui ne méritent pas d'être éliminées quelles que soient les nuisances qu'elles engendrent, elle décide de changer leur nom et d'utiliser un mot qui lui semble, à elle, plus affectueux. Et en effet, le surmulot renvoie l'image d'un rongeur plus petit et plus sympathique qu'un gros rat plein de puces fouillant les poubelles avec ses congénères.
Puisqu'elle ne peut pas transformer la réalité, elle va faire en sorte de transformer la langue et d'user d'une sorte d'euphémisme animalier pour mieux faire passer son message. Un peu comme si vous vous retrouviez nez à nez avec une lionne affamée et que je vous disais d'arrêter votre char, parce que ce n'est jamais qu'un gros chat. Finalement, vous serez bouffé quand même.
La manipulation de la langue (ici suffisamment grossière pour être aussi transparente que grotesque) se joue sur une foule de tableaux, elle est insidieuse et ne doit jamais au grand jamais être négligée. Car certes, choisir de dire surmulot pour inciter à envisager le rat sous un jour favorable porte à peine à conséquence, mais c'est exactement le même mécanisme qui conduit à dire, comme le fait un certain dirigeant belliqueux à l'autre bout du prisme, qu'une guerre est une opération spéciale. Histoire de ne pas la connoter trop négativement.
C'est donc, peut-être, pour ne pas offenser les rats que Douchka Markovic préfère les appeler «surmulots».
Reste la possibilité que Douchka Markovic préfère appeler les rats ainsi... pour ne pas les offenser. Peut-être s'agit-il ici d'un prolongement de l'épidémie de politiquement correct qui se répand comme la poudre et qui consiste à rebaptiser la réalité en faisant mine de croire que ce sont les mots qui sont à la source de nos maux.
En partant des balayeurs devenus, il y a bien longtemps, des techniciens de surface, jusqu'aux personnes en situation de handicap en passant par les personnes racisées et les demandeurs d'emploi qui ne sont plus du tout des chômeurs, il s'agit de n'offenser personne et de créer une grande bulle linguistique bienveillante permettant d'éviter une des pires épreuves que l'on puisse subir désormais: celle d'être offensé par la description du réel.
C'est donc, peut-être, pour ne pas offenser les rats que Douchka Markovic préfère les appeler surmulots (on ne sait pas encore s'ils ont apprécié la démarche). Ce n'est pas si improbable que cela en a l'air: après tout, le député fraîchement élu de la XVIIIe circonscription de Paris, Aymeric Caron, n'a-t-il pas affirmé qu'il fallait épargner le moustique qui vous pique car c'est «une mère qui essaie de remplir son rôle de future mère», une «dame qui risque sa vie pour ses enfants en devenir, et qu'elle n'a pas le choix» (c'est valable aussi pour la lionne de tout à l'heure; bonne chance)?
Cet anthropomorphisme calculé (si un moustique est une «dame», le tuer est forcément un meurtre), associé à la culture de l'offense, promet de grands moments de ridicule, mais il est également fort inquiétant quand il a lieu dans les sphères du pouvoir. Je ne sais pas vous mais moi, I smell a surmulot.
