Sanctionné par les États-Unis, le fabricant chinois est contraint de lancer son prochain smartphone phare amputé des services de Google et du magasin d'applications d'Android.
Nouveau coup dur pour Huawei. Le géant chinois de l'électronique pourrait être forcé de repousser le lancement européen de son prochain smartphone haut de gamme dont la présentation doit avoir lieu le 18 septembre à Munich. Très attendu par les fans de la marque, le Mate 30 ne pourra pas bénéficier de la dernière version de la licence Android, a fait savoir un porte-parole de Google à Reuters le 29 août.
Conséquence : le téléphone ne pourra pas proposer les applications Google ni le magasin d'applications Play Store permettant de les télécharger. Cela réduit considérablement son attractivité pour le public occidental et pourrait contraindre le numéro 2 mondial de la téléphonie à retarder sa sortie en Europe. En Chine, les smartphones du groupe doivent déjà composer sans Google et ses services.
Conçu pour fonctionner sur les nouveaux réseaux mobiles 5G, le Mate 30 est le premier lancement majeur de Huawei - le second du groupe après celui du Honor 20 Pro de sa filiale Honor - depuis que les États-Unis ont placé le groupe chinois sur liste noire le 16 mai, interdisant aux entreprises américaines de lui vendre des produits et technologies comportant au moins 25% de composants américains.
Un sursis temporaire de 90 jours a été annoncé par le gouvernement américain la semaine dernière mais il ne s'applique pas aux nouveaux appareils, a précisé Google à Reuters. Il ne concerne que les mises à jour de produits existants.
Beaucoup moins attractif sans les applications Google
Dans ces conditions, le Mate 30 ne pourra pas être vendu avec la suite d'applications habituelle de Google (Gmail, Google Chrome, Google Maps, Google Drive, etc.). Il ne sera pas possible de les télécharger non plus car le magasin d'applications de Google, Play Store, sera lui aussi inaccessible, privant les utilisateurs des services en ligne les plus populaires, tels que Facebook, WhatsApp ou Instagram.
La firme de Shenzhen pourrait toujours proposer le téléphone avec une version open source d'Android et indiquer aux utilisateurs comment télécharger directement les applications via des circuits parallèles. Mais malgré une configuration annoncée comme l'une des plus qualitatives du secteur, avec quatre appareils photos et un processeur surpuissant, le Mate 30 aurait alors du mal à surmonter ces limitations face à la concurrence.
Sans Google, Huawei pourrait aussi décider de sortir le téléphone avec le système d'exploitation maison HarmonyOS, présenté début août par le groupe pour réduire sa dépendance à Android. Mais le logiciel est censé équiper seulement des téléviseurs connectés dans un premier temps. Les observateurs doutent de sa capacité à être opérationnel pour une échéance si proche et à constituer une alternative fiable à Android, qui équipe 8 smartphones sur 10 à travers le monde.
Huawei a d'ailleurs répété lors de la présentation d'HarmonyOS que sa priorité était de continuer à utiliser le système Android, si le gouvernement américain l'y autorise. Basée sur Android, l'interface actuelle des smartphones du groupe est le fruit de plusieurs années de développement avec le logiciel de Google. Contacté par RTL.fr, Huawei n'a pas souhaité commenter les informations de Reuters.