Un mouvement qui fait souvent parler, et qui prend une ampleur phénoménale : la "cancel culture". Par exemple, la suppression de références historiques racistes dans les livres, des statues ou encore des noms de rues et même des noms d’oiseaux.
Exemple d’un nom qui pose problème : le gobe-mouche de Hammond. Ce petit oiseau doit son nom à William Alexander Hammond, un chirurgien du XIXe siècle. Ce dernier était convaincu que les Noirs étaient des êtres humains inférieurs. L’année dernière, un autre oiseau, le "Longpur de McCown", qui lui devait son nom au général confédéré John Porter McCown. Confédéré, donc pour le maintien de l’esclavage. L’oiseau est devenu Longpur à bec épais.
Ceux qui sont à l’origine de cette initiative ont établi une liste de 150 oiseaux à débaptiser. La société ornithologique américaine vient de mettre en place un comité : qui va réfléchir à la façon de nommer les oiseaux qui pourrait poser problème. Et devrait faire des recommandations début 2022.
Un mouvement qui va trop loin ?
Un des arguments est de dire que ces oiseaux connus des seuls spécialistes, ce n’est pas la même chose que des statues de personnages controversés en plein centre ville, des écoles qui portent le nom de personnages au passé douteux ou des noms d’équipe de football prononcé des dizaines de milliers de fois chaque jour comme les Redskins de Washington.
Lors d’une interview sur CNN en début de semaine, Barack Obama est revenu là-dessus. Il a estimé que ça allait trop loin. Et plus généralement, l’ancien président a estimé qu’on ne pouvait pas demander à tout le monde d’être toujours parfait dans ses propos, dans ses intentions. C’est important que Barack Obama s’exprime là-dessus, car on ne peut pas le soupçonner de ne pas lutter contre les discriminations, notamment raciales. Ce qu’il dit, c’est qu’il faut réfléchir jusqu’où aller.
Et c’est vrai que c’est compliqué parce déjà, on perçoit les choses différemment si on est noir, asiatique ou blanc, si on est un homme ou une femme. Mais bon, revoir tous les dessins animés, s’insurger que le prince charmant aurait donné un baiser non consenti à Blanche Neige. À minima, ça mérite débat.
La peur des opposants à la "cancel culture", c’est que l’on revoit toutes les créations culturelles. Un exemple puisqu’on a parlé de la série Friends avec son épisode exceptionnel. Le New York Post a listé cette semaine 8 raisons pour lesquelles la série peut être critiquée.
Premièrement un casting, très blanc… Qui plus est dans une ville aussi cosmopolite que New York. La série peut être taxée de grossophobie puisque c’est une blague récurrente: se moquer du poids de Monica quand elle était adolescente. Le traitement de l’homosexualité peut être vu comme caricatural. La misogynie d’un Joey, voire le comportement limite d’une Rachel qui drague l’un de ses subordonnés.
C’est complexe, aucune réponse à apporter. C’est bien que les questions soient posées, que des écoles ne portent plus le nom de personnes racistes. Ce qui inquiète Obama, c’est que ça se transforme en injonction, à être parfait en toutes choses et toute circonstances. C’est en tout cas parti pour être l’un des grands débats culturel de la décennie.