COMMUNIQUÉ
Le Haut Conseil international de la langue française et de la francophonie* (HCILF) transmet le message suivant :
Le peuple français et les peuples des pays et communautés de langue française de Belgique, Canada, Québec, Suisse, et d’ailleurs, ACCUSENT :
une oligarchie mondialiste de viser une hégémonie universelle en épandant et imposant partout un anglais de commerce déculturant ;
trois institutions de l’Union européenne (Commission, Parquet, Cour des Comptes) de s’en faire les instruments en imposant – post-Brexit ! – l’anglais langue de travail unique en leur sein, décisions violant les textes fondateurs de l’UE : Traité de Rome, Charte des Droits, Règlement des langues ; nos associations attendent que le président de la République obtienne du Conseil de l’UE sous la présidence française le rétablissement d’un vrai pluralisme des langues : promesse écrite reçue de M. C. Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes ;
la Cour de justice de l’Union européenne de déni de justice pour s’être déclarée incompétente sur le fond, déboutant notre association agréée qui la priait – preuves requises à l’appui – de sanctionner l’illégalité des trois décisions ; déni aggravé par le passage de fait du droit romain au droit coutumier anglo-saxon : le fait accompli illégal dure, fait jurisprudence, puis devient loi (« common law »), le remplacement de langue et celui de droit allant de pair, impérialement ;
les gouvernements français, belge, wallon, canadien, québécois, suisse, de ne pas faire appliquer leurs législations linguistiques : Constitution française (art. 2 et 87), lois Toubon (1994) et Fioraso (2013 pour l’enseignement supérieur trop en anglais) ; loi 101 au Québec... et de laisser pervertir administrations, écoles et universités par une idéologie et une novlangue américaines « déconstructrices » de l’histoire et de la langue de leur pays ;
des tribunaux administratifs français de complaisance coupable, pour avoir débouté nos associations qui attaquaient des décisions illégales de ministères et d’universités, et s’être ainsi rendus complices du remplacement du droit français par une « common law » de fait ;
Le Haut Conseil international de la langue française et de la francophonie (HCILFF) invite donc les gouvernements cités à entendre le message de leur peuple et à appliquer la loi.
Il invite les Français et toutes personnes de langue française présentes à Paris le 20 mars, et voulant – pacifiquement mais clairement – rejeter l’arrachage de leur langue, et affirmer leur attachement à leur civilisation, à confluer dès 14 h vers la Montagne Sainte-Geneviève et le Panthéon pour un rassemblement-forum au-delà de toutes les opinions politiques, à y entendre nos appels, puis à suivre notre cortège dans le Quartier latin, haut lieu de l’humanisme et de l’universalisme européens, pour appeler ensemble à un urgent sursaut civilisationnel.
Au nom du Haut Conseil : son secrétaire général Albert Salon, ancien ambassadeur. Contact : Avenir de la langue française (ALF), 34 bis, rue de Picpus, 75012, Paris, albert.salon0638@orange.fr tél 0768 87 16 01.
L'Académie française a adopté mardi un rapport dénonçant la confusion due à l'abondance d'anglicismes dans la communication institutionnelle, et le risque "d'une perte de repères linguistiques".
Intitulé "Pour que les institutions françaises parlent français", le rapport d'une trentaine de pages a été rédigé par une commission ad hoc, composée de six académiciens.
L'Académie, gardienne de la langue de Molière, décèle "une évolution préoccupante", à savoir une "envahissante anglicisation".
"Franglais"
Selon elle, "nombre d'anglicismes sont employés en lieu et place de mots ou d'expressions français existants avec pour conséquence immanquable l'effacement progressif des équivalents français".
"Follower" serait par exemple trop souvent privilégié face à "abonné, mais aussi adepte, ami, contact, fan, suiveur", détaille-t-elle.
"La propagation massive et continue d'un vocabulaire anglo-américain souvent dénaturé, considéré à tort comme bien connu du public général et d'emploi quasi universel, a pour conséquence contradictoire le risque d'un appauvrissement en proportion du lexique français, et d'une discrimination croissante entre les publics", déplorent les Immortels.
Le rapport donne des dizaines d'exemples, issus d'institutions publiques, d'agences, de collectivités territoriales, d'entreprises publiques ou privées.
Certains sont répandus et/ou faciles à comprendre (des déclinaisons de "start-up", "kit de com", "valley", etc.). D'autres exigent une certaine maîtrise de l'anglais, comme "bleisure" (mot-valise entre "business" et "leisure"), le slogan "Unboring the future" d'un constructeur automobile, etc.
"Une véritable atteinte à la langue"
Au-delà du lexique, l'Académie française déplore "des conséquences d'une certaine gravité sur la syntaxe et la structure même du français".
Avec "la disparition des prépositions" et "la suppression des articles", d'après son constat "la syntaxe est bousculée, ce qui constitue une véritable atteinte à la langue".
