Longtemps niée, la possibilité d'une influence du psychisme sur la santé et la guérison n'est plus discutable. L'étude des liens psycho-neuro-endocrino-immunologiques apporte la preuve d'un continuum dans la transformation et la circulation des informations au sein de l'être humain. Alors, arrêtons d'opposer le corps à l'esprit.
C’est, après le cancer, la maladie qui fait le plus peur aux Français, selon un sondage Ipsos publié mardi 20 septembre dans La Croix. Plus de 850 000 personnes vivent aujourd’hui avec la maladie d’Alzheimer ou une pathologie dite apparentée. A leurs côtés, plus de 2 millions de proches aidants. Jeudi 21 septembre se tient la journée mondiale de mobilisation pour cette maladie neuro-dégénérative. Des actions de prévention et d’information dans toute la France sont organisées pour cette journée.
Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?
Découverte en 1906 par le médecin psychiatre et neurologue allemand Alois Alzheimer, la maladie d’Alzheimer est une affection du cerveau dite « neuro-dégénérative », c’est-à-dire qu’elle entraîne une disparition progressive des neurones. Elle se caractérise par des troubles de la mémoire à court terme car ce sont les neurones localisés dans la région de l’hippocampe, siège de la mémoire, qui sont les premiers atteints.
Petit à petit, d’autres zones du cerveau sont touchées et mènent à la disparition progressive des capacités d’orientation dans le temps et dans l’espace, de reconnaissance des objets et des personnes, d’utilisation du langage, de raisonnement, de réflexion… Le malade perd progressivement ses facultés cognitives et son autonomie.
La maladie d’Alzheimer peut-elle être causée par l’aluminium présent dans l’eau du robinet et de nombreux produits ? Il s’agit là d’une des idées les plus répandues, indique France Alzheimer, et pourtant, les nombreux travaux de recherche s’attachant à étudier l’incidence éventuelle de l’aluminium sur la maladie d’Alzheimer n’ont pour l’instant mis en évidence aucun lien concluant.
Combien de cas par an ?
On dénombre 225 000 nouveaux cas par an en France, et seules 50 % des personnes malades seraient diagnostiquées.
Un Français sur quatre de plus de 65 ans sera touché par la maladie en 2020, selon France Alzheimer, association nationale de familles reconnue d’utilité publique créée en 1985.
Actuellement autour de 850 000, les malades devraient être 1,275 million en 2020, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie, selon France Alzheimer.
Au niveau mondial, en raison du vieillissement de la population, le nombre de personnes démentes (c’est-à-dire ayant Alzheimer ou des maladies apparentées), estimé en 2016 à environ 46 millions, pourrait atteindre plus de 131 millions en 2050, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France.
Les personnes âgées sont-elles les seules touchées ?
La maladie d’Alzheimer est une maladie rare avant 65 ans. Selon l’Inserm, moins de 2 % des cas de maladie d’Alzheimer surviennent avant cet âge, essentiellement chez des personnes atteintes de formes familiales héréditaires rares liées à des mutations génétiques précises.
Après 65 ans, la fréquence de la maladie s’élève à 2 % à 4 % de la population générale, augmentant rapidement pour atteindre 15 % à 80 ans.
La maladie coûte-t-elle cher ?
C’est l’une des pathologies les plus onéreuses : les chercheurs ont estimé qu’elle coûte en moyenne 22 099 euros par an pour chaque personne malade. Or 74 % des dépenses liées à la maladie d’Alzheimer relèvent du champ médico-social et ne font l’objet d’aucune prise en charge par l’Assurance-maladie.
Peut-on prévenir la maladie et existe-t-il des traitements ?
Il n’existe pas encore de traitement agissant sur les mécanismes cellulaires de la maladie. Les traitements actuels ne sont pas curatifs et n’empêchent aucunement la dégénérescence et la mort neuronale, mais peuvent ralentir la progression symptomatique de la maladie.
Actuellement, quatre médicaments (Aricept, Reminyl, Exelon et Ebixa) sont disponibles sur le marché. Leurs molécules agissent en empêchant la destruction des neuro-transmetteurs qui permettent de transporter l’information d’un neurone à l’autre dans certaines régions du cerveau, souligne France Alzheimer.
