La science-fiction a une trajectoire des plus étonnantes dans l’histoire de l’art. C’est sûrement ce qui fait qu’il n’est pas simple, pour le néophyte, de se plonger dans cet univers, en essayant de partir à la découverte d’autre chose que les « blockbusters » !
Le genre est né sous la forme de fables philosophiques avec, par exemple, l’Utopia de Thomas More. Elle a été popularisée par un Jules Verne, au moment de la révolution industrielle. Dénigrée suite à sa traversée de l’Atlantique où on l’a vue dans les pages de mauvais papier des « pulp fictions », elle renaît de ses cendres à la fin de la Seconde Guerre mondiale, portée par des auteurs tels qu’Isaac Asimov.
Dans les années 20, la science-fiction acquiert ses premières lettres de noblesse avec des œuvres telles que la pièce de théâtre R.U.R de Karel Capek, inventeur (avec son frère Josef) du mot robot, dérivé de robota, la corvée en tchèque (en ancien slave, rob signifie esclave) ou avec le film Métropolis de Fritz Lang, malgré les polémiques sur les orientations politiques de sa scénariste et compagne de l’époque, Théa von Harbou, qui fut membre du NSDAP. On peut aussi rappeler le « coup médiatique » d’Orson Welles en 1938, quand il adapta à la radio le roman de H.G. Wells et provoqua des scènes de panique chez ses auditeurs qui, pour certains, crurent que la fiction était réalité !
Aujourd’hui, genre littéraire, cinématographique ou de bande dessinée à part entière, la science-fiction a su coloniser les jeux vidéo sous toutes leurs formes. La science-fiction, au travers de la créativité et la rigueur conceptuelle que s’imposent toute une armée d’auteurs qui ne sont plus majoritairement anglophones (la Chine, par exemple, compte des talents tels que Liu Cixin), est devenue un genre majeur qui ne cesse d’étonner aussi bien les passionnés que ses détracteurs.
Science-fiction et prospective
Pour mémoire, la science-fiction a longtemps été considérée comme un sous-genre, avec une forte connotation péjorative, sûrement due au fait qu’à son arrivée en France le nom « science-fiction » a été compris comme un genre dans lequel la science était fictionnelle alors que pour les Américains, inventeurs du terme, il signifie : fictions dans lesquelles interviennent les sciences.
La science-fiction a aussi longtemps été affaire de connaisseurs (avec une notion quasi initiatique), affaire d’experts, de fans, d’aficionados… Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. D’autant moins que, le corpus d’œuvres fournissant un fond d’étude des plus consistants et en perpétuelle évolution, la science-fiction est désormais lue et relue telle une source d’éclairages pour les temps à venir. Cette démarche peut prendre la forme d’un « rétro-futurisme » qui cherche à comprendre comment ces récits racontent les fantasmes qu’une époque projette sur son propre avenir tout en étant, au travers de chaque proposition qu’est une œuvre, une tentative de l’auteur d’anticiper une branche de l’avenir.
Ainsi, nombre de textes de science-fiction sont relus, aujourd’hui, en leur prêtant une valeur quasi prophétique (peut-être à tort…). On peut penser à 1984 de George Orwell, Minority Report de Philip K. Dick ou bien encore à la Servante Écarlate de Margaret Atwood, trois œuvres qui sont retombées sous les feux de l’actualité à l’occasion de l’élection du président Donal Trump, en 2016.
La science-fiction donne surtout de la consistance à une discipline dont on parle de plus en plus fréquemment : la prospective. Elle consiste à projeter dans des avenirs spéculatifs une problématique contemporaine en assujettissant la construction de ces écosystèmes hypothétiques à des postulats ancrés dans la réalité. Arrivé dans ces avenirs, on peut s’attarder à une observation des diverses conséquences issues de ces constructions arbitraires, dans une forme d’expérience de pensée (démarche qui a fait ses preuves dans l’histoire des sciences : Albert Einstein a utilisé cette démarche à de nombreuses reprises). Les postulats de départ peuvent être des faits scientifiques, économiques, sociaux, comportementaux… la prospective devient alors une aide à la décision, au sein des organisations.
Pour la petite histoire, Robert Heinlein, célèbre auteur de SF américain a été conseiller de Ronald Reagan, du temps de la « guerre des étoiles », le projet américain de défense anti-missile (Strategic Defense Initiative). Aujourd’hui, nombre d’entreprises intègrent cette approche de la complexité dans leurs démarches stratégiques. Mais elle peut être autre chose qu’une discipline experte : la prospective devient alors une posture intellectuelle qui oblige à sortir des ornières du présent : une démarche accessible à tout un chacun.
