Les pro et anti du remboursement de l'homéopathie attendent la décision finale de la Haute autorité de santé, sur laquelle s'alignera le gouvernement. Adoptée mercredi, elle ne sera rendue publique que le vendredi 28 juin.
Née à la fin du 18ème siècle des expérimentations du médecin Samuel Hahnemann, l'homéopathie suscite de vifs débats. En France, les prises de position des médecins "contre" se sont multipliées. Le Collège national des généralistes enseignants a appelé en janvier à l'arrêt du remboursement en janvier 2019, suivi par les Académies de médecine et de pharmacie en mars dernier. L'argument principal est le manque de preuves scientifiques sur l'efficacité d'un traitement homéopathique.
Ainsi, l'association des académies des sciences européennes avait souligné en septembre 2017 qu'il n'existait "aucune preuve, scientifiquement établie et reproductible de l'efficacité des produits homéopathiques, même s'il y a parfois un effet placebo". D'après eux, l'homéopathie peut même "avoir un effet nocif en retardant la consultation d'un médecin".
Le coût des remboursements fait partie de leur argumentation. En 2018, celui-ci s'élevait à 126,8 millions d'euros sur un total de 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés. À ces arguments s'opposent ceux qui prônent l'existence et le remboursement de l'homéopathie.
Bruno Falissard, pédopsychiatre et biostatisticien, nuance le manque de preuves scientifiques. Pour lui, il existe trois types d'efficacité : statistique, biologique et clinique. Si l'homéopathie n'est pas efficace d'un point de vue biologique, elle peut l'être ailleurs, notamment cliniquement. "Pleins de gens disent qu'ils sont guéris grâce à ces granules et des médecins confirment. Scientifiquement, ce n'est pas raisonnable, mais cliniquement, on ne peut pas dire que ça ne rende pas service", déclare-t-il à 20 minutes.
Une atteinte à la liberté de choix des Français ?
L'argument du coût des remboursements ne convainc pas toujours. Pour Valérie Poinsot, directrice générale des laboratoires Boiron, premier producteur d'homéopathie en France, si on arrête de rembourser l'homéopathie, il y aura des effets reports sur d'autres traitements. De plus, cela menacerait 1.000 emplois de la compagnie.
Mettre fin au remboursement de l'homéopathie serait également, pour ceux qui s'y opposent, une atteinte à la liberté de choix des Français.
Selon un sondage Ipsos réalisé en octobre 2018, plus de la moitié des Français (58%) a déjà utilisé "plusieurs fois" des produits homéopathiques. Ces derniers semblent d'ailleurs se mobiliser. Une pétition nommée "Mon Homéo Mon Choix" a recueilli plus d'un million de signature.
Dernièrement, la Haute autorité de la santé s'est positionnée pour la fin du remboursement. Si c'est le cas, la France rejoindrait la Grande-Bretagne, qui ne rembourse plus les médicaments homéopathiques depuis novembre 2017.