Continuons notre voyage en Italie et parlons maintenant d l’état civil napoléonien.
Si cette expérience ne couvre pas un laps de temps très étendu (nous pouvons en limiter d’une manière approximative l’extension temporelle entre 1804 et 1814), il s’agit d’une réalité fondamentale pour l’Italie.
En effet, pour la première fois certains territoires italiens ont connu l’existence de registres des naissances, mariages et décès indépendants de ceux de l’Eglise. Ainsi, les événements de la vie des citoyens ont été séparés des sacrements.
L’institution d’un état civil « à la française » a concerné les provinces faisant partie de l’empire et celle du Royaume de Naples, que nous pouvons identifier avec les actuels Piémont, Vallée d’Aoste, Ligurie, Lombardie, Vénétie, une partie du Frioul, Emilie, Romagne, Toscane, Ombrie, Marches, Latium, Abruzzes, Molise, Pouilles, Calabre, Basilicate, Campanie. En étaient exclues la Sardaigne et la Sicile (restées indépendantes), le territoire Tridentin, le Haut-Adige, une partie du Frioul.
Côté organisation, les autorités instituèrent les registres « classiques » des naissances, mariages, décès, ainsi que des registres « annexes ». Généralement, les registres étaient accompagnés de tables annuelles et décennales, et certains étaient rédigés en français.
Pour couronner le tout, un grand recensement de la population fut lancé en 1809, une première depuis des siècles sur une telle échelle.
Cette expérience a influencé énormément l’état civil de 1866 et a aussi eu des répercussions sur la manière dont les états de la « restauration » ont décidé de dresser et d’enregistrer les actes.
L’état civil napoléonien nous livre des documents importants, par rapport auxquels il faut néanmoins prendre du recul. Les erreurs d’âge, de prénom, de patronyme étaient fréquentes, notamment en ce qui concerne le recensement effectué à partir de 1809. En revanche, les informations livrées à propos des métiers exercés sont généralement exactes.
Les registres, rédigés en double exemplaire, sont conservés dans les archives d’état ainsi qu’auprès des communes.
Comme nous l’avons vu dans « Généalogie Italie, sources », le concile de Trente prévoyait l’institution de registres dits « Status animarum », ou « états des âmes ». La tenue de ces registres a été institutionnalisée par les autorités religieuses catholiques en 1614.
A partir de cette date, chaque curé avait obligation de dresser, en vue des visites pascales et de l’administration de l’eucharistie annuelle, la liste de ses paroissiens. Les registres, rédigés la plupart du temps en latin, étaient organisés par maisonnée et chaque « feu » catholique était recensé.
Pour chaque foyer, le curé dressait la liste de ses membres en commençant toujours par le chef de famille. La rédaction des listes n’a jamais été normalisée, mais généralement le curé notait pour chaque personne (familier, serviteur ou autre cohabitant):
Le Prénom et le nom
Le lien de parenté avec le chef de famille
L’âge
La profession (souvent)
Suivaient des acronymes indiquant l’administration de l’eucharistie en occasion de la visite pascale et l’état de la personne par rapport aux sacrements.
Il faut dire que l’âge déclaré était souvent approximatif et que la date de naissance n’était quasiment jamais indiquée. Celle-ci a commencé a être indiquée au cours du XIXème siècle.
Les enfants n’ayant pas encore atteint l’âge de se communier n’étaient pas toujours recensés.
Selon le soin que le curé mettait en cet exercice, nous pouvons trouver plus ou moins d’informations sur nos aînés (adresse de domicile, serviteurs etc) mais souvent pour les registres plus anciens, les informations sont très sommaires.
Il s’agit donc de documents qui nous donneront énormément de travail, mais aussi beaucoup de satisfaction. Nous pourrons ainsi reconstituer non seulement l’évolution d’une même famille d’année en année, mais aussi celle d’une entière communauté. Nous pourrons recenser les métiers exercés dans un même quartier, l’éventuelle présence de citoyens étrangers, l’impact des épidémies ou des guerres….En somme, il est claire que ces documents nous permettront de reconstituer non seulement l’histoire de notre famille, mais aussi celle d’une communauté plus large.
Ces registres sont conservés auprès des archives diocésaines ou paroissiales.