Une tentative de mise en image
Alors, afin de nourrir son imaginaire et sa réflexion, on peut se plonger dans les œuvres de science-fiction produites au cours des siècles (même si la majorité des œuvres de SF ont moins de 100 ans) et ressentir un léger étourdissement ! Car dans l’univers SF, il y a nombre de planètes. On peut ainsi distinguer l’anticipation de l’heroic fantasy, le space opera de la dystopie, le voyage dans le temps des uchronies, en y ajoutant les sous-genres nés des esprits fertiles des auteurs de science-fiction. Autant le dire : il n’est pas simple de s’y retrouver !
Arborescence simplifiée des thèmes de la science-fiction. Olivier Parent/Wikipédia, Author provided
Cette image représente une arborescence simplifiée des thèmes de la science-fiction. Il s’agit d’une démarche qui consiste à organiser le long d’une dizaine de branches d’arbre des œuvres issues de toutes les formes d’expression qui ont « adopté » la science-fiction : romans, films, séries télé, théâtre, bande dessinée, comics et manga et, pour finir, jeux vidéo (bien que cette forme d’expression demande encore un travail plus approfondi).
Cette démarche est sûrement vaine car une telle arborescence ne pourra jamais recenser toutes les œuvres produites – elle est aussi présomptueuse car elle cherche à organiser chronologiquement ces œuvres les unes par rapport aux autres.
Enfin, elle est aussi la projection de la culture de son auteur initial, qui n’est qu’humain. Trois postulats de travail qui, à n’en pas douter, feront des mécontents. Cependant, cette arborescence est aussi un travail collectif : depuis plus de deux ans qu’elle existe, elle a été mise à disposition des internautes et elle s’est nourrie de suggestions en provenance des réseaux sociaux. En deux ans, elle a vu tripler le nombre d’œuvres qu’elle cherche à répertorier, sans pour autant tendre vers la moindre exhaustivité.
Il ne reste alors qu’à se laisser aller à la sérendipité, à parcourir les branches de cet arbre pour y découvrir des œuvres étonnantes. C’est l’occasion de regarder le monde à la lumière de ces univers qui, repoussant les limites du réel, lèvent le voile sur les avenirs que chaque humain construit au travers de ses actes, de ses choix quotidiens.
Alors, bons voyages !
L’Arborescence est accessible sous licence libre sans modification des mentions. À télécharger en PDF ici.
La nouvelle adaptation au cinéma du roman de l'écrivain Frank Herbert, par Denis Villeneuve, commence à prendre forme.
CINÉMA - Entourée de mystère, la nouvelle adaptation sur grand écran de "Dune" se dessine au fil des mois. Ce mercredi 30 janvier, c'est un nouvel acteur de renom qui s'ajoute au casting du prochain projet du réalisateur Denis Villeneuve.
Selon les informations du très fiable Variety, c'est l'acteur Oscar Isaac qui rejoint à son tour le film inspiré de l'œuvre de l'écrivain Frank Herbert. L'acteur devrait y incarner le rôle de Leto Atréides, le père de Paul Atréides, héros principal de l'histoire incarné par Timothée Chalamet.
Longtemps jugé inadaptable après l'avortement du pharaonique projet du réalisateur Alejandro Jodorowsky dans les années 1970, "Dune" aura attendu 1984 et le film de David Lynch pour connaître enfin sa première adaptation au cinéma, malgré un cuisant échec commercial et critique.
Depuis, bon nombre de réalisateurs ont essayé de relancer le projet, sans succès. Finalement réamorcé par Legendary Pictures en 2017, le projet "Dune" se retrouve maintenant entre les mains expertes du Canadien Denis Villeneuve, qui a su prouver ses dernières années sa capacité à réaliser des films de science-fiction au style bien distinctif ("Premier contact", "Blade Runner 2049").
Dave Bautista et Charlotte Rampling à l'affiche
Côté casting, "Dune" s'annonce déjà comme une belle vitrine du cinéma hollywoodien. Et c'est le jeune Timothée Chalamet qui aura la lourde tâche d'incarner Paul Atréides. Sa mère dans les romans, Lady Jessica, sera jouée par l'actrice suédoise Rebecca Ferguson.