En conclusion, les académiciens avancent "quelques préconisations", qui doivent "contribuer au maintien du français et permettre que la langue française puisse participer à une mondialisation réussie".
Sous l'impulsion de sa secrétaire perpétuelle Hélène Carrère d'Encausse, l'Académie française est devenue très récemment plus offensive dans sa mission de préservation de la cohérence et de la place du français.
Elle a annoncé en janvier son projet d'aller devant la justice administrative contester le nouveau modèle de la carte d'identité, bilingue français-anglais, contraire selon elle à l'article 2 de la Constitution ("La langue de la République est le français").
Les nouveaux programmes scolaires, censés entrer en vigueur en 2016, font la part belle à un jargon «pédagogiste» ravivé. Un paradoxe alors qu'ils sont présentés par le Conseil supérieur des programmes comme «plus simples et plus lisibles».
Se déplacer (…) dans un milieu aquatique profond standardisé. (Page 22, cycle 4)
Le «milieu aquatique profond» est tout simplement… une piscine. Ce type de jargon foisonne dans les programmes d'éducation physique et sportive (EPS), une des disciplines scolaires les plus récentes (1981). Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
«Créer de la vitesse» et «traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête». (Page 22, cycle 4)
Toujours en EPS, discipline friande de termes pédants, «créer de la vitesse» signifie «courir», tandis que «traverser l'eau en équilibre horizontal» signifie nager. Et comment appelle-t-on un plongeon?
«Produire des messages à l'oral et à l'écrit» en histoire-géographie. (Page 5 du cycle 4)
Le collégien à la sauce 2016 n'aura plus besoin de rédiger un devoir ou de répondre verbalement à une question de son professeur. Il se contentera de «produire des messages» écrits ou oraux. En «montrant un raisonnementconstruit».Tout de même…
«Aller de soi et de l'ici vers l'autre et l'ailleurs». (Page 17, cycle 4)
La «visée générale» des programmes de «langues étrangères et régionales» est d'«aller de soi et de l'ici vers l'autre et l'ailleurs». Cette visée se veut poétique mais semble un rien prétentieuse. Il est possible que beaucoup se perdent en chemin.
L'éducation aux médias est mise en œuvre, et organisée de façon spiralaire. (Page 53, cycle 4)
Selon Sylvie Queval, philosophe de l'éducation, la notion de pédagogie «spiralaire», inventée en 1960, a «vite rencontré un large écho chez les pédagogues, qui trouvent dans la métaphore de la spirale une façon juste d'exprimer qu'apprendre est un processus continu qui suppose une reprise constante de ce qui est déjà acquis». À en perdre l'équilibre.
La phonologie permet de comparer les similitudes des langues modernes avec celle qui avait cours à l'époque de la Rome antique.
La langue italienne est considérée comme la plus proche du latin. Mais il y existe des arguments en faveur de certaines variantes de la langue sarde, dont la phonologie est encore plus proche de celle du latin classique que l'italien.
L'espagnol –c'est-à-dire le castillan– occupe la deuxième position. Contrairement à l'italien, l'espagnol a perdu toute voyelle longue. Tandis que l'alternance des voyelles longues et courtes est la cause principale de la musicalité de l'italien, la succession rapide des voyelles courtes dote l'espagnol d'une qualité dite militaire.
Phonologie
Le portugais en est encore plus éloigné, surtout concernant la phonologie qui confond l'écouteur inattentif, supposant qu'il entend parler une langue slave.
Le roumain ne peut pas être considéré comme la langue la plus proche du latin à cause de son superstrat slave, et de ses déclinaisons que l'on ne peut guère corréler au latin.
Et le français? C'est la langue la moins latine! Sur le plan de la phonologie, elle s'est éloignée encore plus du latin que le portugais –par l'influence des parlers germaniques limitrophes. En plus, c'est la seule langue romane où l'usage du pronom personnel est obligatoire. Même le nom des locuteurs –les Français– est dérivé d'une tribu parlant le francique, prédécesseur du… néerlandais. (Comprenne qui pourra.)