La vaccination thérapeutique est encore à l’étude. Il s’agirait de stimuler le système immunitaire pour détruire les agrégats de protéine tau (en anglais : tubulin-associated unit) qui se développent dans le cerveau et propagent la maladie.
Les effets de la maladie d’Alzheimer peuvent être retardés. Plusieurs études convergent pour affirmer que la prévention peut jouer un rôle primordial ; non pas en empêchant l’apparition des lésions dans le cerveau, mais en retardant l’apparition des symptômes de la maladie, et par conséquent en améliorant la qualité de vie et en repoussant l’âge de la dépendance.
Selon un rapport de la Fondation pour la recherche médicale publié en septembre, cinq facteurs peuvent prévenir la maladie : limiter le risque cardiovasculaire, éviter le stress chronique, pratiquer une activité physique, avoir une bonne alimentation, multiplier les activités de loisir et avoir des liens sociaux. Voir du monde, discuter, débattre, constituerait de meilleures protections contre cette maladie.
Objectif prévention ! Dès son introduction, le Livre blanc de la fondation pour la Recherche médicale, rédigé à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre cette redoutable maladie, explique qu'il est possible d'agir contre la maladie d'Alzheimer. Malheureusement, il n'existe pas de traitement curatif. Alors, il faut absolument se mobiliser en amont. Plusieurs études prouvent que la prévention peut jouer un rôle primordial, non pas en empêchant l'apparition des lésions dans le cerveau, mais en retardant celle des symptômes de la maladie, et donc en repoussant l'âge de la dépendance. Voici quelques recommandations à appliquer dès aujourd'hui.
Les spécialistes savent depuis longtemps que les facteurs de risques cardiovasculaires jouent un rôle dans l'apparition de la maladie d'Alzheimer. En pratique, il est important de dépister précocement et de traiter l'hypertension artérielle. Il en est de même pour les lipides présents dans le sang (cholestérol, triglycérides) et le diabète. Il est également conseillé de limiter sa consommation d'alcool, de combattre le surpoids, d'arrêter de fumer et d'éviter – autant que possible – le stress.
Quel que soit son âge, il est indispensable de lutter contre la sédentarité. Concernant l'Alzheimer, des chercheurs ont montré que le risque était divisé par 2 au bout de 5 ans chez les individus ayant la dépense énergétique la plus élevée. Pour arriver à cette conclusion, ils ont suivi presque 900 personnes âgées en moyenne de 78 ans. Résultat : le sport, l'exercice ou l'activité (la marche, le jardinage, la danse…) influencent directement le volume de matière grise dans les zones du cerveau responsables de la mémoire, de l'apprentissage et de l'exécution des tâches cognitives complexes.
Les bénéfices de ce type de nutrition – à base de fruits et de légumes, de poisson, d'huile d'olive et pauvre en viande rouge ainsi qu'en produits laitiers – ne sont plus à prouver. Son efficacité pour réduire les risques cardiovasculaires est connue de tous. Désormais, il est acquis qu'il est tout aussi intéressant sur celui de la maladie d'Alzheimer. Une étude récente met en évidence son effet hautement protecteur sur le déclin cognitif : rigoureusement suivi, il permet de réduire de plus de moitié le risque. « En plus de participer à la bonne santé vasculaire, ce régime diététique apporte en effet de nombreux antioxydants. Or ces molécules participent à la diminution de l'inflammation, qui est une caractéristique des lésions de la maladie d'Alzheimer », peut-on lire.
On ne peut envisager une retraite heureuse enfermé seul chez soi, sans de bons livres, des mots croisés ou des sudokus, des jeux de société avec ses amis, quelques sorties voire des voyages ou du jardinage. Et c'est exactement ce dont notre cerveau a besoin. Il faut non seulement le « muscler » tout au long de la vie, pour se constituer une bonne « réserve cognitive », mais aussi entretenir le réseau de neurones ainsi constitué pour compenser plus longtemps les lésions induites par la maladie. Prévention peut – aussi – rimer avec plaisir…