Déjà aperçu dans "Blade Runner 2049" de Denis Villeneuve, l'ancien catcheur reconverti en acteur Dave Bautista sera quand à lui Rabban la Bête. Pour incarner le grand vilain de ce récit de science-fiction, c'est Stellan Skarsgård ("Thor", "Will Hunting") qui a été choisi dans le rôle du baron Vladimir Harkonnen. Enfin, Charlotte Rampling vient compléter ce casting et sera Gaius Helen Mohiam plus connue sous son titre de Révérende Mère Mohiam.
Encore au stade de préproduction, "Dune" devrait débuter son tournage en 2019, mais ne devrait pas arriver en salle avant 2020, voire 2021. Oscar Isaac aura donc le temps d'incarner un autre père célèbre d'ici là, puisqu'il a été choisi pour jouer Gomez Addams dans un nouveau remake de "La famille Addams".
Il ne faut pas crier victoire trop vite, car le cycle de Fondation d'Isaac Asimov a souvent failli être porté à l'écran.
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Par Gregory Rozieres
Michael Whelan
Apple veut adapter "Fondation" d'Isaac Asimov, l'une des plus prestigieuses séries de livres de science-fiction
CULTURE - Depuis quelques mois, Apple tente de se lancer dans la série pour concurrencer Netflix et Amazon. Et selon Deadline, la société pourrait bien taper un grand coup avec l'adaptation du cycle de romans "Fondation", d'Isaac Asimov. Une information confirmée par Variety, ce mardi 10 avril.
Publiée à partir de 1942 sous la formes de nouvelles de science-fiction, "Fondation" a ensuite pris la forme d'une trilogie. Et pas n'importe laquelle. En 1966, elle a été récompensée, lors du prestigieux prix Hugo, avec le titre de "meilleure série de tous les temps". Devançant notamment "Le Seigneur des anneaux". Ce prix n'a jamais été décerné depuis.
Avec le cycle des "Robots", "Fondation" est l’œuvre phare d'Isaac Asimov, inventeur du terme robotique. C'est l'un des livres préférés d'Elon Musk. Plus tard, l'écrivain a écrit plusieurs autres romans permettant de relier les deux univers qu'il a inventé et de conclure la grande histoire qu'il a inventé.
La série télévisée sera produite et scénarisée par David Goyer ("Blade", la trilogie "Dark Knight") et Josh Fridman ("Les chroniques de Sarah Connor", "Avatar 2" en préparation).
Un récit qui se joue sur des générations
Les trois tomes de Fondation narrent l'histoire d'un gigantesque empire humain galactique, quelque 30.000 ans dans le futur. Similaire à l'empire romain et centralisé, il court vers sa chute.
Un mathématicien, Hari Seldon (qui a inspiré Jean-Luc Mélenchon pour son hologramme) invente alors une nouvelle science, la psychohistoire, qui permet de prédire le futur en analysant les phénomènes sociaux et réactions des masses humaines.
Discernant cette chute annoncée et les millénaires de barbarie qui suivront, il élabore un plan, une Fondation, située à "l'autre bout de la galaxie", pour tenter de préserver la connaissance et d'établir un second empire plus rapidement.
Dans les différentes parties de l'ouvrage, Isaac Asimov met en scène des personnes à des époques différentes, qui schématisent les grandes étapes du basculement de l'Empire galactique. Si c'est une oeuvre de science-fiction, elle évoque surtout des questions liées à la psychologie et à la sociologie humaine.
De multiples adaptations avortées
Aucune date n'est pour l'instant annoncée pour l'adaptation que prévoirait Apple. Et il n'est pas non plus impossible que le projet soit avorté.
En effet, ce n'est pas la première fois que Fondation fait de l'oeil au petit ou au grand écran. Des projets de films, imaginés par la Fox, Warner Bros ou encore Sony ont émergé au fil des ans. Mais sans jamais se concrétiser.
Il faut dire que la temporalité et les sauts générationnels entre certaines nouvelles rend difficile une adaptation en films, même dans le cadre d'une trilogie. En 2014, justement, l'espoir était revenu pour les fans. HBO réfléchissait à la création d'une série dirigée par Jonathan Nolan, en charge de la série Westworld.
Mais le projet a vraisemblablement été abandonné. Reste à voir si Apple réussira à aller au bout de cette adaptation tant attendue.